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HOUARI BOUMEDIENE : Un visionnaire en avance sur son temps

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  • HOUARI BOUMEDIENE : Un visionnaire en avance sur son temps

    «Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais, est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu’il faudrait se battre les armes à la main pour devenir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là.»

    Houari Boumediene (à propos du 8 Mai 1945)

    Cette phrase résume le combat de Boumediene, son attachement aux ancêtres et dans le même temps, la conviction de l’inanité de la voie politique utilisée par Messali Hadj et Ferhat Abbas. On a tout dit de Boumediene et on doit tout redire tant il nous parait important de témoigner du sacerdoce d’un Algérien qui donna sa vie à son pays.

    Petit retour en arrière, nous laissons Paul Balta tracer à grands traits le portrait du président Boumediene : «(...) Contrairement à certains chefs d´État d´autres pays arabes, il ne s´était pas fait construire ni un ni plusieurs palais luxueux, ni en Algérie ni à l´étranger. (...) il m´avait raconté qu´un des émirs lui avait offert une de ces voitures rutilantes et luxueuses qu´il avait aussitôt fait parquer dans un garage...(...) Il était très réticent à évoquer sa vie privée. Je sais toutefois qu´il était très attaché à sa mère et lui donnait pour vivre une partie de son salaire. Des témoins m´ont néanmoins raconté qu´il s´était disputé avec elle, alors qu´elle était en vacances à Chréa, une station d´hiver proche d´Alger. Sa mère lui avait demandé, en effet, de faire exempter son frère cadet Saïd des obligations du Service national. Houari Boumediene opposa un refus catégorique. Quelque temps plus tard, en effet, Saïd qui fit ses études à l´Ecole nationale polytechnique, le frère cadet accomplissait, dans des conditions très ordinaires, son Service national...»(1)

    On a dit de Boumediene que c’était un populiste. Est-ce être populiste que de prononcer la fameuse phrase «Kararna ta´emime el mahroukate» (Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures)? Par cette phrase, Boumediene annonçait à la face du monde que l´Algérie tenait en main son destin énergétique. Dans le contexte de l’époque, il fut avec le regretté roi Fayçal - qui avait pour Boumediene une réelle considération - et avec le shah, les artisans d’une vision de développement des pays de l’Opep. En fait, écrit Luiz Martinez, ces critiques avaient peu de poids au regard de la dynamique du régime de Boumediene. Le succès de la nationalisation du secteur des hydrocarbures en 1970-1971 octroyait au régime les moyens financiers d’asseoir sa politique de développement. Ainsi, tout au long de la décennie 1970, le taux de croissance avoisinait les 7% et le taux d’investissement brut dépassait les 35% ! C’est pourquoi le PIB (en millions de dinars courants) atteignait les 80 573 DA en 1977, alors qu’il était de 13 130 DA en 1963. Cette croissance exceptionnelle faisait apparaître l’Algérie comme un «dragon» en Méditerranée...Dans la mémoire collective, cette décennie fait figure d’un âge d’or, d’une période où le devenir de l’Algérie était celui de l’émergence d’une puissance régionale, fondée sur un État fort et respecté, et d’une économie prospère tirée par le succès des «industries industrialisantes».(...) » (1)

    Le visionnaire et les mutations du monde Dans une contribution fin décembre 2008, nous avions imaginé un dialogue imaginaire dont nous reproduisons quelques extraits de son plaidoyer post-mortem : «(...) Après l’indépendance, pour faire court, j’avais le choix entre continuer à être "une colonie à distance de la France" sous une autre forme et être inféodée à l’Egypte, soit repartir à zéro et reconstruire les relations d’abord en mettant de l’ordre à l’intérieur, j’avais pour cela une équipe qui y croyait autant que moi. Après la période euphorique de l’Indépendance, où le pouvoir se croyait tout permis en usant et en abusant de la démagogie pour asseoir un pouvoir personnel au besoin en se satellisant à l’Egypte, le pays était plus exsangue que jamais. Que faire? Pas d’argent ! Pas de cadres ! Pas de système éducatif ! Un pays profondément meurtri et déstructuré ! Un environnement international sans pitié ».

    « J’assume poursuit-il, avoir adopté le triptyque des trois révolutions. La révolution industrielle, ce que l’on appelait les "industries industrialisantes", a permis la création de dizaines d’entreprises nationales, de dizaines de milliers d’emplois. On me dit qu’elles ont disparu ! Disparue la Sonitex avec le plus grand complexe d’Afrique qu’était Draâ Ben Khedda, disparue la Sonacome ! Vendu El Hadjar ! Moribonde la Snvi qui fabriquait les cars-camions, Dans quel monde vivons-nous où nous sacrifions nos défenses immunitaires pour l’inconnu et le bazar où l’affairisme le dispute au népotisme? Nous ne savons plus rien faire par nous-mêmes. (...) Où en est actuellement l’Algérie? Plus que jamais notre pays dépend de la rente et on donne encore une fois l’illusion que nous sommes "arrivés". Nous avons eu près de 400 milliards de dollars. Qu’avons-nous fait de pérenne à part, là encore, donner l’illusion à l’Algérien qu’il était "arrivé" en lui permettant de convertir des barils de pétrole en 4x4, en appareils portables, et en permettant à ces entreprises qui "viennent nous dépouiller" de transférer des milliards de dollars de bavardage inutile. L’Algérien ne sait pas que pour chaque carte à 500DA c’est 5 dollars de transférés et c’est 5 dollars de moins pour les générations futures.(....) J’ai l’amour de l’Algérie chevillé au corps, j’aime mon peuple, je suis du peuple. C’est vrai aussi que l’argent ne m’intéresse pas, ma famille a hérité de moi 6000 DA. Nous avons un proverbe du terroir qui dit "‘Ach ma kssab, mat ma khala". (...)»(2)

    Souvenons-nous ! : Boumediene avait institué le Service national, creuset du brassage de l’identité unique en son genre et qui permettait d’atténuer ce déséquilibre régional dont il tenait tant à atténuer les disparités criardes. On raconte qu’il fut sur le point de pleurer tant il était ému qu’un enfant de l’Algérie profonde - que sa condition sociale prédestinait sûrement à être berger - venait de décrocher son Bac ! Il avait lancé «le Barrage Vert» que nous peinons à remettre en place ; changements climatiques obligent !!!!

    Il est incontestable que vers la fin de son règne, Boumediene avait été gagné au goût de l´action diplomatique. Il voulait donner à l´Algérie une place qu´elle n´avait jamais occupée auparavant sur la scène internationale. Le Sommet des Non-Alignés de 1973 a constitué une étape fondamentale qui a servi de tremplin. L´apothéose de ce redéploiement diplomatique fut, incontestablement, la participation de Boumediene, en avril 1974, à la session spéciale de l’Assemblée générale de l´ONU où il a prononcé un discours mémorable sur le Nouvel ordre économique international. Il mit en garde, en vain, le «Nord» contre ce déséquilibre qui, s’il n’était pas résorbé, devait amener des cohortes de gens du Sud vers le Nord. Dans son fameux discours, il avertissait «Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère Sud pour aller dans l’hémisphère Nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire.»
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Quel chef d’Etat arabe, voire du tiers-monde se permettrait de nos jours de dire ces vérités qui trouvent application tous les jours avec les jeunes qui, par désespoir, tentent l’aventure et périssent en mer? Par ailleurs, le président Boumediène «croyait fermement au droit des peuples à l’autodétermination», précisant que ces positions lui ont valu, en 1976, la médaille de la paix décernée par l’ONU, en reconnaissance de ses efforts constants dans la défense des principes de paix et de justice. Ce fut l’époque où Alger était la «Mecque des révolutionnaires» du monde. Il n’était pas rare de croiser Augustino Neto, Amilcar Cabral et Nelson Mandela qui fit, semble-t-il, des stages d’entraînement à Zéralda. Le Festival Panafricain avait réellement une dimension et les Africains venaient participer par conviction ; c’était véritablement la fête.

    Boumediene et le monde dit «arabe»

    Le président Boumediene a été «l’un des plus fervents défenseurs» de la cause palestinienne, a-t-il ajouté, citant sa célèbre déclaration selon laquelle «l’Algérie est avec la Palestine en toutes circonstances». Il a estimé que cette citation «n’était pas un simple slogan, mais traduisait la conviction du président Boumediene de la justesse de cette cause essentielle pour la nation arabe». Il avais martelé à Kissinger : «La cause palestinienne est sacrée, nous sommes solidaires du peuple palestinien. Exiger plus que lui c’est de la démagogie, accepter moins que ce qu’il demande, c’est de la trahison.» Ce qui arrive aujourd’hui à Ghaza est une tache à la face des nations, ce qu’Israël a fait relève d’une Shoah continue sous le regard lâche des pays arabes.

    Souvenons-nous aussi, comment Boumediene «dérangeait» le consensus ambiant : «Les expériences humaines dans bien des régions du monde ont démontré que les liens spirituels (...) n´ont pas pu résister aux coups de boutoir de la pauvreté et de l´ignorance pour la simple raison que les hommes ne veulent pas aller au Paradis le ventre creux. (...) Les peuples qui ont faim ont besoin de pain, les peuples ignorants de savoir, les peuples malades d´hôpitaux.» Cette phrase de Boumediene à la Conférence des Etats islamiques à Lahore en 1974 est profondément subversive pour les potentats arabes et les musulmans. Il est vrai que nous avons, de fait, basculé vers la métropole moyen-orientale dans ce qu’elle a de moins glorieux, le farniente, la fatalité et en définitive l’installation dans les temps morts par rapport aux changements spectaculaires constatés dans les pays développés. A la décharge du président, à l’Indépendance, l’Algérie avait besoin de retrouver son identité, il ne pouvait pas endiguer un torrent qui a accumulé 132 ans de déni identitaire, il fallait «accompagner», le fleuve de la quête identitaire et, graduellement, le canaliser. Il est vrai que nos «frères arabes» ne nous ont pas envoyé des enseignants de qualité. 26 nations «formataient» l’imaginaire de nos enfants avec tous les dégâts collatéraux que nous avons subis du fait que la massification de l’enseignement était une étape incontournable.

    Boumediene croyait en une cause arabe, qu’il a défendue avec l’argent et le sang des Algériens ; il n’était cependant pas dupe comme le rapporte Paul Balta : Il m’est apparu, en effet, que cet intermède cairote avait laissé naître dans l’esprit de Houari Boumediene un sentiment de désappointement. Il est arrivé, en effet, que j’évoque, incidemment, avec Houari Boumediene cet épisode en faisant part de mon étonnement personnel de n’avoir pas pu entendre parler des Maghrébins, pendant mon enfance à Alexandrie, puisque je les ai découverts seulement lorsque je suis allé faire mes études supérieures à Paris. Il m’avait répondu, alors, avec une mine désolée : «J’ai moi-même découvert avec étonnement et consternation que les Egyptiens et par extension les peuples du Machrek et leurs dirigeants ne connaissaient ni le Maghreb ni les Maghrébins. Lorsqu’ils en parlaient ou lorsqu’ils les rencontraient, ces gens traitaient les Maghrébins avec condescendance et même avec mépris !!»(3)

    Nous y voilà ! En novembre 2009, pour un simple match, nous redécouvrons le mépris de la part d’un pays qui n’a rien prouvé de sensationnel au monde. Pour rappel et comme l’écrit Ali Bahmane : «Le scandaleux sondage d’Al Jazeera sur "la légitimité du terrorisme en Algérie" a été vécu chez nous à juste titre comme une véritable agression. (...) Sa proximité avec Al Qaîda est certes objective mais elle s’inscrit dans la continuité d’une certaine hostilité de tout le Moyen-Orient à l’égard de l’Algérie. L’apogée a été la décennie 1990 lorsque les wahhabites et les Iraniens affichèrent ouvertement leur admiration au FIS avant que ne soit franchie la ligne rouge d’un soutien direct, militaro-financier, au GIA et à l’AIS. (...) De tout temps le Machrek a eu sur le Maghreb un regard alliant paternalisme et condescendance teintés de mépris. (...) Enfin, aux yeux des responsables de cette zone, voire d’une frange de la population, les Algériens ne peuvent prétendre à être des Arabes à part entière du fait de l’usage élargi qu’ils font de la langue française. Il est vrai aussi que sur cette question, comme sur d’autres, ils ont des relais en Algérie même. (...)»(4)

    En définitive, le régime de Boumediene inspirait des sentiments ambivalents, composés de crainte et d’espoir. L’autoritarisme du régime était légitime pour le plus grand nombre car performant. Son usage de la rente pétrolière semblait juste tant sa redistribution sociale et économique était conséquente. De plus, à l’aura du chef charismatique, s’ajoutait une éthique de la justice et une condamnation de la corruption, qui entretenaient une perception d’un État autoritaire mais intègre.(1)

    Un hommage résume mieux que cent discours le parcours de cet homme qui est entré véritablement dans la légende : «...Le vide laissé par la disparition de Houari Boumediene met en relief l’envergure de l’homme d’État qui, pendant treize ans, a forgé l’Algérie moderne et occupé une place majeure sur la scène internationale, en s’affirmant comme le chef de file intransigeant mais pragmatique du tiers-monde. S’il avait la passion de son pays, dont il se faisait "une certaine idée", il avait également une vision stratégique du monde. "Jacobin", nationaliste arabe et socialiste, il a été un des premiers à comprendre que le principal conflit du dernier quart du vingtième siècle ne serait plus celui opposant l’Est à l’Ouest mais le Nord au Sud, les peuples riches aux peuples pauvres, les États industrialisés aux pays sous-développés.» Aux autres, il offrait, le prestige extérieur et les desseins ambitieux particulièrement séduisants pour ce peuple plein de fierté. Il semblait vouloir faire de l’Algérie la Prusse de l’Afrique, voire du monde arabe...Énigmatique silhouette drapée d’un burnous noir, il aura disparu avant de réaliser ce rêve. Et, surtout, avant d’avoir réussi dans son pays ce total et harmonieux développement qu’il tenait, pourtant, pour essentiel.(5)

    1.L. Martinez : La rente pétrolière http://www.ceri-sciencespo.com/archi...juillet/art_lm.

    2.Chems Eddine Chitour : Houari Boumediene : histoire d´une légende. 27 Décembre 2007

    3.Mohamed Chafik Mesbah : Entretien de Paul Balta. Le Soir d’Algérie, le 4 février 2009

    4.Ali Bahmane : Les Arabes, le terrorisme et nous. El Watan. 24 décembre 2007

    5.Editorial, «Un héritage important», Le Monde (France), 28 décembre 1978.

    Pr Chems Eddine CHITOUR

    Ecole Polytechnique enp-edu.dz



    De : Professeur Chems Eddine Chitour
    lundi 28 décembre 2009
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Souvenons-nous ! : Boumediene avait institué le Service national, creuset du brassage de l’identité unique en son genre et qui permettait d’atténuer ce déséquilibre régional dont il tenait tant à atténuer les disparités criardes
      quel génie !!

      brassage entre les moustachus

      n'est ce pas pour instituer un régime militaire qui lui assurerait le trône à vie .....
      Dernière modification par Gandhi, 29 décembre 2009, 10h33.
      Rebbi yerrahmek ya djamel.
      "Tu es, donc je suis"
      Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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      • #4
        boumediane reste un trés grand personnage de notre monde arabe avec ses defaults et ses qualités. on peut être d'accord avec lui où pas mais on peut pas nier que son règne a marqué les esprits.
        les points forts est la nationalisation du secteur hydrocarbures. le fameux cheque pour le conflit arabo-israeliens, l'education , les hopitaux, tout action social qui a pu réaliser à l'époque.

        les point faibles pour moi : l'instauration du partie unique, la negligence de l'agriculture, l'abus avec les actions socials qui tue la production, la créativité, avec un monopole de l'état et la disparition total du secteur privé, l'arabisation de l'état et l'adoption des idées nationalistes de nasser, et l'ignorance d'une culture, tradition de son propre état, un état arabo berbére.
        Dernière modification par Haroone, 29 décembre 2009, 10h52.

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        • #5
          Sa mère lui avait demandé, en effet, de faire exempter son frère cadet Saïd des obligations du Service national. Houari Boumediene opposa un refus catégorique. Quelque temps plus tard, en effet, Saïd qui fit ses études à l´Ecole nationale polytechnique, le frère cadet accomplissait, dans des conditions très ordinaires, son Service national...»(1)
          Ce qu'il n'a pas dit à Paul Balta, c'est que son frère a été affecté
          au sud dans une garnison chargé de la réalisation du fameux "barrage vert". (pour les jeunes qui ne le savent pas; c'est une ceinture végétale conçue pour arrêter l'avancée du desert vers le nord,et qui devait s'étendre de la frontière est à celle de l'ouest.),et non dans un bureau haut standing au sein de l'administration au nord comme ce fut le cas pour certains.
          Dernière modification par Sitchad, 29 décembre 2009, 14h12.
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          • #6
            Voici la réponse de Nacer Boudiaf à Anissa Boumedienne, lorsque cette dernière s'offusquait que l'on puisse comparer Boudiaf à Boumedienne! Alors histoire d'en savoir un peu plus sur ce "héros"!

            NACER BOUDIAF

            "Laissez donc le peuple vous poser certaines questions !"

            1)- Vous entamez votre plaidoirie par cette phrase : "Me voici confrontée depuis quelques semaines aux cabales d’un groupuscule de personnes ivres de jalousie et de rancœur, qui tentent par tous les moyens, de jeter le discrédit sur ma personne et sur celle de mon époux..." Votre technique - de l’agresseur qui devient l’agressé - a commencé à Skikda, lors du colloque sur votre époux, en provoquant les sentiments du peuple, en discréditant des hommes comme Boudiaf, Aït Ahmed et Khider, et rappelle curieusement la technique des Juifs qui assassinent et se plaignent ensuite devant la communauté internationale. Loin de moi était l’idée de me voir un jour polémiquer avec l’épouse d’un ancien chef d’État au sujet d’un homme de l’envergure historique de Mohamed Boudiaf. Mais puisque vous avez repris en interprétant à votre compte comme bon vous a semblé et déformé certains passages de mon entretien avec Echourouk, je me vois dans l’obligation, pour des raisons de dignité et d’honnêteté, de rompre le silence et de vous faire part de certaines vérités. Dans la deuxième partie de votre contribution, parue dans Le Soir d’Algérie du 22 février 2001, vous écrivez : "Faut-il rappeler aussi que le nom de Boudiaf était inconnu de la jeunesse algérienne qui constitue la grande majorité de ce peuple que l’on n’a pas consulté pour lui demander s’il souhaitait le retour de Boudiaf." Déjugez-vous ceux qui l’ont appelé en 1992 ? Passons, là n’est pas la question ! A ce niveau déjà, une série de questions devrait vous venir à l’esprit, si l’esprit était honnête-te. En effet, qui est le premier responsable du fait que la grande majorité de ce peuple n’a connu Boudiaf qu’en 1992 ? Boumediène a une grande responsabilité dans cette lamentable situation. Quel est le pays au monde qui ne connaît pas les grandes figures de son histoire ? C’est bien l’Algérie dont Boumediène a présidé la destinée pendant treize années, en occultant des pans entiers de notre histoire contemporaine et de notre histoire tout court. A ce sujet, lors de l’inauguration du Centre national des études historiques, en mars 1975, Boumediène avait déclaré sans ambages que "le but de cette structure n’était pas d’écrire une histoire "officielle", mais de composer une histoire de l’Algérie sur des bases scientifiques".

            2)- Par base scientifique, Boumediène entendait "mettre l’histoire sous surveillance", comme l’a dit Ahmed Rouadjia dans son livre Grandeur et décadence de l’État algérien (Karthala, 1994, p. 41). Écoutons Ferhat Abbès, une autre grande figure de I’histoire de l’Algérie et qui a subi les affres du régime de Boumediène . Dans son livre L’Indépendance confisquée (FIammarion 1984, p.114 ), le regretté Ferhat. Abbès nous confirme : "Pour l’instant, et après vingt ans d’indépendance, nous sommes encore dans le tunnel. On comprend que Boumediène, qui n’a pas fait la guerre, voulait effacer le sou-venir des terribles années de guerre et nos propres souffrances." Dans une autre partie de ce même ouvrage (p.45 ), F. Abbès nous informe que Boumediène a dépêché un émissaire en secret au château d’Aulnoy, "pour trouver parmi les cinq prisonniers (1) un éventuel allié. Il s’adressa d’abord à Boudiaf. Celui-ci déclina l’offre. Il condamna l’indiscipline de l’état-major et se refusa à toute action fractionnelle". Interrogez-vous, Madame, pour savoir pourquoi dans ce contexte historique précis, le choix de Boumediène s’était porté d’abord sur Boudiaf ? Désavouez-vous le choix de votre mari ? Le peuple appréciera ! Par ailleurs, juriste que vous êtes, vous n’êtes pas sans savoir que dans les pays où le Droit est respecté, il y a un principe universel qui veut qu’une femme ne peut pas témoigner contre son mari. Cette situation est doublée de celle de votre qualité d’avocat. On comprend aisément que l’avocat, dans sa plaidoirie, ne reprend que les aspects positifs du dossier de son client. Laissez donc le peuple vous poser certaines questions et vous rappeler certaines réalités qui vous feront, si vous êtes honnête, reconnaître toutes les souffrances que le peuple algérien a endurées sous Boumediène. Vous accusez Boudiaf d’avoir pris une partie des fonds du F.L.N., sans preuve aucune, mais vous ne pourrez jamais l’accuser d’avoir été derrière l’assassinat de qui que ce soit. En revanche, la liste des victimes d’assassinat sous la présidence de Boumediène est malheureusement longue pour ne citer que Khider, Krim, Chabou, Medeghri, Saïd Abid, etc. Ne serait-il pas légitime de s’opposer, par tous les moyens, à quelqu’un dont le régime fait de l’assassinat une expression politique ?

            3)- A ce propos, dans l’Extrémiste, Pierre Péan, que vous citez vous-même (Fayard, 1996, pp.304/305),rapporte ceci : Au cours d’une conférence de presse, réunie à Londres le 2 février 1967, Aït Ahmed a raconté les circonstances de l’assassinat de son beau-frère (Mobamed Khider) et désigné le vrai coupable, le colonel Boumediène. "J’accuse le régime de Boumediène d’avoir conçu, organisé et perpétré l’assassinat. Cette honteuse pratique de gangsters politiques porte le sceau de ce clan d’aventuriers sans scrupules qui ont usurpé le pouvoir et détruit dans notre pays les principes de liberté, de démocratie et de justice pour lesquels des mil-lions d’Algériens, parmi les-quels Khider, ont donné le meilleur d’eux-mêmes." Évoquant Krim Belkacem, Alistaire Home dans Histoire de la guerre d’Algérie (Albin Michel, 1987, P 573 ) nous rapporte ceci: "Le sort de Khider devait être partagé par le plus chevronné de tous les maquisards, Belkacem Krim, ancien ministre des Affaires étrangères du GPRA, l’homme qui avait conduit pour l’Algérie les négociations d’Evian. Dégoûté de la poli-tique et de la révolution, Krim s’était mis, pour gagner sa vie, dans le commerce. Lorsque Boumediène, ennemi de Krim depuis les premiers jours, arriva au pouvoir en exil et forma un groupe d’opposition. Après qu’il eut déclaré publiquement, en 1969, que "sept ans d’indépendance avaient été pires que sept ans de guerre" , Krim fut condamné à mort par contumace pour trahison et connivence avec des puissances étrangères. La fin de Krim est connue, un crime de plus sous la présidence de Boumediène." Interpellé un jour sur la torture (cf. L’affaire Mecili de Hocine Aït Ahmed p. 133) Boumediène, "froid, calculateur" (c’est comme cela que vous le décrivez vous-même dans Le Soir d’Algérie du 21 février 2001), répond : "Alors, comment voulez-vous avoir des informations ?" Les juristes, les vrais juristes, apprécierons ! Vous vous posez égale-ment la question de savoir si le peuple a été consulté pour le retour de Boudiaf en 1992. Croyez-vous sincèrement que ce même peuple avait été consulté le 19 juin 1965 ? Et après le 19 juin, Boumediène avait eu treize ans pour apprendre à son peuple et à son système d’éduquer le peuple dans le sens de la consultation. Il ne l’a pas fait.

            4)- Si le peuple n’a pas été consulté en 1992, c’est parce que l’héritage du pouvoir personnel de Boumediène n’a jamais permis la moindre lueur de la consultation. Le peuple appréciera. Ce même peuple qui n’a pas été consulté pour la révolution agraire, qui a vu ses terres s’exproprier sans défense aucune, pour lesquelles terres il venait de sacrifier un million et demi de chouhada. Pour quels résultats ? Le peuple a-t- il été consulté quand d’imaginaires bénéfices étaient distribués aux domaines autogérés et aux entreprises déficitaires ? A qui appartenaient ces fonds dilapidés pour le seul prestige d’un homme ? Étaient-ils des fonds privés de Boumediène ? Le peuple avait-il eu la moindre chance de donner son avis quand Boumediène avait, d’autorité, décidé que la personnalité de l’Algérien se définissait seulement comme arabo-musulmane, et occulté, en conséquence, tout un tiers de la composante de l’Algérien, à savoir sa berbérité dont il est fier. Qui a été le premier, et du fauteuil de chef de l’Etat, après seulement cinq mois, à remettre les pendules à l’heure, en réconciliant l’Algérien avec sa propre personnalité. C’est, bien sûr, Boudiaf qui a défini, dès ses premiers jours au pouvoir, la triple dimension : islamité, arabité et amazighité. Y a-t-il pire crime que d’occulter l’identité de tout un peuple ? Savez-vous aussi, Madame, que Boumediène faisait de l’Algérie une terre d’accueil pour des terroristes notoire-ment reconnus et mondiale-ment poursuivis. L’Occident, qui guettait nos premières faiblesses et égarements pour se venger de la politique de Boumediène dans ce contexte, n’attendait que l’occasion de la crise en Algérie pour ouvrir les portes de ses capitales aux égor-geurs de bébés algériens et aux commanditaires des assassinats en Algérie. Le peuple appréciera. Je ne souhaitais pas entrer dans cette polémique, mais l’ai fait ayant constaté une haine que je ne m’explique pas contre mon père, disparu dans des circonstances reprises par toutes les télévisions du monde. J’espérais de l’avocate que vous êtes un soutien pour revendiquer vérité. Mais, en fait, vous me semblez avoir choisi votre camp, celui de ne laisser l’Algérie aucune figure propre, aucun espoir, le camp de vouloir solder les comptes avec les morts, alors que beaucoup de vivants mériteraient que les juristes se penchent sur leurs méfaits, le camp de salir tout un peuple et son histoire.

            5)- A moins que vous ne participiez, sans le savoir, une campagne de diversion tendant à occulter les vrais problèmes de l’Algérie, sur lesquels une contribution de votre talentueux style serait bienvenue pour éclairer la jeunesse algérienne qui souffre de ces vrais problèmes, une jeunesse qui n’a cependant pas encore oublié l’autorisation de sortie du territoire national imposée par Boumediène en témoignage de la confiance qu’il avait dans cette même jeunesse algérienne. Devant cette situation, je ne pouvais me taire. Moralité : quand on habite dans une maison de verre, fragile de surcroît, il n’est pas sage de lancer des pierres sur les maisons des autres.

            Alger, le 22 février 2001

            Nacer Boudiaf
            "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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            • #7
              et qui est ce Nacer qui a osé dire des choses aussi terribles sur son chef??

              cette dernière s'offusquait que l'on puisse comparer Boudiaf à Boumedienn

              et ben, je classe Boumediane parmi les incomparables

              regretté Ferhat. Abbès nous confirme : "Pour l’instant, et après vingt ans d’indépendance, nous sommes encore dans le tunnel. On comprend que Boumediène, qui n’a pas fait la guerre, voulait effacer le sou-venir des terribles années de guerre et nos propres souffrances.

              maintenant c'est Abbés qui a fait la guerre!!!!????et Ait ahmed (je doute moi aussi)

              que Boumediène faisait de l’Algérie une terre d’accueil pour des terroristes notoire-ment reconnus et mondiale-ment poursuivis

              plutôt , des révolutionnaires

              la liste des victimes d’assassinat sous la présidence de Boumediène est malheureusement longue pour ne citer que Khider, Krim, Chabou, Medeghri, Saïd Abid, etc. Ne serait-il pas légitime de s’opposer, par tous les moyens, à quelqu’un dont le régime fait de l’assassinat une expression politique ?
              s'il est vrai que BOumediane qui les a assassiné , donc il y a qq choses cachées dans cette histoire ,loin de l'opposition.
              J'ai rarement le temps de rêver et pourtant j'ai tant de rêves. (Franziskca zu Reventlow)

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              • #8
                Envoyé par Haroone
                les point faibles pour moi : l'instauration du partie unique, la negligence de l'agriculture, l'abus avec les actions socials qui tue la production, la créativité, avec un monopole de l'état et la disparition total du secteur privé, l'arabisation de l'état et l'adoption des idées nationalistes de nasser, et l'ignorance d'une culture, tradition de son propre état, un état arabo berbére.
                Vous avez tout dit!
                Vous avez oublié deux choses:
                1. Les algériens, à sa mort, sont devenus tellement dépendants (comme disait mon père: des bras cassés) qu'ils sont devenus inutiles.

                2. Ceux qui attendaient la fin du régime de Boumédiene dans l'ombre, se sont vengés non pas sur Boumédene, mais le peuple.

                Oui, le peuple algérien n'a pas fini de payer les erreur d'un régime si autaoritaire.
                C'est comme si vous liberé les gens de toute une prison et vous leur dites: Allez, vous êtes libres, débrouillez vous.
                Mais ce qu'on oublie, c'est qu'il y a des loups qui vous attendent... afamés.

                Et on l'a vu plus tard... quand le pauvre Boudiaf a essayé de redonner sa liberté et un peu de dignité au peuple!
                L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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                • #9
                  Envoyé par chemic19
                  et qui est ce Nacer qui a osé dire des choses aussi terribles sur son chef??
                  C'EST le FILS de Mohamed BOUDIAF assassiné un 29 Juin 1992 à Annaba.
                  L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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                  • #10
                    étre un fils d'un héros n'est pas suffisantt pour dénigrer un autre héros.
                    pour la raison que l'on a comparé son pére à Boumediene( rabi yarhamhom tous les deux)
                    J'ai rarement le temps de rêver et pourtant j'ai tant de rêves. (Franziskca zu Reventlow)

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                    • #11
                      [QUOTE On raconte qu’il fut sur le point de pleurer tant il était ému qu’un enfant de l’Algérie profonde - que sa condition sociale prédestinait sûrement à être berger - venait de décrocher son Bac !

                      ][/QUOTE]
                      Et dire qu'il doit y en avoir parmi ceux-là, certains qui maintenant ,le traitent de tous les noms d'oiseaux. Les ingrats.
                      .
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