Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Quand Moscou exaspère le G 8

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Quand Moscou exaspère le G 8

    Hasard du calendrier ou effet volontaire? En tous les cas succés et exaspération garantis de la part Poutine qui a eu le bon gout de couper le robinet de gaz à l'Ukraine le jour où La Russie commençait sa présidence du G 8.

    ====

    L'ambiance du sommet des chefs d'Etat à Saint-Pétersbourg, en juillet, risque d'être électrique. En choisissant de couper le gaz à l'Ukraine le premier jour de sa présidence du G 8, qui s'étendra sur toute l'année 2006, Vladimir Poutine a pris le risque d'exaspérer ses partenaires. Et de les inquiéter sur la brûlante question de leur sécurité énergétique. Cela alors que le chef du Kremlin avait choisi de placer sa première présidence du G 8 précisément sur cette question. Les Etats-Unis ont aussitôt tiré la sonnette d'alarme. Condoleezza Rice, le secrétaire d'Etat américain, aurait dénoncé, selon le ministère russe des Affaires étrangères, l'attitude de la Russie comme étant «en contradiction avec son statut de membre et de président du G 8». La chancelière allemande Angela Merkel, qui était en visite à Washington ce week-end, a également réagi. «Nous ne devons pas nous met- tre dans une situation de dépendance», a-t-elle confié au magazine Spiegel.

    Paris est plus nuancé. Jacques Chirac revendique d'avoir le premier milité en faveur de l'entrée de la Russie dans le club des chefs d'Etat des pays les plus riches. Et il persiste à penser que cette présence à la table des grands constitue pour elle un ancrage dans l'Etat de droit et l'économie de marché.

    Opération d'assainissement

    Dans l'entourage du chef de l'Etat, on admet néanmoins que la Russie a fait une utilisation politique de l'arme énergétique. Angela Merkel ne s'est pas privée de le dire publiquement. A Paris, on considère toutefois que cette crise a aussi constitué une opération d'assainissement. Il est «difficile de vouloir à la fois se rapprocher de l'UE et exiger de payer son gaz le quart du prix mondial...», confie un proche du chef de l'Etat.

    La crise entre Kiev et Moscou est d'autant plus vivement ressentie que les dirigeants européens savent que les gisements de la mer du Nord sont en voie d'épuisement et que certains pays ont fait le choix de substituer le gaz au nucléaire dans leurs ressources énergétiques.

    D'où l'espoir que cette crise serve d'accélérateur à la construction d'une politique énergétique commune en Europe. Pour l'heure celle-ci se résume à une simple réflexion sur l'éventuelle constitution de stocks stratégiques sur le modèle américain. L'Elysée propose d'aller plus loin, notamment dans le sens de l'interconnexion des réseaux de transport et le partage des ressources.

    Des experts planchent sur un mémorandum dont une première version devrait pouvoir être soumise aux partenaires européens de la France le mois prochain. En attendant, les industriels européens ont commencé à coopérer avec la Russie. Le Bluestream, sous la mer Noire, destiné à alimenter la Turquie en gaz russe, a été construit par les Italiens en quatorze mois. Il pourrait à terme alimenter l'Europe du Sud, notamment la Grèce et l'Italie. Les Allemands ne sont pas en reste. E.ON et BASF participent à la construction du gazoduc sous la Baltique qui reliera Saint-Pétersbourg au port allemand de Greifswald.

    Ces infrastructures sont très coûteuses. Certes, elles permettent d'éliminer les aléas politiques liés au transit. Mais d'autres investissements seront nécessaires. La Russie, selon la plupart des économistes, ne pourra plus exporter de gaz au-delà de 2015, sauf à lancer d'importants programmes d'exploration et d'exploitation. Et c'est de cette dépendance croisée entre la Russie, riche en matière première, et l'Europe, riche en capitaux et en savoir-faire, que devrait provenir la sécurité énergétique de demain pour l'Europe.

    Par Le Figaro
Chargement...
X