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La guerre de Hosni Moubarak

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    La guerre de Hosni Moubarak

    On fait la guerre qu’on peut…

    Il s’agissait, certes, le 18 novembre dernier, d’un match qualificatif pour la Coupe du monde 2010. Mais l’enjeu était avant tout sportif, même si le football a pris, de nos jours, une dimension sociétale tout à fait nouvelle.

    Pourquoi le régime égyptien a-t-il sciemment et méthodiquement fait en sorte que la victoire de son équipe – ou sa défaite – revête une telle charge émotionnelle dans un pays dont l’immense majorité de la population a des préoccupations autrement plus importantes ?

    Il y eut d’abord, bien avant la rencontre du 14 novembre, une campagne de presse insidieuse et féroce contre l’équipe d’Algérie, et par voie de conséquence, contre ce pays. Une campagne de presse d’une telle ampleur était, c’est une évidence, orchestrée par le régime égyptien. Le monde entier sait que les médias des bords du Nil sont étroitement contrôlés, dirigés et orientés par une censure féroce, mise au service d’un système de gouvernement, lui-même dépendant d’intérêts et de lobbies internationaux qui l’instrumentalisent.

    C’est ainsi que les joueurs de l’équipe algérienne ont été présentés, aussi bien dans la presse écrite qu’à la télévision, avant le match retour au Caire, comme des étrangers à leur pays. Parce que certains d’entre eux sont nés à l’étranger, ils ont été accusés de n’avoir aucun lien avec l’Algérie, de ne pas parler l’Arabe, et d’ignorer jusqu’à l’hymne national. De telles élucubrations n’avaient, bien entendu, rien à voir avec le football. Ni avec la réalité.

    Dans le même temps, l’ensemble des médias égyptiens mettaient l’accent sur deux thèmes tout à fait contradictoires : d’un côté, l’Egypte était vantée comme étant « la mère du monde » (Oum Eddounia), en raison, dit-on, de ses sept milles ans d’histoire. Il est évident qu’en allant chercher les racines de leur pays dans la lointaine antiquité pharaonique, les médias égyptiens reprenaient un thème longtemps brandi par Anouar Sadate, lorsqu’il avait été mis à l’index par l’ensemble du monde arabo-islamique et par la plupart des nations du Tiers Monde lors de sa reddition sans conditions face à Israël. En réaction à la réprobation unanime, l’Egypte avait alors officiellement renié son arabité.

    Paradoxalement, c’est exactement ce concept d’une Egypte prétendument centre et moteur du monde arabe qui est mis en exergue, aujourd’hui, par les médias égyptiens. Cela a commencé au lendemain du match de Blida, en juin dernier. En se proclamant les seuls et uniques détenteurs d’une « arabité » qu’ils avaient reniée naguère, ces mêmes médias dénient ouvertement à l’Algérie son appartenance au monde arabe. Ils mettent aussi en doute, son caractère de pays musulman. Au point qu’un Cheikh d’El Azhar, particulièrement zélé et dument motivé, le nommé Abdallah Nedjar, a déclaré, dans une diatribe rapportée par la presse algéroise, que « les Algériens avaient abandonné leur religion après avoir perdu la raison pour un match de football » Cet homme de religion n’a pas fait dans le détail : il a excommunié un pays entier. Ses adversaires algériens lui ont rappelé, du tac au tac, qu’il n’a jamais cessé, lui et l’université dont il se réclame, de faire des courbettes à l’Etat d’Israël, dont le président, Shimon Pérès a été reçu récemment en grande pompe à El Azhar. Ils ajoutent que l’on n’a jamais entendu les responsables d’El Azhar, élever une protestation crédible devant la judaïsation systématique de Jérusalem et la destruction proclamée de la Mosquée d’El Aqsa, 3ème lieu saint de l’Islam.

    Ironie de l’histoire : El Azhar a été fondée par les ancêtres des Algériens. En effet, l’Egypte a été conquise par les farouches guerriers Qotamas, venus de la région de Sétif et de la Petite Kabylie, Ce sont eux qui ont érigé Le Caire, en l’an 969 et instauré la Califat Fatimide, qui devait gouverner le pays pendant deux siècles. C’est en se basant sur cette histoire que les Algériens réfutent la condescendance des Egyptiens et leur propension à s’ériger en donneur de leçons d’arabité en raison de l’histoire.

    Beaucoup d’observateurs mettent en avant l’agression perpétrée le 12 novembre contre l’équipe algérienne pour affirmer que tout cela relevait d’un plan d’ensemble, dont la finalité était d’exacerber le nationalisme des Egyptiens par tous les moyens. Pour des motivations de politique intérieure, et au profit exclusif de la caste régnante en Egypte, exécrée par la population.

    Il s’agit d’évidences qui ont laissé perplexe l’opinion publique internationale : voilà un pays qui se présente, à tort où à raison, comme appartenant à la plus vieille civilisation du monde, et qui instrumentalise une rencontre de football pour mobiliser une opinion qu’il a soigneusement pris soin de chloroformer et de brider par tous les moyens pour faire passer sa politique antinationale d’alliance contre nature avec un ennemi qui n’a jamais renoncé à son projet de « Grand Israël » du Nil à l’Euphrate. Pour une obole de 2 milliards de dollars par an, le Rais égyptien joue le garde chiourme à Rafah, affame les Palestiniens, et se livre à des déclarations aussi vaines que tonitruantes contre l’Iran, la Turquie, le Hezbollah, l’opposition yéménite. Et, désormais contre l’Algérie.

    Une telle politique, qui réduit l’Egypte au rôle de vassal et d’exécutant dans cette région névralgique du monde ne sert que la classe dirigeante dont l’objectif ultime est de se perpétuer. Car, tel un pharaon, âgé de 82 ans, affaibli, malade, le Rais veut léguer la Haute et la Basse Egypte à son fils, Gamal.

    Sur le plan international, une autre politique est possible, à laquelle Hosni Moubarak et son régime, totalement asservis par des forces qui les dépassent, ne peuvent même plus songer : Ne serait-il pas plus dans l’intérêt de l’Egypte de s’aligner sur la Turquie et de faire cause commune avec l’Iran, pour contrer l’ennemi le plus implacable de la Nation Arabe ?

    Une telle position aurait un effet d’entrainement sur les monarchies du Golfe, dont le poids financier pourrait peser lourd sur la balance, en faveur des intérêts bien compris du monde arabo-musulman et des pays qui tentent de sortir d’un système international unipolaire injuste qui, sous prétexte d’une légalité internationale dont il est l’unique concepteur et le seul bénéficiaire, domine et asservit les peuples de la planète ?

    Mais la réalité est tout autre :

    Au moment où Hosni Moubarak entame sa vingt-huitième année au pouvoir, l’avenir de son pays est plus incertain et plus sombre que jamais. L’économie régresse et le peuple est en plein désarroi, dans une atmosphère de fin de règne telle que l’un des rares journalistes égyptiens indépendants, Abdelhalim Quandil, n’hésite pas à affirmer - de l’étranger-, que « le régime est au bord de l’effondrement. »

    Le chômage est endémique et la misère n’a jamais été aussi criante, au milieu de cohortes de touristes qui dépensent parcimonieusement leurs devises dont l’essentiel est drainé par un système conçu pour le profit exclusif de la caste dirigeante et de l’entourage du Rais, qui ne perd jamais une occasion de plastronner à Charm Echeikh, dans des conférences internationales inutiles et vaines, dans un complexe touristique dont les Egyptiens sont exclus.

    Il s’agit d’un régime moribond, qui vit, de l’avis de la plupart des observateurs, ses derniers moments, sur fond d’émeutes de la faim, comme en avril dernier, de corruption érigée en système de gouvernement, de chômage généralisé, de détérioration galopante de ses infrastructures de base. Moins de 20% des Egyptiens accaparent plus de 80% des richesses du pays. L’inflation est galopante. 65% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Les libertés publiques sont inexistantes.

    Il y a longtemps que la « culture égyptienne », qui a produit tant de « docteurs », n’est plus qu’un souvenir. Les intellectuels sont contraints, par la force brutale ou par nécessité, de se plier aux diktats du régime. La littérature, le théâtre et le cinéma égyptiens ont perdu de leur aura dans le monde arabe. Asservie, domptée, l’intelligentsia s’est mise sans état d’âme au service d’un pouvoir inculte. C’est ce qui explique, sans doute, pourquoi tant de vedettes de feuilletons égyptiens à l’eau de rose étaient présentes à Khartoum, pour le match du 18 novembre dernier. Elles y avaient été envoyées, pour célébrer la victoire attendue.

    Aussitôt la défaite consommée, et sans aucune raison, ces prétendus gens de culture ont exécuté d’autres ordres : transformer l’échec en succès. Accuser l’adversaire de tous les maux. En faire un ennemi contre lequel il importe de réaliser l’unité nationale sacrée. Et ce fut l’hystérie. Inexplicable. Déferlante. Les Algériens, médusés, n’avaient rien vu venir. Ni au Caire, lors du « guet-apens », ni à Khartoum. S’il y a eu des incidents entre supporteurs des deux équipes, ils sont tout à fait anodins. Il s’en produit de semblables dans tous les pays, à l’issue de toutes les rencontres, même d’intérêt local. Ils auraient pu relever de la compétence des Soudanais, chargés de l’organisation. Et ne pas conduire à une telle hystérie de la part du régime égyptien.

    Hosni Moubarak et son entourage continuent de jetter à torrents de l’huile sur le feu. Par une décision aussi saugrenue que surprenante, la Fédération Egyptienne de Handball vient de renoncer à l’organisation du Championnat d’Afrique, au motif que l’Algérie compte parmi les pays participants. Une décision inouïe quand on sait que les Egyptiens ont organisé sur leur sol des conférences internationales controversées au mépris de leur opinion publique et de celle de la rue arabe.

    Aujourd’hui, ils bravent les sanctions des instances sportives internationales, sachant que le pays peut-être exclu de toute compétition de handball pour deux ans. Ils acceptent cette sanction, pensant que le fait d’entretenir et d’exacerber le sentiment national, en cette période délicate pour le régime est plus important que les intérêts sportifs du pays.

    Ont-ils pensé que l’Algérie pourrait exiger qu’il soit mis fin au monopole qu’exerce leur pays sur le Secrétariat Général de la Ligue Arabe, dont le siège, au Caire, génère une pléthore d’emplois ? En effet, au nom de quelle logique cette institution est-elle la quasi-propriété des Egyptiens depuis sa fondation, en 1945 ? Comme les Egyptiens n’ont pas, loin s’en faut, le monopole du nationalisme arabe, l’Algérie pourrait recueillir bien des adhésions d’autres pays en ce sens.

    Source: TSA
    "L' Algérie c'est le seul pays, où quand les gens me tendaient la main c'était pour m'offir quelque chose alors que dans les autres pays c'était pour m' en demander " Yann Arthus Bertrand
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