L'audace d'espérer
par Aissa Hireche
Ce lundi, Barack Obama s'est offert un peu de temps avec des enfants, âgés de 6 à 11 ans. Il leur a même lu un petit conte et leur a distribué des biscuits. Rien d'anormal. Au contraire tout y est pour plaire. Un président, pardon, le président des Etats-Unis d'Amérique, qui prend de son temps, en dépit de ses obligations et de ses fonctions, et qui va tenir compagnie à des enfants pour quelques instants, c'est vraiment beau à dire, c'est aussi extraordinaire à raconter sauf que... par Aissa Hireche
Ailleurs, il y a des enfants qui souffrent du manque non seulement de biscuits, de pain, d'eau, de médicaments et de nourriture en général, mais surtout du manque de paix, de pays et de considération de la part des autres. A Ghaza, il y a des enfants qui, devant le silence complice et combien mortel de l'administration de Obama justement, meurent sous les bombes d'Israéliens inqualifiables et ne trouvent pas de quoi se soigner. Ces enfants distribueraient des biscuits à Obama s'il leur rendait visite. Ils pourraient même lui raconter un conte, celui d'un président qui caresse des enfants à Washington et qui ne lève pas un doigt pour éviter le bombardement des enfants de Ghaza. Ils pourraient lui dire l'histoire de ces gamins qui ne savent jouer qu'avec des pierres qu'ils s'amusent à lancer sur ces chars qui hantent leur sommeil et qui peuplent leur journée. Ils lui répèteront sans doute comment ils tremblent la nuit lorsqu'ils entendent se rapprocher les bruits des pas de ces soldats sans âme qui viennent à la recherche de l'un des leurs ou, simplement, pour les jeter dehors et détruire leur maison... ils pourraient à la limite raconter à Mr Obama ces cauchemars dont ils ne peuvent se débarrasser et où le sang et l'odeur des cadavres des pères, des mères, des petits frères, des voisins... se mêlent et s'entassent sur les chaussées éventrées.
Quitter la Maison Blanche quelques instants pour aller raconter un conte à des enfants, c'est bien beau sauf que pour l'honnêteté, pour la correction et l'équité, que ce conte qu'on raconte soit celui de ces enfants qui, sous la pluie de bombes et d'obus, scrutent l'horizon, avec cette audace d'espérer que bientôt ce sera leur tour de recevoir une telle visite... sans biscuits et sans conte... juste avec beaucoup d'honnêteté et de conscience pour voir enfin que lorsqu'on n'a pas de paix, on n'a rien et pour comprendre, une fois, que lorsqu'on accorde un prix Nobel de la paix à un chef de guerre... il ne peut que caresser certains enfants... pas tous !
Le Quotidien d'Oran .
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