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    Banques publiques : de l’argent à n’en savoir que faire
    Par : Mustapha Hammouche


    Les banques publiques ont de l’argent à n’en savoir que faire. De tout ce que les banques publiques collectent et gagnent en vendant leurs produits bancaires, il subsiste, après avoir avancé un peu d’argent à leurs emprunteurs, la somme cumulée de cinquante milliards de dollars qu’elles n’arrivent pas à prêter. Et qu’elles ne peuvent pas placer.
    S’agit-il de l’effet d’une évaluation trop prudente des projets ? Ou bien n’y en a-t-il pas suffisamment qui sont proposés au financement bancaire ? Ou bien un peu de cela, et même d’autre chose ?
    Que les critères d’appréciation de la demande de crédit soient trop conservateurs, du fait de la prudence des banques ou du fait de la réglementation, ou que l’économie pèche par absence d’initiative en matière d’investissement, l’existence de tant de capitaux oisifs signifie que nous sommes dans un système qui n’est pas conçu pour maximiser l’emploi de l’argent gagné par les banques ou déposé par leurs clients.
    Cela indique aussi que nos banques publiques ramassent plus de capitaux qu’elles ne peuvent fructifier. Le système financier public est organisé de manière à engranger des résultats sans s’obliger à être performant. Le monopole à quatre ou cinq sur les dépôts et épargnes de secteurs comme l’énergie, l’assurance et la Sécurité sociale les dispense de tout effort commercial. L’abondance de ressources vient du simple fait qu’elles sont autoritairement orientées vers elles.
    Quand, au début de la crise financière, les autorités politiques se prévalaient de n’avoir rien perdu parce qu’elles avaient eu l’intelligence de ne rien placer des réserves nationales, elles exposaient déjà la philosophie générale du système : ne pas prendre le risque de faire fructifier pour ne pas prendre celui de perdre. Même le remboursement anticipé de la dette, parce qu’en toute logique, il faut payer pour acheter le droit de rembourser avant échéance, renvoie à cette “sagesse” conservatrice en termes de rentabilité financière. Le manque à gagner n’est pas pris en compte pour ce qu’il est : le ratage d’un gain qui aurait pu se réaliser.
    Pourtant, on dilapide bien dans les surcoûts des projets programmés, dans la sous-évaluation du foncier public administrativement alloué, dans les dépenses de prestige, dans les allocations de rentes, dans les risques de détournements. Une partie de ces dépassements vient justement du verrouillage bureaucratique supposé protéger nos capitaux contre les dangers d’une gestion marchande.
    Bien gérer, c’est ne pas gérer. Juste administrer. Nos banques en sont ainsi restées à l’état d’immenses régies qui réceptionnent des sacs d’argent, les entreposent, tirent leurs bénéfices de ce stockage et, accessoirement, d’une activité de crédit limitée par les procédures et la paperasse dissuasives qu’on leur impose et qu’elles s’imposent.
    La maîtrise politique de l’activité économique, pour que ne s’enrichisse pas qui veut, la suspicion créée par la bureaucratie et qu’on veut combattre par un surplus de bureaucratie, le protectionnisme public qui protège les banques publiques contre la concurrence privée, tout cela fait que la fonction de la banque dans le développement économique et social soit réduit à sa plus simple expression.
    Alors l’argent du pétrole, au lieu d’être utilisé, il est compté. Quand il n’est pas dépensé.

    M. H.
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