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Comment l'Atlantique s'est déversé en Méditerranée

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  • Comment l'Atlantique s'est déversé en Méditerranée

    Il y a 5,6 millions d'années, la Méditerranée était quasiment rayée de la carte du monde. À cette lointaine époque, en effet, le détroit de Gibraltar, situé à la jonction des plaques africaine et eurasienne, était fermé, privant celle que les Romains baptisait Mare Nostrum de tout apport d'eau en provenance de l'Atlantique. Sous l'effet de l'évaporation, la grande bleue s'est alors progressivement asséchée pour devenir une sorte de grand lac d'eau salée, à l'image de la mer Morte.

    Une fois parvenu à l'équilibre, son niveau était inférieur de 1 500 à 2 700 m par rapport à ce qu'il est aujourd'hui ! Les fameux herbiers de posidonies, ces herbes aquatiques aux longues feuilles enrubannées qui tapissent les fonds marins à proximité des côtes, datent de cette curieuse période, que les géologues nomment la crise de salinité messinienne.

    Plus de 10 mètres par jour


    Mais 270 000 ans plus tard, c'est le scénario inverse qui se produit. Une équipe de recherche franco-espagnole vient de montrer, dans le dernier numéro de la revue Nature, que la Méditerranée s'est remplie à nouveau, en l'espace de deux ans seulement, lorsque les eaux de l'Atlantique ont pu se frayer un chemin à travers Gibraltar, à la faveur d'un épisode sismique. D'après leurs estimations, le niveau est monté, à certains moments et en certains endroits, de plus de 10 mètres par jour ! À titre de comparaison, l'élévation actuelle du niveau de la mer, due au réchauffement climatique, n'est que de quelques millimètres par an…

    Cet événement cataclysmique, qui n'est pas sans rappeler le déluge biblique (même si aucun homme ne vivait sur Terre à cette époque), était déjà connu des scientifiques. L'intérêt du travail mené par l'équipe dirigée par Daniel Garcia-Castellanos, de l'Institut des sciences de la Terre de Barcelone, en collaboration avec le Français Christian Gorini (CNRS/Université Paris-VI), est d'avoir permis de mieux comprendre ses modalités, et notamment sa soudaineté, qui restaient jusqu'à présent mystérieuses.

    Ces chercheurs ont révélé, à partir de données géologiques et sismiques, l'existence d'un ancien canal d'environ 200 kilomètres de long qui traverse le détroit de Gibraltar d'ouest en est et qui, selon eux, a été creusé par l'érosion due au déversement des eaux de l'Atlantique dans la «cuvette» asséchée de la Méditerranée.

    Puis en utilisant un modèle d'incision (autrement dit de creusement de la roche sous l'action de l'eau) déjà utilisé et validé sur des lacs et des cours d'eau de montagne, ils sont parvenus à évaluer la durée de l'inondation. Après une phase de démarrage lente qui s'est étalée sur plusieurs milliers d'années, le remplissage s'est brutalement accéléré : 90 % du volume d'eau provenant de l'Atlantique a été transféré pendant un laps de temps très court, de quelques mois à deux ans seulement.

    Pour autant, Daniel Garcia-Castellanos et son équipe excluent l'hypothèse d'une immense chute d'eau comparable, en bien plus grand évidemment, à celles du Niagara. Leurs données suggèrent plutôt l'existence d'une immense coulée d'eau descendant le long d'une pente de plusieurs kilomètres de large, depuis l'Atlantique vers la Méditerranée.

    Par le Figaro
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