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Le débat sur la légalisation des armes au Canada est relancé

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  • Le débat sur la légalisation des armes au Canada est relancé

    Je vais reprendre la parole, recommencer à remplir des enveloppes, à récolter des fonds s'il le faut", annonce Heidi Rathjen d'un ton tranquille et déterminé. "Sa" loi, qui oblige les Canadiens à enregistrer leurs fusils et carabines sur un registre officiel, est menacée.

    Le démantèlement de ce dispositif, adopté en 1995 à l'issue d'une forte mobilisation, a été voté en deuxième lecture à la Chambre des députés à Ottawa, le 5 novembre. Il va falloir se battre pour qu'il ne passe pas en troisième lecture, se saisir à nouveau du flambeau brandi vingt ans auparavant.

    Avec son allure juvénile, on imagine qu'Heidi Rathjen n'a pas dû tellement changer depuis cette époque où elle étudiait à l'Ecole polytechnique de Montréal. Le 6 décembre 1989, elle a perdu une amie sous les balles du tueur Marc Lépine. "Militante dans l'âme", la jeune fille se retrouve alors porte-parole d'un mouvement qui réclame un contrôle strict des armes à feu.

    Au nom de son engagement, elle abandonne sa carrière débutante d'ingénieure. "Emues par ce drame, plusieurs sociétés nous ont aidées. L'entreprise de pompes funèbres qui avait officié lors des obsèques officielles m'avait prêté un petit bureau au-dessus des cercueils pour travailler", raconte Heidi. Là, elle rencontre les quatorze familles des victimes avec qui elle crée une coalition. Des responsables de la police, des associations se joignent à elles et bataillent ferme, ensemble, pendant six ans jusqu'à l'obtention de la loi.

    TOUT EST À RECOMMENCER


    Plus tard, sûrs que ce nouveau dispositif est bien implanté puisqu'il a fait chuter les statistiques des crimes au Canada, les partenaires se séparent, Heidi devient professionnelle de la lutte antitabac. Et voilà qu'à la veille de commémorer le vingtième anniversaire de la tuerie de Polytechnique, le gouvernement cède aux pressions des chasseurs et autres amateurs de long guns. Tout est à recommencer.

    "On n'a plus de bureau, moins de soutien. On est tannés." Le lobby des armes à feu, lui, n'abandonne jamais. "Je suis sûre qu'ils reçoivent du cash de la National Rifle Association, leurs homologues américains, enrage Suzanne Laplante-Edward. Nous nous battons sans le sou depuis vingt ans, j'y travaille à plein temps aux frais de mon mari. " Autre figure de la coalition, elle est la porte-parole des familles. "Moi, je suis la maman de la fille qui est morte à Polytechnique, je ne suis pas politique pour deux sous."

    Suzanne Laplante-Edward n'a pas de mots assez forts pour dénoncer l'attitude de ce gouvernement conservateur "antiféministe, d'une arrogance sans nom, qui a très peur de perdre les prochaines élections et qui est allé convaincre des députés des zones rurales de voter avec son groupe".

    Elle fulmine de voir le chef de file du Nouveau parti démocratique joindre sa voix à l'offensive alors que cet homme-là avait été à l'initiative de la campagne des rubans blancs contre la violence envers les femmes : "Anne-Marie était une fille formidable. Elle avait 21 ans, parlait quatre langues, jouait de la guitare, du piano comme une concertiste. Elle voulait devenir ingénieur chimiste comme son père, astronaute peut-être. J'ai été tellement insultée, choquée, en colère que j'ai, depuis, une mission dans la vie."


    Par Martine Valo, Le Monde
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