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Le cri d’alarme du seul prix Nobel d’économie français :

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  • Le cri d’alarme du seul prix Nobel d’économie français :

    CONTRE LES TABOUS INDISCUTÉS

    par Maurice allais

    Marianne n°659, 5 décembre 2009.


    Le point de vue que j'exprime est celui d'un théoricien à la fois libéral et socialiste. Les deux notions sont indissociables dans mon esprit, car leur opposition m'apparaît fausse, artificielle. L'idéal socialiste consiste à s'intéresser à l'équité de la redistribution des richesses, tandis que les libéraux véritables se préoccupent de l'efficacité de la production de cette même richesse. Ils constituent à mes yeux deux aspects complémentaires d'une même doctrine. Et c'est précisément à ce titre de libéral que je m'autorise à critiquer les positions répétées des grandes instances internationales en faveur d'un libre-échangisme appliqué aveuglément.


    Le fondement de la crise : l'organisation du commerce mondial

    La récente réunion du G20 a de nouveau proclamé sa dénonciation du "protectionnisme" , dénonciation absurde à chaque fois qu'elle se voit exprimée sans nuance, comme cela vient d'être le cas.

    Nous sommes confrontés à ce que j'ai par le passé nommé "des tabous indiscutés dont les effets pervers se sont multipliés et renforcés au cours des années" (1). Car tout libéraliser, on vient de le vérifier, amène les pires désordres.

    Inversement, parmi les multiples vérités qui ne sont pas abordées se trouve le fondement réel de l'actuelle crise : l'organisation du commerce mondial, qu'il faut réformer profondément, et prioritairement à l'autre grande réforme également indispensable que sera celle du système bancaire.

    Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l'économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d'autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n'est pas souhaitable en général.

    Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire.

    C'est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d'avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c'est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l'Europe. Il suffit au lecteur de s'interroger sur la manière éventuelle de lutter contre des coûts de fabrication cinq ou dix fois moindres - si ce n'est des écarts plus importants encore - pour constater que la concurrence n'est pas viable dans la grande majorité des cas. Particulièrement face à des concurrents indiens ou surtout chinois qui, outre leur très faible prix de main-d'œuvre, sont extrêmement compétents et entreprenants.

    Il faut délocaliser Pascal Lamy !

    Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m'apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d'aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d'un contresens incroyable.

    Tout comme le fait d'attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l'ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l'arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler.

    Comme je l'ai précédemment indiqué, nous faisons face à une ignorance criminelle.

    Que le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ait déclaré : "Aujourd'hui, les leaders du G20 ont clairement indiqué ce qu'ils attendent du cycle de Doha : une conclusion en 2010" et qu'il ait demandé une accélération de ce processus de libéralisation m'apparaît une méprise monumentale, je la qualifierais même de monstrueuse.

    Les échanges, contrairement à ce que pense Pascal Lamy, ne doivent pas être considérés comme un objectif en soi, ils ne sont qu'un moyen. Cet homme, qui était en poste à Bruxelles auparavant, commissaire européen au Commerce, ne comprend rien, rien, hélas ! Face à de tels entêtements suicidaires, ma proposition est la suivante : il faut de toute urgence délocaliser Pascal Lamy, un des facteurs majeurs de chômage !

    Plus concrètement, les règles à dégager sont d'une simplicité folle : du chômage résultent des délocalisations elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires... À partir de ce constat, ce qu'il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection.

    Depuis plus de dix ans, j'ai proposé de recréer des ensembles régionaux plus homogènes, unissant plusieurs pays lorsque ceux-ci présentent de mêmes conditions de revenus, et de mêmes conditions sociales. Chacune de ces "organisations régionales" serait autorisée à se protéger de manière raisonnable contre les écarts de coûts de production assurant des avantages indus a certains pays concurrents, tout en maintenant simultanément en interne, au sein de sa zone, les conditions d'une saine et réelle concurrence entre ses membres associés.


    Un protectionnisme raisonné et raisonnable

    Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop.

    Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s'unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l'est de l'Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d'Afrique ou d'Amérique latine.

    L'absence d'une telle protection apportera la destruction de toute l'activité de chaque pays ayant des revenus plus élevés, c'est-à-dire de toutes les industries de l'Europe de l'Ouest et celles des pays développés. Car il est évident qu'avec le point de vue doctrinaire du G20, toute l'industrie française finira par partir à l'extérieur.

    Il m'apparaît scandaleux que des entreprises ferment des sites rentables en France ou licencient, tandis qu'elles en ouvrent dans les zones à moindres coûts, comme cela a été le cas dans le secteur des pneumatiques pour automobiles, avec les annonces faites depuis le printemps par Continental et par Michelin.

    Si aucune limite n'est posée, ce qui va arriver peut d'ores et déjà être annoncé aux Français : une augmentation de la destruction d'emplois, une croissance dramatique du chômage non seulement dans l'industrie, mais tout autant dans l'agriculture et les services.

    De ce point de vue, il est vrai que je ne fais pas partie des économistes qui emploient le mot "bulle". Qu'il y ait des mouvements qui se généralisent, j'en suis d'accord, mais ce terme de "bulle" me semble inapproprié pour décrire le chômage qui résulte des délocalisations.

    En effet, sa progression revêt un caractère permanent et régulier, depuis maintenant plus de trente ans. L'essentiel du chômage que nous subissons —tout au moins du chômage tel qu'il s'est présenté jusqu'en 2008 — résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l'échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie.

    Ce qui se produit est donc autre chose qu'une bulle, mais un phénomène de fond, tout comme l'est la libéralisation des échanges, et la position de Pascal Lamy constitue bien une position sur le fond.


    Crise et mondialisation sont liées

    Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu'une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. Régler seulement le problème monétaire ne suffirait pas, ne réglerait pas le point essentiel qu'est la libéralisation nocive des échanges internationaux, Le gouvernement attribue les conséquences sociales des délocalisations à des causes monétaires, c'est une erreur folle.

    Pour ma part, j'ai combattu les délocalisations dans mes dernières publications (2). On connaît donc un peu mon message.

    Alors que les fondateurs du marché commun européen à six avaient prévu des délais de plusieurs années avant de libéraliser les échanges avec les nouveaux membres accueillis en 1986, nous avons ensuite, ouvert l'Europe sans aucune précaution et sans laisser de protection extérieure face à la concurrence de pays dotés de coûts salariaux si faibles que s'en défendre devenait illusoire. Certains de nos dirigeants, après cela, viennent s'étonner des conséquences !

    Si le lecteur voulait bien reprendre mes analyses du chômage, telles que je les ai publiées dans les deux dernières décennies, il constaterait que les événements que nous vivons y ont été non seulement annoncés mais décrits en détail. Pourtant, ils n'ont bénéficié que d'un écho de plus en plus limité dans la grande presse. Ce silence conduit à s'interroger.

    ../..
    Dernière modification par Alain, 19 décembre 2009, 12h18.

  • #2
    Un prix Nobel... téléspectateur

    Les commentateurs économiques que je vois s'exprimer régulièrement à la télévision pour analyser les causes de l'actuelle crise sont fréquemment les mêmes qui y venaient auparavant pour analyser la bonne conjoncture avec une parfaite sérénité.

    Ils n'avaient pas annoncé l'arrivée de la crise, et ils ne proposent pour la plupart d'entre eux rien de sérieux pour en sortir. Mais on les invite encore.

    Pour ma part, je n'étais pas convié sur les plateaux de télévision quand j'annonçais, et j'écrivais, il y a plus de dix ans, qu'une crise majeure accompagnée d'un chômage incontrôlé allait bientôt se produire, je fais partie de ceux qui n'ont pas été admis à expliquer aux Français ce que sont les origines réelles de la crise alors qu'ils ont été dépossédés de tout pouvoir réel sur leur propre monnaie, au profit des banquiers.

    Par le passé, j'ai fait transmettre à certaines émissions économiques auxquelles j'assistais en téléspectateur le message que j'étais disposé à venir parler de ce que sont progressivement devenues les banques actuelles, le rôle véritablement dangereux des traders, et pourquoi certaines vérités ne sont pas dites à leur sujet. Aucune réponse, même négative, n'est venue d'aucune chaîne de télévision et ce durant des années.

    Cette attitude répétée soulève un problème concernant les grands médias en France : certains experts y sont autorisés et d'autres, interdits.

    Bien que je sois un expert internationalement reconnu sur les crises économiques, notamment celles de 1929 ou de 1987, ma situation présente peut donc se résumer de la manière suivante : je suis un téléspectateur. Un prix Nobel... téléspectateur. Je me retrouve face à ce qu'affirment les spécialistes régulièrement invités, quant à eux, sur les plateaux de télévision, tels que certains universitaires ou des analystes financiers qui garantissent bien comprendre ce qui se passe et savoir ce qu'il faut faire. Alors qu'en réalité ils ne comprennent rien.

    Leur situation rejoint celle que j'avais constatée lorsque je m'étais rendu en 1933 aux États-Unis, avec l'objectif d'étudier la crise qui y sévissait, son chômage et ses sans-abri : il y régnait une incompréhension intellectuelle totale.

    Aujourd'hui également, ces experts se trompent dans leurs explications. Certains se trompent doublement en ignorant leur ignorance, mais d'autres, qui la connaissent et pourtant la dissimulent, trompent ainsi les Français.

    Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l'intelligence, par le fait d'intérêts particuliers souvent liés à l'argent. Des intérêts qui souhaitent que l'ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu'il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d'un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu'il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale.




    Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu'aux sphères de la politique.

    Deuxième question : qui détient de la sorte le pouvoir de décider qu'un expert est ou non autorisé à exprimer un libre commentaire dans la presse ?

    Dernière question : pourquoi les causes de la crise telles qu'elles sont présentées aux Français par ces personnalités invitées sont-elles souvent le signe d'une profonde incompréhension de la réalité économique ? S'agit-il seulement de leur part d'ignorance ? C'est possible pour un certain nombre d'entre eux, mais pas pour tous. Ceux qui détiennent ce pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs. •

    Maurice Allais.

    _________________

    (1) L'Europe en crise. Que faire ?, éditions Clément Juglar. Paris, 2005.

    (2) Notamment La crise mondiale aujourd'hui, éditions Clément Juglar, 1999, et la Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l'évidence empirique, éditions Clément Juglar, 1999.
    Dernière modification par Alain, 19 décembre 2009, 12h19.

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    • #3
      Un article très intéressant qui montre bien que la pire des ignorances, ce n'est pas de ne pas comprendre, mais bien d'ignorer ne pas comprendre !!


      tout au moins du chômage tel qu'il s'est présenté jusqu'en 2008 — résulte précisément de cette libération inconsidérée du commerce à l'échelle mondiale sans se préoccuper des niveaux de vie.
      Libéralisation aussi sauvage que soudaine qui a produit les pires déséquilibres; le plus destructeur pour les pays développés étant celui de la productivité (30 euros/heure en Europe, 24 $ aux USA et .......... 1/2 euro en chine, inde etc .......).

      Il ne faut donc pas être grand clerc pour deviner que les pays dits occidentaux sont condamnés soit à mourir économiquement, soit à réduire drastiquement le niveau de vie de tout un chacun.

      Et c'est d'autant plus affligeant que ce sont ces derniers mêmes qui ont fourni la corde avec laquelle ils sont en train d'être pendus.
      Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

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      • #4
        Je suis pour la libéralisation des économies mais avec des gardes fous.
        Il faut installer des normes et labels à l'importation pour garantir au moins le respect des droits des travailleurs, et de l'écologie dans le process de production.
        Autrement, une économie s'adapte. Voilà tout.
        La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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        • #5
          Je ne vais pas me lamenter sur leur sort. Ils ont dominé le monde sans partage pendant prés de 600 ans. Assujettis les peuples et les nations à leurs seuls profits par tous les moyens possibles et imaginables. Piller, toutes leurs énergies vivent et leurs richesses naturelles à travers tous les océans et les continents, tels des prédateurs assoiffés de sang. Croyant que le récit était figé pour l’éternité à leur usage personnel. Réécris, travestis l’histoire de l’humanité et les contributions des autres civilisations passées à leur seul crédit en les méprisants et en les asservissants. L’empire Egyptien autant que l’empire Romain qui avait des milliers d’année d’existence se sont pourtant écroulés comme des géants aux pieds d’argile. Se qu’ils ont toujours étaient en vérité, tout aveuglés qu'ils étaient dans leurs propres folies, leur veine fuite en avant vers le précipice.

          Ils devront apprendre, comprendre et admettre que se monde n’est plus juste le leur, et qu’ils devront désormais compter avec d’autres invités à la table des décideurs de cette terre, dans ce nouveau futur de l’humanité proche qui pointe son horizon.
          Dernière modification par Adama, 19 décembre 2009, 23h53.

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          • #6
            À l’occasion du présent colloque sur La responsabilité de la « Super classe mondiale » dans la Crise économique mondiale, je suis heureux de pouvoir esquisser ici les principales analyses et propositions du Professeur Maurice Allais [2]concernant les mécanismes de la crise, bancaire, financière et économique qui a éclaté spectaculairement l’année dernière à partir des pratiques des grands acteurs financiers anglo-saxons, systématiquement confortées par leurs dirigeants politiques, et qui, dans le cadre d’une mondialisation financière anarchique que ces derniers se sont attachés à généraliser depuis les années 90, menace aujourd’hui de plonger le monde dans une catastrophe économique généralisée, voire sans précédent par ses dimensions.

            Au cours de cette conférence, je ne saurais mieux faire que d’emprunter de larges passages au petit ouvrage de février 1999 du Prix Nobel français destiné au grand public « La Crise mondiale aujourd’hui » [7].

            [...]




            VII – Conclusion : un an après l’effondrement du système financier international, tout continue comme avant, et la Crise mondiale continue de plus belle et va se développer, à la satisfaction des Seigneurs transnationaux de la Super Classe mondiale.

            Cette dernière a déjà prise en otage tout en la détruisant l’ensemble de l’épargne mondiale réelle.

            A contrario, depuis l’élection [21] le 4 novembre 2008 du nouveau Président Barack Hussein Obama, 44ème et Premier Président Afro-Américain de l’histoire des États-Unis, la visibilité troublante aux postes clés du nouveau gouvernement américain des cadres dirigeants de Goldman Sachs [22], la rivale de la défunte banque Lehman Brothers sur les marchés financiers internationaux, ne peut qu’apporter une confirmation spectaculaire aux dénonciations de la part de Maurice Allais, de l’immense pouvoir que des groupes et établissement financiers privés peuvent tirer de leur faculté actuelle de création monétaire ex nihilo, et de l’influence déterminante que ce pouvoir leur permet d’exercer désormais ostensiblement et directement sur les responsables légitimes des pouvoirs politiques et médiatiques des démocraties occidentales.

            Les pratiques de la Banque Goldman Sachs et de ses dirigeants ont fait du reste en juillet 2009 l’objet d’un article très précis et très documenté de 50 pages de la part du journaliste d’investigations Matt Taibbi dans le magazine new-yorkais influent Rolling Stone, article très remarqué qui a fait sensation à New-York et à Washington en qualifiant Goldman Sachs de « Grande Machine à Bulles des États-Unis », après avoir retracé les carrières spectaculaires de ses dirigeants, et exposé leurs pratiques jamais sanctionnées depuis 1929 [14].

            En outre, les récentes réunions successives très médiatisées, à Londres ou aux États-Unis, du G8 et du G20, depuis 2008 apportent la confirmation spectaculaire de l’impuissance totale actuellement manifeste des dirigeants politiques à imposer aux dirigeants financiers de réels principes de régulation susceptibles de mettre un frein à leurs pratiques financières qui furent à la fois à l’origine de la crise, comme de l’essor irrésistible de leur pouvoir spectaculaire actuel.

            Dans le monde de la finance tout continuera donc – et de plus belle – en 2010 comme avant, au grand soulagement des seigneurs de la « Super classe mondiale » qui tirent l’essor irrésistible de leurs pouvoirs mondiaux actuels d’abord de la faculté sans cesse plus large de la création monétaire ex nihilo par le système actuel du crédit dans un cadre mondial enfin dérégulé, et des excès auxquels ils croient – quelqu’en soient les coûts pour la collectivité – pouvoir sans frein continuer à se livrer !

            Pour s’en convaincre, il suffit de consulter ; ainsi que nous y invite un internaute particulièrement pertinent [23], les dernières statistiques financières officielles publiées par l’OCC (The Office of the Comptroller of the Currency), l’organisme de tutelle des banques, de l’administration fédérale des États-Unis à Washington, statistiques financières curieusement largement ignorées des grands medias.

            Or, cet organisme officiel de l’administration fédérale des États-Unis vient de publier et mettre en ligne en effet deux rapports [11] et [12] qui sont en totale contradiction avec les discours lénifiants ambiants, véhiculés en ce moment par les medias.

            L’on peut ainsi apprendre que le marché des produits dérivés continue à croître (page 10) mais, de plus, qu’il est presque totalement contrôlé par cinq banques américaines :

            • JP Morgan Chase
            • Goldman Sachs
            • Bank Of America
            • Citibank
            • Wells Fargo

            pour un montant dépassant les 200 000 milliards de dollars (on parle en trillions), c’est-à-dire près de quatre fois le PIB mondial (voir graphique [11] page 12).

            Ces cinq banques américaines privées contrôleraient donc aujourd’hui à elles seules, selon ce rapport officiel, un marché de produits dérivés toujours en croissance représentant 4 fois le PIB mondial (les montants exacts [11] page 22) :

            Pour mieux faire comprendre au lecteur la signification d’un tel chiffre, il suffit de rappeler au lecteur que, dans le monde entier, l’ensemble des « épargnes vraies », c’est-à-dire résultant effectivement de l’abandon à terme d’un véritable pouvoir d’achat obtenu en rémunération d’un bien réel, d’une création de richesse réelle, ou d’un service économique réel, représente à peine 4% du PIB nominal mondial réel, et dont la valeur peut aujourd’hui globalement être estimée à environ 2.000 milliards de US $ actuels.

            Il existe donc aujourd’hui sur les marchés financiers un rapport de l’ordre de 1 à 100 entre d’une part les épargnes mondiales économiquement authentiques et d’autre part le volume des « faux droits » potentiels, créés ex nihilo, qui circulent sur le marché des produits financiers virtuels, émis et contrôlés actuellement par les seules cinq banques privées américaines citées plus haut.

            C’est dire que les dirigeants de ces établissement financiers ont dans les faits désormais « pris en otage » l’ensemble de l’épargne réelle du monde, dans le même temps qu’il la massacre, mais que – paradoxalement - cette extraordinaire situation leur confère un pouvoir aujourd’hui irrésistible sur les pouvoirs politiques et médiatiques des grandes démocraties, en même temps qu’elle en explique l’essor fulgurant.

            L’explosion véritablement effarante de ce rapport entre les volumes de ce que l’on pourrait appeler celui de la « finance réelle » ou « la finance saine » d’une part, et celui de la « finance virtuelle » ou de « la finance toxique » d’autre part sur les marchés, a été en effet littéralement « déchaînée » à partir de la dérégulation totale des marchés financiers, obtenue des pouvoirs politiques et parlementaires et parachevée à partir des années 2000.

            D’autre part enfin, le second rapport [12] de l’OCC qui porte sur les derniers développements de crise des prêts hypothécaires (Subprimes) aux États-Unis dément totalement l’idée d’une "fin de la crise" propagée actuellement par les grands medias

            En effet, il y est prouvé que 11,4 % des prêts hypothécaires ne sont toujours pas remboursés et que les saisies immobilières ont augmenté de 16,9 % par rapport au premier trimestre de cette année ([12] tableau page 8) avec 11 600 saisies actuelles par jour !

            Le rapport de juin 2009 sur les sans abris nous rappelle que ce ne sont pas 11 600 saisies qu’il faut retenir, mais 11 600 familles jetées à la rue chaque jour, ceux qu’il nomme "les oubliés de la crise" : http://nationalhomeless.org/advocacy...ssness0609.pdf

            Il est intéressant à noter, que selon le Telegraph de Londres, la plupart de ces maisons seraient désormais détruites.

            http://www.telegraph.co.uk(...)US-cities-mayhave- to-be-bulldozed-in-order-to-survive.html

            La situation des USA semble tellement grave, souligne notre internaute Gilles Bonafi, que la Wegelin & Co. la plus ancienne banque de Suisse fondée en 1741, a demandé récemment [13] pour la première fois à ses clients de se retirer désormais du marché US dans un document intitulé " l’adieu à l’Amérique ".

            La crise mondiale n’est donc nullement finie, mais elle va au contraire encore se développer largement au profit des nouveaux seigneurs transnationaux de la SuperClasse mondiale, et ses plus « beaux » jours sont - hélas pour les populations du monde – encore devant elle !

            Qui pourra les arrêter ?

            Philippe Bourcier de Carbon

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