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Tony Blair accablé de plus en plus: Le pacte de sang pour renverser Saddam Hussein

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  • Tony Blair accablé de plus en plus: Le pacte de sang pour renverser Saddam Hussein

    Les témoignages devant la commission Chilcot, qui enquête sur les motivations de la participation britannique à la guerre contre l’Irak en 2003, sont accablants pour l’ancien Premier Ministre Tony Blair.
    Diplomates et hauts fonctionnaires sont unanimes : l’engagement de Londres dans cette guerre est «très discutable», non seulement par rapport à l’absence d’une preuve inculpant ce pays mais parce que Londres n’a pas su préserver ses intérêts nationaux.

    Le témoignage le plus spectaculaire est peut-être celui de Christopher Meyer, l’ancien ambassadeur britannique à Washington. Le diplomate affirme que Tony Blair et George W. Bush ont signé un pacte «de sang» pour renverser l’ancien président irakien, Saddam Hussein. Toujours selon l’ambassadeur britannique à Washington, entre 1997 et 2003, la rencontre entre Blair et Bush a eu lieu en avril 2002 dans le ranch du président américain à Crawford, au Texas.

    Christopher Meyer a cependant reconnu qu’il ne savait pas précisément «quel degré de convergence a été en quelque sorte signé au ranch de Crawford», mais a évoqué une coïncidence troublante puisque dès le lendemain, Tony Blair prononçait un discours mentionnant un «changement de régime en Irak». «A ma connaissance, je peux me tromper, mais c’était la première fois que Tony Blair parlait de changement de régime en public», a-t-il poursuivi.

    Et au diplomate britannique de regretter que Londres n’ait pas réussi à préserver ses intérêts, même auprès de son allié américain. En effet, ajoute Meyer, Washington a institué une taxe sur les produits britanniques le jour-même où le gouvernement Blair a annoncé la participation des troupes britanniques à l’invasion de l’Irak.

    Mercredi dernier, un haut responsable au ministère britannique des Affaires étrangères entre 2000 et 2002 a déclaré sans ambages que «Tony Blair savait que l’Irak n’avait plus d’armes de destruction massive (ADM) avant d’envoyer ses troupes dans le pays». William Ehrman a ajouté que Londres avait reçu, dans les jours précédant le début du conflit, des informations selon lesquelles Saddam Hussein avait renoncé à son programme d’ADM.

    «Nous obtenons dans les derniers jours avant l’engagement militaire quelques renseignements selon lesquels les armes chimiques et biologiques avaient été détruites et l’Irak pourrait ne pas avoir les munitions pour les lancer». «Il y avait des renseignements contradictoires,» a-t-il toutefois tempéré. L’ancien responsable aux Affaires étrangères a finalement reconnu que les connaissances occidentales sur le programme d’ADM irakien étaient extrêmement parcellaires.

    A propos des ADM et de la militarisation de l’Irak, William Ehrman n’y est pas allé par quatre chemins. L’Irak ne figurait pas en tête des pays «menaçants». «Pour ce qui était de mes préoccupations quand je suis entré en fonctions en 2001, je dirais que la Libye et l’Iran devançaient l’Irak», a-t-il précisé. Des propos confirmé par Tim Dowse, le chef du service contre la prolifération nucléaire au ministère des Affaires étrangères entre 2001 et 2003. Ce dernier a expliqué que l’Irak n’était pas en 2001 «en tête de liste» des préoccupations britanniques pour le risque de prolifération nucléaire.

    Concernant la prétendue collusion Irak et El-Qaïda, avancée par le tandem Bush-Blair, Tim Dowse a levé tout soupçon pouvant subsister quant à cette affirmation mensongère. «Nous avons trouvé des preuves de contacts entre des responsables irakiens et des membres d’El-Qaïda à la fin des années 1990», a expliqué Tim Dowse, «mais nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agissait de contacts très sporadiques (...), qu’il n’y avait rien qui s’apparente à une relation entre les Irakiens et El-Qaïda». Pour l’ancien représentant britannique à l’ONU, la décision de Blair d’entrer en guerre contre l’Irak est tout simplement «discutable» car elle soufrait d’un déficit de légitimité interne et internationale. Jeremy Greenstock, qui a déclaré avoir songé à démissionner de son poste pour protester contre cette décision, a ajouté que la participation de son pays dans cette entreprise «manquait de légitimité car elle manquait de soutien clair et démocratiquement affirmé du peuple britannique, ainsi que de la majorité des Etats membres de l’ONU».

    Ces débats au sein de la commission Chilcot ont le mérite de mettre le doigt sur une question lancinante : pourquoi un Etat souverain, la Grande-Bretagne, a-t-elle subordonné sa souveraineté et son indépendance et a nui aux intérêts européens au risque de lézarder l’édifice institutionnel européen pour suivre «aveuglément» un plan qui sert les intérêts d’un Etat tiers, fut-il un proche allié ? Les prochaines auditions de cette commission lèveront le voile sur une partie du mystère Blair.

    Par M’hamed Khodja
    Le Jeune Indépendant
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