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Yiwu, le plus grand supermarché chinois du monde

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  • Yiwu, le plus grand supermarché chinois du monde

    Cent mille boutiques accueillent un flux continu de commerçants venus du Proche et du Moyen-Orient, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Inde, qui y trouvent à peu près tout ce qu’on peut acheter



    Calculette dans une main, téléphone portable dans l’autre, regard inquiet vers l’interprète chinoise, l’homme d’affaire colombien négocie depuis le début d’un après-midi de novembre l’achat de 2 000 sapins de Noël lumineux, 50 000 boules multicolores et 100 000 guirlandes. La température monte dans le stand où la vendeuse chinoise défend sa marge, mais les affaires se déroulent dans un climat de confiance.

    « Pour cette commande, explique Alvaro, venu de Bogota pour une semaine à Yiwu avec un budget de 70 000 €, j’ai réussi à obtenir une ristourne de 40 %, le partenaire chinois se charge de la douane et de l’expédition en bateau. Le conteneur sera en Colombie d’ici à trois semaines. Ici, les affaires se font très vite et j’ai confiance. »

    Le cœur du célèbre marché de gros de Futian, dans la ville de Yiwu, au centre de la riche province du Zhejiang, au sud de Shanghaï, bat au rythme de la signature de milliers de contrats quotidiens pour tous les petits produits manufacturés imaginables. À Yiwu, on trouve tout.

    « Si vous vouliez passer ne serait-ce que cinq minutes dans chaque stand du centre d’exposition de Futian, explique Chen Haiyan, 19 ans, commerciale interprète pour la société Vibest International, il vous faudrait au moins un an pour le faire… »

    Ce sont « les pays pauvres qui viennent acheter à Yiwu »
    Le ton est donné pour évoquer Futian. Cette « ville » de quatre millions de mètres carrés à l’intérieur même de Yiwu, où deux millions de produits différents sont exposés dans plus de 100 000 stands à des prix imbattables, magnétise marchands et commerçants du monde entier.

    « La compétition est rude ici ! », assure dans un bon anglais Annie Wu, 24 ans, jeune patronne de Vibest, qu’elle a fondée il y a un an après avoir travaillé dix-huit heures par jour dans une autre société d’import-export de Yiwu, « pour se faire la main ».

    « J’ai fait de la pub sur Internet et j’ai des clients d’un peu partout, quelques Allemands dans le meuble et les tissus, des Polonais pour des sacs à main, mais ce sont les Indiens qui m’achètent le plus. Ils sont plus de 2 000 résidant à Yiwu. Ce sont les plus durs en affaires, d’emblée ils demandent 50 % de réduction et ne bougeront plus… mais ils remplissent plusieurs conteneurs par semaine, des bouteilles thermos aux cintres en passant par les bijoux fantaisie ou les verres en plastique. » Annie Wu, née dans la province natale de Mao, le Hunan, juge que ce sont « les pays pauvres qui viennent acheter à Yiwu », pas les États-Unis, l’Europe, le Canada, le Japon ou l’Australie.

    Rencontré dans un taxi à Yiwu, où la prise en charge est encore à moins de 5 yuans (0,50 €), contre 15 ou 16 yuans à Shanghaï, Sami Habibi ne tarit pas d’éloges sur cette « ville à la campagne » de deux millions d’habitants : « C’est le paradis du commerce ! »

    "La vie est agréable dans cette ville encore très provinciale"
    Installé ici depuis trois ans avec sa famille, ce colosse afghan aux yeux bleus a monté sa société d’import-export, Muswer Habibi International Trading, où travaillent une vingtaine de personnes, personnel chinois compris. « Si, à Canton ou à Shenzhen, vous trouvez tout le textile, les chaussures, les téléphones portables et l’électronique, explique-t-il dans un bon anglais, ici vous trouvez tout le reste, de moyenne qualité, mais à bas prix. »

    Sa société envoie près de 20 conteneurs par semaine en Afghanistan : petite électricité, tubes en PVC, plomberie, robinets, petit matériel de construction. « Nous avons une frontière commune avec la Chine et entretenons de très bonnes relations, dit-il, au point que les autorités chinoises ne font aucun problème pour délivrer des visas pour nos familles qui ont fui la guerre civile. »

    Devant le café « Chez Muhamad », dans une des rues principales de la ville, l’enseigne est traduite en quatre langues : chinois, arabe, anglais et russe pour les musulmans d’Asie centrale. Un jeune Iranien termine ses ablutions avant de déjeuner. « Depuis deux ans, je fais des allers-retours permanents entre Téhéran et Yiwu, j’achète de tout ici, les Chinois sont chaleureux et accueillants, savent faire des affaires comme nous et on se sent très libre de circuler, la vie est agréable dans cette ville encore très provinciale. »

    Assis à une table voisine, Louis C. Nwakwusi, homme d’affaires nigérian de la Shudi Bros Trading Company, offre sa carte de visite : « J’envoie deux conteneurs par mois de lunettes de soleil au Nigeria pour ma société et un conteneur de thermos et autres gadgets pour mon compte personnel… »

    Un peu plus loin dans une enfilade de ruelles où se bousculent des bureaux et des petits entrepôts qui attendent les camions porte-conteneurs, le « Salon de thé » d’une famille yéménite propose du très bon café et des pâtisseries orientales. « On a ouvert il y a deux ans et demi », raconte le patron qui est en train de déjeuner en zappant sur toutes les chaînes du câble venant du Qatar, d’Arabie saoudite, de Dubaï ou du Koweït.

    "Les Chinois travaillent comme des damnés"
    « Les autorités disent qu’il y a plus de 150 000 commerçants arabes qui viennent faire des affaires ici chaque année, explique-t-il, mais je pense qu’il y en a bien davantage, lorsqu’on voit le nombre de restaurants musulmans qui ouvrent tous les mois et surtout le nombre de fidèles à la mosquée de la ville chaque vendredi, la foule déborde dans la rue ! »

    Mal rasé et les yeux fatigués, Hussein, « l’Irakien parlant français », vient rendre visite à son amie Annie Wu. « On se connaît bien, elle est très efficace et m’a beaucoup aidé lorsque je suis arrivé il y a huit mois », souffle Hussein dans un très bon français appris durant un exil de dix ans à Paris.

    « On bosse comme des fous ici, dit-il, mais les Chinois travaillent comme des damnés, on n’a rien à leur apprendre côté business, tout est possible ici, tout problème a sa solution, il faut de la patience, des sourires et de l’énergie mais… ne jamais s’énerver ! Rien à voir avec la France, sans même parler de l’Irak, bien sûr. On a beaucoup à apprendre des Chinois. » Hussein compte maintenant s’installer à Yiwu, « un univers qui me séduit ».

    Yiwu vient d’inaugurer son nouvel aéroport l’année dernière. On croise de plus en plus de BMW et de Mercedes noires. « La ville s’enrichit de jour en jour », assure Yangyan, une jeune femme d’affaires au volant de sa nouvelle voiture de luxe japonaise offerte par son mari pour son anniversaire.

    Elle vient d’ouvrir son deuxième atelier de bijoux fantaisie et ne connaît pas la crise : « Quelle crise ? », lance-t-elle en montrant une résidence de grand luxe en construction, habillée d’échafaudages en bambou : « Ce seront les appartements les plus chers de Yiwu et ils sont déjà tous vendus. »

    Dorian MALOVIC, à Yiwu
    La Croix
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    Pour y avoir travaillé un long moment, je peux dire que cette petite ville est une vraie mine de petits trésors en tout genre.
    Mes Amitiés à tous les commerçants arabes de la ville
    J'y reviens bientôt!

    http://img706.imageshack.us/img706/604/dsc04321.jpg
    Dernière modification par Geass, 21 décembre 2009, 01h01.
    La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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