Ne pas faire le jeu de Moubarak
par Kharroubi Habib
La brouille avec l'Algérie sciemment planifiée et orchestrée sur les rives du Nil par Moubarak, ses fils et leurs affidés, donnant toujours lieu à d'infâmes invectives et insultes contre l'Algérie, peuple et gouvernants confondus, des voix se sont élevées chez nous pour reprocher aux officiels leur attitude timorée dans la réplique à ce déversement hystérique. Des citoyens lambda leur font chorus en s'indignant encore par exemple que le président Bouteflika ait eu un échange de messages de voeux avec le raïs égyptien à l'occasion de l'Aïd El-Adha. Que l'on soit outré par le «pétage de plomb» qui obscurcit l'esprit de Moubarak et de son clan est une chose, exiger de Bouteflika et des autorités algériennes qu'ils en fassent de même est une autre, qui les aurait fait apparaître de la même engeance vulgaire et grotesque que se révèlent être le maître du Caire et ses thuriféraires. par Kharroubi Habib
En fin connaisseur des réalités égyptiennes en cette période de règne finissant pour Moubarak, Bouteflika a tôt fait de comprendre que la crise que celui-ci a orchestrée a pour objectif de créer l'union sacrée autour de son clan dans la perspective de la succession, dont les grandes manoeuvres ont commencé, avec pour but de booster la candidature de l'un de ses fils. Bouteflika s'est abstenu de donner la réplique à son homologue égyptien, ce qui lui a conféré dans l'opinion arabe et internationale l'aura d'un chef d'Etat mesuré, soucieux de ne pas jeter de l'huile sur le feu. Tout le contraire de ce que donne à voir de lui le potentat vieilli et finissant qui sévit au Caire.
Le déchaînement anti-algérien en Egypte va se poursuivre encore un bon moment. Il n'est pas de l'intérêt du clan Moubarak qu'il cesse. L'on continuera encore au Caire à insulter et à provoquer l'Algérie et son peuple. L'opération a été conçue pour enflammer le sentiment patriotique du peuple égyptien, dont Moubarak et ses conseillers escomptent exploiter l'embrasement au profit de leur clan et son candidat. En titillant ce sentiment patriotique de son peuple, Moubarak cherche par la même occasion à en faire une protection et une assurance contre le mécontentement qui agite l'armée égyptienne, notoirement opposée à la succession sous la forme de transmission du pouvoir dans le pays du père au fils.
Bien avant que la brouille ne s'installe entre Alger et le Caire, observateurs et spécialistes internationaux des questions égyptiennes envisageaient déjà avec insistance la probabilité d'une intervention de l'armée dans la succession en préparation, quitte à faire un coup d'Etat pour l'empêcher. C'est cette perspective que les manigances anti-algériennes fomentées par le clan Moubarak ont pour objectif d'exorciser et de neutraliser.
Un dicton populaire de chez nous dit que «celui qui compte seul a toujours du reste». Moubarak s'est laissé bercer par cette espérance. Tôt ou tard, il déchantera. Que ses affidés continuent d'aboyer, leur réveil sera pénible.
Le Quotidien d'Oran .
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