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Algérie, Retour Par Nadir Dendoune

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  • Algérie, Retour Par Nadir Dendoune

    retour en Algérie (1)
    Nadir Dendoune est journaliste français. Pour humanite.fr, il "fait le voyage", à l’envers de ses parents. Premier épisode : j’ai rien oublié ?
    Je suis Français. Même si je montais en haut du Mont-Blanc et je criais fort le contraire. Même si le ministre de l’Immigration disait le contraire. C’est pas de ma faute, mon frère. Je suis né ici. Ici, et pas ailleurs. Je n’ai pas fait le voyage. Parfois, j’arrive à penser que j’aurais bien aimé faire le « voyage » justement, à cause de la maladie de l’identité. Mes parents, eux, sont bien venus d’ailleurs, encore que, l’Algérie en 1950, c’était comme la Corrèze, ou Neuilly-sur-Seine, c’était la France. Demain, je vais en Algérie. En plein débat sur l’Identité Nationale, allons-enfants-de-la-patrie, la main sur le cœur, la larme à l’œil, ce voyage risque de me faire du bien. J’ai failli écrire je retourne en Algérie, tellement Sarko et ses sbires nous en mettent plein dans la gueule. J’ai une mauvaise nouvelle pour vous messieurs-les-distilleurs-de-haine, pas question qu’on s’assimile, pas question qu’on accepte vos règles du jeu. Votre conception de l’Identité, vous pouvez vous la mettre où je pense. Demain, à la même heure, je marcherai sur les terres de mes ancêtres. J’ai le cœur qui roule aussi vite qu’un TGV lancé à toute allure, qui vient de quitter Paris, pour rejoindre Marseille. C’est la cinquième fois que je pars en Algérie. Je vais à Alger. Ne soyez pas surpris si je vous dis que je ne connais pas cette ville. J’avais à peine cinq ans la première fois que je suis allé au « bled ». J’étais resté trois mois et en revenant, je ne parlais plus français. Je m’en souviens : ma frangine m’avait balancé un truc et j’avais rien capté. Il avait fallu réapprendre la langue de Camus. Peut-être que c’est durant cette période, que ma parole s’est déréglée. Et le reste, d’ailleurs…Platon disait que la parole est l’âme de l’homme. Deux ans plus tard, mes parents nous avaient emmenés une nouvelle fois en Kabylie. Une belle baraque, des chambres partout et un jardin aussi beau que l’amour que porte mon père pour ce pays, son pays. J’y suis retourné en 1986, j’avais 15 ans, et j’avais passé des vacances touts pourries : un ado perdu au fin fond des montagnes berbères. J’avais attendu 17 ans pour traverser une nouvelle fois la Méditerranée. Un voyage d’une dizaine de jours pour oublier 1986. Mon sac est prêt.

    Je n’aurais pas dû dire que je partais en Algérie parce que mes amis m’ont demandé de leur ramener des tas de trucs. Sakina veut des poivrons. Un kilo, ça ira, qu’elle m’a dit. Elle est gonflée cette petite. Mais, elle est extra alors j’essaierai d’y penser. Si j’oublie, je pourrais toujours aller au marché de Saint-Denis, c’est à dix minutes de chez moi et les légumes là-bas, sont champion olympique. Sakina m’a prévenue, je sais reconnaître les poivrons d’ici. Abdel et Yacine veulent un maillot de l’équipe de foot nationale, qui s’est qualifiée dernièrement avec brio pour la prochaine Coupe du Monde. Karim aimerait que je dépose un téléphone portable chez son oncle. Depuis qu’une partie de la presse et de la classe politique s’est offusquée que Diam’s se soit convertie à l’Islam, Kahina veut un beau foulard. Un musulman qui fait le chemin inverse reçoit presque la légion d’honneur. Kahina a envie d’être dans la provoc’. Ma maman veut un bidon d’huile d’olive. Ilhame aimerait que je lui trouve un mari, un bonhomme indépendant qui assume, qui n’a pas peur de l’engagement, qui n’a pas peur de dire à une nana qu’il est raide dingue d’elle : un anti-moi, quoi !

    Le sac est prêt. Hier, je suis allé à une veillée funèbre. On enterre Chantal mardi, je ne serais pas là. J’ai attendu trois semaines pour aller la voir à l’hôpital et quand je suis arrivé à la clinique pour la serrer fort dans mes bras, j’ai appris qu’elle venait de partir le matin même. Ne jamais remettre ce qu’on peut faire au lendemain. Et puis, peut-être moins courir… J’ai refait mon sac dix fois. Toujours peur d’oublier des trucs. J’ai mon appareil photo. Je suis tellement excité que j’oublie que je vais à Alger d’abord pour le boulot. Le salon du tourisme ouvre ses portes mardi 1er décembre. Les autorités ont mis le paquet. Ils aimeraient que les touristes débarquent en masse. Ils voudraient qu’ils effacent de leurs mémoires toutes ces années terribles, où des dizaines de milliers d’Algériens ont trouvé la mort, parfois dans des conditions atroces. Le pays est tellement beau. Il mérite que des millions de paires d’yeux viennent le découvrir. Il mérite qu’on l’aime à sa juste valeur.

    Nadir Dendoune
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    retour en Algérie (2):Alger, odeur de terre mouillée

    Nadir Dendoune est journaliste français. Pour humanite.fr, il "fait le voyage", à l’envers de ses parents. Deuxième épisode : Alger, odeur de terre mouillée.

    A chaque départ, c’est la même zik-mu. Maman m’oblige à prendre un paquet de bonbons dans mon sac, mon père me demande de rester en France, il y a du travail ici mon fils. Mes parents viennent de fêter leurs 40 ans. Ils sont plus vieux en vérité. Je voulais dire qu’ils venaient de fêter leurs 40 ans dans la même cité. Un endroit que pour rien au monde ils aimeraient quitter. Après les bisous ne vous inquiétez pas je reviens bientôt, tout va bien se passer, je finis par descendre. Une fois sur deux, l’ascenseur est en grève. Je croise des jeunes et des vieux qui me demandent où je vais. Une fois sur deux, je réponds. Maman apparait sur son balcon, elle met sa main devant ses yeux pour se protéger du soleil et essaie de m’apercevoir. A chaque départ, il me reste un gramme d’énergie. Ce matin, j’ai couru avec mon scooter dans les rues de Paris, j’ai fini la matinée chez le dentiste.

    Il a été gentil avec moi le toubib des dents, je n’ai eu droit qu’à de petits soins. J’ai trainé mon sac jusqu’à la gare de Saint-Denis. Le RER D est arrivé en retard, aucune surprise. Il était bondé et des gens exprimaient leur ras-le-bol, une femme a parlé de prises d’otages. J’ai eu envie de crier y en a marre des beaufs qui mélangent tout. Vas en Colombie, ma grande. A la Gare du Nord, j’ai permuté avec le B. Ca roulait bien et j’ai pu m’asseoir. En face de moi, une jolie fille aux yeux noirs et profonds, bien sapée, avait un regard qui se perdait dans le vide. A ma droite, un vieillard de l’âge de mon père, semblait perdu et regardait sans cesse le panneau où était affiché le nom des stations. J’ai voulu l’aider mais les mots ont été moins réactifs que ma pensée et le daron est parti demander au secours à une dame. J’ai regardé par la vitre du train. D’un coup, de battre mon cœur est allé plus vite en pensant à cette merveilleuse fille restée à Paris. La banlieue au sens péjoratif du terme s’éloignait. L’identité nationale pouvait souffler de nouveau. J’ai repensé à ce que j’avais entendu ce matin à la radio.

    Xavier Bertrand, « patron officiel » de l’UMP, gueule-gentille-ne vous-fiez-pas-aux-apparences, pensait que l’édifice de minarets n’était pas indispensable aux musulmans quand ces derniers désiraient pratiquer leur religion. Merci de parler aux noms des autres. Il répondait à une polémique née après que les Suisses aient voté largement contre la construction de minarets dans le territoire helvétique. Si Bertrand avait pu ajouter que les Cathos n’avaient pas besoin de clocher pour kiffer la messe le dimanche, le compte aurait été bon. A Antony, chez Patrick Devedjian, un vieux d’Occident (ancien mouvement d’extrême droite), pas moyen de resquiller ou d’avoir une ristourne pour emprunter l’Orly-Val, un trajet précoce de sept minutes, douche comprise et vendu 7 euros 60 l’unité. Désormais, un Monsieur-Sécu veille au grain. Orly-Sud, comptoir d’Air Algérie. J’ai près de trente minutes de retard sur l’heure du rendez-vous, donc je cavale. J’ai oublié le déo sous les aisselles alors tu t’approches pas de moi mon chéri. Marliche*, le responsable du voyage-presse n’est pas encore arrivé. Ouf. Nous sommes fin novembre et les comptoirs sont vides. Souvent, j’emmène mes parents à l’aéroport en plein été. On y arrive trois heures avant l’embarquement. Faut voir le monde, que des Arabes…Après, on se demande pourquoi certains Français ne peuvent plus les voir. Ils font du bruit, se chamaillent parce que l’autre a doublé l’autre. Et puis, les odeurs, les épices. Chirac, en 1991, avait vu juste : le bon Français n’en peut plus de vivre à côté de ces gens-là. « Ces gens-là », Brel aurait trop aimé le climat ambiant. Alors, moi, en montant à l’intérieur du zinc, j’en avais tellement gros sur la patate, que je me suis mis à enlever toutes les couches de mes vêtements. Il restait plus que le t-shirt « la journée sans immigrés ». Une nana s’est approchée, elle m’a dit je connais ce logo, je l’ai vu sur Internet.

    Je me suis demandé comment on avait pu laisser le Président métèque faire croire à la population que c’étaient uniquement « les Français de souche » qui se levait à cinq heures du matin. J’ai répété mon discours à plusieurs personnes qui avaient entendu parlé de notre mouvement, né il y a quelques mois seulement, au domicile de Nadia. A l’époque, on était six, il y avait du bon fromage et des chips.

    L’avion a atterri en douceur, du travail d’arabe. Comme on était en voyage de presse, sponsorisé par le ministère du tourisme algérien, on a passé la douane sans forcer sur mon charme. Le piston, mon frère. A l’aéroport Houari Boumediene, refait à neuf, les confrères ont allumé leur clope, pourtant les signes d’interdiction inondaient les murs.

    L’odeur de la terre mouillée est venue envahir mes narines. J’étais à Alger. La nuit était installée. Douze petits degrés. J’étais trop content d’être là. Mes parents étaient nés dans ce pays. On est monté dans un minibus, le chauffeur avait entendu dire qu’il devait battre le record du monde de vitesse. La victoire de l’équipe nationale de football était encore visible. Des grands posters avec le visage des héros étaient suspendus dans les airs, la fierté de toute une nation. Des « one, two, three, viva l’Algérie », écrit au marqueur épais, recouvraient de nombreux murs. A un moment, on est passés devant de longues barres d’immeubles, style barres HLM de chez nous. J’ai cru reconnaitre dans l’une d’entre elles la cité des 4000 à la Courneuve.

    L’hôtel est apparu, le meilleur de la ville, une pure merveille, « Hotel El-Djazaïr ». Les autres sont descendus en laissant les bagages à l’intérieur du van. Moi, je n’ai pas pu. J’ai pensé à « la journée sans immigrés ». J’ai pensé au mot travail, au mot mérite, à la reconnaissance… J’ai demandé à un type de m’aider à sortir les valises, je ne voulais pas que les employés de l’hôtel s’esquintent le dos. J’ai ouvert la porte de ma chambre et j’ai regretté que mes parents ne puissent pas voir ça.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      3-"Du positif pour mon identité étriquée".

      "Du positif pour mon identité étriquée".
      C’est la première fois que je viens en Algérie sans y être obligé ou pour faire plaisir à mes parents alors forcément, je suis plus open. Je me suis levé peu avant sept heures. J’avais demandé la veille au room service qu’on me réveille. Sans vraiment ouvrir les yeux, j’ai enfilé mon collant, passé plusieurs sweat-shirts et mis sa paire de training. Je suis descendu, les employés ont été surpris de mon look. Quelques étirements et j’ai commencé mon jogging. Je savais pas où aller alors je me suis laissé guider par mes instincts.

      Les villes sont plus belles au réveil. Plus calmes, elles se sont reposées toute la nuit. L’hôtel EL Djazaïr, anciennement Saint-George, était situé en haut de la ville. Je courais vers le bas. Des panneaux indiquaient Bab El Oued tout droit. Je cavalais, mes jambes étaient plus excitées que moi et je leur ai demandé de ralentir pour que je puisse profiter de la vue. Des étudiants attendaient le bus. Je regardais droite, à gauche, devant et derrière moi, je voulais profiter de tout. J’ai aperçu le port au loin et la mer avec. Ca m’a donné des ailes. Des vieilles bâtisses datant de l’époque coloniale étaient toujours debout. De la beauté à l’état brut. Alger sortait de sa nuit.

      Un homme, un tuyau dans les mains, chassait les détritus, déposés la veille par une pluie et un vent mécontent. J’ai dépassé le monsieur par la gauche. Je suis arrivé à un grand carrefour, le port était sur la gauche, le centre d’Alger, de l’autre côté des bateaux, légèrement sur la droite. J’ai eu un moment d’hésitation. Je voulais voir les deux. Je ressentais des choses. Du positif pour mon identité étriquée. Je découvrais ce pays, je commençais à l’aimer. C’était tout con. Un homme parlait fort à son téléphone. J’ai ri, son accent était trop bon à entendre. Une fille jolie comme un rayon de soleil souriait à un garçon, tous les deux marchaient côte à côte, le bonheur gravé sur leurs visages. Plus bas, un type d’une trentaine d’années, debout derrière son comptoir, attendait les clients. Son kiosque offrait une diversité de journaux, écrit à la fois en français et en arabe. Je me suis retrouvé sur une route, ça ressemblait à notre périph’, c’était dangereux alors j’ai bifurqué pour monter sur le trottoir. J’étais surpris de voir une ville aussi moderne. Malgré mes efforts à ne pas juger sur pièce avant d’avoir vu, je dois avouer que j’avais débarqué ici avec quelques idées reçues. L’image d’une Algérie archaïque encore très présent dans l’imaginaire collectif.

      Je suis revenu à l’hôtel. Je suis allé au bar. Des cadres avec de photos de stars étaient disposés le long des murs. A côté d’André Gide, de Jean Giono, de Che Guevara, ou de Louis Jouvet, les portrait de Diam’s et de Cheb Faudel ! J’ai pris une douche et un petit-déjeuner-buffet continental m’attendait. Après, je suis remonté et je suis allé piquer une tronche à la piscine. J’étais seul. Un jacuzzi galérait sur le côté alors j’ai fait du social et je l’ai accompagné une dizaine de minutes. Ensuite, nous sommes partis au salon du tourisme. J’ai fait le tour des stands en cinq minutes, ça n’a jamais été mon truc les salons. J’ai attendu que le ministre débarque pour la conférence de presse. La salle était bondée de journaleux et de curieux, venus assister à l’allocution de monsieur Tourisme. Il a fait son speech d’abord en arabe. Avant de le faire en français et là j’ai commencé à prendre des notes.

      Il a parlé d’un plan d’investissement gigantesque. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au plan banlieue promis par Fadela Amara et Nicolas Sarkozy et j’ai eu envie de me barrer de la salle. Il avait l’air sincère. Un confrère lui a demandé pourquoi avoir attendu si longtemps pour mettre le paquet sur le tourisme ? Le ministre a répondu stoïque : « il y avait d’autres priorités après l’indépendance de 1962 ». C’était il y a 47 ans.

      On enterre Chantal aujourd’hui. Au cimetière qui caresse notre cité. Un lieu où repose un nombre incalculable des nôtres, toutes origines confondues. Je ne peux pas m’empêcher de penser à elle, à ce rendez-vous manqué à l’hôpital, j’aurais tant aimé voir son merveilleux sourire une dernière fois. Je pense à sa famille, à ses filles, à son fils, et à son mari, à leur douleur, et je sais que bientôt ils se retrouveront seuls face à leur chagrin. Je ne peux pas m’empêcher de penser aux paroles de ma mère.

      C’était un soir où la pluie faisait son vacarme à l’extérieur. Je rentrais du sport. Elle était assise au bord de la fenêtre. Ses yeux se perdaient nulle part. Je me suis assis, j’avais son visage en face de moi. Papa dormait déjà. Elle m’a demandé à quelle heure que je me levais le lendemain. Et puis, et elle a eu de nouveau le regard absent. Elle m’a dit, sa voix était serrée comme un entonnoir, elle m’a dit enterrez-moi ici à la cité, pas au bled.
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        4-"moi, la France en moins".

        "moi, la France en moins".
        Les valises devaient être prêtes en un quart d’heure, l’avion décollait en principe à 18h. J’étais revenu du salon du tourisme à la bourre, j’avais rencontré des tas de gens, des Algériens, je voulais les entendre. Pour une fois, j’écoutais. Je les regardais, je souriais à leurs blagues, il y avait de l’interactivité. Ils étaient intéressants. Beaucoup de philosophie dans leurs propos. Du fatalisme, de la résignation aussi. J’ai réfléchi à nos échanges. Nous étions de la même origine, ça se voyait au premier coup d’œil, mais j’étais différent. C’était moi, la France en moins.

        Je suis arrivé à l’hôtel tout en vitesse, un peu en stress, mais avec allégresse. J’étais en vacances-boulot. Ma chambre était au deuxième étage. J’avais un balcon, une vue sur la baie d’Alger, le fric-c’est-chic. L’argent rend beau, l’oseille rajoute des points au capital confiance aussi. Moi, je crois, que quoi qu’il arrive, je resterai toujours pauvre. C’est trop tard. J’ai été marqué au fer rouge. J’aurai toujours des réflexes de gêne face à l’opulence. C’était le boxon dans mon chez-moi-intérimaire, les chaussettes en dessous du lit, la serviette sur le tapis, les chaussures dans la salle de bains. Je n’ai pas eu le temps de faire le tri entre ce que j’allais emmener et ce que je laisserai dans la piaule, pas la possibilité de compter le nombre de slips ou de tee-shirts nécessaire, alors j’ai décidé de prendre toutes mes affaires. Les autres, soit 52 personnes, la plupart des journalistes, attendaient avec impatience que le bus les emmène. Tout le monde était là. Le chauffeur a mis la sono. Les Arabes aiment conduire en musique, c’est pour ne pas entendre leur cœur en souffrance.

        L’embarquement a duré quelques minutes. On est passés devant tout le monde. Le réseau, ma sœur. C’était un vol intérieur, un petit zinc de 70 places, nous allions à Béchar, aux portes du Sahara, l’un des plus grands déserts du monde, au sud-ouest d’Alger à près de 1000 kilomètres de la capitale. L’organisateur de notre voyage serrait des paluches et claquait des bises toutes les dix secondes. Le petit jet a décollé très vite. On a traversé des zones de turbulences, des ouh se sont fait entendre. J’ai regardé par le hublot. Le ciel était éclairé par une lune étincelante. Nadia était assise à ma droite. On a parlé de la journée sans immigrés et des difficultés qui nous attendaient. On avait frappé un grand coup alors forcément, ça suscitait des jalousies. Le dénigrement, mon frère. Mais, rassurez-vous, on ne peut pas mourir deux fois et il n’y a rien qui peut nous ébranler.

        On a atterri avec classe. Deux heures plus tard, à Béchar, la nuit portait un smoking. Le directeur de l’office national du tourisme de la région nous attendait. Un homme d’une soixantaine d’années, caricature du fonctionnaire algérien des années 70, impeccable sur lui, une petite moustache taillée sur mesure, parlant un Français soutenu. Il m’a serré la main et sans le connaitre, j’ai su que c’était quelqu’un de droit. J’allais avoir l’occasion plus tard de vérifier mes premières impressions. Un bus était stationné à l’extérieur. Le trajet jusqu’au bivouac où nous allions passer la nuit durait une heure et demi. Sur place, des « gens du désert » jouaient une musique traditionnelle. Sur le côté, d’autres préparaient le repas. J’ai parlé avec eux. Ils vivaient à l’écart mais pour rien au monde, ils désiraient changer leur mode de vie. Ca allait moins vite chez eux. Ils avaient l’air zen. D’une simplicité déconcertante. J’ai croisé leur regard. Leurs yeux étaient remplis de sincérité.



        La chorba est arrivée très vite et nous a réchauffés d’un coup. Ensuite, on nous a servis du couscous avec du poulet cuit à la braise. Nous nous sommes réunis autour d’un feu. Il était une heure et demie du matin. Un homme chantait avec ses tripes, c’était triste et festif à la fois. On dansait avec le bide, avec les hanches, avec les yeux. J’ai regardé les flammes. Je voyais des tas de choses. Du plaisir et du chagrin. La vie d’avant et celle d’aujourd’hui. Les larmes ont coulé, ce que ça fait mon frère d’être heureux. Je savourais.

        Le bonheur ne dure pas, alors, quand il est complet, il faut essayer de le garder au maximum. Pendant qu’on dansait, les autres en ont profité pour s’installer. Au final, on s’est retrouvés sans lit, sans chez-nous. Alors, pour rétablir un peu de justice, et même si c’était pas malin, j’ai pris le micro et j’ai chanté : « si on dort pas, y a personne qui dort… ». Radia, une belle femme, mère de famille méritante, a repris des chansons populaires. Sa voix était douce, elle y mettait bien plus que son cœur. On s’est couchés, on ne tenait plus debout. Il était 5 heures. On avait fini par trouver des matelas et des couvertures. Malgré l’inconfort et le froid, malgré les maladresses des uns et des autres, malgré le sable dans nos chaussettes, la soirée fut inoubliable. L’humanité battait de toute son âme. Le soleil frappait déjà aux portes du désert.
        The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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        • #5
          5-à l’hôpital.

          Les « gens du désert » se moqueront longtemps d’un certain Nadir Dendoune, journaliste français, d’origine algérienne et fier d’avoir poussé en Seine-Seine-Denis. Non pas seulement parce que nous avons passé des moments inoubliables, mais surtout parce que j’ai eu un problème avec mes parties intimes. Tout le monde, du villageois au ministre du tourisme, connait désormais mon histoire.

          La douleur m’a pris d’un coup, en sortant du bus, on venait de passer la journée dans les alentours de Taghrit, au sud ouest de l’Algérie, en plein cœur du Sahara. Après avoir parcouru les dunes de toute beauté et visité un musée géologique plein d’intérêt, le bus nous a déposés à une centaine de mètres de notre bivouac. J’ai descendu les deux marches du van et j’ai senti comme un coup de couteau là où beaucoup d’hommes ont l’habitude de fourrer leur main quand ils regardent un match de foot. Je parle beaucoup de testicules dans ma vie de tous les jours. J’avoue que parfois j’utilise un langage « beauf », à la Bigard, j’en suis pas très fier.

          J’ai marché trente secondes sur le sable et j’ai commencé à me tordre dans tous les sens. J’ai placé ma main à l’intérieur de mon slip pour vérifier si une boule ne s’était pas formée. En juillet 2001, en plein hiver austral, à Sydney, je revenais d’un surf avec un ami et mon testicule gauche avait fait des siennes. Je pensais, parce que ce n’était pas la première fois que ça m’arrivait, qu’il suffisait d’attendre un peu pour que ma boule reprenne sa forme originale. A un moment, j’ai cru que j’allais m’évanouir. Mon ami français ne m’avait pas pris au sérieux : je ne lui en veux pas, je suis quelqu’un qui rit beaucoup, mais c’est une façade. Je l’avais saisi par le cou, emmène-moi à l’hôpital tout de suite ou je te défonce ta gueule. On m’avait injecté de la morphine et j’étais dans une phase d’euphorie. Je plaisantais avec l’infirmière australienne en imaginant ce que serait une vie avec une ******* en moins. L’opération s’était bien passée, le testicule gauche vivait toujours. Ce soir là, donc, en plein désert, quand la même douleur m’a surprise, j’ai pris peur et on m’a emmené au centre de santé de Taghrit. La nuit était illuminée, la lune était complète, elle éclairait tel un gros projecteur dans un décor de cinoche. C’était une petite bourgade, un lieu calme, les magasins avaient déjà baissé leurs rideaux. Le médecin, jeune trentenaire, barbe naissante, plutôt bonne-gueule, brillait par son éloquence, comme s’il s’exprimait devant un parterre d’ambassadeurs. J’ai baissé mon froc sans gêne, je trouve que dans un hôpital, personne ne devrait avoir de pudeur.

          Il a regardé ma balle avec intérêt, a pincé les lèvres, et a dit qu’il n’était pas spécialiste mais qu’il pouvait s’agir d’une torsion du testicule. Je me suis inquiété quand il a évoqué la possibilité d’une opération. J’avais six heures devant moi avant que ma ******* ne s’éteigne. Il fallait faire vite. Ils m’ont injecté un calmant, l’effet a été immédiat. Le centre de santé était rachitique. L’armoire à pharmacie était vide. Deux lits rouillés occupaient la petite salle de soins. Karim, qui m’accompagnait, en a profité pour demander un Doliprane pour soulager son mal de tête. On nous a répondu que les stocks étaient épuisés. La tristesse a commencé à m’envahir. L’indigence de ce lieu était heureusement compensée par l’humanisme de ses valeureux employés. Plus tôt ce matin, un Algérien m’avait expliqué que l’hôpital était gratuit, parfois il lui arrivait de payer une somme symbolique, quelque chose comme 100 dinars-connard, à peine un euro, les restes du socialisme.

          L’ambulance attendait dehors, prête à partir : je devais être évacué vers Béchar, située plus au nord. Béchar, cinquième ville du pays pour le nombre de ses militaires, à une centaine de kilomètres de l’endroit où la France avait lancé ses premières fusées spatiales en pleine période coloniale. Avant de partir, un flot d’inchallah-tu-vas-guérir ininterrompu martelé par le toubib et ses infirmiers a accompagné ma sortie du centre de santé. C’était sympa de leur part mais je me suis permis de répondre que j’espérais qu’il y aurait également un médecin qui s’occuperait de moi une fois arrivé sur place.

          Le trajet était plaisant : Nadia, Karim et Mounir avaient pu monter avec moi. On a regretté que Leila ne soit pas du voyage. Tant qu’on est vivant, il faut sourire. Et puis, même dans cette mini-galère, j’ai pensé au bonheur d’être là. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, le directeur du tourisme nous attendait. Il avait été prévenu et n’avait pas hésité une minute à faire le déplacement. Il a semblé sincèrement touché par mon malheur. Il m’a touché l’épaule, son regard m’est allé droit au cœur. J’étais couché sur le brancard, une perfusion dans le bras. L’hôpital d’Etat de cette ville affichait la même mine déconfite que le centre de soins de Taghrit. Le toubib a demandé à voir mon sexe et ses atouts.

          Tout le monde désirait les voir, on était très curieux. Son assistante, brune et frôlant la cinquantaine, était assise à son bureau, elle me tournait le dos. Elle s’est levée, a quitté la pièce. J’ai pensé que c’était la gêne qui l’avait poussée à sortir mais elle est revenue très vite avec un stéthoscope. Elle se tenait à la droite du médecin pour avoir une vue idéale. Le médecin s’est retourné vers elle. Je n’arrivais pas à entendre. Ce dernier a palpé mon testicule, j’avais un peu mal mais pas trop. Ca l’a rassuré. Il s’est entretenu de nouveau avec sa collègue. Elle s’est approchée de moi, a penché sa tête. De nouveau, le médecin m’a examiné. Il s’est renseigné sur mon histoire personnelle, pas d’allergie j’ai répondu et en pleine forme physique. J’ai failli ajouter bien membré pour la bonne ambiance…Le toubib s’est gratté la tête d’une main et l’autre est venue se poser sur mon épaule en signe de réconfort. Ensuite, il m’a prescrit des anti douleurs. Pas d’opération donc. Il a souri, sa collègue m’a salué. On est remontés très vite dans l’ambulance. Le chauffeur a repris la route. On était pas tiré d’affaire pour autant.
          The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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          • #6
            6-retour et séquelles

            L’ambulance filait à toute allure. Je n’étais pas attaché. Tout le monde était assoupi. Je m’accrochais au brancard pour ne pas tomber à la renverse. Malgré le danger et mon testicule qui faisait des siennes, ma visite à l’hôpital restera gravée à jamais dans ma mémoire.

            Le trajet du retour, ce qu’on avait rigolé. J’ai l’impression qu’en Algérie, tout finit toujours par s’arranger. Le personnel hospitalier faisait avec les moyens du bord, le sourire toujours aux lèvres. Je crois que quand on a pas grand-chose, on aime plus la vie, parce qu’on se concentre sur l’essentiel. On m’a dirigé vers une chambre. Pas question que je passe la nuit dehors, mon testicule avait besoin de chaleur. Le matin est venu très vite, trop vite, quelques heures de sommeil. Leila a couru vers moi et m’a serré très fort, d’autres sont venus s’enquérir de mon état de santé. J’ai aimé leur sincérité et leur sollicitude. On est remontés dans l’autobus. Nous avons traversé des dunes de toutes beautés. Des paysages qui avaient conservé toute leur authenticité. Un jour, sans doute, le tourisme de masse aura raison de tout ça.

            On est entrés dans un musée où des poteries datant de l’époque coloniale et une large diversité d’animaux empaillés étaient disposés. C’était la première fois que j’allais au musée en Algérie ! On s’est arrêtés pour déjeuner dans une grotte. Tout le monde avait le sourire. Tout le monde se sentait bien en Algérie. On parlait de tout et de n’importe quoi. Les chauffeurs n’osaient pas se joindre à nous. Avec Mounir, on s’est levés pour leur apporter de quoi manger et boire. On aurait fait pareil s’ils avaient été de nationalité américaine. C’est juste une question de classe sociale mon frère. La journée est passée d’un trait. On faisait des haltes toutes les heures pour admirer les atouts de ce pays. A l’intérieur du van, l’humanité chantait à tue-tête, reprenant en chœur les refrains de chansons célèbres. Les routes étaient très peu fréquentées. On traversait des petits villages. Les gamins nous saluaient et partaient se cacher quand on s’approchait d’eux. Le jour nous a dit au revoir vers 17h. Notre vol du retour était prévu une heure plus tard. Les bus ont accéléré. A l’aéroport de Béchar, le directeur de l’office régional du tourisme nous attendait stoïque. Il s’est renseigné sur mon état de santé. Je l’ai rassuré, la douleur était partie de l’autre côté de la méditerranée. Des yeux de ce monsieur, se dégageait une telle force, une telle sagesse. Sa voix était posée. Ses mots étaient justes, remplis d’intégrité. Originaire de Constantine, il était en poste à Béchar depuis cinq ans. C’était surtout difficile pour ses enfants, sa fille était très attachée à sa grand-mère. Mais il avait trop le sens du devoir pour refuser cette mutation.

            On a donné nos passeports à Bachir, responsable du groupe. Comme à son habitude, il n’a pas pu s’empêcher de sortir une connerie. J’adore Bachir, à la fois brillant et cru, à la fois fou et terre à terre. Et un cœur. Il avait fait des babouches et des paluches pour que je sois évacué illico-presto à l’hôpital. Et toutes les heures, il nous appelait. J’ai pris le directeur de l’office du tourisme dans mes bras. Pour la première fois, il est sorti de sa réserve et m’a embrassé. On s’est souhaité bonne route. J’étais triste de partir. Et heureux en même temps. J’allais découvrir enfin Alger la blanche. En embarquant dans l’avion, en plein tarmac, j’ai regardé derrière moi : des lumières illuminaient l’aéroport. Je savais que bientôt je serais de retour dans le Sahara. J’ai compris aussi à ce moment-là que ma vision de l’Algérie avait changé. Et que désormais je viendrai dans le pays de mes ancêtres pour passer des vacances.
            The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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            • #7
              7-mon identité désolée.

              Depuis que je suis ici, je pense sans cesse à la Colonisation et à la guerre d’Algérie. J’ai dépassé la trentaine, j’arrive tout doux vers la quarantaine et j’ai besoin de connaître tout de ce passé, que l’école de la République (l’Etat) a tout fait pour occulter. J’en ai besoin pour avancer.

              J’ai également envie de dépasser la rancœur qui m’anime en pensant à Douce France, j’ai peur qu’elle finisse par me bouffer tout cru. Je veux devenir ce que je suis. Il faisait beau et doux. Je portais une veste légère. Le taxi nous a déposés au début du boulevard Didouche, les Champs-Elysées local. La rue était bondée. Des jeunes, souvent en groupe s’étaient donnés rendez-vous. Des jeunes filles avaient mis le paquet sur l’élégance. Des immeubles de type haussmanniens se succédaient, à leur pied des portes plus atypiques les unes que les autres. C’était Paris sans les Gaulois.

              Je suis entré dans une boutique à la recherche de maillots de football de l’équipe nationale. En vain. Rupture de stocks. Jamais depuis l’indépendance du pays, les rues d’Alger avaient connu un tel déferlement de foule. On raconte que des vieilles dames au coup de sifflet final, étaient sorties dehors les larmes aux yeux. Certaines avaient même fini par crier que la victoire des Fennecs les rendait encore plus heureuses que la libération de l’Algérie en 1962. J’ai continué à descendre. Le boulevard s’étendait sur plusieurs kilomètres.

              De nouveau, j’ai demandé à un vendeur s’il lui restait des maillots de foot, et j’ai obtenu la même réponse. Sur les balcons des appartements, flottaient des drapeaux vert et blanc marqué d’un croissant rouge. J’ai regardé au loin, j’étais agréablement surpris par le visage du parc automobile algérois : les bagnoles étaient récentes et en grande quantité. Un monsieur, rencontré dans la rue, m’expliqua que des grosses mesures facilitant le crédit à la consommation avaient été mise en place il y a quelques années. J’ai traversé la place Audin. Je me suis arrêté quelques minutes pour rendre hommage à cet assistant en mathématiques français qui donnaient des cours à l’université d’Alger, membre du parti communiste algérien, torturé et tué par les services français pour son engagement en faveur de l’indépendance de l’Algérie. J’ai fini par arriver à la Grande Poste. Magnifique lieu, construite au début du 20ème siècle.

              Elle me faisait penser à un palais ottoman. A la fois moderne et authentique. J’ai monté quelques marches et j’ai pénétré à l’intérieur. J’ai fermé les yeux en essayant d’imaginer la période coloniale, les hommes Français (Algériens) et leurs chapeaux, leurs femmes et leurs belles robes. Je me suis demandé si des Algériens musulmans leur portaient leurs valises, s’ils avaient été des bons larbins ? Quelle place mes ancêtres occupaient dans leur propre pays ? Je ne savais pas grand-chose de tout cela. Je comprenais que mon complexe d’infériorité et ma « honte » d’être arabe venait également de là. J’ai pris quelques photos et je suis sorti. Le soleil est venu me caresser le visage. Deux Chinoises, définitivement pas des touristes, leurs allures étaient trop assurées, rigolaient à voix haute. La mondialisation mon frère. J’ai bifurqué vers la droite. D’autres magasins. Toujours pas de t-shirts. Je suis arrivé au Milk Bar. J’ai commandé un jus d’orange, le portrait d’Houari Boumediene, premier président de l’Algérie post indépendance, était accroché sur le mur du café. Le 30 septembre 1956, des résistants algériens faisaient exploser une bombe, tuant 8 occidentaux. Le Milk Bar était très fréquenté à l’époque par les expatriés. J’ai tourné la tête et j’ai aperçu la place Abd el-Kader. Une énorme statue à l’effigie de ce grand homme surplombait l’endroit.

              Ce chef militaire, né en 1908, résista longtemps à l’armée coloniale française. Considéré comme le premier créateur de la nation algérienne, il fut le symbole de la résistance contre le colonialisme et l’oppression française. Je le regardais. Il était installé sur son cheval, le sabre dans sa main droite, le bras levé, tel un seigneur. Je le regardais et je l’imaginai se battre contre les colons français. Je ressentais de la fierté mon frère. J’en avais besoin pour gagner des points sur mon identité désolée. Je me suis assis sur le banc et j’ai fermé les yeux. La nuit est tombée du ciel. J’aurais pu dormir ici.
              The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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