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La France veut conquérir le marché nucléaire d'Abou Dhabi

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  • La France veut conquérir le marché nucléaire d'Abou Dhabi

    La France abat ses dernières cartes pour tenter de remporter l'appel d'offres lancé en 2008 par l'émirat d'Abou Dhabi pour plusieurs réacteurs nucléaires. Face à un consortium coréen qui semble désormais près de l'emporter, Paris a décidé de mobiliser toutes ses entreprises derrière EDF, ainsi consacré chef de file de la filière nucléaire française. Le contrat, qui est estimé à 40 milliards de dollars (26,8 milliards d'euros), devrait être attribué dans les prochaines semaines.

    Jusqu'à présent, EDF était seulement venu en renfort - à la demande expresse de l'Elysée - pour épauler techniquement le consortium Areva-GDF Suez-Total, qui propose le réacteur EPR (troisième génération). Changement de stratégie à l'issue de la convocation, mardi 24 novembre, des PDG des quatre groupes concernés autour du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. EDF doit s'impliquer davantage pour apporter la signature "made in France".

    Le premier ministre a annoncé jeudi, lors d'une visite du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche), que le gouvernement a "mis en place un nouveau montage dans lequel EDF et GDF Suez notamment ont une place importante". "Comme la compétition est rude (...), il a fallu mettre en place une organisation entre EDF, Areva et les autres acteurs, qui soit la plus adaptée possible à la demande du client", a ajouté François Fillon, en indiquant que les autorités d'Abou Dhabi souhaitaient " que ce soit EDF qui pilote les choses". Il a précisé que quand un pays le demandera, "ce sera EDF qui pilotera" - fort de ses quarante ans d'expérience dans la conception, la construction et l'exploitation du parc français.

    Ces déclarations valident la volonté d'Henri Proglio, nouveau PDG d'EDF, de replacer son groupe à la tête de la filière nucléaire, comme dans les années 1980 et 1990. Mais en partie seulement. Car le premier ministre a rappelé que "cette filière a été structurée et est conduite par l'Etat". Et que "c'est sa responsabilité d'(en) assurer la cohérence". Pour Jean-Louis Borloo, ministre de l'écologie et de l'énergie, ce n'est pas une entreprise mais un pays qui vend du nucléaire civil. Cette démarche explique les voyages éclairs de M. Guéant à Abou Dhabi et l'implication personnelle du chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, dans ce dossier.

    Arrogance des Français, qui ont déjà eu cette attitude avec l'avion de combat Rafale ? Ils jugent, comme M. Fillon l'a exprimé à Flamanville, que l'EPR est "le meilleur réacteur dans le monde". Sous-estimation de l'importance du prix de l'EPR ? Un seul réacteur coûte environ 4 milliards d'euros et les Emiratis sont prudents dans leurs investissements, en dépit de leurs immenses richesses. D'autant qu'Abou Dhabi doit aujourd'hui voler au secours de son voisin Dubaï, en pleine déconfiture financière. Inadaptation de la puissance de l'EPR (1 650 mégawatts) ? Il n'est pas sûr que le marché de l'électricité au Moyen-Orient, pourtant en plein essor, ait besoin de réacteurs aussi puissants. Tout cela a renforcé la crédibilité de l'offre présentée par le consortium coréen emmené par Kepco (associé à Hyundai), qui a une solide expérience nucléaire : ses 20 réacteurs fournissent 40 % de l'électricité de la Corée du Sud.

    Le prix du réacteur, la force de l'euro par rapport au dollar et la désorganisation de la filière française se sont conjugués pour handicaper, sinon compromettre, l'offre de la France. Très présents dans le Golfe, GDF Suez (production d'électricité) et Total (exploration et production pétrolières) ont sans doute surestimé leurs forces. EDF reste indispensable. Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, se veut confiant : "Ce n'est pas perdu, nous nous battrons jusqu'au bout."

    Les critiques récemment émises par trois autorités de sûreté nucléaire (France, Royaume-Uni, Finlande) sur le contrôle commande de l'EPR (cerveau de la centrale) n'ont pas arrangé les choses (Le Monde du 4 novembre). Vendredi, les gendarmes du nucléaire britannique ont réaffirmé que l'implantation d'EPR au Royaume-Uni - le réacteur choisi par EDF, E.ON, RWE ou Iberdrola - n'était pas remise en cause. Mais qu'il restait "encore beaucoup de travail" pour qu'il certifie le réacteur français et l'AP 1000 de Toshiba-Westinghouse.

    Par Le Monde
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