La criée

[Iska]

La criée
par  El-Guellil

Après l'eau, les carburants, les fruits, les légumes, les viandes, le lait, la facture de l'électricité et du gaz va, une fois encore, martyriser le pouvoir d'achat qui n'a plus de pouvoir depuis belle lurette. Depuis qu'une minorité de superalgériens, en se «dinarisant» à outrance et en se «dollarisant» avec aisance, s'est «milliardisée» au détriment des «ah j'ai rien!», qui se «zaoualisent», se «mazlotisent» et se «mchoumeurisent» de plus en plus...

On devrait lui ériger une stèle à ce pouvoir d'achat, baptiser une rue, un jardin, un stade, un quartier, une ville, une région à son nom... avec cette belle épitaphe sur une plaque : « P.A., martyr de la gabegie et de la démago, tombé au chant funèbre sous les rafales de prix meurtriers». On devrait, pourquoi pas, célébrer la «Journée du pouvoir d'achat», comme celles du 1er Mai, de l'environnement, de l'enfance, de l'arbre, de la femme...

Ainsi, le «mouatane» se remémorera, ce jour-là, que son pays, l'un des premiers producteurs de gaz, lui fait payer ce produit plus cher qu'au citoyen d'un autre pays qui n'en produit pas, que son pays, connu pour ses palmeraies et ses dattes de qualité number one, les lui «offre» à un prix presque trois fois plus cher que la banane importée par un «dollarisé» que son pays, qui a 1.300 km de façade méditerranéenne, est incapable de mettre à sa portée, les variétés de poissons que les requins (tiens !, il ne devrait pas pourtant y en avoir dans cette partie de leur planète) ont accaparées...

Aberrant ! Tous ces produits sont pourtant nés chez nous ! Dialna est devenu dialhoum ! Normal ! A force d'augmenter les prix, il n'y a qu'eux et les leurs qui peuvent nager dans l'aisance, avec leurs hauts salaires, des avantages de toutes natures et de tout-terrain et une rente de retraite « paradisiaque».

Il ne reste plus qu'à nous doter d'un « respiromètre à puce» pour nous obliger à payer l'air dialhoum, en lui fixant un prix au m3, comme l'eau, et que l'on décidera, comme l'eau, d'augmenter... suivant les humeurs et les rumeurs... Qui sait ? L'idée a peut-être fait son chemin dans le « bouzellouf» de l'une de nos «têtes», de l'un de nos «panseurs» experts «chiata», sangsues rentières, «fervents nationalistes» et autres leveurs d'index et de paume au détriment des pommés... Qui n'ont que le pouvoir d'achat d'un drapeau et de scander : «Ouailles, trou, tri, viva Laldjérie !».

Le Quotidien d'Oran