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Rachid Sidi Boumedine: « La société algérienne n’est pas née le 18 novembre

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  • Rachid Sidi Boumedine: « La société algérienne n’est pas née le 18 novembre

    Rachid Sidi Boumedine-Sociologue, urbaniste : « La société algérienne n’est pas née le 18 novembre »

    Rachid Sidi Boumedine est sociologue. Il est l’un de nos meilleurs spécialistes de sociologie urbaine. Il est l’auteur de plusieurs études et articles sur les problématiques de la ville et les rapports entre pouvoir et territoires. Dans cet entretien, il examine pour El Watan la portée sociologique de la « campagne de Khartoum ».


    Vous avez certainement suivi comme tout le monde le fameux match du 18 novembre, et ceux d’avant. Beaucoup de choses ont été dites par rapport à cette confrontation avec l’Egypte, et surtout, sur l’après 18 novembre. Quels enseignements en tireriez-vous personnellement en tant que sociologue ?

    En vérité, le fait de Oum Dourmane est révélateur de beaucoup de choses. Premièrement, il a révélé la capacité de réactivité du pouvoir quand il le veut. Cela veut dire qu’entre le samedi soir et le dimanche matin à 10h, quand M. Bouabdallah a annoncé le pont aérien, des mesures ont été prises. Et donc, quand l’Etat veut, il est capable de faire des choses. D’ailleurs, c’est impressionnant comme démonstration de force militaire. Il y a même un journal israélien (Le Jerusalem Post) qui a fait un commentaire en disant que si les Algériens sont capables d’organiser un transfert de 10 000 supporters en trois jours, c’est inquiétant. Il faut dire que cela ressemble beaucoup à ce qu’ont fait les Américains en Irak. Les Américains ont mis une semaine pour envoyer 5000 hommes.

    Deuxièmement, cela montre une volonté en haut lieu de surfer sur la vague. Cela révèle indirectement autre chose, comme par un effet boomerang, car la question qui se pose désormais est de savoir pourquoi l’Etat qui visiblement peut faire donc beaucoup de choses, ne l’a pas fait dans d’autres domaines. Voilà six mois qu’on nous rebat les oreilles avec cette histoire de grippe porcine, et, au final, rien n’est préparé. On nous dit à chaque fois que le métro va être fonctionnel incessamment et toujours rien. Et cela vaut pour un bon nombre de problèmes irrésolus. Force est de se poser, dès lors, la question : est-ce que l’Etat ne « peut » pas ou bien ne « veut » pas agir ? C’est à se demander avec un brin de méchanceté si la destruction de l’économie publique n’a pas été faite sciemment. A croire que le pouvoir se désintéresse totalement de son peuple et que la seule chose qu’il veut, c’est la paix sociale.

    Ce qui a motivé le pouvoir à déclencher cette incroyable « opération Khartoum » n’était-ce pas d’une certaine manière, d’après vous, le souci « d’acheter la paix » justement et prévenir une explosion populaire après l’amère défaite du 14 novembre ?

    Je ne peux pas deviner. J’analyse simplement le fait Oum Dourmane. Et je dis qu’il a révélé plusieurs choses. Nous avons vu des choses inimaginables, des passeports établis en 24 sinon en 2 heures… Une mobilisation digne d’une grande puissance. On a vu en même temps comment le peuple s’est pris en charge. Et l’ENTV qui va jusqu’à interviewer des Kabyles en kabyle sans doublage ni traduction ! Comme par enchantement, le berbère n’est plus considéré comme une langue étrangère. Elle a révélé, tout comme la presse d’ailleurs, que dans les plus petits recoins d’Algérie, les gens ont partagé la même chose, le même élan ! C’est dire l’esprit de communion qui régnait. Cette allégresse et ce partage montrent qu’à cette occasion le peuple a réalisé qu’il était capable de faire des choses. Remarquez comment trois ou quatre jours avant le match du 14 novembre, les gens étaient très courtois les uns envers les autres et envers les femmes, c’est dire…

    On peut parler d’une atmosphère de « fraternité » ?

    Oui. Le fait est que les Algériens se sont retrouvés en tant que « chaâb », en tant que peuple dans lequel les uns et les autres se sont reconnus dans leur diversité. C’est la seule explication. Quand ils se sont vus dans les journaux, à la télévision, ils se sont reconnus comme un même peuple. Il leur fallait un signe de ralliement et ils ont choisi le drapeau national qu’ils se sont réapproprié comme symbole partagé. Ils n’ont pas « adhéré » au patriotisme. Le pouvoir parlait d’un élan de patriotisme. Le pouvoir considère le patriotisme comme sa marque déposée, un monopole d’Etat, quelque chose qui serait l’apanage de la « famille révolutionnaire », et si on n’en fait pas partie, on n’est pas un patriote (regardez le cas de Djamila Bouhired). Je suis assez âgé pour vous dire que beaucoup de mes copains de classe et amis sont des chouhada. Jamais l’un d’eux n’aurait imaginé prendre ou voler les droits d’autrui. Aucun d’eux n’a lutté pour la villa et le caviar.

    Si aujourd’hui l’un de mes amis surgissait de sa tombe et qu’il voyait son fils habiter une villa et rouler en 4x4, il s’étranglerait sur-le-champ, car il s’est battu pour son peuple, pour la justice, pas pour posséder des biens. Cet amour de la patrie est fortement ancré en nous. Les Algériens n’ont pas rallié brusquement un élan patriotique. Le peuple n’a fait que récupérer l’un de ses symboles. Le drapeau est le sien. Il ne s’est pas rallié à la bannière de l’Etat. Pas au symbole de la légitimité de l’Etat. Il a repris son bien conquis en 1962. S’il trouvait le moyen de se draper avec, de l’incruster dans sa peau, il le ferait. C’est pour cela d’ailleurs que toute cette fête ressemblait tellement à 1962, même si la plupart d’entre eux n’ont pas vécu 1962. Cette prise de conscience du peuple qu’il est un peuple, qu’il est « Le Peuple », a produit un élan énorme à tel point qu’avant même le pont aérien, les gens commençaient à envisager un déplacement par bus pour aller à Khartoum.

    Les gens se sont donc mobilisés spontanément, sans attendre la réaction de l’état…

    L’état a surfé sur la vague, il a pris le train en marche. Les appareils centraux de l’état sont parfaitement conscients de la nature de ce mouvement populaire. Ils savent pertinemment que ce n’est pas quelque chose de superficiel mais une impulsion profonde. Et cette communion dans la diversité pouvait déjà être observée depuis un certain temps dans les fêtes de mariage par exemple où vous ne pouvez plus trouver une fête sans « zwits rwits », sans raï, sans chaâbi, sans staïfi, sans chaoui, sans hawzi, sans heddaoui… C’est impossible ! C’est dans cette diversité que se reconnaît notre peuple. Alors, quand on vient nous dire que nous ne sommes pas des Arabes… Dezzou maâhoum ! Je ne suis pas seulement « moi », berbère ou je ne sais quoi, je suis « nous ». Pourtant, chacun est comme il est. Je suis Algérien précisément parce que je suis Oranais. En kabyle, ils disent : « ledzeyer thamurth ennegh ». Le Sétifien est d’autant plus Algérien qu’il est staïfi et reconnu comme tel. C’est parce que tu le reconnais comme staïfi que tu reconnais son identité particulière, que, finalement, tu le reconnais comme Algérien. N’ont été ébranlés dans cette polémique sur l’arabité ou la non-arabité de l’Algérie que ceux qui en ont fait un fonds de commerce.

    Justement, les commentateurs hostiles du pays du Nil ont largement insisté dans leur campagne sur un leitmotiv, à savoir que « l’Algérie n’est pas arabe ». A partir de là, on a vu diverses personnalités algériennes monter au créneau pour affirmer l’amazighité de l’Algérie…

    D’ailleurs, il faut saluer à ce propos la pertinente contribution de Kamel Bouchama et celles de beaucoup d’autres… Personnellement, les prémices de cette reconnaissance de soi-même, moi je l’ai datée des années quatre-vingts. Par la suite, elle s’est forgée à travers plusieurs facteurs. Et dans la conjoncture actuelle, elle est simplement révélée. Il y a donc un changement public des repères culturels.Le régime égyptien a joué son va-tout à l’occasion de ces matches. Quand on connaît la maîtrise qu’a l’Égypte des phénomènes de rue comme ils l’ont montré avec l’encadrement du mouvement « Kifaya » chaque fois qu’il fait une manif’, on ne va pas me raconter que des supporters ont échappé à leur contrôle. En tout cas, ils nous ont rendu service en posant le problème de l’identité algérienne. La réponse générale et unanime a été : « Nous ne sommes pas Arabes, et après ? » Autre acquis : aujourd’hui, il se dit publiquement qu’Orascom a bénéficié d’avantages excessifs. A l’époque, c’était un tabou. Pour moi, ce qui est important est que l’ensemble de mon peuple a pris conscience de soi dans sa diversité. Il est utile de relever qu’il a adopté ces jeunes joueurs de l’équipe nationale, et la dimension de notre diversité qu’ils représentent, sans s’occuper de leurs papiers. Ces joueurs qui nous ont brillamment montré que « Yes We Can ! ».

    Après le 18/11, pensez-vous qu’il y a quelque chose de fondamentalement changé, en définitive, au sein de la société algérienne ?

    Non, la société continuera comme elle est. Elle se sait capable de gagner malgré les insuffisances de ses dirigeants. La grande question est de savoir si le système politique qui contrôle tout, qui verrouille tout, va s’adapter et comment va-t-il évaluer sa propre survie et ses propres intérêts ? Comme sociologue, je ne dois pas émettre de jugements de valeurs…

    Cette crise algéro-égyptienne aura mis à nu par ailleurs la pauvreté du paysage audiovisuel algérien et l’incapacité structurelle de l’ENTV à promouvoir notre culture, notre façon de vivre, de parler…

    L’ENTV restera de toutes les façons obsolète. Elle aussi, elle vient de perdre 40% de son fonds de commerce basé sur une certaine arabité. Elle ne pourra plus faire de feuilletons à la manière de... Et les speakers de l’Unique ne pourront plus dire « kida ». Elle va être obligée de changer, pas par vertu, mais par nécessité, même si ses ressources ne dépendent pas de ses compétences.

    A contrario, on a vu de quoi nos jeunes sont capables sur Youtube et autres canaux Internet.

    N’avez-vous pas été épaté par leur fraîcheur, leur imagination débridée, leur créativité ?

    Il ne faut pas comparer l’incomparable. Ce génie créatif fait partie de notre société. Ceux qui considèrent cela comme de la culture « underground » se trompent. Ils sont underground par rapport à l’hégémonie culturelle de l’Etat, ils ne le sont pas pour nous. Si je dis à mon fils que cela, c’est de l’« underground », il va se moquer de moi et me dira « c’est toi qui n’es pas à la page ». C’est l’Etat qui a décrété une culture officielle, avec, à la clé, la négation des productions culturelles et intellectuelles qui ne rentrent pas dans son moule. L’ENTV vient de perdre 40 à 60% de son fonds de commerce, en termes de feuilletons, en termes de manière de parler, en termes de modèle… Elle va donc fatalement être obligée de se recycler.

  • #2
    Suite ...

    Certains ont parlé de regain de nationalisme en l’opposant à l’intégrisme. Partagez-vous cette lecture ?

    N’opposons pas nationalisme à intégrisme, du moins, pas dans ce cas de figure. Au plus fort de ces festivités, personne n’a dit à nos femmes et à nos filles « h’ram, rentrez à la maison », et les islamistes se sont retrouvés penauds. Nous avons vécu une immense allégresse qui avait un air… familial. Et cette même attitude a paralysé la famille révolutionnaire. Cela explique la stupéfaction muette de ces deux courants idéologiques. Par contre, ce qui m’a paru inquiétant, ce sont les dérives chauvines et les expressions de haine qui ont été encouragées. C’est une manière de dévier un courant qui, par ce qu’il recèle d’acceptation des autres, est porteur de tolérance, et ce, dans le but de le récupérer au profit des faux nationalismes qui, en appelant à l’exclusion de l’Autre, font le lit de l’exclusion de catégories de citoyens sous divers prétextes : culturels, sociaux ou religieux. Je rejoins totalement le point de vue exprimé par Mme Khaoula Taleb Ibrahimi, qui, dans vos colonnes, alerte sur les conséquences totalitaires des chauvinismes. Je vous encourage à le relire.

    Le surinvestissement sémantique, politique, émotionnel, d’un match de foot, n’est-il pas, dans une certaine mesure, inquiétant à votre avis en ce sens que la société algérienne semble avoir attendu un match de foot pour se débloquer ?

    Pas du tout. En dehors de l’affairisme qui touche le monde du football en Algérie, il faut dire que le sport est le secteur le moins contrôlé, parce qu’on croit que celui qui joue avec ses pieds ne sait pas user de sa jugeote. C’est qu’en règle générale, on tient le sport pour une activité apolitique, un champ neutralisé. Mais on prend quand même le soin d’en contrôler les structures et les affaires qu’elles génèrent. Le hasard a voulu que c’est par cet espace qu’est passé le prétexte. Vous savez, une étincelle d’allumette représente un joule en valeur énergétique. Mais cette petite allumette va allumer un bâton de dynamite qui va libérer 10 000 joules. A l’instar de l’allumette, le match n’est que le déclencheur. Le révélateur. Il ne faut pas confondre le révélateur et le révélé. Il a donné l’occasion à des choses qui étaient latentes de s’exprimer.

    Au préalable, et de longue date, il y a tout un travail qui a été fait en profondeur. Il est l’œuvre des artistes, des chanteurs, des syndicalistes, de petits trabendistes, des harraga, des émigrés qui ont réussi à l’étranger, et de toutes les composantes de notre société, dans toute leur diversité. S’il n’y avait pas eu tout cela, le combat de la Kabylie, le combat des journalistes, et toutes les autres luttes quotidiennes, la résistance populaire au terrorisme, avec leurs succès et leurs faillites, cet élan observé dernièrement n’aurait pas existé. La société algérienne n’est pas née le 18 novembre 2009. C’est tout ce mouvement souterrain qui constitue le soubassement de la société. S’il n’y avait pas eu toute cette énergie qui s’est exprimée de différentes façons, il n’y aurait pas eu cette liesse paroxystique. Maintenant, la balle est dans le camp du régime pour en tirer toutes les leçons…

    Par Mustapha Benfodil

    Commentaire


    • #3
      c

      aux imbeciles, on leur repond par le silence (egypte);
      Répondre au idiotie d'un pays qui compte des millions de pauvres, qui se battent pour acheter du pain.
      Un gouvernement qui croit sa supprematie et qui chaque jour craind son pere (israel).

      Commentaire


      • #4
        Dans le même registre !

        Le match qui a ébranlé l’Algérie
        En cette fin d’année 2009, aucun bilan ne saurait faire l’économie de la « campagne de Khartoum » qui mérite amplement la Palme de l’événement de l’année, et qui est parti pour marquer durablement de son empreinte l’histoire de notre pays. S’il ne s’agit objectivement que d’un « simple match de foot », force est pourtant de constater que son impact sur la société algérienne est très profond. Aussi nous a-t-il paru utile de revenir encore et encore sur les effets du match du 18 novembre pour en examiner les effets et en tirer tous les enseignements.

        C’est à n’en pas douter l’événement de cette année 2009. Celui qui aura suscité le plus de passion, d’agitation et de remous au sein de l’opinion. Oui, ce fameux match du 18/11. Depuis Khartoum, l’Algérie n’est plus tout à fait la même ; le pays tout entier semble planer sur un nuage. Et à voir le « boom » provoqué par le but de Antar Yahia qui a laissé battu (et abattu) l’excellent gardien Issam El Hadari, il nous paraît pertinent de revenir un peu sur les effets psychologiques et sociologiques de ce match. De mesurer son impact sur le moral de la nation en nous interrogeant sur la possibilité de pérenniser cet état de grâce et capitaliser l’exploit. En ce sens, des questions s’imposent : d’abord, un match de foot peut-il à ce point galvaniser une société, la soulever, la transformer en profondeur ? Le match du 18/11 est-il le début de quelque chose (l’Algérie qui gagne), la fin de quelque chose (la guigne, le deuil, le fatalisme) ? L’essai peut-il être durablement transformé ? Donner naissance à une société nouvelle qui croit en son destin et capable de se transcender pour appréhender l’avenir avec opiniâtreté et optimisme ?

        Une médaille pour les jeunes
        L’un des aspects qui auront fortement retenu l’attention à l’occasion de cette « campagne de Khartoum », c’est l’attitude des jeunes. Ainsi, ces mêmes jeunes dont beaucoup sont présentés comme des « nihilistes », des « loosers » et des « harraga en puissance » auront obtenu un 10/10 question patriotisme. Il ne serait pas juste, en effet, de diminuer leur rôle dans l’expédition soudanaise. Souvenons-nous qu’avant même la mise en place du « plan Khartoum » par le cabinet Bouteflika, les Algériens, fidèles à leur légendaire sens de la débrouille, commençaient déjà à se préparer. « L’Etat n’a fait que surfer sur la vague », fait remarquer à ce propos le sociologue Rachid Sidi Boumedine (lire interview). Il est vrai que les billets étaient largement subventionnés, mais il faut dire aussi que beaucoup n’attendaient pas de telles libéralités de la part de l’Etat pour agir. Certains n’hésitaient pas à vendre leur téléphone portable ou quelque autre effet de valeur pour pouvoir payer leur billet. Ce qu’il y a surtout lieu de relever, au demeurant, c’est que, loin de s’avouer vaincus le moins du monde après le but encaissé à la dernière minute du match du Caire, les jeunes ont eu un sursaut de fierté en montrant une farouche détermination à défendre l’honneur de l’EN au Soudan.

        Par-delà le fanatisme belliqueux des plus excités, choqués par les images des Lemmouchia, Halliche et autres Saïfi sauvagement agressés par une poignée de hooligans égyptiens, il faut s’attarder sur l’esprit qui animait ces aficionados. « Ce qui s’est passé dans ce match est quelque chose de profond. C’est une lame de fond. Les jeunes n’ont pas attendu l’Etat pour réagir. Ils se sont pris en charge. Leur message était : occupez-vous du match, nous, on s’occupe du reste », souligne Sidali Aoun, vieux militant syndicaliste. Il flottait comme un air libertaire, dans ces fols moments : « Les jeunes ont investi la rue en force en bravant les autorités. Ils ont chanté les chansons qu’ils voulaient en signifiant : ‘‘la rue est à nous’’. Ils avaient un rapport différent au drapeau. Leur drapeau à eux n’est pas le même drapeau que celui du pouvoir. Ce n’est pas le drapeau étatique, le drapeau des édifices publics et des cérémonies officielles.

        C’est le drapeau du cœur et de la dignité. C’est le drapeau du peuple », ajoute Sidali Aoun. Dans la foulée, les Algériens se découvraient de nouveaux sentiments, empreints de fraternité. « Le peuple entier est devenu une équipe nationale », résume le sociologue Rachid Sidi Boumedine. De leur côté, les femmes, habituellement en proie à la pire expression du machisme à l’algérienne, étaient soudain l’objet de marques de bienveillance fort touchantes de la part des « hitistes » d’Alger et d’ailleurs. Partout régnait une ambiance douceâtre, mélange d’euphorie psychédélique, de joie diffuse, et, de… oui, c’est cela, de fraternité. « Les Algériens se sont retrouvés en tant que ‘‘chaâb’’, en tant que peuple », dira R. Sidi Boumedine. En guise de bonus, ils ont même eu le sentiment d’avoir enfin un Etat. Un Etat qui les respecte et qui les écoute.

        « Zoudj msagher iremontiw el moral »Tout le monde l’aura constaté : le jour de l’agression contre notre équipe nationale, le 12 novembre, au JT de 20h, l’ENTV paraissait plus sonnée et désarçonnée que les joueurs. Tout le monde aura remarqué aussi que c’est Canal + et son journaliste Guillaume Pivot (devenu un héros national), qui a « vengé » l’honneur bafoué des Verts. Même topo face aux flots d’incivilités déversés par les plateaux du Nil où, là aussi, l’ENTV paraissait aussi tétanisée et embarrassée que le pouvoir politique – son tuteur et employeur – et l’ensemble de notre appareil diplomatique qui ne savait plus comment réagir ni quels mots choisir, avant de se murer dans un silence gêné ponctué de déclarations hasardeuses. Un fiasco colossal, donc, en matière de com’, même si la FAF peut se targuer d’avoir marqué des points en laissant le soin à Canal Plus et autre France 2 de répondre. Relevons aussi le rôle de l’italo-tunisienne Nesma TV et la franco-marocaine Medi 1 Sat dans la promotion de l’image des Verts en pleine campagne hystérique de Samir Zaher & Co.

        Au final, l’ENTV et ses clones auront brillé par leur incapacité à couvrir convenablement la crise multidimensionnelle entre Alger et Le Caire. Cette indigence ayant été abondamment déplorée, plusieurs voix se sont succédé pour appeler à l’ouverture du champ audiovisuel. En parallèle, et pour revenir au génie créatif de nos compatriotes qui s’est remarquablement signalé dans cette houleuse conjoncture, il y a tout lieu de saluer la qualité des contenus proposés via des canaux parallèles, et où nos « DZ Youtubeurs » et autres « facebookistes » inspirés ont rivalisé d’inventivité dans leurs répliques à Amr Adeeb et consorts. Certains d’entre eux sont même devenus des stars du Net, à l’instar de « Algerien Zenda » dont les messages vidéo sont soigneusement disséqués par les médias égyptiens. On a vu ainsi des amateurs faire sensation sur les sites de partage, avec une habileté étonnante, et un sens inné de la communication, simplement parce qu’ils s’expriment d’une façon naturelle et décomplexée.

        Citons, en l’occurrence, le « buzz » provoqué par deux jeunes à l’humour décapant et à la gestuelle inimitable. En l’espèce, leur vidéo postée sur Youtube sous le titre (éloquent) Zoudj msagher iremontiw el moral (littéralement : deux gamins vous remonteront le moral) est un morceau de bravoure. Certaines de leurs tirades sont déjà devenues cultes sur le web, comme cette boutade : « On n’est pas des Africains, on est des professionnels ». Cela résume toute le piquant, toute la saveur de notre culture, pour peu qu’elle soit libérée du carcan officiel. Cela donne également un infime aperçu des talents cachés dans nos chaumières, et des dizaines de Abdelkader Secteur qui attendent leurs quinze minutes de gloire, pour ne pas dire leur… Jamel Comedy Club.

        Si l’ENTV, comme l’a laissé entendre son staff, est prête à « boycotter » les « films massar » et autres « moussalssalate » égyptiens, elle ne peut se contenter de se rabattre sur les productions syriennes, jordaniennes ou khalidjia. Elle devrait plutôt songer à encourager et promouvoir la production algérienne, qu’il s’agisse de séries télé, de sitcoms, de films documentaires, de spots publicitaires ou de longs métrages. Il va sans dire qu’une telle production doit d’entrée se débarrasser des « ouzid bezyada el amr rahou fi ghayate el ahamiya » et autres billevesées de ce type confinant à l’aliénation linguistique. Bref, une tâche que l’ENTV ne peut de toute évidence assumer à elle seule, ce qui milite une nouvelle fois en faveur de la mise en place d’une véritable industrie de l’image.

        Commentaire


        • #5
          Suite ...

          Quand les Algériens (re)découvrent leur amazighité
          Autre « gain » ramené dans le vol Khartoum-Alger, en sus des trois précieux points du match : la fierté identitaire. Pour une fois, l’amazighité n’est pas embarquée dans la soute à bagages. Elle n’est pas un passager clandestin dans le moi caché de l’Algérien. Elle voyage même en première classe. Les contributions auront été nombreuses, avons-nous noté, qui vantaient nos origines berbères, ceci pour répondre aux polémistes égyptiens qui, dans leur stratégie de dénigrement, répétaient inlassablement que les Algériens sont des « barbares », et que nous n’avons d’arabe que notre appartenance à la… Ligue arabe. L’une des plus remarquées est celle de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et ancien ambassadeur, Kamel Bouchama. Sous un titre ouvertement ironique (« Ah, si le Pharaon ‘‘barbare’’, pardon le Berbère Sheshonq 1er, revenait ! »). K. Bouchama écrit : « J’ai en mémoire d’illustres chefs berbères dont le pharaon Sheshonq 1er, fondateur de la première dynastie berbère d’Egypte, en 945 avant J. C et les autres qui lui ont succédé, tel le pharaon Osorkon II qui régna de 874 à 850 av. J.-C ou Karomama, la reine berbère dont la statuette d’or, aujourd’hui conservée au musée du Louvre, compte parmi les chefs-d’œuvre de l’art égyptien.

          Il y avait d’autres souverains assurément aussi célèbres que ceux qui les ont précédés, dont Nitocris qui portait le titre prestigieux d’épouse d’Ammon et fille du pharaon Psammétique 1er qui régna de 664 à 710 avant J.-C ». Et de renchérir : « Savent-ils également ces intellectuels, ces poètes, ces écrivains, ces journalistes et ces artistes qui se mobilisent au moyen de l’insulte que les Koutama, des tribus berbères vivant au nord-est de l’Algérie, ont entrepris, sous la bannière fatimide, une expédition réussie en Egypte en 969, et transféré leur cour de Mahdia à Fustat qui deviendra le Caire ? » (In El Watan du 30 novembre 2009) Dans une autre tribune, le journaliste et opposant Arezki Aït Larbi écrit pour sa part : « Près d’un demi-siècle après l’Indépendance, l’équipe nationale remet la balle au centre. Après une glorieuse prestation sur un terrain de football, ce concentré d’une identité décomplexée qui revendique l’arabe, le berbère et le français et chante Zehouania, Matoub Lounès ou Diam’s, a isolé, dans la rue, les mercenaires de ‘‘l’anti-Algérie’’ autoproclamés gardiens exclusifs du temple national et de ses intérêts supérieurs » (Lire : « Assumer la rupture idéologique pour restaurer nos libertés » in El Watan du 12 décembre 2009)

          L’Algérie qui gagne…
          On l’a vu : l’Etat sait sortir le grand jeu quand la volonté politique est au rendez-vous. C’est ce que relève le sociologue Rachid Sidi Boumedine pour qui « la première chose que révèle le fait Oum Dourmane, c’est la réactivité du pouvoir quand il le veut ». Revenant sur l’extraordinaire « Opération Khartoum », le ministère de l’Intérieur parle de 10 313 supporters transportés au Soudan en trois jours grâce à un pont aérien impressionnant qui a mobilisé une cinquantaine de vols. En outre, 850 tentes, 82 tonnes de produits alimentaires, 90 000 bouteilles d’eau et 800 matelas, ont été transportés à Khartoum. « Bouteflika a deux choses à son actif : la carte militaire et le débarquement de Khartoum », concède un supporter qui était du voyage en se félicitant que l’Etat soit enfin en phase avec le peuple.

          Lors d’une cérémonie tenue à la Direction générale de la Protection civile deux jours après le triomphe de Khartoum, Zerhouni a eu ces mots : « Le peuple algérien est capable de réaliser des miracles dans les différents domaines. Nous sommes fiers de ce qui vient de se réaliser. Nous avons les moyens de reconstruire une Algérie moderne. Une Algérie qui gagne. » D’où, précisément, l’incompréhension des Algériens devant le décalage qui existe entre lesdits moyens et le potentiel humain et matériel dont jouit notre pays, d’un côté, et son indice de développement de l’autre. Il faut souligner par ailleurs que l’un des aspects du match Algérie-Egypte se situe sur le terrain des réformes démocratiques, les deux pays accusant de lourdes carences en matière de bonne gouvernance. « La ferveur qui entoure l’équipe nationale pour l’accompagner jusqu’à Johannesburg, ne doit pas être détournée à la gloire du régime par de subtiles manipulations de l’ombre. Depuis octobre 1988, jamais conjoncture n’a été aussi favorable pour (re)mettre le pays sur les rails de la démocratie », plaide Arezki Aït Larbi. Car, c’est sur ce terrain-là que se joue, en définitive, le grand match, le vrai match entre l’Algérie et l’Egypte. Entre l’Algérie et l’avenir : un match dont l’enjeu est la qualification à la… Modernité.

          Par Mustapha Benfodil

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          • #6
            Ils avaient un rapport différent au drapeau. Leur drapeau à eux n’est pas le même drapeau que celui du pouvoir. Ce n’est pas le drapeau étatique, le drapeau des édifices publics et des cérémonies officielles.
            Je fais miens ce propos.
            si on peut tromper beaucoup de monde quelque temps, ou tromper peu de monde longtemps, on ne peut tromper tout le monde tout le temps

            Commentaire


            • #7
              Les crispations identitaires mènent très vite au totalitarisme

              Les crispations identitaires mènent très vite au totalitarisme
              Khaoula Taleb Ibrahimi
              (Linguiste et professeur à l’université d’Alger)

              Comment comprendre la nouvelle expression du nationalisme, la division des élites, l’évolution des langages de la société ? Lors du colloque international sur « Le sujet en souffrance », organisé par l’Association pour l’aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie (SARP), dimanche et lundi derniers, Khaoula Taleb Ibrahimi s’est arrêtée un instant pour nous expliquer…


              – Vous qui pensez qu’on ne peut pas comprendre l’identité algérienne si on ne travaille pas sur la langue, comment interprétez-vous la surenchère du lexique nationaliste depuis les matchs de qualification à la Coupe du monde de football ?

              La langue est une des composantes de l’identité, mais elle ne la subsume pas. Elle est un élément fondamental car elle est le creuset des expressions d’une société. La richesse d’une société comme la nôtre est qu’elle possède plusieurs langues et que, par là même, son identité ne peut être que plurielle, non exclusive, ouverte à toutes ses expressions, dans chaque langue et dans les rencontres métisses de ces langues ; c’est dans ce sens que je suis avec beaucoup d’attention le travail de ces jeunes écrivains car eux, ils sont dans le métissage. Ils ont, du moins dans leur écriture, dépassé les clivages qui restent malheureusement prégnants parmi les élites. Pour répondre à votre question, je dirais qu’à travers la traduction chauvine et nationaliste de ce qui s’est passé autour du foot et du parcours de l’équipe nationale, il y a eu récupération politicienne par un pouvoir qui a surfé sur la vague car il a trouvé matière à faire perdurer ce discours de l’attachement fusionnel qui fait l’économie de réfléchir sur les problèmes d’anomie que vit cette jeunesse qui est sortie en masse pour fêter la victoire ! C’est comme cela que l’on se sert de la métaphore du novembrisme et de la geste révolutionnaire pour mieux reporter l’examen des problèmes cruciaux que vit cette société, et particulièrement la jeunesse ! Et la surenchère égyptienne, qui participe des mêmes ressorts idéologiques, était du pain béni pour le pouvoir pour promouvoir le discours nationaliste face à l’agression et à l’adversité. C’est toujours contre l’Autre que nous sommes les meilleurs ! L’enjeu majeur pour le pouvoir étant de se maintenir ; en ce sens, il n’y a aucune différence entre lui et le pouvoir égyptien.

              – Mais on ne peut pas nier que l’expression de cette identité algérienne s’est soudain exprimée très fort…

              Au-delà de l’aspect festif, je regarde tout cela avec beaucoup de circonspection. Pour qu’il y ait appropriation de l’identité algérienne, il faudrait que les élites fassent un travail sur elles-mêmes, comme le font par exemple les jeunes écrivains. Qu’elles acceptent la rencontre, le partage et la pluralité. Mais pour l’instant, le clivage entre francisants et arabisants parmi les élites persiste. En plus, toutes catégories confondues, elles semblent en sidération face aux mouvements des autres segments de la société, ce qui les amène parfois à développer un discours populiste qui n’a rien à envier à celui développé par le pouvoir. Elles s’abritent derrière l’image d’un peuple idéalisé sans se poser la question de leur responsabilité dans le maintien de cette appréhension « majoritaire », comme dirait Djamel Guerid dans son ouvrage paru en 2007, L’exception algérienne - La modernisation à l’épreuve de la société, des questions fondamentales qui agitent cette société.

              – Pensez-vous que la division de l’élite entre francisants et arabisants soit toujours d’actualité ? Est-ce qu’une nouvelle élite arabisante plus affirmée n’est pas en train de se constituer ?

              Je constate que les arabisants font l’effort d’aller vers l’autre formation intellectuelle. L’inverse n’est pas forcément vrai. Pour ne citer qu’un exemple, les enseignants du département d’arabe de l’université d’Alger sont intervenus plusieurs fois au département de français. A une exception près, les enseignants de français n’ont pas eu la même démarche, y compris pour les jeunes enseignants (là aussi, à une exception près !). Le problème, c’est que tous nos étudiants ont été scolarisés en arabe. Or après la licence – pour ce qui concerne les étudiants en sciences humaines et sociales incluant les sciences du langage – on leur explique qu’ils ne pourront pas réussir leurs études en post-graduation s’ils ne possèdent pas une langue étrangère, en l’occurrence le français, vu sa place dans la configuration sociolinguistique de notre pays, une langue qu’ils ne maîtrisent pas. De là vient leur sentiment de subir une sélection qui ne dit pas son nom. Au lieu de faire de la langue arabe un outil d’ouverture et le vecteur d’une modernisation endogène, on a massacré son enseignement et on a renforcé l’image d’une langue porteuse de tous les archaïsmes et prisonnière de l’intégrisme. Alors même que ce qui alimente le malaise et le mal-être des Algériens, c’est la présence de plusieurs intégrismes linguistiques et culturels qui les enferment dans le ressentiment et la détestation de soi impuissante à faire la paix entre le même et l’autre. Or cette paix est nécessaire dans la construction d’un moi apaisé qui puisse accéder au statut du sujet citoyen capable de participer à la résolution des problèmes du présent et d’envisager avec responsabilité les défis du futur ! Et je ne parle pas des ravages pour la formation des élites scientifiques et techniques qu’induit le passage d’un enseignement arabisé dans l’enseignement de base à celui du supérieur, essentiellement dispensé en français !

              – Revenons à la crise Algérie-Egypte. Pensez-vous que, par médias interposés, elle ait permis de faire tomber le tabou sur l’arabité ?

              Oui, je pense que cette crise a permis de sortir d’un cercle vicieux, celui qui consiste à dire « nous sommes Arabes » au détriment de toutes les autres dimensions de l’identité algérienne. Mais cela risque de ne pas durer dans le sens où les intégrismes culturels proprement algériens sont encore à l’œuvre. Il faudrait que de véritables débats aient lieu et que les Algériens acceptent de se parler et se regarder au miroir de leurs propres contradictions. La crise devrait ouvrir les yeux sur la nécessité de sortir du chauvinisme et du nationalisme étroit. Du chauvinisme sportif mais aussi de toutes les formes de chauvinisme et de fétichisation de notre identité, et surtout des discours du type « nous sommes Berbères oui mais tous ceux qui ne parlent pas le berbère ne le sont pas ». Elle devrait nous permettre de nous « repenser », de nous accepter tels que nous sommes avec nos différences ; la peur de l’Autre proche et lointain a été lourde de menaces pour tous ! Les crispations identitaires mènent très vite au totalitarisme.

              – Trouvez-vous que les institutions politiques, économiques et médiatiques parlent le même langage que la société ?

              Non et c’est un grand problème. Le monde du travail, par exemple, ne parle pas et ne travaille pas avec la langue du système de formation de base.
              L’université voudrait privilégier l’ouverture sur le savoir universel, mais elle se trouve confrontée à la prégnance de visions du monde fortement marquées par le discours magique et incantatoire ! Les hiatus se superposent les uns aux autres et on ne parvient pas à sortir de ces clivages. Et le silence des autorités sur cette question est éloquent. Elles se réfugient derrière le marché et sa prétendue capacité à réguler les conflits, mais celui-ci a un coût social énorme ! Le cas de la presse est un peu particulier. Je trouve assez affolantes ces résurgences d’archaïsmes dans la presse arabophone, cette façon d’aller à l’encontre de l’acceptation des différences. Son discours identitaire est presque figé. Mais paradoxalement, en faisant dans le sensationnel, elle met à nu des maux de la société et des tabous comme l’inceste, que l’on trouve moins traité dans la presse francophone mais auxquels la presse arabophone n’oppose qu’un discours moralisant empruntant au prêche religieux l’essentiel de son argumentaire. En revanche, celle-ci, la francophone s’entend, semble plus à l’écoute de ce que produit la société en matière de culture. On peut regretter que notre presse soit plus une presse d’opinion qu’une presse d’investigation qui suive les mouvements et les évolutions de la société.

              – Dans le langage de tous les jours, vous relevez que les modes d’interpellation changent au fil du temps. Qu’aujourd’hui, les jeunes disent « chriki » pour s’interpeller. Ces changements sont-ils pour autant le signe d’une évolution de la société ?

              Les modes d’interpellation se modulent en fonction des relations entre les individus et changent d’une période à une autre. Une appellation ne remplace pas l’autre, elles se superposent et se retrouvent, de nos jours, toutes utilisées et modulées en fonction des circonstances de l’énonciation. Autrement dit, dans cette société perdurent les normes de l’ordre ancien, familial, tribal mais aussi à un moment, celui de la pratique religieuse ostentatoire et puis celui de l’ordre nouveau, qui s’insère davantage dans le monde de la transaction commerciale, norme dominante des échanges à l’heure actuelle. Le commerce est licite, donc nous sommes tous des commerçants. L’Algérie est devenue un grand bazar !

              http://www.elwatan.com/Les-crispations-identitaires
              "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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              • #8
                Ils avaient un rapport différent au drapeau. Leur drapeau à eux n’est pas le même drapeau que celui du pouvoir. Ce n’est pas le drapeau étatique, le drapeau des édifices publics et des cérémonies officielles.
                Ce passage, résume à lui seul tout l'article !

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