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Le statut de l’intellectuel en débat au cercle littéraire de Chlef

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  • Le statut de l’intellectuel en débat au cercle littéraire de Chlef

    Le Dr Aït Djida, enseignant émérite du département de lettres françaises à l’université de Chlef, a animé, au cercle littéraire, il y a quelques jours, une conférence sur la problématique du statut de l’intellectuel.

    Dans son allocution de bienvenue, le président de ladite structure a expliqué brièvement la thématique qu’abordera le Dr Djida avant de lui donner la parole tout en lui souhaitant la bienvenue. Ce dernier a entamé sa conférence avec une présentation de l’intellectuel en le définissant «comme celui qui s’occupe des choses de l’esprit avec ce cliché le plus répandu qui le fait passer pour un binoclard aux cheveux ébouriffés, vivant dans sa tour d’ivoire, regardant le monde d’en haut et ne sachant rien faire de ses dix doigts». Le conférencier poursuivra en expliquant que «la marginalisation dont a toujours été victime l’intellectuel, le fait d’être discrédité souvent par la classe dominante qui le présente comme étant l’ennemi n°01 du peuple, ont fortement contribué à l’élaboration de telles représentations.

    D’un point de vue historique, on remarquera que le mot intellectuel est né en France lors de l’affaire Dreyfus. C’est alors que, pour la première fois, le terme «intellectuel» fut lancé et proclamé comme un titre par des professeurs et des écrivains dreyfusards qui le revendiquaient et s’en réclamaient ». Ensuite le conférencier va tenter d’expliquer la distinction entre intellectuel et le savant. «Le savant est quelqu’un qui dispose d’une compétence dans un domaine particulier et qui applique des lois universelles dans sa recherche. Les résultats auxquels il aboutit sont d’une universalité telle que toute l’humanité pourrait en bénéficier. L’intellectuel, lui, vit dans une société donnée et agit à un moment historique déterminé.»

    Pour comprendre cette distinction fondamentale, le Dr Aït Djida va avancer un exemple cité par Sartre pour étayer ses dires : «Des physiciens travaillant sur la fission de l’atome dans un laboratoire. Maintenant si ces mêmes savants signent un manifeste dans lequel ils mettent en garde l’opinion publique contre l’usage abusif de la formule chimique, ces mêmes savants deviennent des intellectuels. » La première conclusion donc de cette conférence est que «l’intellectuel se recrute certes parmi les gens du savoir mais ne saurait s’y réduire». Cela dit, «l’engagement indissociable du parcours de l’intellectuel est une prise de position ferme par rapport à un sujet politique, économique, etc. il n’est pas obligé d’adhérer à un groupe ou un clan.

    De par son statut, l’intellectuel se sent concerné par le politique, mais il n’est pas contraint de faire de la politique».

    Le conférencier va décrire le drame et l’ostracisme de l’intellectuel par cette phrase lapidaire : «Il vit dans une solitude affreuse au milieu des siens.» La situation devient tragique lorsque ce sont ceux-là mêmes que l’intellectuel défend qui lui dénient le droit de parler en leur nom. Il n’est donc pas si libre qu’il le croit et il peut lui arriver de sacrifier sa propre liberté au profit de son idéologie. Le dernier point de l’intervention sera consacré au rapport intellectuel-pouvoir.

    Le conférencier pense que «l’exercice de la politique exige une certaine discipline dont l’intellectuel s’accommode mal. En effet, la rigidité qui caractérise le fonctionnement des partis politiques et les sphères de l’Etat fait que si l’intellectuel accepte d’y entrer, il devra sacrifier un des principes sur lesquels repose toute son existence, à savoir la liberté».

    Il termine par cette citation de Malick Tambedou, cet intellectuel africain qui pense à propos de l’exercice par l’intellectuel de hautes fonctions : «Il convient d’insister particulièrement sur un fait : l’impossibilité pour un véritable intellectuel d’occuper des fonctions nominatives à la discrétion de l’Etat, surtout en Afrique.

    En effet, de deux choses l’une : soit l’individu concerné, désireux de conserver quand même son statut d’intellectuel, dénonce systématiquement les divers dérapages que le pouvoir en place vient à commettre, auquel cas il ne tardera pas à être débarqué de son poste ; soit il ferme les yeux sur ces dérapages pour des considérations de sauvegarde de ses intérêts ventraux, et il n’est alors plus un intellectuel.»

    Par Le Soir
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