Alger-Paris : les dits et non-dits d’une relation mouvementée
Sonia Lyes
Depuis plus de six mois, Paris et Alger ne se parlent presque plus officiellement. Depuis l’été dernier, les Algériens refusent systématiquement les demandes de visites émanant de ministres français. Certes, les deux présidents, Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika, se parlent régulièrement au téléphone. Le dernier échange remonte à début décembre. Mais entre les deux pays, les sujets qui fâchent sont nombreux. Ils peuvent difficilement être résolus au téléphone.
Coté algérien, il y a trois dossiers importants. Le premier concerne la question des visas et de la circulation des personnes. Pour Alger, Paris en instaurant un quota de visas pour les Algériens, a dénoncé unilatéralement l’accord bilatéral de 1968 sur l’immigration. Cet accord, signé quelques années après l’indépendance, ne prévoit aucune restriction en matière de circulation des personnes.
Paris tente d’expliquer que l’accord est caduc de fait. Pour les Français, il n’est pas raisonnable d’exiger une totale liberté en matière de circulation des personnes dans le contexte actuel. En échange, ils souhaitent proposer des visas longs séjour : des documents de voyage valables entre deux et six ans, qui donnent à leurs titulaires la possibilité d’exercer une activité salariale ou commerciale en France sans passer par le fameux titre de séjour. Une proposition à laquelle les Algériens n’ont toujours pas répondu.
Le deuxième dossier concerne le Sahara occidental. Alger ne pose pas le problème clairement mais il souhaite voir Paris modifier sa position actuelle, trop favorable à Rabat. « Nous sommes prêts à discuter avec les Algériens sur cette question. Mais on ne peut pas le faire contre le Maroc. Il y a plusieurs autres possibilités que celle de lâcher le Maroc pour l’Algérie. Notre souhait est d’aboutir à une solution acceptée par tout le monde », explique une source proche du gouvernement français.
Autre non-dit qui empoisonne la relation bilatérale : la multiplication en France de procédures de justice mettant en cause l’armée – affaire des moines- ou de hauts responsables algériens – affaire Hasseni. Les deux pays ne partagent pas la même vision des choses sur ces questions. Pour Alger, ces affaires ont des arrière-pensées politiques. Un sentiment accentué par les déclarations de Nicolas Sarkozy au lendemain de la relance de l’affaire des moines, l’été dernier. Le président français s’était exprimé sur le sujet en des termes jugés agressifs par les Algériens. Pour Paris, la justice française est indépendante. Et depuis la création de la Cour pénale internationale (CPI), le pouvoir d’investigation des juges européens s’est étendu à des faits qui se sont déroulés à l’étranger. « L’Algérie n’est pas le seul pays dans ce cas. Il y a un épisode récent qui le montre : l’ancienne Premier ministre d’Israël Tzipi Livni a été obligée d’annuler un déplacement à Londres après une plainte pour crimes de guerre », souligne la même source française.
Côté français, Paris se plaint de son « exclusion » des contrats militaires et civils en Algérie au profit des Chinois, des Russes, des Turcs, des Allemands et des Italiens. La France revendique sa légitimité d’équiper l’Algérie aussi bien militairement ou que pour les infrastructures civiles. En échange, elle serait prête à assouplir sa position sur de nombreux dossiers, y compris le Sahara occidental.
Sonia Lyes
Depuis plus de six mois, Paris et Alger ne se parlent presque plus officiellement. Depuis l’été dernier, les Algériens refusent systématiquement les demandes de visites émanant de ministres français. Certes, les deux présidents, Nicolas Sarkozy et Abdelaziz Bouteflika, se parlent régulièrement au téléphone. Le dernier échange remonte à début décembre. Mais entre les deux pays, les sujets qui fâchent sont nombreux. Ils peuvent difficilement être résolus au téléphone.
Coté algérien, il y a trois dossiers importants. Le premier concerne la question des visas et de la circulation des personnes. Pour Alger, Paris en instaurant un quota de visas pour les Algériens, a dénoncé unilatéralement l’accord bilatéral de 1968 sur l’immigration. Cet accord, signé quelques années après l’indépendance, ne prévoit aucune restriction en matière de circulation des personnes.
Paris tente d’expliquer que l’accord est caduc de fait. Pour les Français, il n’est pas raisonnable d’exiger une totale liberté en matière de circulation des personnes dans le contexte actuel. En échange, ils souhaitent proposer des visas longs séjour : des documents de voyage valables entre deux et six ans, qui donnent à leurs titulaires la possibilité d’exercer une activité salariale ou commerciale en France sans passer par le fameux titre de séjour. Une proposition à laquelle les Algériens n’ont toujours pas répondu.
Le deuxième dossier concerne le Sahara occidental. Alger ne pose pas le problème clairement mais il souhaite voir Paris modifier sa position actuelle, trop favorable à Rabat. « Nous sommes prêts à discuter avec les Algériens sur cette question. Mais on ne peut pas le faire contre le Maroc. Il y a plusieurs autres possibilités que celle de lâcher le Maroc pour l’Algérie. Notre souhait est d’aboutir à une solution acceptée par tout le monde », explique une source proche du gouvernement français.
Autre non-dit qui empoisonne la relation bilatérale : la multiplication en France de procédures de justice mettant en cause l’armée – affaire des moines- ou de hauts responsables algériens – affaire Hasseni. Les deux pays ne partagent pas la même vision des choses sur ces questions. Pour Alger, ces affaires ont des arrière-pensées politiques. Un sentiment accentué par les déclarations de Nicolas Sarkozy au lendemain de la relance de l’affaire des moines, l’été dernier. Le président français s’était exprimé sur le sujet en des termes jugés agressifs par les Algériens. Pour Paris, la justice française est indépendante. Et depuis la création de la Cour pénale internationale (CPI), le pouvoir d’investigation des juges européens s’est étendu à des faits qui se sont déroulés à l’étranger. « L’Algérie n’est pas le seul pays dans ce cas. Il y a un épisode récent qui le montre : l’ancienne Premier ministre d’Israël Tzipi Livni a été obligée d’annuler un déplacement à Londres après une plainte pour crimes de guerre », souligne la même source française.
Côté français, Paris se plaint de son « exclusion » des contrats militaires et civils en Algérie au profit des Chinois, des Russes, des Turcs, des Allemands et des Italiens. La France revendique sa légitimité d’équiper l’Algérie aussi bien militairement ou que pour les infrastructures civiles. En échange, elle serait prête à assouplir sa position sur de nombreux dossiers, y compris le Sahara occidental.
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