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Le non massif des Guyanais et Martiniquais à l'autonomie accrue

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  • Le non massif des Guyanais et Martiniquais à l'autonomie accrue

    L' article date de 3 jours avant les élections un regard très intéressant du
    Sunday Times


    Le 07.01.2010 | Rosie Millard | 

    Les apparences comptent pour beaucoup en France, surtout lorsqu’il y va du prestige national. Les Français ont beau être partie prenante de la communauté économique européenne, ils n’en restent pas moins convaincus de leur importance planétaire. Et ils sont prêts à dépenser des millions d’euros pour la consolider. C’est particulièrement frappant dans le cas des possessions d’outre-mer*, que Napoléon qualifiait avec mépris de “confettis d’empire”. La France reste déterminée à conserver ces vestiges impériaux de façon quasi napoléonienne, se démarquant de la politique postcoloniale des autres pays occidentaux. Si vous vivez outre-mer*, vous êtes français jusqu’à la moelle, quelle que soit votre couleur de peau, votre langue maternelle, votre religion ou votre passé. Vous détenez un passeport français et, théoriquement, l’Etat français vous protège.

    Me voici dans un petit canoë à moteur, en Guyane française. Ici, la forêt pluviale s’étend sur des centaines de kilomètres. Au bout d’une heure environ, nous parvenons au village de Kaw, 60 habitants. Il y a là une école, une église et une mairie flanquée de la classique boîte aux lettres française de couleur jaune. Affichés sur la porte de la mairie, des avis officiels à en-tête tricolore arborent la devise “Liberté, égalité, fraternité”. Nous sommes à 10 000 kilomètres de Paris, et pourtant l’obsession bien française de la paperasserie ne faiblit pas. Voilà qui est rassurant… Ainsi va la vie dans l’un des départements et territoires d’outre-mer* : les DOM-TOM sont loin de la métropole, ils sont extrêmement coûteux et ne produisent pratiquement rien d’utile. Leur seul rôle est de faire briller encore la gloire de la République française.

    Combien coûte cette fantaisie ? Pour vous donner une idée, l’île antillaise de la Martinique coûte à l’Elysée quelque 2 milliards d’euros par an et la Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud, 1 milliard d’euros. Et il ne s’agit là que du déficit commercial. La France paie également la note pour tous les emplois du secteur public, pour les “grands projets”* et pour les allocations-chômage. Le chômage dans les DOM-TOM atteint environ 30 %. Il n’y a tout simplement pas de travail. Mais pourquoi travailler quand on est entièrement assisté ? Les DOM-TOM sont très différents du Commonwealth postimpérial, composé de 54 Etats souverains. A l’inverse de la reine, au rôle purement protocolaire, Sarkozy est bel et bien le patron des DOM-TOM, qu’il finance et contrôle. Quand le Commonwealth se rebiffe, on organise une conférence ; quand les DOM-TOM se rebiffent, l’Elysée envoie les gendarmes.

    “L’idée de départ était de transformer des non-Européens en Français et de faire en sorte que les colonies ressemblent le plus possible à la France”, explique le Pr Robert Aldrich, de l’université de Sydney, coauteur de France’s Overseas Frontier [Les avant-postes français d’outre-mer, Cambridge University Press, inédit en français]. “Une politique manifestement impraticable, naïvement utopique, sexiste et raciste.” Mais le spectre de l’assimilation ne s’est toujours pas dissipé et Paris persiste à affirmer que l’outre-mer fait partie de la France.

    De vieux bijoux de famille dont on ne se débarrasse pas

    Les Français adorent avoir leur monde francophone, même si certains des habitants des DOM-TOM sont moins enthousiastes. On m’a dit au moins une dizaine de fois que les DOM-TOM donnaient à la France l’honneur d’être la “deuxième puissance maritime du monde”. Oui, mais pour quoi ? La vérité, c’est que si la France a fini par mettre la main sur tous ces endroits bizarres, c’est par un vif désir de rester dans la course au dépeçage colonial de la planète. Et, par la suite, elle a dû inventer des usages pour ces provinces. Prisons, stations spatiales, lunes de miel, contrebande de vins, essais nucléaires : les DOM-TOM ont accueilli tout cela, avec plus ou moins de succès. Quant à savoir pourquoi la France n’a jamais lâché ses coûteux partenaires coloniaux, comme les Britanniques l’ont fait, c’est un peu plus compliqué. Ce ne sont que des braises, mais l’esprit de Bonaparte subsiste dans les DOM-TOM. Les Français appellent cela leur “mission civilisatrice” et sont prêts à y mettre le prix. A Cayenne, on voit se dresser l’immense statue d’un héros national français vêtu comme Voltaire [Victor Schœlcher, à l’origine du décret abolissant définitivement l’esclavage, en 1848], montrant du doigt un avenir radieux à un esclave africain à demi nu. Tout se résume à peu près à cela. Les Français maintiennent à flot les DOM-TOM comme on s’accroche à une idée, si peu fondée soit-elle. Ce n’est pas une question de besoin, à en croire le Pr Aldrich. “D’une certaine façon, c’est comme avoir de vieux bijoux de famille dont on n’arrive pas à se débarrasser”, explique-t-il.

    Même les plus ardents partisans de l’indépendance ne veulent pas quitter le vaisseau amiral et devenir les citoyens de ces pays qui envoient deux personnes défiler derrière leur drapeau lors des cérémonies aux Jeux olympiques. Si un DOM ou un TOM se révèle un peu trop tenté, tout le monde lui dit : “Souviens-toi de Haïti”, évoquant cette ancienne colonie française qui, libre, est devenue l’un des pays les plus pauvres de la planète. Prenez l’exemple de la Martinique, sa voisine antillaise. L’une des épines irritatives de la France s’appelle Garcin Malsa. Maire de la commune de Sainte-Anne, il est en première ligne pour réclamer l’indemnisation des Noirs martiniquais, en raison de l’esclavage subi par leurs ancêtres. Il n’a que mépris pour les békés, ces descendants de l’élite esclavagiste française, qui représentent 1 % de la population, mais détiennent l’essentiel des terres et de l’appareil de production. Aspire-t-il pour autant à une indépendance totale ? Non, “pas une rupture totale”, reconnaît-il. Pour lui, la solution s’appelle interdépendance. Force est de reconnaître que la France, elle, n’a pas abandonné ses vieilles colonies*, qui lui ont tant fourni de produits de luxe au fil des siècles (sucre, fourrures, rhum, perles) et d’où tant de jeunes hommes sont partis mourir au front. Des hommes comme Garcin Malsa peuvent bien vanter les mérites du système postcolonial britannique dans les Antilles, il n’y a pas de pauvres qui vendent des sarongs aux riches européens sur les plages de Martinique, comme c’est le cas à la Barbade.

    La vie dans les DOM-TOM est manifestement confortable. Dans tous les endroits que j’ai visités, j’ai rencontré des professeurs satisfaits de leurs 30 % d’indemnité de résidence. Chaque jour, les vols d’Air France au départ et à destination de Paris sont remplis d’hommes et de femmes d’affaires bénéficiant d’avantages salariaux analogues. De même, les habitants des DOM-TOM qui veulent étudier en France obtiennent sans peine une place à l’université, ainsi que des billets d’avion gratuits pour rentrer chez eux tous les étés. La forte cohésion politique qui lie la France à ses anciennes colonies tient peut-être aussi de l’obligation morale. Le honteux héritage du bagne de Cayenne hante encore la Guyane française d’une omniprésente tristesse. “La France envoyait ici ses condamnés comme nous envoyions les nôtres en Australie, explique James Pritchard, professeur d’anglais local. Aujourd’hui, bien sûr, la France est un parent généreux. Il y a une sorte de contrat moral entre la France et tous ses départements d’outre-mer.”

    La Réunion est la dernière étape de notre voyage. C’est certainement le plus beau de tous les DOM-TOM. Après treize semaines dans cet univers parallèle français, on s’habitue à une forme d’illogisme forcené. Si bien que je ne suis guère étonnée de voir un panneau disant que Hell-Bourg, dans l’océan Indien, a été classé Plus beau village de France.

    * En français dans le texte.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    Pour moi et pour beaucoup de français métropolitains, un référendum à l'échelon national ne me contredirait pas, (y compris pour la Corse) c'est :

    COMMENT S' EN DEBARRASER ?
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

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    • #3
      je crois que tu ne te rend pas compte de la valeur geostrategique de ces iles parsemés dans le monde grace a cela la france a l'une des plus grande superficie marine

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      • #4
        Citation Ainsi va la vie dans l’un des départements et territoires d’outre-mer* : les DOM-TOM sont loin de la métropole, ils sont extrêmement coûteux et ne produisent pratiquement rien d’utile. Leur seul rôle est de faire briller encore la gloire de la République française.


        Pour l'instant ça nous coute un maximun. Et compte tenu de la conjoncture internationale ces confétis d'empire ne sont pas prêts à demander leur indépendance.
        Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
        Mahomet

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        • #5
          gdesmon
          Citation Ainsi va la vie dans l’un des départements et territoires d’outre-mer* : les DOM-TOM sont loin de la métropole, ils sont extrêmement coûteux et ne produisent pratiquement rien d’utile. Leur seul rôle est de faire briller encore la gloire de la République française.


          Pour l'instant ça nous coute un maximun. Et compte tenu de la conjoncture internationale ces confétis d'empire ne sont pas prêts à demander leur indépendance

          Et nos impôts qui servent à financer la Correze ou la Creuse ou autres parties de France qui sont peu développer. La plupart de ses DOM sont plus anciennement français que Nice et la Savoie ou même la Corse.

          En tout cas, ça arrange bien la France d'avoir ses possessions qui lui donne un droit de regard en Amérique et en Océanie. La France possède ainsi le 2ème domaine maritime du monde et peut tranquillement envoyer ses fusées à moindre coût de Guyane.

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