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Pourquoi les SDF allemands ne meurent pas de froid

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    Il faut sonner pour entrer, dit l'homme dégingandé derrière la porte en verre. C'est un long couloir clair au rez-de-chaussée de la gare Ostbahnhof de Berlin. Sept hommes, barbes grises et casquettes, sont là autour des tables, on parle fort en jouant aux cartes, on s'échauffe autour de la cafetière.

    Maria, lunettes rondes, sourire joyeux et chevelure blonde, intervient. Avec son gilet bleu siglé de l'organisme catholique Caritas, elle dirige la Bahnhof Mission en cette fin d'année brumeuse. «Il y a tellement à faire, en plus une bénévole est malade, il faut que je trouve une remplaçante !» Auprès d'elle, une jeune fille aux boucles rousses va chercher les paniers de biscuits et les dépose sur les dessertes près de l'entrée. Un sapin de Noël décore le lieu : dans ce coin de la gare, c'est l'évêché de Berlin qui prend en charge l'aide aux personnes démunies.

    À l'origine, les missions présentes dans les gares avaient pour but d'aider les voyageurs perdus ou en situation délicate. Mais l'hiver, elles s'occupent d'abord des sans-abri qui viennent chercher là chaleur et réconfort. Répartie dans toute l'Allemagne, ouverte toute l'année 24 heures sur 24, la centaine de Bahnhof Mission est un maillage essentiel de l'aide apportée aux SDF.

    Dès octobre, les communes, la police fédérale, les organismes caritatifs et la compagnie nationale des chemins de fer mettent en place les procédures à suivre en cas de grand froid. En particulier l'ouverture des gares, afin de garantir à tous un abri minimal lorsqu'il gèle dehors, notamment pour tous ceux qui refusent l'hébergement d'urgence : «Ceux qui ont passé plusieurs hivers dehors ne veulent plus venir», explique Michael Grosse, qui dirige à Berlin la Stadtmission, un centre d'hébergement d'urgence près de la gare centrale.

    Jusqu'à 120 personnes peuvent passer la nuit ici : «Tous ceux qui se présentent sont acceptés.» Une politique qui évite les drames : entre dix et quinze sans-abri meurent en Allemagne chaque année. En France, ce sont 353 personnes qui ont succombé dehors aux rigueurs de l'hiver depuis le 1er janvier 2009, selon le bilan du collectif Morts de la rue publié le 29 décembre.

    Pour ceux qui refusent l'hébergement, des cafés de nuit existent dans toutes les villes, plus d'une trentaine rien que dans la capitale. Ils acceptent souvent les chiens, seuls compagnons des SDF. Certains sont exclusivement réservés aux femmes, qui représentent désormais un quart des sans-domicile-fixe. Les bus maraudent dans les grandes villes pour apporter boissons chaudes et sacs de couchage à ceux qui veulent rester dehors. Le but avoué, c'est que personne ne meure de froid en Allemagne.

    Un million de travailleurs sociaux

    Des installations qui coûtent cher, mais qui sont professionnalisées outre-Rhin. Maria, par exemple, est salariée de Caritas, et sa stagiaire accomplit son année de service civil. Cette organisation est possible grâce à une disposition de la loi allemande qui oblige tous les contribuables déclarant appartenir à une religion à payer un impôt à leur Église. Représentant environ 8% de l'impôt sur le revenu, cette somme - 4,198 milliards d'euros pour les catholiques et 3,689 milliards pour les protestants en 2007 - est redistribuée aux Églises dans le cadre du concordat. En contrepartie, elles doivent prendre à leur charge des missions d'intérêt général. Caritas et Diakonie font travailler respectivement 600.000 et 400.000 personnes à temps plein ou partiel.

    Ces moyens permettent un meilleur suivi des sans-abri, dont on estime le nombre à environ 400.000 en Allemagne, à peu près comme en France. Notamment pour démarcher l'aide sociale, car ici, c'est l'État qui paye directement le loyer des personnes dans le besoin. Et ce, même pour les appartements du secteur privé, contrairement à la situation en France.

    La politique volontariste de l'État porte ses fruits : en Rhénanie du Nord-Westphalie, seule région où existent des statistiques précises, le nombre de SDF est passé de 65.000 en 1980 à 26.000 en 2000.

    Par le Figaro
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