Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Maroc : Reportage. Dans les coulisses du HCP

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Maroc : Reportage. Dans les coulisses du HCP

    Reportage. Dans les coulisses du HCP

    Depuis sa création en 2003, le Haut commissariat au plan est devenu un véritable observatoire de la société marocaine. Plongée dans ce département, principal producteur des statistiques économiques, démographiques et sociales du Maroc.

    Situés dans le paisible quartier Hay Riad de la capitale, les locaux du Haut commissariat au plan (HCP) n’ont vraiment rien à envier à ceux
    des ministères avoisinants. Bien au contraire. Créé par dahir il y a six ans, cet organisme, venu remplacer le ministère de la Prévision économique et du Plan, a pris de plus en plus d’importance. Quelque 2200 fonctionnaires travaillent dans des locaux très modernes, soit trois fois plus que le nombre d’employés comptabilisés dans bien d’autres départements. Placée sous la houlette de l’économiste et homme de gauche Ahmed Lahlimi Alami (lire encadré), cette structure n’a de cesse d’élaborer enquêtes et études, toujours attendues avec impatience autant par le gouvernement que par le secteur privé, la société civile ou encore les organismes internationaux, comme la Banque Mondiale ou le Fonds monétaire international. Depuis sa création, le HCP a livré des enquêtes très poussées sur le marché de l’emploi, la situation des femmes marocaines, le niveau de vie des ménages ou encore le secteur informel.

    Machine à statistiques
    “Notre rôle est de réaliser une radioscopie du Maroc en nous basant sur les statistiques recueillies dans tout le pays”, explique un haut responsable du HCP. Chaque enquête est le résultat de la réflexion de plusieurs cadres, pour la plupart diplômés de prestigieuses écoles, à l’instar de l’INSEA (Institut national de statistiques et d’économie appliquée) et de l’ESI (Ecole des sciences de l’information).

    C’est à eux que revient le travail méthodologique de préparation des questionnaires auxquels devra répondre un échantillon de personnes censé représenter l’ensemble du pays. Pour faciliter cette collecte d’informations, le HCP dispose de locaux dans les 16 régions du Maroc. “Nous employons des enquêteurs aux profils très variés, formés et encadrés par des superviseurs dans tout le royaume.

    Certains travaillent toute l’année sur certaines enquêtes, d’autres de manière plus épisodique”, affirme notre source. En effet, le HCP mène, en plus des consultations ponctuelles, des enquêtes permanentes. Parmi celles-ci, l’enquête nationale sur l’emploi, réalisée auprès de 60 000 ménages, qui a nécessité une année de travail et mobilisé une centaine d’agents de collecte.
    Le but ? Mesurer et suivre l’évolution du marché du travail au Maroc.

    Mais la plus grande enquête, jamais réalisée par le HCP, reste sans doute le recensement général de la population et de l’habitat de 2004. Plus de 40 000 enquêteurs avaient été mobilisés et 10 millions de questionnaires remplis. Le HCP est une machine bien rodée, qui s’appuye sur une logistique et une organisation très importantes.

    Et grâce à son travail scientifique et à son indépendance institutionnelle et politique, cet organisme est aujourd’hui reconnu par tous les grands organismes internationaux. Depuis plusieurs années, des partenariats le lient à la Banque Mondiale, à l’Unicef ou encore au PNUD. En 2005, le HCP a souscrit à la Norme spéciale de diffusion des données, mise en place par le Fonds monétaire international comme gage de transparence et d’ouverture, et qui s’apparenterait, selon Ahmed Lahlimi Alami, à “l’ISO de la statistique internationale”.

    La perception marocaine
    Malgré tout cela, certaines enquêtes réalisées par le HCP soulèvent encore très souvent des polémiques au Maroc. En mai 2009, l’enquête sur les classes moyennes marocaines ne passe pas inaperçue. La donnée qui fâche ? Celle annonçant que 53 % de la population ferait partie de la classe moyenne. Beaucoup trouvent que ce chiffre ne colle pas à la réalité. “Même si les Marocains commencent à montrer de l’intérêt pour les statistiques, ils ont encore des idées préconçues, difficiles à dépasser. Beaucoup ont des théories non scientifiques sur plusieurs phénomènes, et nous attaquent lorsque nos chiffres ne concordent pas avec ce qu’ils pensent être la réalité”, analyse ce haut responsable au HCP. Pour Lahlimi, cette incompréhension viendrait également du fait que ces détracteurs ne prennent pas la peine d’étudier en profondeur les études en question.

    “Les Marocains ont tendance à se focaliser sur la synthèse finale d’une étude. Ils n’ont donc pas une vision globale du problème”, explique-t-il. Concernant l’enquête sur les classes moyennes, Lahlimi regrette “que beaucoup n’aient pas signalé que l’étude mentionnait l’existence de trois classes moyennes distinctes, et non d’une seule”.

    Même chose concernant la polémique autour du taux de chômage qui, d’après le HCP, se situe à 9,9% pour le troisième trimestre de 2009, et ce malgré la crise internationale. “En faisant une fixation sur les données synthétiques finales, les gens sont passés à côté d’indicateurs montrant que le chômage reste malgré tout omniprésent dans les villes (14,8%), mais également chez les jeunes (33%)”, précise le patron du HCP. Comment faire pour éviter de s’enfermer dans cet océan d’incompréhension ? Laisser aux Marocains le temps de développer une culture de la statistique.

    “Il faut que la perception de la population marocaine par rapport aux statistiques évolue. Pour le moment, elle est encore floue et biaisée”, souligne Lahlimi. En attendant, le HCP continue de faire sa radioscopie du Maroc. Prochaines grandes consultations prévues ? Une enquête sur les institutions à but non lucratif, une autre sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes. Qui a dit que toutes nos institutions publiques avaient tendance à s’enliser dans la lenteur administrative ?


    Ahmed Lahlimi. Monsieur stat’

    Du haut de ses 70 ans, le Haut commissaire au plan a un long parcours politique derrière lui. Pendant sa jeunesse, il a été vice-président de l'UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc) et a également milité au sein de la commission centrale et du secrétariat du bureau politique de l'USFP. Ahmed Lahlimi Alami est donc un homme résolument de gauche, qui a fait sa première entrée au gouvernement en 1998, pendant l’ère Abderrahmane Youssoufi.

    A l’époque, cet économiste de formation dirige le ministère des Affaires générales du gouvernement, puis celui de l’Economie sociale, des PME et de l’Artisanat. En 2003, il n’est pas reconduit à son poste par l’ancien Premier ministre Driss Jettou. Beaucoup considèrent alors qu’il est tombé en disgrâce. Ils auront tort. Quelques mois plus tard, Lahlimi est nommé par dahir à la tête du Haut commissariat au plan et bénéficie d’un statut de ministre. Depuis, son département est régulièrement sous les feux des projecteurs, grâce à ses enquêtes et ses études approfondies sur l’économie, la démographie et la société du pays.


    tel-quel




  • #2
    Et grâce à son travail scientifique et à son indépendance institutionnelle et politique, cet organisme est aujourd’hui reconnu par tous les grands organismes internationaux. Depuis plusieurs années, des partenariats le lient à la Banque Mondiale, à l’Unicef ou encore au PNUD. En 2005, le HCP a souscrit à la Norme spéciale de diffusion des données, mise en place par le Fonds monétaire international comme gage de transparence et d’ouverture, et qui s’apparenterait, selon Ahmed Lahlimi Alami, à “l’ISO de la statistique internationale”.

    C'est tout à l'honneur du HCP !

    Commentaire

    Chargement...
    X