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Xavier Driencourt: Il est faux de dire que les entreprises françaises sont frileuses

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  • Xavier Driencourt: Il est faux de dire que les entreprises françaises sont frileuses

    Les Afriques :Entretien avec l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt

    Xavier Driencourt : « Un homme d’affaire français doit, à chaque fois, aller chercher un visa algérien, vous comprenez que c’est un peu décourageant. »
    Par Zohir Bouzid et Fayçal Métaoui, Alger

    Les Afriques : Après les critiques émises sur les nouvelles mesures prises par le gouvernement algérien dans la loi de Finances complémentaire 2009, le MEDEF dit accepter les règles du jeu après une visite à Alger. Page tournée ?

    Xavier Driencourt : La présidente du Medef, Laurence Parisot, a été claire en disant que les mesures algériennes sont légitimes et incontestables. C’est vrai qu’il y a eu une inquiétude pendant l’été lorsque les nouvelles dispositions de la LFC ont été prises. Des mesures venues sans préavis et sans mode d’emploi. Le service commercial de l’ambassade a fait un travail d’explication auprès des entreprises françaises.

    Vous dire qu’elles sont folles de joie, avec ces mesures, serait exagéré. Cela dit, les entreprises françaises comprennent mieux les mesures en question et elles sont décidées à se battre pour le marché algérien. Il faut faire avec. Je suis parti à Paris rencontrer le Medef pour expliquer le contenu de la LFC. Car, depuis les sièges sociaux parisiens, personne ne comprenait ces mesures. Il y a un décalage entre les entreprises et les filiales qui sont en Algérie et qui comprennent la sensibilité algérienne et le débat sur les importations, le lien entre la balance commerciale, le déficit, la crise politique et toutes les explications données par le Premier ministre Ahmed Ouyahia lorsqu’il a reçu la délégation du Medef. Les sièges parisiens de Suez, Véolia ou Total sont habitués à travailler dans un environnement mondial. Il y a d’autres pays où c’est plus simple et moins bureaucratique pour activer.

    LA : Il y a eu quand même une mesure pénalisante, qui est celle de l’effet rétroactif pour les sociétés d’importation, qui a été levée, mais il reste des mesures lourdes en matière d’investissement, comme les 51-49%. Est-ce que ce n’est pas décourageant pour l’investissement ?

    XD : Ces mêmes règles des 51-49% sont appliquées ailleurs qu’en Algérie. Dans les pays du Golfe, l’investissement se fait aussi par le biais d’un partenaire local. Les entreprises prennent note et s’adaptent. Peut-être qu’elles regrettent que le système soit moins libéral et moins ouvert, comme c’était avant où l’investissement se faisait plus facilement. Il y a aussi des projets qui sont en cours et des entreprises qui jouent la règle des 51-49%, comme la Macif qui va signer avec SAA. Un des points de soulagement des entreprises, également, est que la rétroactivité de l’ouverture du capital à des nationaux dans les sociétés étrangères d’importation a été levée.

    LA : Mais il y a les dossiers pendants, l’investissement de Total dans la pétrochimie et le cas d’AXA Algérie qui n’a toujours pas obtenu son agrément…

    XD : Il y a des entreprises qui réagissent différemment, comme en effet le groupe Axa qui avait un schéma antérieur, avant la circulaire de décembre 2008, qui se dit qu’il n’est pas obligé de s’inscrire dans un nouveau schéma, surtout après avoir reçu des assurances. Donc le cas AXA n’est pas réglé. Les entreprises françaises souhaitent que ces règles du jeu soient appliquées avec souplesse, sans idéologie. Le pire serait le retour de l’idéologie socialo-bureaucratico-soviétique. Elles souhaitent que tout cela soit appliqué avec pragmatisme. Je ne conseille rien à AXA, mais ce serait bien si ses responsables venaient à Alger discuter avec les interlocuteurs algériens. Total est un bon exemple. Je crois qu’il y a des difficultés d’ordres technique, juridique, fiscal, etc. Total souhaite que tout cela s’applique sans idéologie de manière pragmatique pour un investissement qui représente presque 4 milliards d’euros et qui a été signé en présence du président Sarkozy en décembre 2007, lors de sa visite à Alger. On s’attend à ce que les discussions se passent dans un esprit d’ouverture.

    LA : Tout cela est bien, mais lorsqu’on le traduit en termes de nouveaux investissements, il n’y a pas grand-chose d’annoncé. On attend toujours par exemple que Renault face quelques chose en Algérie.

    XD : Il faut laisser les projets mûrir. Il y a des entreprises comme Michelin qui ont, en ce moment, des difficultés à importer de la matière première en Algérie dans le cadre de la loi de Finances. En l’espace de trois ans, les investissements français ont doublé. Ils sont de l’ordre de 350 millions d’euros pour 2008. Il est faux de dire que les entreprises françaises sont frileuses. Il suffit de regarder les chiffres. Il faut relever aussi qu’il est parfois plus facile d’investir au Maroc. Sans doute que le Maroc à fait des conditions techniques et financières beaucoup plus attractives à Renault. Renault n’est pas un philanthrope et ce n’est plus une entreprise d’Etat. Le ministre de l’Industrie français n’a aucun pouvoir sur elle. Il ne peut pas dire à Carlos Ghosn d’aller investir en Algérie plutôt qu’au Maroc.
    Un homme d’affaires, s’il veut nouer des partenariats, doit venir plusieurs fois en Algérie, car on ne construit pas des partenariats industriels en un claquement de doigts. L’Algérie doit faciliter les choses pour les hommes d’affaires. Je plaide donc pour qu’il y ait d’avantage de visas de circulation du côté algérien. Un homme d’affaires français doit, à chaque fois, aller chercher un visa algérien, vous comprenez que c’est un peu décourageant, alors que, quand il va au Maroc, il a son visa à l’entrée de l’aéroport. Ce sont des signaux que l’Algérie pourrait envoyer. Cela attirerait les entrepreneurs français, à mon avis. A Marseille, j’ai rencontré la diaspora algérienne. Des chefs d’entreprise qui ont la nationalité algérienne étaient dubitatifs sur les dispositions de la LFC. Il n’y a pas que les Français qui avaient du mal à les comprendre. Et si les entreprises algériennes de Marseille sont pénalisées, cela veut dire que ce sont des Algériens de Marseille et leur famille qui le sont.

    LA : Côté algérien, on invoque des retards du côté français, notamment pour ce qui est de l’application de l’accord sur le nucléaire civil. Qu’en est-il ?

    XD : L’accord sur le nucléaire civil a été signé, mais il y a un retard à l’allumage côté algérien. Il vient d’être ratifié il y a seulement quelques semaines. En France, la ratification par l’Assemblée nationale a eu lieu il y a déjà un certain temps. L’Euratom a donné son accord et maintenant il faut que les deux pays constituent des groupes de travail et, là aussi, il y a un exemple de bureaucratie.

    LA : Vous avez déjà laissé entendre que l’affaire Hassani – la mise sous contrôle judiciaire d’un haut fonctionnaire algérien dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat à Paris en 1987 de Ali Mecili, un opposant algérien – est à l’origine de cette période de « moins bien » dans les relations bilatérales. N’y a-t-il vraiment que cela qui fait problème ?

    XD : Si on voit l’ordre chronologique des évènements, le président Sarkozy est venu à Alger en 2007, le Premier ministre François Fillon en juin 2008, M. Hassani a été arrêté le 15 août à l’aéroport de Marseille, moi je suis arrivé le 3 octobre et, depuis, les choses sont ce qu’elles sont. Et j’entends mes interlocuteurs algériens me dire que c’est quand même une affaire qu’ils ont mise au plus haut point. Mais il n’y a pas que cela. Le point de départ de la période actuelle est l’affaire Hassani. L’affaire des moines de Tibhirine a suscité de l’émotion en Algérie. Je le comprends. Le président Sarkozy a dit au sommet du G8 qu’il s’en tenait au communiqué 44 du GIA revendiquant le meurtre des sept moines. On ne va pas donner crédit aux affirmations d’un général à la retraite qui était là il y a quinze ans et qui revient dire, des années après, que quelqu’un lui a dit que… Il faut relativiser les choses. Des deux côtés, on regrette cette affaire. Les Algériens nous critiquent aussi sur nos positions supposées pro-marocaines sur le dossier du Sahara occidental…

    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    LA :… parce que Paris soutient le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental ?

    XD : Nous ne faisons que soutenir le plan des Nations Unies sur ce dossier. Il y a également cette question irritante de la mémoire qui, aux yeux des Algériens, est sans doute plus conséquente qu’aux yeux de Paris. Tout cela fait des sujets qu’il faut discuter à un moment ou un autre. Il y a aussi l’UPM, car on n’a pas la même approche. Côté français, on met plus d’enthousiasme, car l’idée est française donc on voudrait la nomination rapide d’un secrétaire général. Côté algérien, il y a plus de retrait parce que le schéma de l’UPM à 40 pays n’est pas celui qu’elle avait initialement en tête. On voudrait reprendre le dossier sans dogmatisme. Depuis la crise de Ghaza en janvier 2009, il y a un sujet de contentieux au sein de l’UPM, mais on sait aussi que, du côté français, ce n’est pas dans l’UPM qu’on va régler le problème du Moyen-Orient. Donc, il faut faire avec cette UPM à 43 Etats, qui inclut Israël avec une approche pragmatique, et qu’on aille rapidement vers l’élection d’un SG.

    LA : Quel pourrait être l’apport de la France dans la question de la sécurité dans le Sahel ?

    XD : Le président français a dit, en août 2009, que la France est préoccupée par la situation au Sahel et qu’elle ne laissera pas El Qaïda s’y installer durablement et faire des dégâts. Cette zone est en train de devenir une zone à risque. Il y a eu cet été un attentat contre notre ambassade à Nouakchott et il y a eu un Français enlevé la semaine dernière en Mauritanie. On sait que l’Algérie est partie prenante à cet effort de sécuriser la région. Il y va de notre intérêt aussi. On est peut-être plus discrets que les Etats-Unis, mais on travaille tout autant que les USA. Nous avons des échanges soutenus avec les Américains. Nous avons également une coopération intense avec la Mauritanie et les autres pays concernés. La préoccupation est partagée par la communauté internationale. Cela dit, il y a de la coopération et non pas de l’action sur le terrain du côté français.
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    • #3
      en lisant les réponses de Mr l'ambassadeur on a l'impression qu'il est bord de la crise de nerfs

      celui la je pense va quitter bientot l'algérie.
      « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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      • #4
        Xavier Driencourt : « Un homme d’affaire français doit, à chaque fois, aller chercher un visa algérien, vous comprenez que c’est un peu décourageant. »


        C'est pareil dans l'autre sens, meme plus difficle,
        Un homme d’affaire algérien doit, à chaque fois, aller chercher un visa français.
        "When I saw the Hoggar Mountains, my jaw dropped. If you think of Bryce, or Canyonlands National Park, you're close, but the Hoggar Mountains are more spectacular." David Ball, Empire of sands

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        • #5
          oui snake ou encore cette perle

          . Renault n’est pas un philanthrope et ce n’est plus une entreprise d’Etat. Le ministre de l’Industrie français n’a aucun pouvoir sur elle.

          ___________________________________________
          Nicolas Sarkozy va recevoir "très prochainement" le patron de Renault

          AP | 13.01.2010 | 12:57


          L'Etat continue de mettre la pression sur Renault, inquiet d'une éventuelle délocalisation de la production de la Clio IV en Turquie. Alors que la marque au losange assure que le site de Flins (Yvelines) n'est pas menacé, Nicolas Sarkozy a fait savoir mercredi qu'il recevrait "très prochainement" le patron de Renault Carlos Ghosn. De son côté, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi recevait à la mi-journée le directeur général, Patrick Pélata.
          A l'issue du conseil des ministres, M. Chatel a jugé "normal" que le représentant d'un "grand actionnaire" qu'est l'Etat, avec 15% des parts, demande des comptes au constructeur français. "C'est normal que le représentant d'un des grands actionnaires de Renault rencontre le PDG pour lui faire part de ses orientations, de ses choix et de son point de vue sur ce sujet".
          Pour le porte-parole, rappelant l'aide de l'Etat aux constructeurs lors de la crise économique, "le gouvernement ne comprendrait pas une mesure qui consisterait à délocaliser, au moment où nous avons pris toutes ces décisions (...), la production d'un véhicule aussi emblématique pour les Français que la Clio".
          M. Chatel a ainsi rappelé que "le pacte automobile qui a été signé ici même à l'Elysée en février dernier a sans doute permis de sauver l'industrie automobile française. Le gouvernement a pris ses responsabilités à cette époque: il a choisi d'accompagner par des prêts ces constructeurs automobiles, il a travaillé pour l'ensemble de la filière pour permettre des gains de compétitivité et de meilleures relations entre les donneurs d'ordres et leurs sous-traitants".
          Dans la matinée, prenant le relais de M. Estrosi et du secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, le ministre du Budget Eric Woerth avait estimé que la délocalisation de la production de la Clio IV en Turquie ne serait pas "acceptable". "Ce qui est tout à fait anormal, c'est de penser qu'un constructeur français exporte les usines pour aller réimporter en France les voitures. Ca, ce n'est pas acceptable", a-t-il lancé sur LCI.
          Face au flot de critiques gouvernementales, Renault avait assuré mardi soir que son site de Flins (Yvelines) resterait ouvert, soulignant par ailleurs être principalement localisé en France, notant que 25% de ses voitures sont produites dans l'hexagone, où se trouvent 45% de ses effectifs. Flins deviendra "le centre de gravité de la filière véhicules électriques, qui prendra progressivement le relais de l'activité de construction de véhicules traditionnels dans l'usine", a assuré Renault en rappelant les récentes promesses faites par M. Ghosn.
          La marque au losange a redit n'avoir encore rien décidé concernant la Clio IV, successeur de la Clio III à partir de 2013. "Plusieurs scénarios sont à l'étude et aucune décision n'est prise à ce stade. La compétitivité du véhicule est un élément essentiel pour garantir son succès commercial" et "donc un élément déterminant dans les décisions d'affectation industrielle". AP

          « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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          • #6
            le maire de Nice, ministre de l'industrie, refuse une clio made in turkey.

            Ce gouvernement est plein de contradictions. Ce pays des droits de l'homme, qui m'a vu naitre, ne reconnait toujours pas les tortures en Algérie et fait l'apologie des bienfaits des sociétés colonisatrices.

            L'ancien maire de Lyon et ministre Raymond Barre disait qu'il n'y a pas de morale dans les affaires...que la France ne joue pas sur les 2 tableaux en même temps. Depuis 1962, l'influence de La France n'a fait que décroître mais apparemment elle est aveugle à le voir...
            Nahnou ma’a Falastine dhalima aoue madhelouma» Houari Boumediène

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            • #7
              Xavier Driencourt : « Un homme d’affaire français doit, à chaque fois, aller chercher un visa algérien, vous comprenez que c’est un peu décourageant. »
              et oui Mr Xavier, l'algerie n'est ne le maroc ni la tunisie.

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