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L’Espagne et le Maroc s’opposent au sujet d’une militante sahraouie

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    L’Espagne et le Maroc s’opposent au sujet d’une militante sahraouie
    La Croix; 07/12/2009 19:10

    Expulsée le 14 novembre du Sahara occidental, Aminatou Haidar poursuit une grève de la faim aux Canaries pour pouvoir rentrer dans son pays. Elle provoque une crise politique entre le Maroc et l’Espagne

    La situation devient de plus en plus intenable pour la Sahraouie Aminatou Haidar, en grève de la faim depuis 23 jours, dans une petite salle de l’aéroport de Lanzarote, aux Canaries. Elle a fait de son retour au Sahara occidental l’unique condition à la fin de sa grève de la faim. Lundi 7 décembre, comme l’a annoncé par téléphone à La Croix Fernando Peraita, le responsable espagnol de la cellule d’appui à la jeune femme, « Aminatou a décidé de poursuivre sa grève de la faim et de renoncer à toute attention médicale, craignant que les autorités espagnoles ne la forcent à abandonner sa grève de la faim en la nourrissant malgré elle. Elle est terrorisée. »

    Dimanche, la préfecture des Canaries (Espagne) avait mandaté un juge au chevet de la jeune femme, qui a fait irruption en compagnie de policiers dans la pièce où elle se trouve, sans qu’elle soit prévenue. « Il a ordre, aujourd’hui, de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir sa vie et son intégrité, y compris son éventuelle hospitalisation », explique Fernando Peraita.

    Cela fait maintenant 25 jours, depuis le 14 novembre, que cette femme de 42 ans, mère de deux enfants, a été arrêtée à l’aéroport d’El-Ayoun, la principale ville du Sahara occidental, puis expulsée vers les Canaries. Elle revenait de New York où elle avait reçu en octobre un prix de la Train Foundation pour son engagement non-violent en faveur des droits de l’homme.

    Cette militante combative, qui vit au Sahara occidental, côté marocain, se retrouve aujourd’hui sans passeport, les autorités marocaines l’ayant confisqué. Selon celles-ci, et cela n’a pas été démenti par Aminatou Haidar , elle a refusé de mettre « nationalité marocaine » sur ses papiers d’arrivée. Ce qui a fait dire au ministre marocain des affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri, qui pour l’instant ne cède pas, qu’elle devait « assumer seule, les conséquences juridiques et morales qui résultent de ce comportement ».

    L’UE pourrait contraindre le Maroc à laisser la Sahraouie rentrer dans son pays

    Cette affaire révèle, d’une façon spectaculaire, le désespoir de « ces fils et filles des nuages », les Sahraouis, peuple oublié de tous. Ils sont plus de 300 000 au total, qui voudraient pour la grande majorité se retrouver libres, et non sous la coupe des Marocains ou des Algériens, ces derniers accueillant depuis 34 ans des milliers de réfugiés du côté de Tindouf dans le désert algérien. Même s’il n’y a plus de combats entre les Sahraouis, soutenus par l’Algérie, et les forces marocaines, rien ne bouge depuis des années. Les multiples médiations internationales n’ont rien donné, le Maroc proposant toujours un plan de large autonomie sous souveraineté marocaine, tandis que le Front Polisario, le mouvement de libération sahraoui, réclame un référendum d’autodétermination.

    Dans le même temps, Aminatou Haidar met plutôt à mal les relations entre Rabat et Madrid, sujettes souvent à des hauts et des bas. Les Espagnols ont accepté de fait et de droit que le Sahara, ancienne colonie espagnole qu’ils venaient d’abandonner, soit annexé en 1975 par le Maroc. Mais demeure pour ce dernier un problème de décolonisation, celui des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla, situées au nord du royaume chérifien. Jusqu’ici, aucun régime espagnol, qu’il soit de gauche ou de droite, n’a voulu même évoquer la moindre négociation sur ce sujet.

    Selon des observateurs espagnols qui l’ont souligné lundi à La Croix, « le cas Aminatou Haidar vient tout compliquer. On lui a proposé la nationalité espagnole et un logement. Elle a refusé, ne voulant pas s’exiler. Quant au Maroc par deux fois, il a annoncé accepter le retour d’Aminatou Haidar, avant de refuser au dernier moment, vendredi et samedi derniers, son plan de vol.» Le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a admis à Madrid dimanche des « difficultés » avec le Maroc sur le dossier Haidar.

    Aminatou, qui ne s’alimente que d’eau sucrée, selon son entourage, continue à mettre en avant, et en vain, le fait que le Maroc « a violé le pacte des droits politiques et civils de l’ONU dont l’article 12 stipule que nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ». L’Union européenne pourrait en effet contraindre le Maroc à laisser la combative Sahraouie rentrer dans son pays, au nom du statut avancé accordé à Rabat en octobre 2008 par Bruxelles qui impose des obligations en matière de droits de l’homme.
    Julia FICATIER
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