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Quand des particuliers s’autoproclament moniteurs d’auto-écoles

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  • Quand des particuliers s’autoproclament moniteurs d’auto-écoles

    Les différents services chargés de la sécurité routière enregistrent quotidiennement d’innombrables accidents de la circulation, à travers les quatre coins de l'Algérie, engendrant des dizaines de morts et des centaines de blessés (parmi lesquelles on retrouve des personnes physiquement et/ou mentalement handicapées). En dehors des facteurs classiquement connus comme étant les principales causes de la majorité des accidents enregistrés sur la voie publique (tels l’excès de vitesse, la conduite en état d’ivresse, les problèmes d’ordre technique…), l’irresponsabilité de certains chauffeurs intervient également comme étant l’un des principaux facteurs qui contribue à l’insécurité routière dans le pays.

    Et que dire encore «des chauffeurs» qui n’ont même pas de permis de conduire?

    Aïdouni Abdelkader, 38 ans, avant de se faire amputer de sa jambe gauche, après avoir été victime d’un accident de la circulation survenu au début du mois précédent, menait une vie paisible.

    Il exerçait comme marchand de poissons au niveau d’un marché situé dans l’un des quartiers populaires de la ville d’Oran, à savoir celui d’El-Hamri. «C’était un vendredi, plus précisément, le 11 décembre dernier. L’heure indiquait environ 16h10. J’étais assis sur ma moto garée sur le trottoir de la plage dite de Bomo (une plage située au niveau de la partie ouest de la corniche oranaise, environ une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la ville balnéaire de Aïn-El- Turc).

    Je discutais au téléphone avec un ami lorsque j’ai été heurté violemment par derrière par un véhicule roulant à vive allure», nous raconte avec amertume Abdelkader. Et de continuer : «Quand je me suis réveillé après le choc qui m’a fait perdre connaissance, je me suis retrouvé allongé sur le sable, le pied en sang.» Le véhicule de marque Renault Clio Sport (dernière génération, appelé communément «papillon») qui a heurté Abdelkader, raconte la victime, avait démoli une partie du mur du balcon qui longe la plage en question, en écrasant le jeune marchand de poissons, avant de le projeter à environ une dizaine de mètres plus loin.

    Ce qui donne une idée sur la violence du choc. Une fois évacué à l’hôpital, le personnel médical qui l’a pris en charge a décidé de l’amputer de sa jambe blessée. L’interpellation et l’interrogatoire de la demoiselle qui conduisait le véhicule qui a causé tous ces dégâts ainsi que de son compagnon, le propriétaire du véhicule en question, était révélateur : «La conductrice du véhicule n’est pas titulaire d’un permis de conduire !»

    C’est le jeune qui l’accompagnait, propriétaire de la Clio, qui, en s’autoproclamant moniteur, l’a autorisé à prendre le volant afin de lui apprendre à conduire, en dépit de toutes les lois en vigueur et du danger que constitue cet acte sur la sécurité de la jeune femme et des utilisateurs de cette voie.

    Si l’irresponsabilité de ce jeune homme a été, d’une manière ou d’une autre, à l’origine de cette catastrophe, la faible peine de prison stipulée par la législation algérienne à l’égard des auteurs de ce type de massacres incombe une part de responsabilité au législateur.

    Selon maître Meziane Amine, l’avocat qui prend en charge la défense de la victime de cet accident, la loi algérienne ne stipule, au maximum, que 2 ans de prison ferme à l’encontre de celui ou de celle qui commet un accident de la circulation entraînant la blessure de la victime.

    Dans le cas d’Abdelkader, seuls trois mois de prison ferme ont été prononcés à l’encontre de la conductrice, cependant le propriétaire du véhicule, bien qu’il ait reconnu, devant le juge lors de son audience, avoir été en compagnie de la conductrice le jour des faits et qu’il assistait la jeune fille dans ses manœuvres d’apprentissage, a bénéficié de l’acquittement. La qualification des faits, lors de la poursuite en justice d’un chauffeur de véhicule sans permis auteur d’un accident conduisant même au handicap permanent de la victime, pose problème.

    La victime, selon les spécialistes de la justice, ne peut déposer de plainte que sous la qualification de coups et blessures involontaires en cas d’accident sur la voie publique. Sans que le handicap engendré ou le degré de la gravité de la blessure soient pris en charge.

    Question indemnisation, l’on apprend que l’évaluation du dédommagement est très difficile dans ce type de situation. La victime est souvent orientée vers la Caisse nationale d’assurance afin de demander à être dédommagée, chose qui n’est guère facile à réaliser. Aïdouni Abdelkader, celui qui a été amputé de sa jambe à cause de l’irresponsabilité dudit couple, n’est guère satisfait du verdict prononcé par l’instance juridique qui a pris en charge son dossier, d’autant que l’un des deux responsables de son handicap permanent est resté jusque-là impuni.

    Par Le Soir
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