Les déboires d’une grande dame
Dans sa lettre ouverte au chef de l’Etat, elle use d’une formule aussi cinglante qu’émouvante : « A Monsieur le Président d’une Algérie que j’ai voulue indépendante. » Et d’évoquer sa situation sociale avec franchise et dignité, en déplorant sans ménagement le sort réservé à des personnalités historiques d’un tel rang : « Mon épicier, mon boucher, ma supérette, pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent », écrit-elle, avant de souligner : « Il ne m’est jamais venu à l’esprit de compléter mes revenus par des apports frauduleux qui, malheureusement, sont très fréquents dans mon pays. » Une allusion on ne peut plus claire à la corruption à grande échelle qui gangrène le système. La lettre bouleversante de Djamila Bouhired vient ainsi battre en brèche un préjugé fort tenace selon lequel « la famille révolutionnaire se sucre sans vergogne » et que les militants indépendantistes n’hésitent pas à monnayer au prix fort leurs sacrifices d’hier. « Je sais que certains moudjahidine et moudjahidate sont dans la même situation », voire, ajoute-t-elle, « dans une situation plus critique », s’indigne la grande moudjahida. Des « frères et sœurs » insiste-t-elle, dont l’intégrité est au dessus de tout soupçon. Et de conclure sa lettre en martelant : « Je vous demanderais de ne plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre afin de vivre dans un minimum de dignité le peu de temps qui nous reste à vivre. » EL WATAN DU DECEMBRE 2009
Dans sa lettre ouverte au chef de l’Etat, elle use d’une formule aussi cinglante qu’émouvante : « A Monsieur le Président d’une Algérie que j’ai voulue indépendante. » Et d’évoquer sa situation sociale avec franchise et dignité, en déplorant sans ménagement le sort réservé à des personnalités historiques d’un tel rang : « Mon épicier, mon boucher, ma supérette, pourront témoigner des crédits qu’ils m’accordent », écrit-elle, avant de souligner : « Il ne m’est jamais venu à l’esprit de compléter mes revenus par des apports frauduleux qui, malheureusement, sont très fréquents dans mon pays. » Une allusion on ne peut plus claire à la corruption à grande échelle qui gangrène le système. La lettre bouleversante de Djamila Bouhired vient ainsi battre en brèche un préjugé fort tenace selon lequel « la famille révolutionnaire se sucre sans vergogne » et que les militants indépendantistes n’hésitent pas à monnayer au prix fort leurs sacrifices d’hier. « Je sais que certains moudjahidine et moudjahidate sont dans la même situation », voire, ajoute-t-elle, « dans une situation plus critique », s’indigne la grande moudjahida. Des « frères et sœurs » insiste-t-elle, dont l’intégrité est au dessus de tout soupçon. Et de conclure sa lettre en martelant : « Je vous demanderais de ne plus nous humilier et de revaloriser notre dérisoire pension de guerre afin de vivre dans un minimum de dignité le peu de temps qui nous reste à vivre. » EL WATAN DU DECEMBRE 2009