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Les petits-fils plus dignes que les «fils» et les «pères»

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  • Les petits-fils plus dignes que les «fils» et les «pères»

    Il y a quelques mois, des collégiens algériens ont été condamnés, durement, par la justice, pour atteinte au drapeau national. Il y a deux décennies, un journal avait été fermé et un chroniqueur de talent et dessinateur irrévérencieux avait été logé à Serkadji pour avoir porté atteinte au drapeau, par une caricature. Plus sévère encore est la Loi : aujourd'hui, un chef de daïra ou un maire a le droit (l'obligation) de porter plainte contre tout Algérien qui porte atteinte à l'image de Bouteflika, à ses affiches, son visage, sa réputation ou sa fonction, dans le cadre de la soutraitance. Pourquoi en parler maintenant ? A cause de l'Egypte, encore une fois. Dans ce pays, on a brûlé le drapeau algérien, en public, devant les caméras et par les briquets de la puissante guilde des avocats de ce pays. Qui y a répondu ? Des internautes algériens nationalistes, quelques journaux et une immense colère de la rue. Dans la «mise au point» on n'a pas entendu la voix des enfants de Chouhada, de la confrérie des anciens moudjahidine, de l'ONM, de la CNEC, de l'ONEC et de tous ceux qui se nourrissent de l'histoire nationale et de son texte et prétexte.

    Pour faire simple et direct, la fausse question est «où sont passés ces gens-là ?». Pourquoi ils ne réagissent pas lorsqu'on brûle le drapeau du pays dans un pays qui nous insulte ? A combien de coups de fouet aurait été condamné un Algérien s'il avait joué sur les mots entre un million et demi de martyrs et un million et demi de chaussures ?

    Les questions sont un amusement bien sûr. On sait que ces appareils ne se branchent sur une source d'alimentation électrique et ne sont sous tension que sur ordre et cahier des charges. Sans l'ordre de mission du Pouvoir pour les lâcher sur la cible, ces gens là ne bougent pas, ne lèveront ni le doigt ni le drapeau ni le sourcil. Et s'il faut en parler aujourd'hui, ce n'est pas pour nous qui savons «qui mange qui ?», mais pour les jeunes Algériens qui ont cousu les millions de drapeaux algériens, cotisant avec leur argent propre, se mobilisant avec leurs mains et pas avec leur bouche, pour reprendre l'emblème national. Le drapeau algérien a été piétiné, brûlé, insulté, lui, ses trois couleurs et ses martyrs, sans que ces appareils ne bougent, et de cela, il faut se souvenir, préciser «qui est qui ?», noter les noms et les lâchetés et rappeler qu'un drapeau se mange et se nourrit. On aurait aimé voir ces zaouïas des constantes nationales qui élisent et détruisent, décident et obéissent, s'indignent et font semblant, crient au crime ou à la viande, se fendre au moins d'une réaction ample et importante, de quoi nous réconcilier avec certaines d'entre elles, en ces moments de lévitations, mais il n'en fut rien. C'est dire comme l'a dit un autre : on est soit moudjahid soit on ne l'est pas, il n'y a pas de place entre les deux pour le statut de «anciens».

    par Kamel Daoud
    Le Quotidien D'Oran



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