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La voiture de Mehdi Karoubi visée par des tirs en Iran

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  • La voiture de Mehdi Karoubi visée par des tirs en Iran

    La violence a franchi un pas en Iran. Selon les informations publiées vendredi 8 janvier par le site réformateur Kaleme, la voiture blindée qui transportait Mehdi Karoubi, une des figures de proue de la vague de contestation qui secoue l'Iran depuis la réélection contestée du président Ahmadinejad en juin 2009, a essuyé plusieurs coups de feu. Le pare-brise et une vitre arrière ont été atteints, selon son fils Hossein, mais M. Karoubi, ex-candidat à la présidentielle et le premier à avoir dénoncé les tortures en prison, n'a pas été touché. Il s'était rendu à Ghazvin (ouest de Téhéran), dans le cadre du deuil chiite du Moharam et venait de rencontrer le dirigeant religieux Nassir Ghavami.

    A sa sortie, des hommes en civil l'ont insulté, selon des témoins, lui lançant des oeufs et des pierres. Puis les tirs ont éclaté. La police a tenté de protéger M. Karoubi. Parmi la foule se trouvaient les plus hautes autorités des services de sécurité de la province, dont le colonel Mirbaha, sous-préfet de Ghazvin, le général Ghorbani, conseiller du préfet ou le chef des services de renseignement des Gardiens de la révolution de la province, l'officier Khandjani. Autant de personnalités dont les partisans de M. Karoubi ont critiqué au minimum la "passivité". Par la suite, le chef de la police, Massoud Jafari Nassab, a confirmé l'attaque mais démenti les coups de feu, alléguant que M. Karoubi "veut faire de la propagande à l'étranger".

    Presque au même moment à Yazd, d'autres inconnus attaquaient la maison de l'imam de la prière du vendredi de la ville, l'ayatollah Sadoughi, un religieux proche de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami, qui soutient la contestation.

    La télévision iranienne qui n'a pas mentionné les événements de Ghazvin, a diffusé un débat sur la situation dans le pays. Au cours de ce débat, un député pourtant réputé parmi les plus fondamentalistes, Ali Mottahari, lui-même fils de l'un des fondateurs de la République islamique, l'ayatollah Morteza Mottahari, assassiné au début de la révolution, s'est élevé avec virulence contre ceux qui veulent accentuer encore la répression, estimant que la crise est grave et qu'une fuite en avant ne serait que dangereuse. Un point de vue partagé par Ali Larijani, le président du Parlement qui a défendu plusieurs personnalités du régime attaquées pour avoir dit qu'ouvrir un dialogue est encore possible.

    PEINES DE MORT

    "Ces interventions, quelques heures après l'attaque contre M. Karoubi montre à quel point les autorités restent encore divisées sur la façon de répondre à la contestation, estime un analyste iranien. Il y a nettement un noyau fondamentaliste, proche de M. Ahmadinejad, avec des représentants parmi les religieux et les Gardiens de la révolution qui cherchent à tout prix l'incident pour pouvoir s'autoriser un bain de sang, quitte à mettre le Guide suprême Ali Khamenei, devant le fait accompli. Et c'est dangereux."

    C'est sans doute dans ce sens qu'il faut comprendre la démarche de certains religieux de l'aile la plus dure du régime qui ont encouragé les autorités judiciaires à qualifier des manifestants de "Mohareb" ("ennemis en lutte contre Dieu"), ce qui, en Iran, est passible de la peine de mort. Cinq manifestants seront jugés dans ce cadre, a annoncé, vendredi, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolatabadi. Des condamnations à mort seraient prononcées "pour l'exemple" ? "Ce serait en violation de la Constitution, s'insurge Karim Lahidji, juriste et président de la Ligue des droits de l'homme iranienne : en effet l'article 183 dit qu'est "mohareb celui qui utilise des armes et par ce biais met la liberté et la sécurité de la population en danger" ou alors l'article 186, qui reconnaît comme mohareb "des groupes organisés et armés agissant contre le régime". Dans tous les cas, les manifestants étaient pacifiques, pas organisés, pas armés. Ceux qui correspondent à la définition sont plutôt les miliciens qui ont mené la répression."

    Par Le Monde
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