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Brahim Izri, une commémoration sous silence en Algérie

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  • Brahim Izri, une commémoration sous silence en Algérie

    Cinq années se sont déjà écoulées depuis que nous a quittés Brahim Izri, qui s’est éteint, la cinquantaine à peine entamée, un lundi 3 janvier 2005 à l’hôpital Hôtel-Dieu à Paris, suite à une longue maladie.

    En Algérie, cette année , la célébration de sa disparition, est relativement passée inaperçue dans les programmations musicales..., et ce dans un contexte marqué par le petit nombre d’initiatives hors des sentiers battus.

    Or, maintenir vivace le souvenir en rendant hommage à l’une des célèbres voix de la chanson kabyle, n’est qu’un geste de gratitude à cet artiste qui fut l’un des ambassadeurs de la chanson algérienne, en général, et kabyle, en particulier.

    On le savait homme de culture, Brahim n’a de cesse de se frotter à des artistes d’autres cieux, pour porter la voix de l’Algérie très haut. Sa matière à lui est à la fois plus vaste et plus pointue, plus simple et plus complexe, plus abstraite et plus essentielle.

    Musicien d’un genre bien particulier, Brahim consacrera son oeuvre et pour tout dire sa vie à l’étude d’un phénomène spécifiquement social et humain: la conversation. Etudier les ressorts cachés de la communication comme l’entomologiste examine le comportement d’un insecte inconnu: voilà sa raison d’écrire et de composer.

    Petit voyage au coeur de la conscience humaine. L’enfant prodige d’Ath Yenni, est issu d’une famille de musiciens. Il est né le 12 janvier 1954 au village d’Ath Lahcène, en Kabylie. Influencé par son environnement familial, et pendant toute son enfance, en compagnie des siens, il marquait par une présence fidèle la cérémonie religieuse hebdomadaire à la zaouïa El Hadj Belkacem qui n’est autre que son grand-père. Il débuta comme violoniste et percussionniste dans l’orchestre de son père.

    Brahim assuma son rôle de musicien dans les fêtes hebdomadaires pendant dix ans, tout en fréquentant d’autres zaouïas. Il fut tout aussi studieux à l’école qu’au lycée, où il découvrit la possibilité de jouer sa musique sur d’autres instruments et surtout de chanter autre chose que les chansons du patrimoine culturel initial. Ambitieux et persévérant, Brahim fonda avec d’autres amis, en l’occurrence Bouhou, Kaci Hatem, Brahma, Cherfi Mouloud, le groupe Igoudar au lycée de Larbaâ Nath Irathen, en 1973, avec lequel ils obtinrent le premier prix de la Fête des cerises, organisée par l’APC de Larbaâ Nath Irathen.

    Le chanteur, d’abord poète et musicien, a fini dans l’aventure en solo qui lui a réussi avec une chanson légendaire qui s’intitule Vava Vahri. Il était un compositeur hors pair, un artiste complet. Il a insufflé à la musique kabyle un sang nouveau qu’il est allé puiser dans des genres insoupçonnés.

    Il a fait chanter en kabyle le grand Maxime le Forestier. Il a brisé bien des tabous, et avec quelle audace! C’était un homme porteur d’idées révolutionnaires qui s’était battu contre vents et marées, en particulier pour redonner à la femme sa dignité par un véritable plaidoyer. Il exécrait emprunter les sentiers battus, et combien de fois avait-il affiché, sans détour, des positions à contre-courant.

    En même temps, il mena un autre combat, face à sa maladie, avec un courage hors du commun. Sur son lit d’hôpital, jamais il n’avait laissé paraître un signe d’abattement ou de découragement. Terminer son album, le plus vite possible: c’était son credo, une véritable course contre la montre. Tamazight était en lui et tout son engagement s’était cristallisé autour de ce noble objectif qu’était la reconnaissance de la culture et de la langue amazighes.

    Quel immense héritage nous a-t-il légué! Nous n’avons pas encore réalisé toute l’étendue de ses oeuvres artistiques. Brahim participa à l’enregistrement de l’album Tachemlit (Le volontariat), en 1975. En 1977, il émigra en France où il édita, en 1981, sa première oeuvre intitulée Sacrifice pour un enfant. En 1982, il composa une chanson en l’honneur des Verts, l’Algérie joue, l’Algérie gagne.

    En 1983, Brahim reprit la chanson de Maxime le Forestier, San Francisco, et il lui adapta un texte kabyle de sa composition.

    En 1984, il enregistra un nouvel album Dacu-yi (qui suis-je?), en 1986, un autre album de 12 chansons, intitulé Ala, Ala (non, non) et en 1999, Brahim Izri, Idir et Maxime Le Forestier chantèrent en kabyle en hommage à Matoub Lounès. Le parcours de Brahim Izri est sans nul doute très riche, il est inscrit en lettres d’or sur les sentiers de la création algérienne.

    Repose en paix Brahim!

    Par Idir AMMOUR, l'Expression

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