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Quand Xavier Darcos faisait régulariser son cuisinier

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  • Quand Xavier Darcos faisait régulariser son cuisinier

    Les syndicats du ministère de l'éducation nationale ont été pour le moins étonnés par les récentes déclarations de Xavier Darcos annonçant, le 22 novembre, que les préfets seraient bientôt autorisés à procéder à la fermeture administrative des entreprises employant des étrangers en situation irrégulière.

    "L'actuel ministre du travail se souvient-il que, lorsqu'il était ministre de l'éducation nationale, il employait rue de Grenelle, dans ses services, un sans-papiers ?", interpellent-ils dans un communiqué du 4 décembre.

    L'affaire remonte peu avant le premier mouvement de grève des travailleurs sans-papiers, lancé en avril 2008. Fin mars, le secrétaire général de la CGT du ministère de l'éducation, Claude Marchand, est saisi par l'association Autremonde du cas d'un agent contractuel travaillant dans les cuisines du cabinet du ministre.

    Sénégalais arrivé en France en octobre 2001, Samba - un prénom d'emprunt - est depuis trois ans employé par les cuisines du cabinet et payé tantôt directement par le ministère, tantôt par le rectorat de Paris. Il bénéficie de contrats à durée déterminée de trois mois à un an, systématiquement renouvelés.

    C'est par une société d'intérim pour qui il travaillait régulièrement qu'il a décroché fin novembre 2004 cet emploi. Dès le 1er janvier 2005, satisfait de lui, le ministère, alors occupé par Gilles de Robien, lui a proposé de l'embaucher directement.

    Dès qu'il a été informé du cas de Samba, Claude Marchand raconte avoir "aussitôt" été voir le chef de cabinet de M. Darcos qui lui aurait proposé "un deal : nous, syndicats, restions discrets et il s'engageait à clarifier cette situation". Le cégétiste alerte en parallèle les autres syndicats du ministère. S'en suivra un courrier officiel au chef de cabinet, signé de la CGT, de la CFDT, de FO et de l'UNSA, et demandant la régularisation de Samba. Mais l'affaire ne s'ébruitera pas dans la presse. Et deux mois plus tard, fort de ces soutiens et à la faveur du mouvement de grève des travailleurs sans-papiers alors en plein essor, Samba obtient un titre de séjour et peut alors, en toute légalité, garder son emploi.

    "Manipulation"

    Aujourd'hui, Samba, âgé de 32 ans, est toujours employé dans les cuisines du ministère avec un contrat à durée déterminé de 3 ans et est mieux rémunéré. Il a quitté le foyer de travailleurs où il vivait et avec ses 1 440 euros net mensuels, il s'est trouvé un logement à lui. Il n'attend plus que l'autorisation de pouvoir faire venir sa femme dans le cadre du regroupement familial.

    "Cette situation illustre parfaitement que les travailleurs sans-papiers sont partout dans l'économie et les institutions, y compris dans l'administration centrale de l'Etat, qu'ils sont salariés, qu'ils paient des cotisations et s'acquittent de leurs impôts", relèvent aujourd'hui les quatre syndicats du ministère. Ils dénoncent "la manipulation qui consiste à faire l'amalgame entre le travail non déclaré (qui concerne très majoritairement les sans-papiers) et la situation administrative des migrants".

    Le chef de cabinet de Xavier Darcos, David Teillet, qui l'a suivi de l'éducation nationale au travail, confirme les faits. "L'intéressé avait été embauché quelques années avant notre arrivée à l'éducation nationale et avait tous les éléments cumulatifs nécessaires pour être régularisé", fait-il valoir. Avant d'ajouter : "Il faut faire la part des choses entre ce qui est délibéré et intentionnel, et ce qui ne l'est pas. Entre les employeurs qui ont recours, à leur insu, à des étrangers en situation irrégulière et ceux qui le font en toute conscience."

    Par Le Monde
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