Si les projections, faites au milieu des années 2000, qui préconisaient la production de 50 000 tonnes par an d’huile d’olive à l’horizon 2010 semblent atteintes, vu les annonces prévisionnelles du ministère de l’Agriculture pour la saison oléicole en cours, la situation des récoltes d’olives et la rareté du fruit vert dans certaines localités de la Kabylie ne semble pas suivre les projections optimistes des services agricoles. Sinon ces même pénuries ne semblent pas peser tant sur la productivité de la région.
La Kabylie étant l’une des zones de concentration de l’or vert, en Algérie. En 2008, à titre d’exemple, la production d’huile d’olive dans les trois wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira étaient estimées à 179180 hectolitres.
La superficie s’évaluait à 102 893 hectares. Les trois wilayas, à elles seules, représentent, donc, 51% de la production nationale et environ 44% du verger national oléicole. La place de la Kabylie dans la filière de production d’huile d’olive n’est, donc, pas à négliger. Heureusement que la rareté du fruit ne se ressent que dans quelques localités de la région. Sinon cela se répercuterait négativement sur la production nationale et compromettrait sérieusement les prévisions de la tutelle. Les objectifs semblent, donc, maintenus, les nouvelles plantations devant faire passer la surface oléicole de 250 000 hectares en 2005 à près de 310 000 hectares actuellement. L’impact de l’entrée en production de ces nouvelles plantations devrait se sentir, donc, à la fin de la saison en cours. Si les chiffres sont aussi reluisants et semblent conforter les prévisions des pouvoirs publics, certaines localités de la Kabylie ne se sentent nullement concernées par ce contentement.
Loin d’être satisfaits, on se plaint encore cette année de la rareté de l’or vert dans certains villages. On regrette presque l’année dernière où l’on se plaignait aussi de l’insuffisance de la récolte essentiellement réduite par les dizaines d’incendies qui ont ravagé certaines localités durant l’été 2008. Là au moins il y avait eu quelques "grains" à se mettre sous la dent ! On se plaignait aussi du mauvais temps qui avait, rappelons-le, empêché la récolte et qui avait étalé cette dernière jusqu’à la veille du printemps. Nous sommes loin de ce temps, du moins pour certains agriculteurs. La nature étant la seule responsable, on ne trouve nulle partie à blâmer. Partout, on répond que les oliviers "Negren" (ont tari). "Oulach Ikih", nous répond Nna Ouiza quand nous l’avons interrogée sur ses préparatifs pour la saison oléicole en cours. Elle qui ne "chômait" jamais durant les précédentes saisons, semble devoir chercher de quoi s’occuper cette année.
Aucun grain dans ses champs. Il faut dire que Na Ouiza fait partie de ces "femmes fourmis" qui, durant la période de récolte d’olive, ne rentre à la maison que pour souper et dormir, le reste du temps était réservé pour ses vergers et ceux qu’elle gère pour ses proches et amis. Même si elle a des oliveraies irréprochables en termes de rendement, Nna Ouiza ne se contente jamais que de ses récoltes, elle prend en charge d’autres vergers tels ceux de son beau-frère et de sa sœur qui vivent à Alger et qui ne peuvent s’acquitter de cette tâche, tellement contraignante pour certains, sauf pour Nna Ouiza ! Ses filles lui reprochent d’ailleurs son manque de répit et son grand appétit pour le travail.
"Je ne peux pas rester une journée sans travail. Les rares fois où je suis contrainte au lit quand je suis malade, je suis encore plus malade de ne pas travailler. La période de récolte d’olives m’est particulièrement chère. Je n’en ai raté aucune de ma vie. Cette année serait peut être la première fois que je n’aurai pas à faire cela. Même dans les années où mes récoltes sont maigres, je me débrouillais toujours pour aider des proches ou des voisins de vergers, quand mes récoltes sont finies. Je ne sais pas comment faire cette année.
Là pour l’instant je suis un peu occupée avec le découpage de bois. Je profite de cette période de pénurie pour nettoyer à fond mes vergers et les préparer pour la prochaine récolte qui sera certainement bonne. En attendant, je m’occupe un peu à découper le bois pour le stock de l’hiver. D’habitude, je m’acquitte de cette tâche bien à l’avance. Je l’ai déjà fait à la fin de l’été mais puisque j’ai encore du temps, je préfère le dépenser utilement et surtout dans le travail des champs. Je me demande ce que je deviendrais sans mes champs et tous les efforts que j’y consacre. Je me demande aussi comment je vais passer cet hiver sans mes oliviers. Je m’ennuie déjà !", nous confie Nna Ouiza qui nous parle aussi de ses appréhensions quant à l’éventuelle hausse du prix de l’huile d’olive issue de la récolte en cours. Elle, qui garde encore son stock de, récolte de la saison dernière est à l’abri de cette hausse mais, nombreux sont les citoyens qui se trouveront dans la tourmente cette année. Nous sommes de grands consommateurs d’huile d’olive, faut-il souligner. En général, l’huile d’olive est consommée dans sa totalité dans les zones de production. Selon les chiffres disponibles au niveau du ministère de tutelle, la consommation par habitant est passée d’une moyenne de 0,85 kg au cours des années 80 et 90 à 1,43 kg en 2000 et 1,53 kg en 2004, soit une augmentation de 80 %. Les chiffres actuels ne sont pas encore communiqués, mais les prévisions préconisent la tendance haussière de la consommation, en fonction des hausses de la production.
Ceci dit, en Algérie l’autoconsommation est de mise, notamment dans les zones traditionnelles. On consomme sa propre huile d’olive. Rarement, l’excédent est destiné à la vente. Cette dernière se fait dans un cercle réduit. Généralement, le voisinage ou la famille. L’huile dorée aux milles vertus sera, donc, rare cette année dans certains villages. Ces derniers auront à la payer aussi chère qu’ils ne l’ont payée les années précédentes.
Il faut dire que le prix de l’huile d’olive connaît une hausse constante depuis des années déjà, conforté par la rareté qu’a connu le fruit, ces dernières années, en raison d’une pluviométrie fluctuante, des incendies ravageurs qui détruisent les vergers, l’abondance de neiges et leur précocité qui n’arrangent pas les choses. En 2008, qui a connu une grande pénurie, le prix de l’huile d’olive était exagéré. (400 ou 500 dinars le litre d’huile). Le consommateur en a vu des vertes et des pas mûres pour arriver à se procurer sa ration de l’année. Certains ont même dû réduire leurs réserves, du coup leur consommation, en raison du prix élevé de cette denrée tant appréciée des kabyles. Il n’était également plus question de générosité pour la récolte de 2008. Les Kabyles sont connus pour leur bonté sans limites envers leurs hôtes auxquels ils offrent jusqu’à 5 litres d’huile d’olive à la simple visite. Toutes les occasions sont bonnes pour en offrir. A la visite d’un proche ou d’un malade, pour remercier quelqu’un pour tel ou tel service et même pour faire plaisir à telle ou telle connaissance vivant à l’étranger. La générosité de certaines familles sera limitée cette année. Les raisons citées plus haut ne sont pas à même de justifier la rareté des olives d’une année à une autre. La limitation de la production peut être justifiée par des éléments naturels, donc, insurmontables par l’homme. L'alternance naturelle de l'olivier qui fait que cet arbre se montre fécond une année sur deux, explique aussi la baisse de production de certaines années. Les perspectives de bonne récolte… (années prospères) sont également liées à ce phénomène. Aussi, nous pouvons tout simplement impliquer la main humaine n’est pas à négliger non plus dans la fluctuation de la production d’année en année. Un mauvais entretien des oliveraies ne fait tout simplement qu’avoir des effets néfastes sur la productivité.
La Kabylie étant l’une des zones de concentration de l’or vert, en Algérie. En 2008, à titre d’exemple, la production d’huile d’olive dans les trois wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira étaient estimées à 179180 hectolitres.
La superficie s’évaluait à 102 893 hectares. Les trois wilayas, à elles seules, représentent, donc, 51% de la production nationale et environ 44% du verger national oléicole. La place de la Kabylie dans la filière de production d’huile d’olive n’est, donc, pas à négliger. Heureusement que la rareté du fruit ne se ressent que dans quelques localités de la région. Sinon cela se répercuterait négativement sur la production nationale et compromettrait sérieusement les prévisions de la tutelle. Les objectifs semblent, donc, maintenus, les nouvelles plantations devant faire passer la surface oléicole de 250 000 hectares en 2005 à près de 310 000 hectares actuellement. L’impact de l’entrée en production de ces nouvelles plantations devrait se sentir, donc, à la fin de la saison en cours. Si les chiffres sont aussi reluisants et semblent conforter les prévisions des pouvoirs publics, certaines localités de la Kabylie ne se sentent nullement concernées par ce contentement.
Loin d’être satisfaits, on se plaint encore cette année de la rareté de l’or vert dans certains villages. On regrette presque l’année dernière où l’on se plaignait aussi de l’insuffisance de la récolte essentiellement réduite par les dizaines d’incendies qui ont ravagé certaines localités durant l’été 2008. Là au moins il y avait eu quelques "grains" à se mettre sous la dent ! On se plaignait aussi du mauvais temps qui avait, rappelons-le, empêché la récolte et qui avait étalé cette dernière jusqu’à la veille du printemps. Nous sommes loin de ce temps, du moins pour certains agriculteurs. La nature étant la seule responsable, on ne trouve nulle partie à blâmer. Partout, on répond que les oliviers "Negren" (ont tari). "Oulach Ikih", nous répond Nna Ouiza quand nous l’avons interrogée sur ses préparatifs pour la saison oléicole en cours. Elle qui ne "chômait" jamais durant les précédentes saisons, semble devoir chercher de quoi s’occuper cette année.
Aucun grain dans ses champs. Il faut dire que Na Ouiza fait partie de ces "femmes fourmis" qui, durant la période de récolte d’olive, ne rentre à la maison que pour souper et dormir, le reste du temps était réservé pour ses vergers et ceux qu’elle gère pour ses proches et amis. Même si elle a des oliveraies irréprochables en termes de rendement, Nna Ouiza ne se contente jamais que de ses récoltes, elle prend en charge d’autres vergers tels ceux de son beau-frère et de sa sœur qui vivent à Alger et qui ne peuvent s’acquitter de cette tâche, tellement contraignante pour certains, sauf pour Nna Ouiza ! Ses filles lui reprochent d’ailleurs son manque de répit et son grand appétit pour le travail.
"Je ne peux pas rester une journée sans travail. Les rares fois où je suis contrainte au lit quand je suis malade, je suis encore plus malade de ne pas travailler. La période de récolte d’olives m’est particulièrement chère. Je n’en ai raté aucune de ma vie. Cette année serait peut être la première fois que je n’aurai pas à faire cela. Même dans les années où mes récoltes sont maigres, je me débrouillais toujours pour aider des proches ou des voisins de vergers, quand mes récoltes sont finies. Je ne sais pas comment faire cette année.
Là pour l’instant je suis un peu occupée avec le découpage de bois. Je profite de cette période de pénurie pour nettoyer à fond mes vergers et les préparer pour la prochaine récolte qui sera certainement bonne. En attendant, je m’occupe un peu à découper le bois pour le stock de l’hiver. D’habitude, je m’acquitte de cette tâche bien à l’avance. Je l’ai déjà fait à la fin de l’été mais puisque j’ai encore du temps, je préfère le dépenser utilement et surtout dans le travail des champs. Je me demande ce que je deviendrais sans mes champs et tous les efforts que j’y consacre. Je me demande aussi comment je vais passer cet hiver sans mes oliviers. Je m’ennuie déjà !", nous confie Nna Ouiza qui nous parle aussi de ses appréhensions quant à l’éventuelle hausse du prix de l’huile d’olive issue de la récolte en cours. Elle, qui garde encore son stock de, récolte de la saison dernière est à l’abri de cette hausse mais, nombreux sont les citoyens qui se trouveront dans la tourmente cette année. Nous sommes de grands consommateurs d’huile d’olive, faut-il souligner. En général, l’huile d’olive est consommée dans sa totalité dans les zones de production. Selon les chiffres disponibles au niveau du ministère de tutelle, la consommation par habitant est passée d’une moyenne de 0,85 kg au cours des années 80 et 90 à 1,43 kg en 2000 et 1,53 kg en 2004, soit une augmentation de 80 %. Les chiffres actuels ne sont pas encore communiqués, mais les prévisions préconisent la tendance haussière de la consommation, en fonction des hausses de la production.
Ceci dit, en Algérie l’autoconsommation est de mise, notamment dans les zones traditionnelles. On consomme sa propre huile d’olive. Rarement, l’excédent est destiné à la vente. Cette dernière se fait dans un cercle réduit. Généralement, le voisinage ou la famille. L’huile dorée aux milles vertus sera, donc, rare cette année dans certains villages. Ces derniers auront à la payer aussi chère qu’ils ne l’ont payée les années précédentes.
Il faut dire que le prix de l’huile d’olive connaît une hausse constante depuis des années déjà, conforté par la rareté qu’a connu le fruit, ces dernières années, en raison d’une pluviométrie fluctuante, des incendies ravageurs qui détruisent les vergers, l’abondance de neiges et leur précocité qui n’arrangent pas les choses. En 2008, qui a connu une grande pénurie, le prix de l’huile d’olive était exagéré. (400 ou 500 dinars le litre d’huile). Le consommateur en a vu des vertes et des pas mûres pour arriver à se procurer sa ration de l’année. Certains ont même dû réduire leurs réserves, du coup leur consommation, en raison du prix élevé de cette denrée tant appréciée des kabyles. Il n’était également plus question de générosité pour la récolte de 2008. Les Kabyles sont connus pour leur bonté sans limites envers leurs hôtes auxquels ils offrent jusqu’à 5 litres d’huile d’olive à la simple visite. Toutes les occasions sont bonnes pour en offrir. A la visite d’un proche ou d’un malade, pour remercier quelqu’un pour tel ou tel service et même pour faire plaisir à telle ou telle connaissance vivant à l’étranger. La générosité de certaines familles sera limitée cette année. Les raisons citées plus haut ne sont pas à même de justifier la rareté des olives d’une année à une autre. La limitation de la production peut être justifiée par des éléments naturels, donc, insurmontables par l’homme. L'alternance naturelle de l'olivier qui fait que cet arbre se montre fécond une année sur deux, explique aussi la baisse de production de certaines années. Les perspectives de bonne récolte… (années prospères) sont également liées à ce phénomène. Aussi, nous pouvons tout simplement impliquer la main humaine n’est pas à négliger non plus dans la fluctuation de la production d’année en année. Un mauvais entretien des oliveraies ne fait tout simplement qu’avoir des effets néfastes sur la productivité.
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