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L’indifférence d’Ouyahia face à l’agitation égyptienne

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  • L’indifférence d’Ouyahia face à l’agitation égyptienne

    Par : Azzeddine Bensouiah

    Le Premier ministre a fini par réagir dans la crise algéro-égyptienne, au lendemain de la sortie jugée timide du chef de la diplomatie algérienne. Intervenant en marge de la clôture de la 13e édition de la tripartite, le Premier ministre a tenu à apporter les clarifications à ce sujet.

    Pour Ahmed Ouyahia, les attaques égyptiennes contre le peuple et l’Algérie font plus rire qu’autre chose et ne pas y répondre était la meilleure réponse. L’Algérie a retrouvé sa place sur la scène internationale et cette “tempête” ne fera que la grandir, contrairement aux Égyptiens qui vont y laisser des plumes.
    Le Premier ministre ne manquera pas de rappeler qu’en matière de solidarité arabe, l’Algérie est mieux placée, sachant qu’elle a volé au secours des Égyptiens durant les conflits avec Israël, alors que l’Algérie s’était retrouvée seule durant la décennie noire. Une façon de battre en brèche toutes les déclarations égyptiennes prétendant que “le grand frère” a aidé l’Algérie.
    Le Premier ministre s’est montré confiant, tellement confiant qu’il s’est permis d’en rire. Pour lui, ni les insultes ni les inepties n’atteindront la place et la dignité de l’Algérie. Le gouvernement a donc choisi de ne pas jouer aux échecs, encore moins au tennis, pour reprendre ses expressions, pour réagir à cette crise d’hystérie venue du Caire.
    Mais les effets de cette crise vont certainement déteindre sur les relations bilatérales. Ouyahia affirme que le redressement fiscal dont fait l’objet la filiale de téléphonie mobile d’Orascom date d’une année et que les pouvoirs publics ne voulaient pas rendre publique cette affaire, il n’en demeure pas moins que la crise née d’un match a davantage compliqué le règlement de ce dossier. Le patron d’Orascom s’est plaint de ses transferts de dividendes à l’étranger. Réponse d’Ouyahia : plus aucun transfert ne sera fait tant que l’opérateur égyptien ne payera pas son dû au fisc algérien. Ce dernier est redevable de 600 millions d’euros. Cette mesure ne s’applique pas uniquement à l’opérateur égyptien, mais à tous les opérateurs étrangers qui transféraient leurs dividendes à l’étranger, et elle constitue un véritable coup de massue pour le groupe égyptien pour qui le marché algérien était la principale source de financement.
    Pour revenir aux questions algéro-algériennes, la 13e édition de la réunion tripartite a entériné la décision d’augmenter le SNMG à 15 000 dinars. Une augmentation de 25% qui reste loin de répondre aux attentes des travailleurs qui constatent l’érosion continue de leur pouvoir d’achat. Mais Ahmed Ouyahia espère que l’inflation sera mieux contrôlée à travers la révision, en 2010, du code de commerce afin que l’État puisse reprendre sa mission de contrôle et de régulation des prix.
    L’autre explication réside dans la fragilité financière des entreprises que le gouvernement ne veut pas casser. Bien au contraire, il est prévu un plan de soutien aux entreprises, aussi bien publiques que privées, et l’on s’achemine vers une sorte de préférence nationale dans l’octroi de marchés publics, notamment dans la construction. Retour du tout-État ? Non, rétorque le Premier ministre qui cite l’exemple américain où les entreprises de ce pays bénéficient d’office d’un quota de projets.
    Ouyahia martèle qu’il est contre le populisme et l’arrogance de l’aisance financière. Pour lui, “cela n’est pas une politique et c’est irresponsable”.
    Le gouvernement a donc décidé de répondre au vœu des organisations patronales qui demandaient à bénéficier d’un plan semblable à celui qui a touché le secteur agricole, à la grande satisfaction des organisations patronales qui ont obtenu gain de cause et qui seront conviées à des rencontres trimestrielles pour débattre, notamment avec les banques, de toutes les difficultés empêchant leur épanouissement.
    Le gouvernement semble rectifier le tir, après avoir choisi d’agir en solo pour faire face aux effets de la crise financière mondiale. Et c’est tout à fait logique que les partenaires de la tripartite aient décidé de reconduire le pacte économique et social dont la validité arrivera à terme en octobre 2010, avec quelques adaptations qu’impose la nouvelle réalité socioéconomique du pays.
    Même si le gouvernement maintient sa décision de faire supporter les charges des allocations familiales par les employeurs, il leur donne un sursis, estimant que “ce n’est pas le moment pour alourdir leurs charges”. Ce ne sera pas, donc, applicable en 2010 et probablement pas en 2011, mais un échéancier sera mis en place. Toutefois, les entreprises bénéficiaires, surtout celles qui exportent des dividendes vers l’étranger, ne devraient pas bénéficier de cet état de grâce.
    Si la question des retraites anticipées devrait être résolue dès la promulgation du texte réglementaire, celle relative aux mutuelles n’est pas encore tranchée, dans la mesure où l’UGTA continuera à les gérer, avec des aménagements qui seront introduits, notamment ce qui concerne le système de retraite complémentaire, mais surtout en matière de transparence dans l’utilisation des ressources de ces mutuelles. Ahmed Ouyahia se défend de faire dans l’ostracisme, en raison de la présence de la seule UGTA au sein de la tripartite. Il estime que les autres syndicats agréés activent tous dans le secteur de la Fonction publique qui est concernée par des réunions bipartites.
    Il a réitéré l’intention du gouvernement d’honorer ses engagements vis-à-vis des employés de la Fonction publique qui devraient percevoir leurs indemnités avec effet rétroactif depuis janvier 2008. Une fois les statuts particuliers adoptés, ces fonctionnaires devraient bénéficier de leurs indemnités, dira-t-il.
    Enfin, pour rassurer le monde du travail, il affirmera que l’augmentation du SNMG bénéficiera à tout le monde du travail, dans la mesure où les conventions de branches, dans le secteur public, devraient être rediscutées, et que les conventions collectives, dans le secteur privé, devraient l’être également. Ce sont, au total, 70% des travailleurs qui devraient en bénéficier, en finalité.
    Un discours consensuel qui intervient à un moment particulier. L’Algérie a pu payer par anticipation sa dette extérieure et renflouer le fonds de régulation par les recettes excédentaires des exportations en hydrocarbures. “C’est une occasion en or que nous devons saisir” et l’élan nationaliste suscité par un match de football devrait permettre au pays d’enraciner une nouvelle culture où tout le monde se sentirait impliqué. C’est dans cette perspective que le Premier ministre annonce l’approfondissement des réformes économiques visant à favoriser l’outil de production national et à limiter le recours aux importations superflues et autres investissements étrangers qui ne rapportent rien ou presque à l’Algérie.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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