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Entre le diktat des chauffeurs de taxi et les griffes des clandestins en Algérie

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  • Entre le diktat des chauffeurs de taxi et les griffes des clandestins en Algérie

    Fraudeur, clando, taxi clandestin, faux taxi et autres appellations du parler algérien pour désigner une «profession» qui s’est imposée au fil des ans et est devenue incontournable pour tous ceux qui se trouvent contraints de se déplacer en Algérie. Ces «fraudeurs» sont repérables entre mille et stationnent en général à proximité des stations de taxi, des arrêts de bus, des gares routières et SNTF et proposent leurs services aux passagers.

    Debout à côté de leurs véhicules, tournant des clés dans la main ou nettoyant le pare-brise, ils vous font comprendre qu’ils «travaillent» et qu’ils sont là pour prendre des «clients».Et des clients, ils en ont, des habitués qui les appellent sur leur portable et qu’ils vont chercher jusque chez eux pour les transporter vers la destination voulue moyennent une somme selon la distance parcourue et fixée à l’avance.

    A Annaba, ils sont légion, leurs stations sont connues de tous et même des services censés réprimer cette activité et qui, la plupart du temps, laissent faire pourvu qu’ils ne causent pas de tort aux taxis recensés officiellement et qu’ils rendent service aux populations quand il n’y a plus de transport.

    Du côté de la cité Saf Saf, plus connue sous le nom «Les Allemands», ils sont près d’une trentaine à exercer ce métier. Ils sont stationnés avec leurs véhicules flambant neufs à quelques mètres de la station de taxi avec ses vieux tacots que la plupart des clients ignorent pour s’adresser aux fraudeurs dont les prix sont ceux d’une course en ville, c’est-à-dire 70 DA.

    Ceux qui exercent ce métier sont de jeunes chômeurs ; le véhicule conduit appartient à une tierce personne qui le met à leur disposition. «Cette voiture n’est pas à moi, elle appartient à une de mes relations», nous déclare un jeune «fraudeur». «Je travaille toute la journée et le soir, je prends ce qui me revient, c’est-à-dire le 1/3 de la recette, le reste, c’est le propriétaire qui le prend, 1/3 pour le véhicule et 1/3 pour lui. Parfois, je ne gagne presque rien, à peine 300 DA pour toute une journée de travail, sans compter le stress et la crainte d’être arrêté au niveau d’un barrage de police et voir le véhicule mis à la fourrière. J’essaye de survivre avec ça et je me débrouille comme je peux.»

    La majorité des taxis clandestins à Annaba sont conduits par des chômeurs, pour eux, c’est un moyen comme un autre de gagner leur vie, les autres sont fonctionnaires ou ouvriers dans des entreprises et qui, ne pouvant subvenir aux besoins des leurs, embrassent ce «métier» qui leur permet de tenir le coup pour payer le véhicule acheté à crédit et au passage ramasser quelques centaines de dinars.

    Devant la gare ferroviaire d’Annaba, ils sont une dizaine à proposer Tunis comme destination pour la coquette somme de 1 800 DA qui augmente selon la demande et atteint parfois les 2 500 DA comme cela a été le cas à l’occasion du Nouvel An. Au prix proposé, il faut dire qu’on ne se bouscule pas mais il y en a toujours qui veulent partir coûte que coûte quitte à payer ce qu’il faut.

    D’autres clandestins choisissent les alentours immédiats des hôpitaux comme point de départ ; ils sont sûrs de ramasser une clientèle pressée prête à payer n’importe quel prix pourvu qu’on la conduise à la destination voulue. Et là, les fraudeurs font leur loi, ils profitent de la détresse des malades ou de leurs familles venues des villes de l’intérieur et qui ne connaissent pas les lieux.

    En ville, les taxis clandestins sillonnent les rues à la recherche de clients potentiels, dès qu’ils aperçoivent quelqu’un debout sur le trottoir en faisant signe à un taxi qui ne s’arrête pas, ils proposent leurs services immédiatement et se disent prêts à vous conduire là où vous voulez, l’essentiel pour eux est d’être payés. Ce «foisonnement» des fraudeurs est dû surtout à l’indisponibilité des taxis aux heures de pointe où la demande explose et le soir quand ceux-ci disparaissent dans la nature laissant des centaines de citoyens dans les stations.

    Les habitants des cités périphériques et des communes voisines, retardataires, ne trouvent plus de taxis pour rejoindre leur domicile alors ils se rabattent sur les clandestins qui doublent les prix, arguant du fait qu’au retour, ils ne trouvent pas de clients et sont obligés de rentrer sans passagers. La mort dans l’âme, les gens acceptent de payer le prix exigé, se disant qu’il vaut mieux rentrer chez soi que de rester sur le trottoir attendant un hypothétique taxi qui ne viendra pas.

    «Quel que soit ce qu’on dira, nous rendons service aux gens. Sans nous, ils passeraient la nuit dehors et donc quelque part nous sommes utiles», nous dit un clandestin.

    Et si d’aventure, au cours d’une vérification de routine à hauteur d’un barrage de police, un agent découvre qu’il s’agit d’un taxi clandestin, les passagers prennent la défense du chauffeur et jurent qu’il est une de leurs relations et qu’ils sont en balade. Le policier ne peut dans ce cas que restituer les documents confisqués et le faux taxi reprend la route et se fait payer à l’arrivée.

    Côté taxis recensés officiellement comme tels, on travaille comme on veut et on refuse certaines destinations pourtant sur leurs itinéraires parce que la route menant à telle ou telle cité est mauvaise ou bien, il y a trop de circulation ou tout simplement on ne veut pas y aller. Les clients subissent le diktat de ces chauffeurs de taxi et sont parfois obligés de faire des kilomètres à pied avant de trouver un autre taxi qui consente à les emmener vers la destination voulue.

    Pourtant, selon la réglementation en vigueur, le taxi garé à la station n’a pas le droit de refuser une course quelle que soit la destination demandée par le client. Certains chauffeurs contournent ladite réglementation en répondant au client qu’ils sont en train d’attendre quelqu’un qu’ils vont déposer quelque part.

    D’autres vous disent qu’ils ont arrêté de travailler et qu’ils attendent un autre chauffeur de taxi qui doit arriver incessamment, autant de motifs fallacieux juste pour ne pas aller vers la destination demandée.

    D’autres chauffeurs de taxi se font payer doublement par les passagers le plus normalement au monde alors qu’ils n’ont pas le droit puisqu’en prenant un client, ils ne peuvent en faire monter à bord un autre même si c’est le même itinéraire mais dans ce désordre ambiant tout devient normal et la normalité n’a plus droit de cité.

    Ce qui est étonnant dans tout cela est qu’au niveau de la direction des transports, rares sont les clients qui viennent se plaindre du comportement de tel ou tel chauffeur de taxi ; ils subissent en silence et trouvent toujours un moyen de rentrer chez eux sans avoir à s’adresser à ladite direction pour dénoncer le comportement de l’un de ces «taxieurs». Pour en revenir aux «clandos», il faut signaler que certains d’entre eux utilisent leurs voitures comme appât pour attirer les «clients» qu’ils détroussent en cours de route non sans les agresser et, parfois, les laisser pour morts sur le bas-côté d’un sentier en rase campagne.

    Dans la wilaya d’Annaba, le transport urbain et suburbain baigne dans une anarchie telle qu’il est quasiment impossible de la réorganiser au vu du nombre vertigineux de clandestins qui ont investi le créneau et qui sont d venus comme nous l’avons rapporté inco tournables, à moins que tous, citoyens, responsables et services de l’Etat ne s’unissent pour éradiquer le phénomène.

    Par La Tribune

  • #2
    Entorses à l’éthique professionnelle et anarchie à Oran

    Depuis plus de deux décennies, la situation du transport urbain a tendance à connaître de plus en plus de complications dans la wilaya d’Oran. Dans une plus grande envergure, ce sont les grands pôles urbains comme Oran, Arzew, Aïn El Turck, El Kerma, Gdyel et d’autres encore qui sont les victimes de ce désordre ambiant dans le secteur du transport. Malgré l’existence d’une réglementation stricte dans ce sens, les infractions sont multiples et les entorses à la réglementation datent de plus de trois décennies.

    Contrairement à Alger, la capitale de l’Ouest n’a jamais vu l’application de la réglementation relative à la double course. De mémoire d’Oranais, les courses ou vacations ont toujours été multiples et jamais les clients ne s’en sont plaints. Peut-être que cela est dû au caractère des Oranais, plus enclins à l’entraide et à l’amabilité. Néanmoins, le secteur du transport, malgré les profondes mutations opérées depuis la libéralisation de ce secteur vital, a vu ressurgir d’autres dysfonctionnements et d’autres problèmes liés intimement au non-respect de l’éthique professionnelle.. Dans le temps, les «taxieurs» avaient des tenues vestimentaires plus respectables et plus professionnelles. Aujourd’hui, outre la saleté des véhicules et leur mauvais état, ce sont les chauffeurs de taxi qu’il faut rappeler à l’ordre. Une grande partie de la profession évolue dans des conditions lamentables et honteuses. «Parfois, vous montez dans un taxi et c’est l’odeur de la transpiration qui vous saute au nez. Mais vous n’avez pas le choix, surtout durant les heures de pointe», s’insurge une dame d’un certain âge. Cela sans compter des chauffeurs de taxi aux tenues vestimentaires, pour le moins, inadaptées et indignes. «Il existe une réglementation qui nous interdit le port de tenues de sport, de shorts ou autres… Ce sont les policiers qui sont chargés de nous contrôler», note Taïbi, un chauffeur de taxi à Oran.

    Les systèmes de permanence et de rotation que les chauffeurs de taxi sont tenus de signaler aux différents commissariats dont ils relèvent ne sont plus respectés de nos jours également. Quant aux fraudes constatées dans les tarifs pratiqués et entorses faites au règlement, elles sont légion. Cela sans compter l’arrogance et l’agressivité d’une plus grande partie de conducteurs de taxi vis-à-vis de leurs clientèles. En fait, en l’absence d’un plan de gestion de ce secteur précis, la profession a été investie par un genre nouveau de «taxieurs» à la recherche de sensations et autres effets pervers. D’autres taxis préfèrent mettre le cache pour gagner davantage et se transformer, ainsi, en taxis clandestins. D’autres encore, préfèrent travailler à la commande et au téléphone parce que ça rapporte gros et sans trop de tracas. Malgré l’existence d’une quarantaine
    de stations de taxis, les citoyens et les usagers ont appris à faire fi de ces installations. Ces dernières restent vides à l’année.

    Les taxis clandestins, un phénomène alternatif dévastateur

    Une telle situation a permis la résurgence d’un phénomène qui a conquis les mœurs locales et apprivoisé les autorités en s’incrustant dans le paysage. Les taxis clandestins représentent plus du quart du parc automobile de la wilaya d’Oran. La cherté de la vie et la baisse du niveau social dans la wilaya d’Oran ont amené de plus en plus de gens instruits et de fonctionnaires à opter pour le travail en noir en tant que chauffeurs de taxi clandestins. On trouve des enseignants, des fonctionnaires de l’administration publique, des commerçants, des gigolos et même des policiers qui viennent fréquenter les stations en quête de clients et pour arrondir les fins de mois. Mais, souvent, ces derniers sont sujets à des événements inattendus et parfois fatals. En effet, les trafiquants de voitures et les délinquants en mal de sensations et d’argent, font de ces clandestins des victimes parfaites. Un nombre important de ces clandestins est sujet à des agressions, le plus souvent, mortelles, visant à les dépouiller de leur véhicule. Ce qui ne dissuade pas ces derniers en permanence dans ces stations, notamment dans la corniche oranaise et autres cabarets de la ville. Il existe également des taxis avec le compteur, le voyant, le numéro mais qui n’ont aucun papier. A Oran, ils représentent plus de 10 % du parc des taxis d’Oran, nous dit-on.

    Par La Tribune

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