Le bon Numéro

[Iska]

Dans la vie, y a ceux qui ont le bon numéro et ceux qui ne l’ont pas !

Par Hakim Laâlam
Economie. Air Algérie signe un gros contrat d’acquisition de 7 avions de marque Boeing et ATR. Un contrat salué comme il se doit par…

… tous les supporters des Verts !

J’ai effacé tous les autres numéros dans mon agenda téléphonique. Même ceux des membres de ma famille. Proche ou éloignée. Rien à faire d’eux, rien à cirer de leurs coordonnées. J’allège ainsi la mémoire encombrée de mon répertoire téléphonique, je gagne en rapidité dans l’exécution des différents programmes et connections que m’offre ce Smartphone, lequel jusque-là était plutôt lent, à cause justement d’une liste trop longue de gens pas nécessairement indispensables à ma vie. Et, au final, après cette lessive en profondeur de mon listing, je ne garde bien sûr qu’un seul et unique numéro. Celui-là, je n’y touche pas ! Que dis-je ? Je le préserve dans le fin du fin de la mémoire de mon mobile. Mieux encore, je l’ai aussi enregistré dans celle de mon ordinateur domestique. Et surtout pas dans celui du bureau, au Soir d’Algérie, car, les connaissant les jaloux, ils pourraient me le chiper ce numéro. Pour encore plus de précautions, je me suis même autotatoué ce numéro sur l’épaule. Pas question, là aussi, d’avoir recours à un autre tatoueur que moi, sinon, il aurait fallu que je m’en débarrasse ensuite, que je l’élimine, le pauvre homme. Et même à la maison, le soir lorsque je dors, je n’enlève pas mon pyjama. D’accord, il s’agit de mon épouse et de mes enfants, mais même là, je ne fais confiance à personne. Ils pourraient relever le numéro sur mon épaule dénudée, le noter, et lors de bavardages avec les voisins ou avec les camarades à l’école le leur communiquer. Bon, il est vrai que malgré tout ce dispositif, je n’ai pas réglé un dernier détail. Un détail qui me turlupine au plus haut point. J’ai peur de parler pendant mon sommeil. Et de divulguer à l’insu de mon plein gré le fameux numéro que je garde caché, secret. Ça m’angoisse tellement que je n’en dors plus, je n’en ferme plus les yeux la nuit. Remarquez, c’est tant mieux. Si je ne dors pas, si je reste éveillé, je ne peux pas parler dans mon sommeil. Logique ! D’accord, les nuits d’insomnie se succèdent et me mettent physiquement et mentalement à plat. Je sens même que je suis au bord de la grosse dépression nerveuse. Mais, maâlich ! Personne d’autre que moi n’aura le numéro de portable du directeur général de l’hôpital de ma ville. C’est inestimable comme trésor par les temps qui courent. Avec seulement 900 000 doses de vaccin contre la grippe A pour 34 millions d’habitants, moi, j’ai le bon numéro ! Et je fume du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.


Le soir d'Algérie