Selon des statistiques de l’ambassade du Canada en France pour la période 1998-2004, Plus de Marocains que d'Algériens émigrent au Canada
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Année après année, le Canada fait figure de destination privilégiée pour les candidats maghrébins à l’exil.
Des statistiques compilées par l’ambassade du Canada en France pour la période 1998-2004 permettent de se faire une idée plus précise du phénomène.
Première constatation, au Maghreb, le Maroc est le premier pourvoyeur de migrants pour le pays de l’érable. Selon les chiffres disponibles, 17.517 Marocains ont obtenu un visa de résident permanent au Canada durant la période concernée. Et ce chiffre est vraisemblablement révisable à la hausse dans la mesure où, depuis le 1er janvier 2004, c’est l’ambassade du Canada au Maroc qui traite les demandes de citoyens marocains ou de requérants résidant au Maroc. Les chiffres fournis par l’ambassade du Canada en France pour 2004 - et concernant le Royaume chérifien - sont donc incomplets.
Après le Maroc, c’est l’Algérie qui est le second réservoir de migrants avec 15.840 visas de résidents permanents octroyés de 1998 à 2004. Suivent ensuite la Tunisie (2.633 résidents permanents) et la Libye (1.520). Ces chiffres confirment ainsi que l’immigration maghrébine au Canada est essentiellement une affaire algéro-marocaine.
Par ailleurs, ces flux humains peuvent être divisés en quatre grandes catégories. Pour les quatre pays concernés, celle des «travailleurs qualifiés» arrive largement en tête: 12.939 pour l’Algérie, 13.911 pour le Maroc, 1.943 pour la Tunisie et 1.281 pour la Libye. Vient ensuite celle des regroupements familiaux où, le plus souvent, un résident permanent déjà installé fait venir les siens au Canada. De 1998 à 2004, on dénombre dans cette catégorie 2.094 Algériens, 2.599 Marocains, 598 Tunisiens et 139 Libyens. L’analyse de ces chiffres nécessite d’autres éléments mais elle permet de dégager une piste de réflexion: on peut supposer ainsi qu’une partie de l’immigration maghrébine à destination du Canada est le fait d’individus isolés (célibataires ou non) qui une fois installés pensent à faire venir leur famille, voire à la fonder dans le pays d’origine.
La troisième catégorie concerne les réfugiés qui, de façon globale, représentent 40% de l’immigration accueillie chaque année au Canada. Sans surprise, et toujours entre 1998 et 2004, l’Algérie arrive en tête de ce sous-classement avec 647 réfugiés admis à titre permanent au Canada. Viennent ensuite le Maroc (29), la Tunisie (19) et la Libye (28). Les «gens d’affaires», c’est-à-dire les investisseurs et les entrepreneurs, constituent la dernière catégorie de migrants admis au Canada. Ils ont été 160 en provenance d’Algérie, 978 du Maroc, 73 de Tunisie et 72 de Libye.
Pour les Maghrébins algériens, Canada rime avec Québec. Pour les trois pays centraux, la «belle province» concentre à elle seule près de 90% des visas de résidents permanents (88,9% pour l’Algérie, 89,86% pour les Tunisiens et 82,7% pour le Maroc). Le choix du Québec n’est pas étonnant notamment en raison de la question francophone. De même, cette province est habilitée à octroyer en direct des visas d’immigration.
En effet, au terme d’un accord avec le gouvernement fédéral, le Québec fixe ses propres objectifs annuels en matière d’immigration et ses propres critères de sélection. Néanmoins, le gouvernement du Canada examine tous les dossiers d’immigrants «sur les plans médical, criminel et sécuritaire». L’Ontario - où sont situées les villes de Toronto et d’Ottawa - est la seconde destination avec 7,6% pour les Algériens, 12,4% pour les Marocains et 6,68% pour les Tunisiens. Pour le reste, les pourcentages sont très infimes, les immigrants maghrébins prenant soin d’éviter les provinces ou territoires majoritairement anglophones ou alors où... règnent de grands froids (Territoires du Nord-Ouest, Nunavut et Yukon).
A noter que le Nouveau Brunswick, qui est la seule province officiellement bilingue, n’attire pas beaucoup les Maghrébins malgré la présence d’un important centre universitaire (Moncton).
Les Libyens quant à eux sont moins attirés par le Québec dans la mesure où 66,84% se sont implantés en Ontario, 15,3% en Alberta et 8,03% en Colombie-Britannique.
Akram Belkaïd, Le Quotidien d'Oran,
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