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La saison oléicole 2009/2010 connaît des pénuries en Algérie

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  • La saison oléicole 2009/2010 connaît des pénuries en Algérie

    Si les projections, faites au milieu des années 2000, qui préconisaient la production de 50 000 tonnes par an d’huile d’olive à l’horizon 2010 semblent atteintes, vu les annonces prévisionnelles du ministère de l’Agriculture pour la saison oléicole en cours, la situation des récoltes d’olives et la rareté du fruit vert dans certaines localités de la Kabylie ne semble pas suivre les projections optimistes des services agricoles. Sinon ces même pénuries ne semblent pas peser tant sur la productivité de la région.

    La Kabylie étant l’une des zones de concentration de l’or vert, en Algérie. En 2008, à titre d’exemple, la production d’huile d’olive dans les trois wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira étaient estimées à 179180 hectolitres.

    La superficie s’évaluait à 102 893 hectares. Les trois wilayas, à elles seules, représentent, donc, 51% de la production nationale et environ 44% du verger national oléicole. La place de la Kabylie dans la filière de production d’huile d’olive n’est, donc, pas à négliger. Heureusement que la rareté du fruit ne se ressent que dans quelques localités de la région. Sinon cela se répercuterait négativement sur la production nationale et compromettrait sérieusement les prévisions de la tutelle. Les objectifs semblent, donc, maintenus, les nouvelles plantations devant faire passer la surface oléicole de 250 000 hectares en 2005 à près de 310 000 hectares actuellement. L’impact de l’entrée en production de ces nouvelles plantations devrait se sentir, donc, à la fin de la saison en cours. Si les chiffres sont aussi reluisants et semblent conforter les prévisions des pouvoirs publics, certaines localités de la Kabylie ne se sentent nullement concernées par ce contentement.

    Loin d’être satisfaits, on se plaint encore cette année de la rareté de l’or vert dans certains villages. On regrette presque l’année dernière où l’on se plaignait aussi de l’insuffisance de la récolte essentiellement réduite par les dizaines d’incendies qui ont ravagé certaines localités durant l’été 2008. Là au moins il y avait eu quelques "grains" à se mettre sous la dent ! On se plaignait aussi du mauvais temps qui avait, rappelons-le, empêché la récolte et qui avait étalé cette dernière jusqu’à la veille du printemps. Nous sommes loin de ce temps, du moins pour certains agriculteurs. La nature étant la seule responsable, on ne trouve nulle partie à blâmer. Partout, on répond que les oliviers "Negren" (ont tari). "Oulach Ikih", nous répond Nna Ouiza quand nous l’avons interrogée sur ses préparatifs pour la saison oléicole en cours. Elle qui ne "chômait" jamais durant les précédentes saisons, semble devoir chercher de quoi s’occuper cette année.

    Aucun grain dans ses champs. Il faut dire que Na Ouiza fait partie de ces "femmes fourmis" qui, durant la période de récolte d’olive, ne rentre à la maison que pour souper et dormir, le reste du temps était réservé pour ses vergers et ceux qu’elle gère pour ses proches et amis. Même si elle a des oliveraies irréprochables en termes de rendement, Nna Ouiza ne se contente jamais que de ses récoltes, elle prend en charge d’autres vergers tels ceux de son beau-frère et de sa sœur qui vivent à Alger et qui ne peuvent s’acquitter de cette tâche, tellement contraignante pour certains, sauf pour Nna Ouiza ! Ses filles lui reprochent d’ailleurs son manque de répit et son grand appétit pour le travail.

    "Je ne peux pas rester une journée sans travail. Les rares fois où je suis contrainte au lit quand je suis malade, je suis encore plus malade de ne pas travailler. La période de récolte d’olives m’est particulièrement chère. Je n’en ai raté aucune de ma vie. Cette année serait peut être la première fois que je n’aurai pas à faire cela. Même dans les années où mes récoltes sont maigres, je me débrouillais toujours pour aider des proches ou des voisins de vergers, quand mes récoltes sont finies. Je ne sais pas comment faire cette année.

    Là pour l’instant je suis un peu occupée avec le découpage de bois. Je profite de cette période de pénurie pour nettoyer à fond mes vergers et les préparer pour la prochaine récolte qui sera certainement bonne. En attendant, je m’occupe un peu à découper le bois pour le stock de l’hiver. D’habitude, je m’acquitte de cette tâche bien à l’avance. Je l’ai déjà fait à la fin de l’été mais puisque j’ai encore du temps, je préfère le dépenser utilement et surtout dans le travail des champs. Je me demande ce que je deviendrais sans mes champs et tous les efforts que j’y consacre. Je me demande aussi comment je vais passer cet hiver sans mes oliviers. Je m’ennuie déjà !", nous confie Nna Ouiza qui nous parle aussi de ses appréhensions quant à l’éventuelle hausse du prix de l’huile d’olive issue de la récolte en cours. Elle, qui garde encore son stock de, récolte de la saison dernière est à l’abri de cette hausse mais, nombreux sont les citoyens qui se trouveront dans la tourmente cette année. Nous sommes de grands consommateurs d’huile d’olive, faut-il souligner. En général, l’huile d’olive est consommée dans sa totalité dans les zones de production. Selon les chiffres disponibles au niveau du ministère de tutelle, la consommation par habitant est passée d’une moyenne de 0,85 kg au cours des années 80 et 90 à 1,43 kg en 2000 et 1,53 kg en 2004, soit une augmentation de 80 %. Les chiffres actuels ne sont pas encore communiqués, mais les prévisions préconisent la tendance haussière de la consommation, en fonction des hausses de la production.

    Ceci dit, en Algérie l’autoconsommation est de mise, notamment dans les zones traditionnelles. On consomme sa propre huile d’olive. Rarement, l’excédent est destiné à la vente. Cette dernière se fait dans un cercle réduit. Généralement, le voisinage ou la famille. L’huile dorée aux milles vertus sera, donc, rare cette année dans certains villages. Ces derniers auront à la payer aussi chère qu’ils ne l’ont payée les années précédentes.

    Il faut dire que le prix de l’huile d’olive connaît une hausse constante depuis des années déjà, conforté par la rareté qu’a connu le fruit, ces dernières années, en raison d’une pluviométrie fluctuante, des incendies ravageurs qui détruisent les vergers, l’abondance de neiges et leur précocité qui n’arrangent pas les choses. En 2008, qui a connu une grande pénurie, le prix de l’huile d’olive était exagéré. (400 ou 500 dinars le litre d’huile). Le consommateur en a vu des vertes et des pas mûres pour arriver à se procurer sa ration de l’année. Certains ont même dû réduire leurs réserves, du coup leur consommation, en raison du prix élevé de cette denrée tant appréciée des kabyles. Il n’était également plus question de générosité pour la récolte de 2008. Les Kabyles sont connus pour leur bonté sans limites envers leurs hôtes auxquels ils offrent jusqu’à 5 litres d’huile d’olive à la simple visite. Toutes les occasions sont bonnes pour en offrir. A la visite d’un proche ou d’un malade, pour remercier quelqu’un pour tel ou tel service et même pour faire plaisir à telle ou telle connaissance vivant à l’étranger. La générosité de certaines familles sera limitée cette année. Les raisons citées plus haut ne sont pas à même de justifier la rareté des olives d’une année à une autre. La limitation de la production peut être justifiée par des éléments naturels, donc, insurmontables par l’homme. L'alternance naturelle de l'olivier qui fait que cet arbre se montre fécond une année sur deux, explique aussi la baisse de production de certaines années. Les perspectives de bonne récolte… (années prospères) sont également liées à ce phénomène. Aussi, nous pouvons tout simplement impliquer la main humaine n’est pas à négliger non plus dans la fluctuation de la production d’année en année. Un mauvais entretien des oliveraies ne fait tout simplement qu’avoir des effets néfastes sur la productivité.

  • #2
    Il ne faut pas se demander les raisons des pénuries quand on ne prend même pas la peine de prendre soin de ces oliveraies.

    "Mon mari a hérité comme ses trois frères d’une partie des oliveraies de son père qui, lui-même, les a hérité de son père. Nous travaillons tous les deux, donc, n’avons pas le temps de nous occuper de nos terres. Nous avons donné ces dernières à un cousin éloigné de mon mari. Il s’en occupe comme si c’était les siennes et nous donne la moitié des récoltes. C’est le cas de toutes les récoltes en fruits, toutes saisons confondues et c’est aussi le cas pour les oliveraies. Nous recevons l’huile d’olive dans des jerricans à chaque fin de saison. Cette année, il me semble que la récolte ne sera pas aussi bonne que celle de l’année dernière. Heureusement qu’il me reste de l’huile d’olive en stock. Nous avons eu une récolte abondante l’année dernière. J’y ai même contribué. J’ai tout fait pour inciter mon mari à donner un coup de main à son cousin. En plus de la maîtrise du savoir-faire, je voulais ressentir et vivre l’ambiance que me relatais tant ma belle mère. Je suis une citadine. Je ne connais, donc, pas grand-chose de la vie rurale.

    La récolte des olives, semblait à mes yeux être une grande fête de quelques mois à laquelle il fallait absolument que j y prenne part. Et c’était le cas. J’ai découvert une solidarité et une chaleur que je ne pouvais soupçonner ailleurs. Les gens s’entraident dès que l’un a fini avec sa tâche. Ils le font gratuitement aussi !

    Dès l’heure du repas, les voisins des oliveraies se donnent le mot pour partager leurs provisions. L’heure du thé pareil. Une quiétude et un calme incroyable semble sortir de ces gens qui triment matin et soir avec un plaisir incommensurable.

    C’est incroyable ! ", nous raconte Bahia, 38 ans, originaire de la région algéroise et qui a découvert les plaisirs des saisons oléicoles en épousant Farid son collègue de travail, lui, originaire des hauteurs de la Kabylie.

    Bahia est subjuguée par ce qu’elle découvre dans cette région qui l’a accueillie comme une des leurs. Bahia nous parle par contre des champs abandonnés de son beau-frère qui ne veut pas les "céder" à l’exploitation. Nous avons tout fait pour le convaincre à donner ses terres en exploitation comme nous l’avons fait nous-mêmes. En vain. “Il est un peu particulier mon beau-frère, il faut le dire. Du coup, ses terres sont dans un état d’abandon indescriptible.

    La productivité s’en ressent d’ailleurs. au moment où nos champs étaient prospères et féconds, les siens, pourtant limitrophes et plantés au même moment par le père et le grand-père de mon mari, étaient presque stériles. C’est dommage. Il existe pourtant une solution même si sa femme qui souffre de mille maux, la pauvre, ne peut prendre en charge ses champs", nous confie Bahia. Il est vrai que pour ceux qui ne peuvent assurer les tâches relatives aux oliveraies, une solution existe depuis la nuit des temps. C’est de coutume en Kabylie où les citoyens sans terre proposent volontiers leurs services en contrepartie de la moitié de la récolte. C’est de tradition également de partager en deux, entre le propriétaire et le traiteur, l’ensemble de la récolte. Une fois rassemblée, cette dernière est acheminée vers les pressoirs locaux, généralement modernes et bien équipées.

    La tradition de partage est également de mise ici.

    On peut s'acquitter soit en espèce soit en nature pour la pression des olives. Le principe dit que le pressoir prend le dixième de la récolte. C'est-à-dire que pour une production de 1 000 litres d'huile, on cède une centaine de litres à l'exploitant. Ce qui est plus qu’équitable, vu l’effort fournit par ce dernier. Les deux parties trouvent leurs comptes, notamment quand l’exploitant est un proche qui n’a pas de terres ni de champs. Cela lui évite d’acheter l’huile d’olive en s’impliquant directement dans la récolte. Certains de ces exploitants sans ressources, multiplient les oliveraies pour vendre l’excédent pour subvenir à leurs besoins alimentaires ne serait-ce que pour quelque semaines. La baisse de la récolte dans certaines localités de la Kabylie touchera certainement ces exploitants.

    Ceci dit, même si les services agricoles des régions productrices d’huile d’olives avancent des chiffres optimistes quant à la récolte de la saison en cours, la Kabylie n’est pas la seule à compter des raretés ici et là, la wilaya de Jijel connaît elle aussi une baisse dans sa récolte de la saison en cours. Les estimations des producteurs font état d’une récolte qui ne dépassera pas les 160 000 quintaux avec des rendements oscillant entre 9 et 12 quintaux à l’hectare.
    La baisse de cette année s’explique par les méfaits de la "mouche de l’olivier" et les facteurs climatologiques qui vont nettement influer sur la production. D’importantes superficies d’oliveraies ont été infestées cette année par la "mouche de l’olivier", un des principaux prédateurs de ce fruit.

    Les conditions climatologiques caractérisées par de fortes rafales de vent ont également contribué à la dégradation d’une bonne partie de ce patrimoine agricole. Les programmes de plantations, appuyés par une politique de développement de ce patrimoine, qui devraient se poursuivre dans les années à venir serait-il à même de remplacer ces pertes ?

    Selon des statistiques établies par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, les efforts donnent leurs fruits. Pour exemple, la superficie oléicole au niveau national est passée de 209 730 hectares en 2003 à 263 352 hectares en 2006, soit une extension de 16 622 hectares en trois ans. Il est prévu de porter à 500 000 hectares la surface de la culture de l’olivier d’ici 2014 contre les 300 000 hectares en exploitation actuellement. La production a atteint, du coup, un record de 56 200 tonnes pour la saison oléicole 2008/2009.

    Ce qui ferait plaisir aux grands amateurs de notre succulente huile d’olives, notamment de l’autre côté de la rive même si nos exportations en "or vert" sont limitées à quelques producteurs qui se comptent sur les doigts d’une seule main.

    L’huile d’olive algérienne est considérée comme l’une des meilleures au monde. Appelé "Zit Ouzemmour" en Kabyle et "Zit Zitoun" en arabe, elle est beaucoup utilisée en cuisine, en médecine douce et en tant que produit de beauté. Le plus souvent, l’huile d’olive est une affaire de famille et de tradition, sa méthode de production se transmet de parents à enfants et leur permet d’avoir un bon revenu annuel. La récolte des olives destinées à la production de l’huile est une occasion pour les familles de se retrouver afin de passer quelques jours ensemble dans une ambiance de fête et de joie. Grâce à son extraction par simple pression à froid, l’huile d’olive garde en suspension des particules qui lui donnent des qualités thérapeutiques et nutritives. 151 kcal, 1,44g de protéines, 7,73g de glucides, 11,39 g de lipides. Il s’agit là de la composition d’une centaine d’olives entières.

    En termes de vitamines, l’olive est connue pour sa forte contenance en vitamine A. il s’agit de 1 000UL. En termes de sel minéraux, l’olive entière comporte 128 mg de Sodium, 122 mg de Calcium, 14 mg de Phosphore et 27 mg de souffre.

    Quant à l’olivier, il s’agit, selon la définition courante, d’un millénaire très symbolique. L'olivier prend son origine au Moyen-Orient. Son fruit constitue la base de l’alimentation des peuples méditerranéens depuis l’antiquité. Les premières civilisations de Mésopotamie et les Egyptiens savaient greffer et cultiver l’olivier. Ils en ont tiré une huile onctueuse avant que les Grecs et les Romains ne la fassent connaître dans tous les pays de la Méditerranée.

    Par La Dépêche de Kabylie

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