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ric de Montgolfier, vous êtes procureur de la République près du tribunal de grande instance de Nice. Quel regard portez-vous sur cette ville ?
Nice n'est pas au sud de la France, mais au nord de la Méditerranée. En Savoie, avec laquelle Nice partage une histoire commune, la bourgeoisie dominait, offrant une structure sociale qui a permis de mieux résister à l'invasion touristique. L'argent apporté par les stations de sports d'hiver n'a pas sensiblement modifié les comportements. Ici, où domine la culture de l'arrangement, la richesse a créé des ravages.
Ce peuple d'agriculteurs qui tournait le dos à la mer pour se protéger des pirates n'y était sans doute pas préparé. Le climat n'a rien arrangé. Le temps passé à l'extérieur est propice à commenter, inventer, en faisant peu de cas de la réputation et de l'honneur des gens. Si la rumeur m'était un guide, elle me conduirait à des centaines d'enquêtes, effet pervers de ce forum permanent. Le soleil aurait-il également la faculté de corrompre l'esprit ?
Quel sens peut avoir l'identité nationale à Nice ?
Sa composition sociologique, toute en strates successives, lui confère un profil particulier. Sa population, très composite, nourrit des phénomènes communautaires plus que perceptibles.
Mais cela présente au moins cet avantage : cette ville où passe le monde entier semble mieux préparée que d'autres à la diversité. Je ne vois pas comment on peut être xénophobe à Nice, sauf à en nier la réalité.
L'image de Nice peut-elle changer ?
Son maire affiche clairement sa volonté de restaurer l'image de marque de la ville. Il faut lui en savoir gré. Mais je ne suis pas convaincu qu'il soit si simple de faire abstraction de son histoire.
Que vous inspire le registre sécuritaire qu'affectionne Christian Estrosi ?
Le discours sécuritaire est toujours à double tranchant, car il majore la perception d'une situation, et ce n'est jamais sans risques. Cela permet sans doute de développer davantage de moyens pour combattre la délinquance. Mais je ne suis pas certain que cela améliore l'image de Nice.
N'émoussons pas inutilement nos forces dans des combats de mots ! Je n'ai pas l'impression d'être procureur de la République à Chicago...
Propos recueillis par Jean-Baptiste de Montvalon
Article paru dans l'édition du 23.12.09
Nice n'est pas au sud de la France, mais au nord de la Méditerranée. En Savoie, avec laquelle Nice partage une histoire commune, la bourgeoisie dominait, offrant une structure sociale qui a permis de mieux résister à l'invasion touristique. L'argent apporté par les stations de sports d'hiver n'a pas sensiblement modifié les comportements. Ici, où domine la culture de l'arrangement, la richesse a créé des ravages.
Ce peuple d'agriculteurs qui tournait le dos à la mer pour se protéger des pirates n'y était sans doute pas préparé. Le climat n'a rien arrangé. Le temps passé à l'extérieur est propice à commenter, inventer, en faisant peu de cas de la réputation et de l'honneur des gens. Si la rumeur m'était un guide, elle me conduirait à des centaines d'enquêtes, effet pervers de ce forum permanent. Le soleil aurait-il également la faculté de corrompre l'esprit ?
Quel sens peut avoir l'identité nationale à Nice ?
Sa composition sociologique, toute en strates successives, lui confère un profil particulier. Sa population, très composite, nourrit des phénomènes communautaires plus que perceptibles.
Mais cela présente au moins cet avantage : cette ville où passe le monde entier semble mieux préparée que d'autres à la diversité. Je ne vois pas comment on peut être xénophobe à Nice, sauf à en nier la réalité.
L'image de Nice peut-elle changer ?
Son maire affiche clairement sa volonté de restaurer l'image de marque de la ville. Il faut lui en savoir gré. Mais je ne suis pas convaincu qu'il soit si simple de faire abstraction de son histoire.
Que vous inspire le registre sécuritaire qu'affectionne Christian Estrosi ?
Le discours sécuritaire est toujours à double tranchant, car il majore la perception d'une situation, et ce n'est jamais sans risques. Cela permet sans doute de développer davantage de moyens pour combattre la délinquance. Mais je ne suis pas certain que cela améliore l'image de Nice.
N'émoussons pas inutilement nos forces dans des combats de mots ! Je n'ai pas l'impression d'être procureur de la République à Chicago...
Propos recueillis par Jean-Baptiste de Montvalon
Article paru dans l'édition du 23.12.09
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