«Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire.»
G. Orwell
Ghaza se meurt ! Ghaza est morte ! pourrait-on dire après les crimes sans nom de l’opération Plomb durci et les crimes au quotidien dus à la mort lente de l’espoir d’un peuple oublié de Dieu et des hommes. Le dialogue suivant d’un enfant Omar avec sa tante Aïcha nous peint d’une façon saisissante le traumatisme de l’enfant et surtout son désespoir et sa perte de confiance. Ecoutons-le nous interpeller tous autant que nous sommes, bien installés dans nos certitudes, nos conforts et surtout notre indifférence : «Explique-moi encore pourquoi ils nous ont bombardés alors que j’étais en train de jouer devant la maison avec Yasser et Nada? Tu sais, ils me manquent trop... maman aussi...tu me dis toujours qu’ils sont au Paradis mais...Pourquoi nous ne sommes pas partis avec eux? Je serais en train de jouer avec eux, et maman me ferait encore le gâteau que j’aimais trop...»(1)
«Tu pleures tante Aïcha? ! Tu vois, toi aussi tu pleures alors que tu me dis toujours de ne pas pleurer ! Tu sais, toi aussi tu as bien le droit de pleurer ! Yasser et Muhammad, ton mari et ton fils, tu les aimais, alors c’est normal que toi aussi tu pleures ! Moi, c’est surtout la nuit que j’ai du chagrin ! Comme la terrible nuit avec maman, tu sais quand les bombes sont tombées sur notre maison et l’ont détruite. Maman avait du sang sur la tête et je croyais qu’elle dormait... Je me suis allongé à côté d’elle parce que j’avais peur ! On a dormi trois nuits comme ça ! J’avais peur de me lever et de laisser maman toute seule, elle avait froid, très froid...Tu pleures encore tante Aïcha?...Après des gens sont venus nous aider...et ils ont amené maman au Paradis. Elle te manque aussi maman, pas vrai?»(1)
«Dis tante, j’ai faim, j’aimerais bien du beurre sur mon pain et du chocolat dans mon lait, oui...oui...oui...je sais tu me l’as déjà répété mille fois...les Israéliens empêchent la nourriture d’entrer à Ghaza !!! On pourra enfin quitter cette tente où il fait très froid ; j’en ai marre de la pluie qui rentre partout ! (...) Mais ça fait déjà des mois que tu me racontes la même chose ! Dis-moi, pourquoi les Israéliens n’aiment pas les enfants palestiniens? Pourquoi ils détruisent leurs maisons? Pourquoi ils tuent leur maman et leurs frères et ne laissent pas entrer les jouets et le chocolat? Et puis tu es toujours en train de me dire qu’il y a beaucoup de gens, des musulmans et des chrétiens qui vont venir nous aider ! Où sont-ils tous ces gens dont tu parles mais que je ne vois pas? Ils ne sont pas aussi nombreux que les Israéliens?»(1)
De fait, et malgré toutes les tentatives sporadiques d’ONG pour attirer l’attention, Ghaza se meurt. Un an après l’opération «Plomb durci», qui fit près de 1400 morts côté palestinien, seize ONG accusent la communauté internationale d’avoir «trahi» les habitants de la Bande de Ghaza. Pourtant, le blocus israélien a perduré, ce qui a «empêché» la reconstruction et les réparations nécessaires, dénoncent les ONG. Ces organisations, parmi lesquelles Oxfam International, le Ccfd-Terre solidaire et Amnesty International France, rappellent que plus de 2,8 milliards d’euros d’aides avaient été annoncés en faveur du territoire laissé exsangue par trois semaines de bombardements, qui firent 600.000 tonnes de décombres. Mais «seule une faible partie des sommes engagées ont été dépensées. Les biens et équipements destinés à la reconstruction croupissent dans des entrepôts en dehors de Ghaza et la région est toujours en ruines (...). Seuls quarante et un chargements de matériaux de construction ont été autorisés à entrer depuis, alors qu’il en faudrait des milliers.» (2)
« Les conséquences, recensées par l’ONU et les ONG déployées sur le terrain, sont multiples : cet été, vingt mille personnes vivaient toujours loin de chez elles ; 90% des Ghazaouis subissent des coupures de courant quatre à huit heures par jour, ainsi que des coupures d’eau, dont seulement 5 à 10% est potable ; les destructions dans les entreprises ont intensifié le chômage, qui a atteint 40% ; près de la moitié des terres agricoles ont été rendues inexploitables par le passage des blindés israéliens et l’extension de la zone-tampon à la frontière avec Israël ; le fonctionnement des secteurs-clés de la santé et de l’éducation demeure très perturbé. (...) Le blocus, commencé en juin 2007, «a fortement aggravé la pauvreté, contribuant à rendre 80% de la population dépendants de l’aide internationale», ajoutent-elles. Le blocus imposé par Israël depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2007 dans ce territoire palestinien viole la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, qui interdit les «punitions collectives», selon elles. Elles terminent par un «appel à l’action», notamment à destination de l’Union européenne, pour obtenir la levée du blocus.(2)
La duplicité de l’Egypte
«Ghaza ne peut pas continuer, déclare le président Sarkozy, à être la plus grande prison à ciel ouvert du monde ! Mais pour cela, il faut que soit mis un terme au trafic illégal des armes. La lutte contre la contrebande d’armes à destination de Ghaza est un élément essentiel de la consolidation de la paix et je veux saluer l’action de l’Egypte dans ce domaine. L’Europe et les Etats-Unis ont d’ailleurs dit au gouvernement égyptien leur disponibilité pour apporter un soutien.» Effet immédiat après le massacre : les vedettes françaises - par un phénomène d’ingérence intolérable - déclarent de facto «la guerre au Hamas» en lui interdisant de se battre.(3)
L’histoire ne s’arrête pas là. Pour le camp occidental, il faut aider l’Egypte - qui a empêché pendant les massacres israéliens les ambulances transportant des blessés de pénétrer en Egypte - à étrangler de son côté définitivement le Hamas. Comment? Le chef des services de renseignements militaires français, Benoît Bougier a visité le site de construction du mur d’acier de Ghaza, sur la zone frontalière entre l’Égypte et la Bande de Ghaza, afin de réduire le phénomène des tunnels.
Au cours de sa visite, il a rencontré des officiers français qui participent avec des militaires égyptiens à la supervision de la construction de la paroi de fer longeant l’axe de Salaheddine afin de fermer les tunnels de passage des marchandises le long de la frontière entre la Bande de Ghaza et l’Egypte. Il a rencontré, avant son arrivée dans la zone frontalière, les responsables de la direction américaine, créée spécifiquement pour suivre et superviser le processus de fermeture des tunnels basée à l’ambassade américaine au Caire. Le chef des services de renseignements militaires français s’est aussi réuni avec la direction exécutive du projet basée dans la ville égyptienne d’El Arish, avant d’atteindre la frontière pour voir par lui-même les grues égyptiennes géantes creuser et incruster des plaques géantes d’acier de 50 cm d’épaisseur à 18 mètres de profondeur dans lesquelles les officiers, français et américains ont installés des capteurs hypersensibles ayant pour mission de signaler toute tentative d’infiltration souterraine.(4)
Karim Mohsen du journal L’Expression résume assez bien la duplicité de l’Egypte. Ecoutons-le : Aide internationale aux Palestiniens bloquée, et cerise noire sur le gâteau, pour ainsi dire, construction d’un nouveau mur de la honte entre l’Egypte et la Bande de Ghaza, après celui de Cisjordanie construit par Israël. Comment les Egyptiens en sont-ils arrivés là et à justifier un tel forfait envers leurs «frères arabes» palestiniens? (...) La Bande de Ghaza sous strict isolement israélien, depuis près de trois ans, n’avait certes pas besoin de ce surcroît d’épreuves créées par l’Egypte qui participe ainsi à ce blocus. Après avoir tenté de démentir, Le Caire a dû reconnaître implicitement par la voix de son chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit - qui expliquait que son pays «avait le droit de contrôler sa frontière». L’Egypte, devenue alliée stratégique d’Israël, participe ainsi activement de son côté à l’étranglement de la population de Ghaza pour la contraindre à se soumettre à Israël. Ne s’arrêtant pas là, Le Caire a bloqué en sus, un convoi d’aides - européennes, turques et arabes avec de la nourriture et du matériel médical - arrivé mercredi en Jordanie en provenance de Syrie et se dirigeant vers le port jordanien d’Aqaba, constitué de 250 camions de vivres destinés à la population de la Bande de Ghaza.(...)(5)
G. Orwell
Ghaza se meurt ! Ghaza est morte ! pourrait-on dire après les crimes sans nom de l’opération Plomb durci et les crimes au quotidien dus à la mort lente de l’espoir d’un peuple oublié de Dieu et des hommes. Le dialogue suivant d’un enfant Omar avec sa tante Aïcha nous peint d’une façon saisissante le traumatisme de l’enfant et surtout son désespoir et sa perte de confiance. Ecoutons-le nous interpeller tous autant que nous sommes, bien installés dans nos certitudes, nos conforts et surtout notre indifférence : «Explique-moi encore pourquoi ils nous ont bombardés alors que j’étais en train de jouer devant la maison avec Yasser et Nada? Tu sais, ils me manquent trop... maman aussi...tu me dis toujours qu’ils sont au Paradis mais...Pourquoi nous ne sommes pas partis avec eux? Je serais en train de jouer avec eux, et maman me ferait encore le gâteau que j’aimais trop...»(1)
«Tu pleures tante Aïcha? ! Tu vois, toi aussi tu pleures alors que tu me dis toujours de ne pas pleurer ! Tu sais, toi aussi tu as bien le droit de pleurer ! Yasser et Muhammad, ton mari et ton fils, tu les aimais, alors c’est normal que toi aussi tu pleures ! Moi, c’est surtout la nuit que j’ai du chagrin ! Comme la terrible nuit avec maman, tu sais quand les bombes sont tombées sur notre maison et l’ont détruite. Maman avait du sang sur la tête et je croyais qu’elle dormait... Je me suis allongé à côté d’elle parce que j’avais peur ! On a dormi trois nuits comme ça ! J’avais peur de me lever et de laisser maman toute seule, elle avait froid, très froid...Tu pleures encore tante Aïcha?...Après des gens sont venus nous aider...et ils ont amené maman au Paradis. Elle te manque aussi maman, pas vrai?»(1)
«Dis tante, j’ai faim, j’aimerais bien du beurre sur mon pain et du chocolat dans mon lait, oui...oui...oui...je sais tu me l’as déjà répété mille fois...les Israéliens empêchent la nourriture d’entrer à Ghaza !!! On pourra enfin quitter cette tente où il fait très froid ; j’en ai marre de la pluie qui rentre partout ! (...) Mais ça fait déjà des mois que tu me racontes la même chose ! Dis-moi, pourquoi les Israéliens n’aiment pas les enfants palestiniens? Pourquoi ils détruisent leurs maisons? Pourquoi ils tuent leur maman et leurs frères et ne laissent pas entrer les jouets et le chocolat? Et puis tu es toujours en train de me dire qu’il y a beaucoup de gens, des musulmans et des chrétiens qui vont venir nous aider ! Où sont-ils tous ces gens dont tu parles mais que je ne vois pas? Ils ne sont pas aussi nombreux que les Israéliens?»(1)
De fait, et malgré toutes les tentatives sporadiques d’ONG pour attirer l’attention, Ghaza se meurt. Un an après l’opération «Plomb durci», qui fit près de 1400 morts côté palestinien, seize ONG accusent la communauté internationale d’avoir «trahi» les habitants de la Bande de Ghaza. Pourtant, le blocus israélien a perduré, ce qui a «empêché» la reconstruction et les réparations nécessaires, dénoncent les ONG. Ces organisations, parmi lesquelles Oxfam International, le Ccfd-Terre solidaire et Amnesty International France, rappellent que plus de 2,8 milliards d’euros d’aides avaient été annoncés en faveur du territoire laissé exsangue par trois semaines de bombardements, qui firent 600.000 tonnes de décombres. Mais «seule une faible partie des sommes engagées ont été dépensées. Les biens et équipements destinés à la reconstruction croupissent dans des entrepôts en dehors de Ghaza et la région est toujours en ruines (...). Seuls quarante et un chargements de matériaux de construction ont été autorisés à entrer depuis, alors qu’il en faudrait des milliers.» (2)
« Les conséquences, recensées par l’ONU et les ONG déployées sur le terrain, sont multiples : cet été, vingt mille personnes vivaient toujours loin de chez elles ; 90% des Ghazaouis subissent des coupures de courant quatre à huit heures par jour, ainsi que des coupures d’eau, dont seulement 5 à 10% est potable ; les destructions dans les entreprises ont intensifié le chômage, qui a atteint 40% ; près de la moitié des terres agricoles ont été rendues inexploitables par le passage des blindés israéliens et l’extension de la zone-tampon à la frontière avec Israël ; le fonctionnement des secteurs-clés de la santé et de l’éducation demeure très perturbé. (...) Le blocus, commencé en juin 2007, «a fortement aggravé la pauvreté, contribuant à rendre 80% de la population dépendants de l’aide internationale», ajoutent-elles. Le blocus imposé par Israël depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas en 2007 dans ce territoire palestinien viole la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, qui interdit les «punitions collectives», selon elles. Elles terminent par un «appel à l’action», notamment à destination de l’Union européenne, pour obtenir la levée du blocus.(2)
La duplicité de l’Egypte
«Ghaza ne peut pas continuer, déclare le président Sarkozy, à être la plus grande prison à ciel ouvert du monde ! Mais pour cela, il faut que soit mis un terme au trafic illégal des armes. La lutte contre la contrebande d’armes à destination de Ghaza est un élément essentiel de la consolidation de la paix et je veux saluer l’action de l’Egypte dans ce domaine. L’Europe et les Etats-Unis ont d’ailleurs dit au gouvernement égyptien leur disponibilité pour apporter un soutien.» Effet immédiat après le massacre : les vedettes françaises - par un phénomène d’ingérence intolérable - déclarent de facto «la guerre au Hamas» en lui interdisant de se battre.(3)
L’histoire ne s’arrête pas là. Pour le camp occidental, il faut aider l’Egypte - qui a empêché pendant les massacres israéliens les ambulances transportant des blessés de pénétrer en Egypte - à étrangler de son côté définitivement le Hamas. Comment? Le chef des services de renseignements militaires français, Benoît Bougier a visité le site de construction du mur d’acier de Ghaza, sur la zone frontalière entre l’Égypte et la Bande de Ghaza, afin de réduire le phénomène des tunnels.
Au cours de sa visite, il a rencontré des officiers français qui participent avec des militaires égyptiens à la supervision de la construction de la paroi de fer longeant l’axe de Salaheddine afin de fermer les tunnels de passage des marchandises le long de la frontière entre la Bande de Ghaza et l’Egypte. Il a rencontré, avant son arrivée dans la zone frontalière, les responsables de la direction américaine, créée spécifiquement pour suivre et superviser le processus de fermeture des tunnels basée à l’ambassade américaine au Caire. Le chef des services de renseignements militaires français s’est aussi réuni avec la direction exécutive du projet basée dans la ville égyptienne d’El Arish, avant d’atteindre la frontière pour voir par lui-même les grues égyptiennes géantes creuser et incruster des plaques géantes d’acier de 50 cm d’épaisseur à 18 mètres de profondeur dans lesquelles les officiers, français et américains ont installés des capteurs hypersensibles ayant pour mission de signaler toute tentative d’infiltration souterraine.(4)
Karim Mohsen du journal L’Expression résume assez bien la duplicité de l’Egypte. Ecoutons-le : Aide internationale aux Palestiniens bloquée, et cerise noire sur le gâteau, pour ainsi dire, construction d’un nouveau mur de la honte entre l’Egypte et la Bande de Ghaza, après celui de Cisjordanie construit par Israël. Comment les Egyptiens en sont-ils arrivés là et à justifier un tel forfait envers leurs «frères arabes» palestiniens? (...) La Bande de Ghaza sous strict isolement israélien, depuis près de trois ans, n’avait certes pas besoin de ce surcroît d’épreuves créées par l’Egypte qui participe ainsi à ce blocus. Après avoir tenté de démentir, Le Caire a dû reconnaître implicitement par la voix de son chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit - qui expliquait que son pays «avait le droit de contrôler sa frontière». L’Egypte, devenue alliée stratégique d’Israël, participe ainsi activement de son côté à l’étranglement de la population de Ghaza pour la contraindre à se soumettre à Israël. Ne s’arrêtant pas là, Le Caire a bloqué en sus, un convoi d’aides - européennes, turques et arabes avec de la nourriture et du matériel médical - arrivé mercredi en Jordanie en provenance de Syrie et se dirigeant vers le port jordanien d’Aqaba, constitué de 250 camions de vivres destinés à la population de la Bande de Ghaza.(...)(5)
Commentaire