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Controverse sur l'eau des piscines françaises

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  • Controverse sur l'eau des piscines françaises

    En France pour le traitement de l'eau de bassin de natation , on utilise de plus en plus, l'irradiation par lampe UV. Or l'irradiation de l'eau provoque la formation de chloroforme qui est un produit potentiellement dangereux d'où la controverse autour de la toxicité possible ou non qui est actuellement analysé.

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    «En février dernier, quand je suis allé à Budapest à un congrès international sur la qualité des eaux de baignade, mes collègues étrangers ont été très surpris d'appendre qu'en France on utilise des lampes UV pour le traitement de l'eau des piscines», raconte Fabien Gérardin, de l'INRS (Institut national de recherche et de sécurité). Il a été d'autant plus attentif à leur réaction qu'il pilotait alors une étude montrant que l'irradiation provoque la formation de chloroforme (CHCl3). Le chloroforme est une substance classée potentiellement cancérigène pour l'homme et l'irradiation est un procédé nouveau qui est en train de se généraliser dans notre pays.

    Fabien Gérardin et son équipe ont communiqué leurs résultats à la Direction générale de la santé il y a plusieurs mois. Ils attendent toujours une réponse. Ils viennent de publier leur étude dans la revue Hygiène et sécurité du travail (1) et espèrent maintenant que leurs recherches vont être prises en compte. Il ne s'agit pas de faire peur à tous ceux qui vont souvent à la piscine, reconnaît le chercheur. Mais, à ses yeux, la situation mérite la plus grande attention. «La chimie du chlore et des matières organiques libérés par l'homme dans l'eau (sueur, crasse, urine, crèmes, ndlr) est extrêmement complexe. Il ne faut pas jouer les apprentis sorciers avec les lampes UV».

    Asthme du maître nageur


    Il y a plus de dix ans que le laboratoire de l'INRS de Nancy travaille sur les problèmes liés au chlore dans les eaux de piscine. Chargé des questions d'hygiène et de santé au travail, l'organisme avait été alerté au début des années 1990 par la Fédération des maîtres nageurs qui avait constaté que nombre de ses adhérents devenaient asthmatiques au bout de quelques années. La fédération voulait que cette pathologie soit reconnue comme maladie professionnelle, ce qu'elle a finalement obtenu en février 2003.

    Dans un premier temps, en effet, les chercheurs de l'INRS ont confirmé ce que plusieurs laboratoires dans le monde avaient déjà mis en évidence à savoir que l'eau des piscines contient non seulement du chlore mais aussi un de ses sous-produits : la trichloramine ou trichlorure d'azote (NCl3). Ce gaz se forme quand le chlore réagit avec les matières organiques, liées à la saleté corporelle. Plus l'eau est sale, plus il y a de trichloramine, très irritante pour les yeux et les poumons quand elle se trouve dans l'atmosphère. Une étude épidémiologique conduite par l'INRS, a montré par la suite que la trichloramine peut effectivement provoquer ce qu'on appelle aujourd'hui l'«asthme du maître nageur». Le chlore a un avantage : il est efficace et peu coûteux.

    Les recherches ont donc porté dans un deuxième temps sur les moyens d'éliminer les chloramines dont les normes sont fixées aujourd'hui à 0,6 mg par litre. Il existe trois techniques différentes : les charbons actifs, efficaces mais coûteux ; le «stripping» qui consiste à injecter de l'air dans un bac tampon et qui a l'inconvénient de refroidir l'eau ; et l'irradiation dont l'INRS a voulu évaluer l'efficacité afin de savoir si elle était suffisante pour protéger les maîtres nageurs. C'est à cette occasion que Fabien Gérardin et son équipe de l'INRS ont découvert que non seulement ce procédé est moyennement efficace contre la trichloramine mais qu'en revanche, il active la production de chloroforme dans des proportions supérieures à 20 µg/l. La norme en France pour le chloroforme est celle de l'OMS (100 µg/l) fixée pour l'eau potable.

    En Allemagne, elle est de 20 µg/l car les autorités sanitaires prennent en compte le fait que cette substance potentiellement cancérigène est absorbée aussi par la peau. Dans leur conclusion, les chercheurs de l'INRS estiment que la problématique sanitaire qu'ils ont rencontrée «s'étend au-delà du cadre des risques professionnels avec l'émergence d'un risque élargi à la santé publique». Selon eux, les champions de natation ou les bébés nageurs sont exposés à un risque encore non évalué comme les maîtres nageurs, et tout spécialement dans les piscines fermées.

    «Cette étude est intéressante, reconnaît Luc Derreumaux, directeur de Cifec, l'une des deux entreprises qui commercialisent des appareils d'irradiation, mais ses conclusions sont erronées». Il estime qu'il y a eu plusieurs problèmes dans le centre nautique au cours des cinq semaines de test : panne du système de chloration et problème de ventilation qui ont faussé les résultats. Il souhaite que l'INRS entreprenne de nouvelles études dans de meilleures conditions mais affirme que l'irradiation est efficace pour diminuer la trichloramine. «Demandez à un gestionnaire de piscine, vous verrez ce qu'il vous dira.» Même analyse de la part de Benoît Gillmann, directeur de Bio UV. Il considère que ses appareils ont obtenu l'agrément des pouvoirs publics et que c'est une garantie suffisante. On notera que son entreprise a financé une thèse sur l'irradiation, qui n'aboutit pas aux mêmes conclusions que l'INRS. On est visiblement en plein coeur d'une nouvelle controverse scientifique. Une chose est sûre en attendant : les Français doivent respecter des règles d'hygiène très strictes avant de se jeter à l'eau.
    (1) Hygiène et sécurité du travail, n° 201, décembre 2005.

    Par Le Figaro
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