Tweet
Je suis né le 11 janvier 1992. J’ai 18 ans. Je suis majeur ! À compter d’aujourd’hui, je peux passer mon permis de conduire, et je peux voter aussi. Oui, désormais, ma voix sera comptabilisée dans les choix de mon pays…Je me sens responsable !
D’après mon père, le jour de ma naissance a coincidé avec une date cruciale dans l’histoire de notre pays. Voilà ce qu’il m’a raconté :
"Le 11 janvier 1992, notre pays s’est retrouvé très inquiet, et le lendemain s’annonçait préoccupant. Après une large victoire du FIS au premier tour des élections législatives (décembre 1991). Un deuxième tour, favorable à ce parti pour l’obtention d’une majorité absolue, devait être tenu en janvier 1992. Mais cela n’a pas eu lieu. Le processus électoral fut interrompu, plongeant ainsi le pays dans une incertitude des plus dangereuses ; en effet, après l’officielle démission du président Chadli ou l’officieux putsch contre ce dernier. Le FIS conteste la décision et amorce une série d’actes contestataires qui se sont transformés en actions de rébellion. Le seuil de la violence fut affranchi, et la spirale meurtrière déclenchée. Crescendo, la machine qui tue s’attaquait aux Policiers, aux journalistes, aux intellectuels, aux artistes, puis à tout le monde et à n’importe le qui. Chaque année bat le record de celle qui l'a précèdée en termes de violence et du nombre de morts. L’indice de psychose a atteint son paroxysme au milieu des années 90. Des attentats pas toujours revendiqués ont fait que le peuple ne distinguait plus ses bourreaux […] 18 ans, c’est le nombre d’années qui sont passées depuis cette entrée dans la violence. Ceux qui ont vécu cette période savent plus ou moins bien ce qui s’est passé. Mon appréhension te concerne toi et les personnes de ta génération, vous qui n’avez pas de vécu mémorisable sur cette période. Vos sources historiques seront celles de vos ainés. Elles doivent être fidèles aux faits, sinon cela serait un éternel recommencement d’échec. Sache que parmi les causes du fiasco des années 90 il y a l’histoire falsifiée…"
J’entendais mon père continuer son récit, mais je ne l’écoutais plus. Je me sens refroidi, je n’ai plus envie d’aller voter…Enfin si, non. Je ne sais pas…je vais voir plus tard. À quoi cela sert de voter si les élections seront annulées ? Ou peut-être c’est ce qu’il fallait faire. Le FIS représentait-il un danger ? Mais comment il a pu remporter autant de voix alors ? Le hic c’est que même en annulant les élections, la violence ne nous a pas épargné…
Bon, je vais passer mon permis de conduire. Pour le vote je vais réfléchir…Je vais demander l’avis de mon prof d’histoire tiens !
La majorité obtenue par le FIS lui a été refusée. J’espère qu'on me confisquera pas ma majorité à moi. Et quand je vote, ma voix sera considérée.
D’après mon père, le jour de ma naissance a coincidé avec une date cruciale dans l’histoire de notre pays. Voilà ce qu’il m’a raconté :
"Le 11 janvier 1992, notre pays s’est retrouvé très inquiet, et le lendemain s’annonçait préoccupant. Après une large victoire du FIS au premier tour des élections législatives (décembre 1991). Un deuxième tour, favorable à ce parti pour l’obtention d’une majorité absolue, devait être tenu en janvier 1992. Mais cela n’a pas eu lieu. Le processus électoral fut interrompu, plongeant ainsi le pays dans une incertitude des plus dangereuses ; en effet, après l’officielle démission du président Chadli ou l’officieux putsch contre ce dernier. Le FIS conteste la décision et amorce une série d’actes contestataires qui se sont transformés en actions de rébellion. Le seuil de la violence fut affranchi, et la spirale meurtrière déclenchée. Crescendo, la machine qui tue s’attaquait aux Policiers, aux journalistes, aux intellectuels, aux artistes, puis à tout le monde et à n’importe le qui. Chaque année bat le record de celle qui l'a précèdée en termes de violence et du nombre de morts. L’indice de psychose a atteint son paroxysme au milieu des années 90. Des attentats pas toujours revendiqués ont fait que le peuple ne distinguait plus ses bourreaux […] 18 ans, c’est le nombre d’années qui sont passées depuis cette entrée dans la violence. Ceux qui ont vécu cette période savent plus ou moins bien ce qui s’est passé. Mon appréhension te concerne toi et les personnes de ta génération, vous qui n’avez pas de vécu mémorisable sur cette période. Vos sources historiques seront celles de vos ainés. Elles doivent être fidèles aux faits, sinon cela serait un éternel recommencement d’échec. Sache que parmi les causes du fiasco des années 90 il y a l’histoire falsifiée…"
J’entendais mon père continuer son récit, mais je ne l’écoutais plus. Je me sens refroidi, je n’ai plus envie d’aller voter…Enfin si, non. Je ne sais pas…je vais voir plus tard. À quoi cela sert de voter si les élections seront annulées ? Ou peut-être c’est ce qu’il fallait faire. Le FIS représentait-il un danger ? Mais comment il a pu remporter autant de voix alors ? Le hic c’est que même en annulant les élections, la violence ne nous a pas épargné…
Bon, je vais passer mon permis de conduire. Pour le vote je vais réfléchir…Je vais demander l’avis de mon prof d’histoire tiens !
La majorité obtenue par le FIS lui a été refusée. J’espère qu'on me confisquera pas ma majorité à moi. Et quand je vote, ma voix sera considérée.
Commentaire