Par Ghania Oukazi
Entre le mot pour rire et un toussotement régulier, séquelle d'un rhume en voie de guérison, Abdelmalek Sellal qui sortait aussi d'une intoxication alimentaire, n'a pas compté son temps pour nous parler de tout ce qui concerne son secteur et même au-delà.
Le Quotidien d'Oran: La loi de finances pour 2010 vous a-t-elle revu votre budget à la baisse ?
Abdelmalek Sellal: C'est vrai qu'en terme d'enveloppes globales, nous ne sommes pas les premiers parce que le rail, les travaux publics et le bâtiment passent avant. Mais le secteur de l'eau reste prioritaire. En matière de programmes, nous maintenons le même effort. Ce qui a été arrêté dans le cadre d'un premier arbitrage qui n'est pas encore définitif, c'est à peu près 19 barrages. Mais au titre du programme 2010-2014, nous sommes prêts à réaliser en tout 27 barrages pour lesquels les études sont soit terminées, soit en cours, soit devant se terminer durant le quinquennal. Pour l'année 2010, nous avons déjà reçu l'accord de principe dans le cadre de la loi de finances pour en lancer déjà trois qui sont relativement importants, un à Jdiouia dans la wilaya de Relizane, un dans la wilaya de Tizi Ouzou qui a presque les capacités de Taksebt et un 3ème dans la wilaya de Souk Ahras. Le budget alloué au secteur par la loi de finances 2010 est légèrement moins que celui de cette année 2009 où on a eu même une avance en terme de réalisations parce qu'on a inscrit dans le cadre de la loi de finances complémentaire cinq barrages, un dans la wilaya de Tiaret, un autre dans la wilaya de Laghouat, un troisième dans la wilaya de Médéa, un 4ème dans la wilaya de M'sila et un 5ème dans la wilaya de Skikda, le barrage «Zhor» dont les avis d'appel d'offres ont été lancés la semaine passée. On a d'ailleurs décidé pour cela de conforter davantage l'outil national - et pour passer à la 2ème phase de notre objectif - on a donc lancé des appels d'offres de barrages - et c'est nouveau - uniquement pour une concurrence nationale, c'est-à-dire que pour les entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées.
Q.O.: C'est une première ?
A. Sellal: Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas fait pour les gros projets. D'habitude, ce sont des appels d'offres ouverts aux entreprises nationales et internationales. Je pense que le partenariat que nous avons encouragé dans le plan quinquennal passé, a permis à certaines entreprises d'acquérir les meilleurs réflexes en terme d'organisation et de prise en charge de chantiers. Cosider, par exemple, commence à acquérir un savoir-faire intéressant. Elle nous a réalisé des barrages durant le quinquennat passé. Elle a livré déjà celui de Chihaf depuis 7 ou 8 ans et le barrage de Sidi M'hamed Bentaïba dans la wilaya de Aïn Defla et elle livrera à la fin de décembre le barrage de Safsaf dans la wilaya de Tébessa. C'est pour cela que nous en avons réservé quelques-uns pour nos entreprises, pas ceux où il y a une grande technicité bien sûr. En plus de ces avis d'appels exclusivement nationaux, il va avoir incessamment au niveau du gouvernement une série de mesures qui va encourager davantage les entreprises nationales...
Q.O.: Dans quels secteurs et quel type de mesures ?
A. Sellal: Pour les réalisations de tous les secteurs. On pense que le moment est venu pour asseoir définitivement l'outil national. Bien sûr, on continuera à faire appel aux entreprises étrangères pour les projets pointus mais on encouragera beaucoup plus les partenariats et la préférence nationale deviendra plus importante. Le code des marchés publics accorde actuellement aux entreprises nationales 15% d'avance. C'est-à-dire qu'à soumission égale entre un national et un étranger, le national bénéficie d'un avantage de 15% de plus, à savoir même si son prix est supérieur de 15% de plus que celui proposé par l'étranger, c'est lui qui prend le marché quand même. Quand il est associé à une entreprise étrangère, cette préférence joue aussi. S'il est associé à 50%, il a 7,5% de plus, ainsi de suite suivant le taux de pénétration du capital étranger par le national. Il y a un groupe qui travaille sur le prochain code des marchés publics et va rendre ses conclusions incessamment au gouvernement. Je pense qu'il va accorder quelques avantages supplémentaires aux nationaux. Bien sûr, sans toucher à la concurrence. Il n'est pas question d'aller au gré à gré ou de restreindre les appels d'offres uniquement pour les entreprises nationales. Mais pour les petits projets, il serait bon de garder des appels uniquement pour les nationaux. Le nouveau code pourrait faire augmenter la préférence nationale à hauteur de 20% ou peut-être plus.
Q.O.: Les 15 milliards de dollars que vous avez évoqués récemment font-ils partie du budget global du secteur ou c'est une cagnotte supplémentaire ?
A. Sellal: Ils sont pour la réalisation de la première tranche du programme quinquennal qui vient donc d'être arrêtée. Nous allons même lancer les appels d'offres à la fin novembre pour gagner du temps. Le montant du programme global tournerait autour de 1440 milliards de dinars, les 15 milliards inclus. Nous avons proposé de grands transferts comme celui de Chatt El-Gherbi qui a été retenu pour 2010. C'est un projet extrêmement important. C'est à peu près 500 km de canalisations et concernera la réalisation de deux champs de forages sur à peu près 50 prévus. Ce sont 40 millions de m3 qui vont être transférés de la région de Naâma vers le sud de la wilaya de Tlemcen, le sud de la wilaya de Bel-Abbès et le nord de la wilaya de Naâma. Il y a aussi deux autres transferts toujours à l'ouest du pays. Un autre dans la wilaya de Boumerdès et un autre dont l'étude a été inscrite pour 2009 et la réalisation pour fin 2010 et concerne les eaux du nord d'El-Goléa et de la région de Laghouat vers Djelfa, le sud de Tiaret et le sud de Naâma. Des projets de réhabilitations des réseaux de 32 villes ont aussi été arrêtés. La réhabilitation des réseaux d'assainissement de 24 villes. La réalisation de 46 nouvelles stations d'épuration au niveau d'un certain nombre de wilayas. Sans compter les travaux d'aménagement hydro-agricoles sur 125.000 hectares qui sont proposés toujours dans le cadre du prochain quinquennal.
Q.O.: Les échéances de réalisation ne dépasseront pas 2014 ?
A. Sellal: Ça va de 2013 à 2015. Ça dépend de la programmation des projets. On est obligé d'aller jusque-là parce que nous avons des projets du programme quinquennal passé qui ne sont pas terminés. Beaucoup même ! Près de 25% sont encore en cours de réalisation.
Q.O.: C'était prévu ?
A. Sellal: C'est normal parce qu'un barrage ne peut pas être construit que trois ou quatre ans après son inscription.
Q.O.: Qu'en est-il de l'envasement de barrages ?
A. Sellal: Le problème demeure parce que ça ne suffit pas de désenvaser, ça revient. On inscrit des opérations de désenvasement dans chaque programme. C'est une lutte permanente. La solution pour laquelle on a fait des études mais on n'arrive pas à la réaliser parce que c'est à cheval entre l'agence nationale des barrages et la direction des forêts, c'est la prise en charge des bassins versants, c'est-à-dire planter et faire des corrections torrentielles pour éviter en cas d'orages qu'il y ait de l'érosion et que la terre n'aille pas dans les barrages. A Tiaret par exemple on est en train de désenvaser le barrage de Benkhada. Pour certains barrages comme celui de Béjaïa, réceptionné il y a deux ans, on a carrément prévu une barge de désenvasement permanent. Pour le barrage de Fergoug, l'envasement est sempiternel ! On a des problèmes immenses pour le désenvaser. Par contre, le barrage de Gargar n'a pas trop de problème. Comme celui de Beni Haroun parce qu'il a un bassin versant immense. L'autre problème des barrages, c'est la pollution humaine. On jette tout dedans. C'est pour cela que beaucoup de nos stations d'épuration sont réalisées non loin des bassins versants pour les protéger. Le Taksebt a été pollué un certain moment mais on a réalisé deux stations d'épuration à côté et on prévoit dans le prochain quinquennal d'en réaliser d'autres justement pour protéger nos barrages. Parfois, on nous reproche de construire ces stations dans des villages secondaires ou moyens. On le fait parce que notre objectif est de protéger la ressource hydrique. Si on avait les moyens, on en réaliserait partout. La seule solution contre le problème d'envasement des barrages, c'est d'arriver à terme - ça prendra beaucoup de temps - à reboiser l'ensemble des bassins versants des barrages. C'est la fonction des services des forêts. Ils font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont.
Entre le mot pour rire et un toussotement régulier, séquelle d'un rhume en voie de guérison, Abdelmalek Sellal qui sortait aussi d'une intoxication alimentaire, n'a pas compté son temps pour nous parler de tout ce qui concerne son secteur et même au-delà.
Le Quotidien d'Oran: La loi de finances pour 2010 vous a-t-elle revu votre budget à la baisse ?
Abdelmalek Sellal: C'est vrai qu'en terme d'enveloppes globales, nous ne sommes pas les premiers parce que le rail, les travaux publics et le bâtiment passent avant. Mais le secteur de l'eau reste prioritaire. En matière de programmes, nous maintenons le même effort. Ce qui a été arrêté dans le cadre d'un premier arbitrage qui n'est pas encore définitif, c'est à peu près 19 barrages. Mais au titre du programme 2010-2014, nous sommes prêts à réaliser en tout 27 barrages pour lesquels les études sont soit terminées, soit en cours, soit devant se terminer durant le quinquennal. Pour l'année 2010, nous avons déjà reçu l'accord de principe dans le cadre de la loi de finances pour en lancer déjà trois qui sont relativement importants, un à Jdiouia dans la wilaya de Relizane, un dans la wilaya de Tizi Ouzou qui a presque les capacités de Taksebt et un 3ème dans la wilaya de Souk Ahras. Le budget alloué au secteur par la loi de finances 2010 est légèrement moins que celui de cette année 2009 où on a eu même une avance en terme de réalisations parce qu'on a inscrit dans le cadre de la loi de finances complémentaire cinq barrages, un dans la wilaya de Tiaret, un autre dans la wilaya de Laghouat, un troisième dans la wilaya de Médéa, un 4ème dans la wilaya de M'sila et un 5ème dans la wilaya de Skikda, le barrage «Zhor» dont les avis d'appel d'offres ont été lancés la semaine passée. On a d'ailleurs décidé pour cela de conforter davantage l'outil national - et pour passer à la 2ème phase de notre objectif - on a donc lancé des appels d'offres de barrages - et c'est nouveau - uniquement pour une concurrence nationale, c'est-à-dire que pour les entreprises algériennes, qu'elles soient publiques ou privées.
Q.O.: C'est une première ?
A. Sellal: Ça fait longtemps qu'on ne l'a pas fait pour les gros projets. D'habitude, ce sont des appels d'offres ouverts aux entreprises nationales et internationales. Je pense que le partenariat que nous avons encouragé dans le plan quinquennal passé, a permis à certaines entreprises d'acquérir les meilleurs réflexes en terme d'organisation et de prise en charge de chantiers. Cosider, par exemple, commence à acquérir un savoir-faire intéressant. Elle nous a réalisé des barrages durant le quinquennat passé. Elle a livré déjà celui de Chihaf depuis 7 ou 8 ans et le barrage de Sidi M'hamed Bentaïba dans la wilaya de Aïn Defla et elle livrera à la fin de décembre le barrage de Safsaf dans la wilaya de Tébessa. C'est pour cela que nous en avons réservé quelques-uns pour nos entreprises, pas ceux où il y a une grande technicité bien sûr. En plus de ces avis d'appels exclusivement nationaux, il va avoir incessamment au niveau du gouvernement une série de mesures qui va encourager davantage les entreprises nationales...
Q.O.: Dans quels secteurs et quel type de mesures ?
A. Sellal: Pour les réalisations de tous les secteurs. On pense que le moment est venu pour asseoir définitivement l'outil national. Bien sûr, on continuera à faire appel aux entreprises étrangères pour les projets pointus mais on encouragera beaucoup plus les partenariats et la préférence nationale deviendra plus importante. Le code des marchés publics accorde actuellement aux entreprises nationales 15% d'avance. C'est-à-dire qu'à soumission égale entre un national et un étranger, le national bénéficie d'un avantage de 15% de plus, à savoir même si son prix est supérieur de 15% de plus que celui proposé par l'étranger, c'est lui qui prend le marché quand même. Quand il est associé à une entreprise étrangère, cette préférence joue aussi. S'il est associé à 50%, il a 7,5% de plus, ainsi de suite suivant le taux de pénétration du capital étranger par le national. Il y a un groupe qui travaille sur le prochain code des marchés publics et va rendre ses conclusions incessamment au gouvernement. Je pense qu'il va accorder quelques avantages supplémentaires aux nationaux. Bien sûr, sans toucher à la concurrence. Il n'est pas question d'aller au gré à gré ou de restreindre les appels d'offres uniquement pour les entreprises nationales. Mais pour les petits projets, il serait bon de garder des appels uniquement pour les nationaux. Le nouveau code pourrait faire augmenter la préférence nationale à hauteur de 20% ou peut-être plus.
Q.O.: Les 15 milliards de dollars que vous avez évoqués récemment font-ils partie du budget global du secteur ou c'est une cagnotte supplémentaire ?
A. Sellal: Ils sont pour la réalisation de la première tranche du programme quinquennal qui vient donc d'être arrêtée. Nous allons même lancer les appels d'offres à la fin novembre pour gagner du temps. Le montant du programme global tournerait autour de 1440 milliards de dinars, les 15 milliards inclus. Nous avons proposé de grands transferts comme celui de Chatt El-Gherbi qui a été retenu pour 2010. C'est un projet extrêmement important. C'est à peu près 500 km de canalisations et concernera la réalisation de deux champs de forages sur à peu près 50 prévus. Ce sont 40 millions de m3 qui vont être transférés de la région de Naâma vers le sud de la wilaya de Tlemcen, le sud de la wilaya de Bel-Abbès et le nord de la wilaya de Naâma. Il y a aussi deux autres transferts toujours à l'ouest du pays. Un autre dans la wilaya de Boumerdès et un autre dont l'étude a été inscrite pour 2009 et la réalisation pour fin 2010 et concerne les eaux du nord d'El-Goléa et de la région de Laghouat vers Djelfa, le sud de Tiaret et le sud de Naâma. Des projets de réhabilitations des réseaux de 32 villes ont aussi été arrêtés. La réhabilitation des réseaux d'assainissement de 24 villes. La réalisation de 46 nouvelles stations d'épuration au niveau d'un certain nombre de wilayas. Sans compter les travaux d'aménagement hydro-agricoles sur 125.000 hectares qui sont proposés toujours dans le cadre du prochain quinquennal.
Q.O.: Les échéances de réalisation ne dépasseront pas 2014 ?
A. Sellal: Ça va de 2013 à 2015. Ça dépend de la programmation des projets. On est obligé d'aller jusque-là parce que nous avons des projets du programme quinquennal passé qui ne sont pas terminés. Beaucoup même ! Près de 25% sont encore en cours de réalisation.
Q.O.: C'était prévu ?
A. Sellal: C'est normal parce qu'un barrage ne peut pas être construit que trois ou quatre ans après son inscription.
Q.O.: Qu'en est-il de l'envasement de barrages ?
A. Sellal: Le problème demeure parce que ça ne suffit pas de désenvaser, ça revient. On inscrit des opérations de désenvasement dans chaque programme. C'est une lutte permanente. La solution pour laquelle on a fait des études mais on n'arrive pas à la réaliser parce que c'est à cheval entre l'agence nationale des barrages et la direction des forêts, c'est la prise en charge des bassins versants, c'est-à-dire planter et faire des corrections torrentielles pour éviter en cas d'orages qu'il y ait de l'érosion et que la terre n'aille pas dans les barrages. A Tiaret par exemple on est en train de désenvaser le barrage de Benkhada. Pour certains barrages comme celui de Béjaïa, réceptionné il y a deux ans, on a carrément prévu une barge de désenvasement permanent. Pour le barrage de Fergoug, l'envasement est sempiternel ! On a des problèmes immenses pour le désenvaser. Par contre, le barrage de Gargar n'a pas trop de problème. Comme celui de Beni Haroun parce qu'il a un bassin versant immense. L'autre problème des barrages, c'est la pollution humaine. On jette tout dedans. C'est pour cela que beaucoup de nos stations d'épuration sont réalisées non loin des bassins versants pour les protéger. Le Taksebt a été pollué un certain moment mais on a réalisé deux stations d'épuration à côté et on prévoit dans le prochain quinquennal d'en réaliser d'autres justement pour protéger nos barrages. Parfois, on nous reproche de construire ces stations dans des villages secondaires ou moyens. On le fait parce que notre objectif est de protéger la ressource hydrique. Si on avait les moyens, on en réaliserait partout. La seule solution contre le problème d'envasement des barrages, c'est d'arriver à terme - ça prendra beaucoup de temps - à reboiser l'ensemble des bassins versants des barrages. C'est la fonction des services des forêts. Ils font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont.
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