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Sénégal 2009 : Lettre de Marrakech

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  • Sénégal 2009 : Lettre de Marrakech

    Alleluia ! Marrakech m’inspire sur le Sénégal: venu ici à l’invitation d’un cabinet international pour participer à une rencontre africaine, j’y ai trouvé la raison principale qui me pousse à retenir la date du 22 Mars 2009 comme le moment clé sur la liste des événements intervenus dans notre pays pendant l’année qui se termine...

    C’est qu’en ce mois de décembre, Marrakech, l’ensorceleuse, revendique le statut de coeur battant d’une Afrique en mouvement. Tel est le slogan d’Africités, la réunion la plus importante des collectivités locales africaines, qui se tient une fois tous les trois ans, et dont elle a accueillie, du 16 au 20 décembre, la 5ème édition.

    Près de cinq mille personnes, y compris de nombreux acteurs, à la base, du développement continental, se sont retrouvées dans cette localité touristique du Sud marocain lui offrant, du coup, une belle occasion de déployer ses atours architecturaux magnifiques. Et d’exhiber aussi son glorieux passé, sujet sur lequel ses habitants sont incollables. Jusqu’à une date récente, vous diront-ils, le Royaume Chérifien n’était connu qu’en tant que Royaume de Marrakech. Les souvenirs de ce passé sont encore là. En béton. Le plus visible est la mosquée Koutoubia construite au 12e siècle.

    Elle trône dans la Médina, non loin de la Mamounia, cet hôtel-restaurant féerique où sont passés vedettes et hommes publics influents de toute la planète pour profiter de ses alcôves et humer les fleurs de son jardin paradisiaque. Un peu plus bas, la place Jamaa El Fana a acquis une réputation mondiale. Spécialistes du tatouage, charmeurs de serpents, vendeurs d’objets d’arts et touristes du monde entier s’y bousculent, par milliers, dans une atmosphère de souk... Alentour, la ville de Marrakech déroule ses bâtisses superbes.

    Alignées de part et d’autre de routes bordées par des arbres finement taillés, elles symbolisent la symbiose entre modernisme et tradition qui sont les deux marques combinées de la cité. Des fleurs, plantées partout, semblent lui donner l’image d’un jardin grandeur nature. Leur vert tranche avec la couleur ocre des bâtiments qui justifie l’autre appellation de Marrakech -la ville rouge.

    En revisitant son passé, on découvre qu’elle fut aussi le bastion de célèbres dynasties, dont celle des almoravides, que les potaches sénégalais ont appris à connaître sur les bancs de l’école. Entre le 7e et le 12e siècle, l’influence marocaine transcendait alors la méditerranée pour atteindre l’Espagne tout en plongeant ses valeurs, au sud, jusqu’en Mauritanie.

    Mais en cette fin d’année, le froid glacial qui souffle sur la ville, adossée aux montagnes enneigées de l’Atlas, a vite fait de ramener le curieux à la réalité. Exit le passé et ‘marhaba’ à ce présent coloré. Avec ses hôtels multiples étoiles, son ciel bas et gris, ses palmiers et orangers, ses senteurs, et, pour tout dire, cet optimisme qui se dégage de partout, Marrakech a décidément de quoi inspirer le visiteur.

    Je n’ai donc pas échappé à cette muse si prégnante. En foulant le tarmac de Marrakech-Menara, deuxième aéroport du pays, j’ai tout de suite été baigné par un sentiment d’espoir. Ici, c’est une Afrique optimiste et fière d’elle même qui s’offre à la vue et vous force à mettre de côté le scepticisme que tout africain nourrit en cette année de crise finissante.
    Avec Marrakech, ville moderne solidement ancrée dans ses traditions, le rêve devient possible.

    On se surprend vite à admirer son modèle de développement. Il est la résultante d’une rigueur et d’une vision impulsées par un leadership impérial qui rend un tantinet jaloux le dignitaire d’une ville sénégalaise de l’intérieur qui est l’un des animateurs d’Africités...” Certaines réalisations ne sont pas possibles dans des démocraties désordonnées”, soupire-t-il. On ne peut qu’acquiescer. Surtout que cette ville qui n’a rien à envier aux plus développées du monde entraîne le visiteur dans un climat favorable lui faisant oublier temporairement les malheurs de l’Afrique.

    Comme ces dérives monarchiques ou la transmission généalogiques du pouvoir observées çà et là qui guettent jusqu’à notre vieille terre du Sénégal. Magie de Marrakech ? J’ai même cessé de penser à cette tentation militaire renaissante, en particulier en Afrique de l’Ouest, du fait de soldats attirés par les délices des palais nationaux mais soutenus par des consultants étatiques qui les aident à troquer le treillis avec un costume civil en organisant des élections préfabriquées.

    Trêve de Noël oblige! L’envie de faire le vide permet de ne pas avoir à penser encore à cet état criminalisé et corrupteur qui se manifeste un peu partout sur le continent, notamment dans le cas Segura...C’est aussi un bon prétexte pour se détourner des pitreries tragiques dues à des dirigeants moribonds; des conséquences de la paupérisation des masses, de la faillite des élites intellectuelles et de celle des chefs, religieux ou civils ; ou encore du délitement des Etats africains désorientés....

    Tête enfouie dans le sable, je savoure ces moments d’insouciance. Jusqu’à ce que, soudain, Marrakech me projette vers cette date magique que je cherchais, pour faire la jonction. Elle me renvoie à Mars. Au 22 Mars 2009. A ce jour d’espoir. Ce jour où le peuple Sénégalais, calmement, est allé aux urnes pour marquer un coup d’arrêt à la tentation monarchique qu’un autocrate semblait, semble toujours ?, vouloir imposer à un pays dont toute la biologie, son ADN, est irriguée par un sang républicain, et qui se veut fougueusement laïc, à juste titre...

    Marrakech inspire. Elle rime avec muse. Comment rester insensible face à la beauté de cette ville bâtie avec des matériaux locaux? Ou ne pas être impressionné par la discipline de ses habitants, comme le prouve la réussite totale de l’organisation d’Africités ? Marrakech incarne, à sa manière, le symbole d’un continent où l’afro-optimisme n’est pas que théorique. Il est possible.

    Dans cette ville, j’ai perçu un continent capable de s’inventer un nouveau futur. Dieu soit loué, cette vérité s’applique aussi au Sénégal. Car vu d’ici, malgré ses difficultés actuelles, cet autre destin pour notre pays s’est présenté à moi, même si ce n’était que dans un rêve éveillé. J’ai crû sentir, qu’enfin, le renouvellement de sa classe dirigeante, en particulier au niveau des collectivités locales, a déjà commencé.

    Plusieurs maires de ses villes, grandes, moyennes et petites, étaient de la partie. Certains d’entre eux –pêché de jeunesse?- sont certes un peu arrogants, mais la plupart sont ouverts, curieux, et semblent être décidés à faire la différence. En les voyant, j’ai compris ce que le 22 Mars 2009 représente: un mouvement décisif qui, par césarienne, a ouvert les vannes d’une nomenclature politique longtemps frappée de gérontocratie.

    Il a porté à des postes de responsabilités locales, avant qu’ils n’atteignent ceux de niveau national, des jeunes, hommes et femmes, qui, naguère, n’auraient jamais eu voix au chapitre. En entendant certains de ces élus locaux poser des questions pertinentes, pragmatiques, au panel que j’ai animé, en présence de Jerry Rawlings, l’ancien Président du Ghana, et de Fathallah Oualalou, Maire de Rabat, j’ai compris que l’espoir n’était pas impossible au Sénégal. Mais, en retenant la date du 22 Mars je ne fais qu’un pari audacieux. Celui de l’espoir. Pour qu’il devienne réalité, du moins pour ce qui concerne le Sénégal, il importe de changer le terme de l’alternative shakespearienne. Etre ou ne pas être doit céder la place à s’engager ou ne pas s’engager. C’est la condition essentielle pour que le 22 Mars ne soit pas suivie d’une déception.

    Dans cette perspective, il faudrait que les forces sociales qui se sont réveillées le 22 Mars soient plus vigilantes. Elles doivent insister pour que les acteurs publics, ceux qui se posent en promoteurs d’un vrai changement, pratiquent ce qu’ils ont si bruyamment prêché pour obtenir la confiance des électeurs.

    A savoir une meilleure gouvernance, une plus grande proximité avec les populations, une quête inlassable de solutions innovantes et consensuelles aux problèmes locaux et nationaux, bref une attitude plus respectueuse vis-à-vis du peuple citoyen qui attend des résultats tangibles. Les faux-pas imputés à certains élus de l’opposition, notamment les accusations de détournements de deniers publics, ne peuvent dès lors que rendre flou le débat, pour le ramener autour de la formule classique, le ‘tous pourris’. Le devoir de vigilance ne peut se limiter à la surveillance d’un seul bord politique, la confiance n’excluant pas le contrôle de tous…

    Pour conclure mon rêve en carte postale de Marrakech, j’ai pensé que les Sénégalais de la diaspora ne doivent plus se contenter d’être de simples contributeurs financiers au service de leurs familles et de l’Etat. Jamais leur droit de participer à la reconfiguration nationale, au moment où la classe dirigeante est entrain de se renouveler, ne m’a semblé, vu d’ici, plus légitime.


    lequotidien.sn
    "La mathématique est la reine des Sciences, mais la théorie des nombres est la reine des sciences mathématiques."

  • #2
    C'est clair.
    Marrakech est une des fièrté du Maroc. Moi qui suis fassi il m'a fallu du temps pour réellement me l'avouer, et dépasser la vielle querelle Fès/Marrakech.
    On y sent le poids de l'Histoire et les promesse de l'avenir.
    Je suis sur que le but d'Africités était de marquer le nom de Marrakech et du Maroc dans l'Afrique.

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    • #3
      cette ville l'a ensorcelé,ca saute aux yeux.

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      • #4
        rodmaroc
        cette ville l'a ensorcelé,ca saute aux yeux.

        Dans une manifestation clairement destinée aux collectivités locales africaines, il a pu se rendre compte des belles réalisations que compte cette ville.

        J'avais lu justement un article où ils parlaient des villes en Afrique et du manque cruel d'organisation du continent mis à part au Maghreb où il y a une tradition de l'organisation urbaine plus ancienne.

        Marrakech a aussi comme atout pour un Sénégalais d'être aussi très "africaine" et européenne.

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        • #5
          Jolie Marrakech !
          "La mathématique est la reine des Sciences, mais la théorie des nombres est la reine des sciences mathématiques."

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