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Apprendre en dormant

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    Apprendre en dormant. L'idée fait rêver, et pas seulement les étudiants en période d'examens. Mais pour les scientifiques, c'est déjà une réalité.

    De plus en plus d'études confirment que le sommeil joue un rôle crucial dans les processus de mémori*sation. Ken Paller, de l'université Northwestern (Illinois) et son équipe viennent de franchir une nouvelle étape en démontrant qu'une stimulation auditive pendant une sieste permet de renforcer des souvenirs.

    Leurs travaux, publiés récemment dans la revue Science, ont fait appel à une méthodologie originale. Les chercheurs ont appris à douze jeunes gens à mémoriser l'emplacement précis de 50 images sur un écran d'ordinateur. Chacune était projetée en même temps qu'un son caractéristique (chat et miaulement par exemple). Ensuite, les volontaires ont été invités à faire une sieste, pendant laquelle les bruits correspondant à 25 des objets leur ont été rejoués. Au réveil, bien que n'ayant pas eu conscience des rappels sonores, ils ont mieux replacé sur l'écran les images correspondant à ces sons que les 25 autres. La même expérience, sans sieste, n'a pas amélioré les performances.

    En 2007, sur un principe proche, Jan Born, de l'université de Lübeck (Allemagne) avait fait appel à une stimulation d'une autre nature : une délicate odeur de rose, diffusée pendant un exercice d'apprentissage (mémoriser des paires de cartes) puis à nouveau durant le sommeil. Ce rappel olfactif avait sensiblement «boosté» le score aux tests de mémoire le lendemain s'il était réalisé pendant une phase de sommeil profond. Alors que l'effet avait été nul si l'odeur était humée au cours du sommeil paradoxal (phase des rêves). «Ces deux études, complémentaires, prouvent que des stimuli olfactifs ou sonores pendant le sommeil profond peuvent amplifier la mémorisation», commente Paul Salin, chercheur au CNRS à Lyon. «Quand on dort, on reste sensible à l'environnement sonore, lumineux, et thermique. Mais que des bruits puissent participer à un processus de mémorisation est nouveau et intéressant, note de son côté, le Pr Damien Léger (centre du sommeil de l'Hôtel-Dieu, Paris). Ces travaux confortent aussi l'idée que la mémorisation d'une donnée est plus efficace quand on l'associe à une sensation que lorsqu'elle est neutre».

    In fine, selon les spécialistes, les deux phases de sommeil interviennent pour ancrer les souvenirs : le sommeil lent jouerait surtout un rôle dans la mémoire déclarative (consciente), tandis que la consolidation de la mémoire émotionnelle - souvenirs d'événements tristes ou heureux, par exemple - se ferait surtout au cours du sommeil paradoxal.

    Peut-on mettre ces connaissances à profit pour envisager une sorte de coaching nocturne ? Cela paraît possible, en tout cas dans un cadre expérimental. «L'équipe de Jan Born a montré qu'une stimulation électrique à basse intensité du cuir chevelu, appliquée pendant les phases de sommeil lent, pouvait augmenter la réponse à des tests le lendemain», raconte ainsi Paul Salin.

    Mais dans la vraie vie, les expériences de stimulation sensorielle ont plutôt été décevantes. Jusqu'ici, jamais personne n'a pu apprendre une langue étrangère en dormant avec un CD en fond sonore. «Il ne faut pas exagérer l'impact des réactivations, car une bonne partie de notre mémoire est visuelle, et le système visuel est bloqué pendant le sommeil» tempère Paul Salin. Une chose est sûre, optimiser ses nuits permet d'améliorer ses performances intellectuelles. Des expériences menées par Pierre Maquet, de l'université de Liège (Belgique) ont récemment confirmé qu'un apprentissage suivi d'une bonne nuit était plus efficace pour mémoriser à long terme. «Dormir ce n'est pas perdre du temps, insiste ce spécialiste. Le sommeil est favorable au maintien d'un bon fonctionnement cérébral, il est aussi bénéfique pour le système immunitaire et hormonal.»

    Par Le Figaro
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