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Reportage: BRESIL; La nouvelle locomotive économique

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  • Reportage: BRESIL; La nouvelle locomotive économique

    Les effets contrastés au Brésil ont produit un pays nouveau, dynamique et sûr de lui-même, qui compte sur l’échiquier international

    La nouvelle locomotive économique


    Brésil = football. Cette image qui a longtemps collé au plus grand pays d’Amérique latine est aujourd’hui largement dépassée. Comme est oubliée la période de la dictature militaire, la période du commissaire du nom de Sergio Fleury, à la tête de groupes qu’il a baptisés « Escadrons de la mort », pourchassait et assassinait impunément dans les années 1970 tout démocrate, tout homme de gauche qu’il trouvait sur son chemin au nom de « la lutte contre le banditisme ».



    Brésil. De notre envoyé spécial
    Ce Brésil-là est un souvenir du passé. Aujourd’hui, la démocratie est en train de se consolider, les institutions fonctionnent admirablement, même si tout n’est pas encore parfait, que beaucoup de choses restent encore à faire, surtout en matière de sécurité et de lutte contre les inégalités sociales. Le pays a des atouts immenses, des potentialités inimaginables. Longtemps chasse gardée des multinationales américaines, il a réussi progressivement à se libérer du poids trop pesant et trop envahissant de son puissant voisin du Nord et qui n’a guère laissé de bons souvenirs. Longtemps en proie à une inflation à trois chiffres, il a réussi des réformes audacieuses en matière financière dans les années 1990 sous l’impulsion du président Cardoso, un homme pragmatique et efficace qui a créé une nouvelle monnaie, le real, afin d’effacer les séquelles du passé. En un temps incroyablement court dans la vie d’une nation, le Brésil est devenu un pays incontournable sur l’échiquier international. Que l’on aille à Rio de Janeiro l’ensorcelleuse, Sao Paulo la trépidante ou Brasilia la jeune capitale, on sent la prospérité. Elle est palpable, visible, débordante, insolente. Mais qui a dit que le Brésil a été un pays du Tiers-Monde ? La région de Sao Paulo à elle seule a un revenu égal à celui de l’Argentine. Le Brésil est en train de connaître un boom qui a fait de lui un moteur de l’économie mondiale. La réussite touche tous les secteurs, que ce soit l’agriculture, l’industrie, l’énergie, l’aéronautique, la recherche...
    Le stimulant agricole
    La réussite de l’agriculture est à mettre à l’actif du Brésil nouveau. Les institutions internationales spécialisées prédisent à ce pays le rang de première puissance agricole mondiale dans un proche avenir. Vu d’avion, le Brésil donne déjà un aperçu de ses immenses richesses hydro-agricoles, de ses forêts avec son Amazonie qui est considérée à juste titre comme le poumon de la planète. Les chiffres à ce sujet donnent le tournis. Le Brésil a la chance de posséder 12% de l’eau potable de la planète, ce qui lui a permis, grâce à une gestion rigoureuse et scientifique, une agriculture performante : 48 millions d’hectares sont cultivés actuellement et les autorités travaillent pour mobiliser à l’avenir 145 autres millions d’hectares. Et c’est ainsi qu’il a réalisé, en 2007, une récolte historique de 145 millions de tonnes de produits agricoles. La production de soja a fait un bond extraordinaire, encouragée en cela par une très forte demande de la Chine. Stimulé par le marché mondial, le Brésil ambitionne ainsi de devenir le grenier de la planète. Il est devenu aussi le premier exportateur mondial de jus d’orange avec une production de 1,3 million de tonnes. Désormais, il exporte pour 70 milliards de dollars de produits agricoles par an, un chiffre prévu à la hausse régulière. Cette réussite dans le domaine agricole, les Brésiliens la doivent à Embrapa, une sorte de société publique spécialisée dans la production et la recherche agricoles, et consacrent à cette dernière 650 millions de dollars/an. Grâce à ses recherches, Embrapa a réussi à développer des territoires semi-arides et qui étaient totalement improductifs il y a quelques années. Grâce au travail de ce centre, le Brésil est devenu l’un des leaders dans le monde dans le domaine de l’exportation : 1er pour le jus d’orange, 1er pour le café, 2e pour le soja, 1er pour le sucre, 3e pour le bœuf, 2e pour la volaille et 5e pour le maïs. Le secteur privé se taille la part du lion dans ce domaine. Par contre, le ministère du Développement agricole s’occupe de ce que l’on appelle « l’agriculture familiale ». Un plan national de réforme agraire a été mis en place pour ce faire. S’il y a eu, par exemple, distribution de terres aux plus démunis, l’Etat n’a pas nationalisé les grosses propriétés terriennes. Il a acheté de la terre pour la donner aux petits paysans. Cette politique prudente a évité des heurts et a donné les résultats positifs que l’on connaît aujourd’hui. Evidemment, la politique agricole faisait partie de la stratégie globale initiée par le président Cardoso. Il a mis en place une politique macroéconomique avec notamment un ambitieux plan de relance pour juguler l’inflation et la porter à 1%/jour. Le taux d’intérêt de base, qui était de 26%, est passé de 19,75% en 2005 à 8,75% en 2009. Lula le trotskiste avait mis à la tête de la Banque centrale et au ministère de l’Economie deux hommes, grands adeptes du libéralisme. Et les résultats sont là. Pour ne citer que les derniers chiffres, le taux de croissance a été de 5,3% en 2007 et de 5,7% en 2008. Malheureusement, la crise économique mondiale a donné un coup de frein à cette expansion. De ce fait, la croissance n’est que de 1% pour cette année, mais le Président brésilien a promis qu’elle sera de 5% l’année prochaine. L’économie est devenue tellement solide que la crise internationale n’a pas profondément ébranlé le Brésil. Il faut dire que le commerce extérieur a triplé en 6 ans. En 2008, par exemple, le pays a exporté pour 197 milliards de dollars et a importé pour 173 milliards de dollars. Pour 2006 et 2007, la balance commerciale a été excédentaire respectivement de 6 et 40 milliards de dollars. Les potentialités du pays sont telles que le taux de croissance pourrait être à 2 chiffres, estiment les analystes. Mais la pression fiscale est trop lourde et les dépenses publiques trop élevées. Ces dernières représentent 35% du PIB. La crise de cette année n’est pas faite pour arranger les choses. Elle a provoqué une chute des activités industrielles avec pour conséquence une aggravation du chômage. D’où le ralentissement dû à une raréfaction du crédit. Mais le système bancaire est resté stable parce que tout simplement pas pollué par les produits toxiques.
    Suite...

  • #2
    Des ambitions énergétiques
    Mais le défi le plus significatif auquel est confronté le Brésil est incontestablement celui de l’énergie. Ses besoins en la matière sont en croissance permanente. Le choc pétrolier de 1973 a poussé les dirigeants brésiliens à réfléchir à des énergies alternatives. Il se trouve que le pays est un très grand producteur de sucre, auquel est consacré environ 8 millions d’hectares, soit 2% des terres cultivables avec un coût de production très bas. Les pouvoirs publics se sont lancés, dès 1975, dans la production de l’éthanol avec de la canne à sucre, une initiative qui permet aujourd’hui au pays d’économiser 11,5 milliards de dollars/an, soit l’équivalent de 550 millions de barils de pétrole. Parallèlement, le pays s’est lancé dans la production pétrolière. Pour cela, il a créé la société Peprobras, l’équivalent de notre Sonatrach. Elle a connu une expansion rapide au point qu’elle est aujourd’hui présente dans 29 pays et elle n’a plus rien à envier aux grandes multinationales. D’ores et déjà, elle produit 2 millions de barils/jour au pays et 230 000 baril/jour à l’étranger. Mais pour l’instant, c’est du pétrole lourd. Le Brésil est ainsi obligé d’importer son pétrole léger, dont une partie d’Algérie. La société s’est ainsi lancée dans la recherche offshore et, en 2007-2008, elle a découvert des gisements à 7 km au large de Copacabana. Les réserves sont estimées à 11 milliards de barils, mais d’autres sources parlent de 50 à 70 milliards de barils, ce qui en fera un candidat potentiel à l’Opep si cela venait à se confirmer. Ce qui est sûr, c’est que le Brésil se suffira en pétrole léger avec les nouvelles découvertes. Mais l’investissement est lourd. Petrobras a un programme d’investissement de 172 milliards de dollars. Les Chinois ont décidé d’y concourir pour 10 milliards. Le coût de production sera en outre élevé car les puits se trouvent à 3000 mètres de profondeur et la technologie nécessaire pour extraire le pétrole n’est pas prête, mais la société brésilienne estime que cela n’est pas un problème. D’autres sources d’énergie sont exploitées et le Brésil mise également sur l’énergie nucléaire. Il possède déjà deux centrales nucléaires et une troisième est en construction. Il faut dire que ses réserves en uranium sont les sixièmes du monde, au point que les militaires ont été tentés de fabriquer l’arme nucléaire lorsqu’ils étaient au pouvoir. Mais Brasilia a fini par signer le TNP pour mettre fin à toute spéculation. Et comme tout pays qui se respecte et qui ambitionne d’être une puissance qui compte, le Brésil investit dans la recherche scientifique. Il lui consacre 15 milliards de dollars par an (qui dit mieux !) et mobilise pour cela 100 000 chercheurs !



    Par Tayeb Belghiche
    ELWATAN

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    • #3
      Les Algériens du Brésil


      Faute de trouver le minimum dans leur pays, les compétences algériennes s’expatrient.



      Ils sont des dizaines de milliers à faire le bonheur d’entreprises étrangères, une hémorragie qui s’est accentuée avec l’avènement du terrorisme islamiste, lequel s’était juré d’éliminer tous ceux qui ont fait des études supérieures afin de transformer l’Algérie en désert culturel et de la renvoyer à la « djahilya ». C’est ainsi qu’une centaine d’entre eux vit actuellement au Brésil. « La grande majorité d’entre eux ont au minimum un master », nous a déclaré le chargé des affaires consulaires de notre ambassade à Brasilia. Nous en avons rencontré deux dans la capitale brésilienne.



      Abdelkrim Maâlem : « Je vis comme un prince »


      Abdelkrim Maâlem, 42 ans, natif de Tébessa, est marié à une Brésilienne. Il est professeur de langues et enseigne l’arabe, le français et l’allemand dans une école qu’il a ouverte par ses propres moyens ; il travaille également à l’Alliance française. Il a un diplôme d’ingénieur en génie thermique et énergétique obtenu à l’université de M’sila, avant de partir pour la RFA où il a fait un master en ingénierie technologique dans les régions tropicales ; il prépare un autre master sur « l’utilisation de l’informatique dans l’enseignement » grâce à une bourse de l’ambassade de France. Il a accepté de répondre à nos questions.



      Depuis quand êtes-vous au Brésil et comment avez-vous atterri ici ?
      Je travaille dans ce pays depuis 2001. En 1998, j’ai été envoyé ici pour un master à Bahia. Avant, j’avais travaillé à Cologne dans un projet de coopération internationale avec une université de Sao Paulo pour la construction d’un institut de technologie germano-brésilien. J’ai travaillé avec un salaire allemand durant 3 ans à l’université de cette ville, la plus grande d’Amérique latine. Fin 2003, je me suis installé à Brasilia parce que ma femme y travaille. Avant d’atterrir ici, j’ai enseigné à Tébessa et, en 1995, j’ai eu une bourse allemande. Avec le temps, j’ai constaté qu’ici l’enseignement des langues marchait bien. Alors, j’ai monté une école de langues qui s’appelle Karim Idiomas. J’ai 5 professeurs et je travaille parallèlement à l’Alliance française où je donne des conférences.
      Etes-vous retourné en Algérie depuis ?
      Tous les deux ans je vais chez moi pour voir ma famille à Tébessa.
      Etes-vous heureux du fait d’être au Brésil ?
      Oui. Je me sens chez moi au Brésil. C’est un sensation que je n’ai jamais eue en Allemagne. En rfa, vous êtes toujours un étranger. Pourtant, je gagnais bien ma vie et ce n’est pas donné à tout le monde de travailler dans ce pays. Le Brésil est un pays chaleureux. On ne s’y sent pas étranger.
      Comment expliquez-vous que beaucoup de compétences algériennes s’expatrient ?
      En 1995, c’était difficile de trouver un travail bien rémunéré en Algérie. Est-ce que je peux acheter facilement un appartement et une voiture en Algérie ? Ici, c’est rapidement réalisable. Grâce à mon travail, je vis comme un prince. Je pars deux à trois fois par an en vacances. J’ai de la nostalgie pour mon pays, mais je ne quitterai jamais le Brésil.

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      Abdelkader Bourahli : « Je me suis bien adapté »


      Abdelkader Bourahli (53 ans) est un enfant d’El Harrach. Il est enseignant à l’université catholique de Brasilia où il donne des cours de mathématiques et de méthodologie scientifique. Il a eu un diplôme d’ingénieur en génie civil à l’Ecole nationale polytechnique.



      Comment êtes-vous venu au Brésil et pourquoi ?
      C’est le destin. J’aurais voulu rester au pays. J’ai fait une spécialité en France. Ensuite, je suis rentré en Algérie où j’ai travaillé à Sonelgaz. Au lieu d’exploiter mes compétences, j’ai été mis sur une voie de garage. Je me suis senti dévalorisé. J’ai contacté une amie brésilienne qui m’a invité pour un court séjour au Brésil. Je suis venu et je suis resté.
      Vous sentez-vous bien au Brésil ?
      Je me suis bien adapté. J’ai trouvé du travail. J’ai fait une spécialité dans la gestion à l’université de Brasilia. J’ai fait un peu de tout. J’ai même créé une société d’import-export pour exporter des pièces détachées Volkswagen en Algérie. Un entrepreneur belge m’a fermé le marché algérien. J’ai même enseigné le français à l’ambassade de Libye.
      N’envisagez-vous pas de retourner en Algérie ?
      Je ne l’exclus pas. Tout est possible alors que je gagne bien ma vie ici. (Un soupir). L’ambiance du mouton de l’Aïd me manque. Je me rends à Alger tous les deux ans. Les seuls liens que j’ai avec l’Algérie sont mon frère et ma nièce.
      Comment voyez-vous l’Algérie de loin ?
      Grâce à Internet, je lis régulièrement la presse. Ce sont surtout les affaires de corruption qui retiennent mon attention. On a ce mal qui ronge les pays sous-développés. Mais je suis aussi citoyen brésilien. C’est un pays où il n’y a pas de discrimination raciale, religieuse ou autre. On se sent chez soi.




      Par Tayeb Belghiche
      ELWATAN

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      • #4
        Données économiques à retenir





        La superficie du Brésil correspond approximativement à 50% de l’ensemble de l’Amérique du Sud :
        - il comprend 50% de la population de I’Amérique du Sud ;
        - il représente 50% du PIB de l’Amérique du Sud ;
        - le Brésil est la porte d’entrée donnant accès à 10 pays : Argentine, Bolivie, Colombie, Guyane française, Guyana, Pérou, Surinam, Uruguay, Venezuela et Paraguay ;
        - c’est l’un des trois pays au monde ayant des facteurs favorables au développement durable ;
        - superficie supérieure à 8,5 millions de kilomètres carrés ;
        - PIB au-dessus de (PPC) 1,5 trillion de dollars ;
        - 191 millions de consommateurs.
        - le Brésil est la 9e économie mondiale ayant deux fois le PIB per capita de la Chine ;
        - c’est le plus grand producteur et exportateur de minerai de fer, de café, de jus d’orange, de sucre et d’éthanol (exportateur) ;
        - près de 80% des entreprises au « top 500 » de la revue Fortune ont des filiales au Brésil ;
        - à l’heure actuelle, le Brésil est le leader mondial de l’extraction de pétrole en eaux profondes ;
        - le plus grand producteur d’avions pour les trajets régionaux ;
        - le plus grand exportateur de soja en grains, de viande de bœuf et de poulet ;
        - le troisième dans la production de chaussures et de boissons gazeuses ;
        - le quatrième constructeur d’aéronefs commerciaux ;
        - c’est la septième plus grande industrie du papier et de cellulose ;
        - le Brésil a 22% de toutes les terres cultivables du monde ;
        - 12 entreprises multinationales du XXIe siècle sur 100 sont brésiliennes ;
        - le Brésil est placé au 6e rang pour la production automobile et il est le 8e exportateur mondial ;
        - 10 entreprises brésiliennes font partie du groupe des 200 entreprises les plus respectées au monde dans un classement de 32 pays (Reputation Institute).
        Source : Chambre de commerce arabo-brésilienne

        Par Tayeb Belghiche
        ELWATAN 21/12/2009

        FIN DU REPORTAGE

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