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Le livre a été réédité en 2007, avec la préface
originale de Jean-Paul Sartre, à l’initiative de l’université américaine du Nebraska Lincoln.
Dans un pays où, pendant huit ans, l’administration Bush a fait de la torture un sujet de débat « démocratique » comme un autre, la Question, d’Henri Alleg, est apparue, dans certains cercles intellectuels et progressistes, comme une évidente boussole morale et politique. Le livre avait déjà fait l’objet d’une publication aux États-Unis, en 1958, alors qu’il était frappé d’interdiction en France. Il a été réédité en 2007, avec la préface originale de Jean-Paul Sartre, à l’initiative de l’université du Nebraska Lincoln.
Un avant-propos d’Ellen Ray, coauteur de Guantanamo : ce que le monde doit savoir, offre un utile éclairage sur l’édition américaine de ce poignant témoignage des supplices subis, pendant la guerre d’Algérie, par le journaliste communiste et militant anticolonialiste. « Ce témoignage devrait au moins donner aux leaders politiques des raisons de tempérer leur empressement à forger des euphémismes comme “interrogatoires musclés”, pour travestir l’affreuse vérité de la torture. Les leçons de la Question s’avèrent aujourd’hui tout aussi valides qu’en 1958, et peut-être davantage, si l’on considère que la question française est aujourd’hui devenue une question pour nous tous », écrit, en introduction de cette édition, James D. Le Sueur, historien de la guerre d’Algérie, professeur associé à l’université du Nebraska.
Cette réédition, comme les conférences données par l’auteur dans plusieurs universités, ont rencontré un écho à la mesure de l’indignation suscitée, dans une frange de la société états-unienne, par les pratiques encouragées par la CIA et le Pentagone au nom de la « guerre contre le terrorisme ». « Les leçons de l’expérience française en Algérie sont entrées en scène en 2003, lorsque le Pentagone a présenté à ses chefs d’opérations spéciales le film de Gillo Pontecorvo, la Bataille d’Alger, comme un exemple de l’utilisation tactique de la torture et du meurtre dans la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, le livre brûlant d’Henri Alleg, la Question, a été republié pour la première fois depuis 1958, avec une contextualisation perçante, à l’heure de Guantanamo et d’Abou Ghraib », jugeait, à propos de cette réédition, l’écrivain et critique David Levi Strauss. Pour l’hebdomadaire The Nation, le livre « laisse l’impression d’une totale dégradation des personnes et des institutions sociales ». « Ce livre, qui choqué la conscience de la France, devrait aujourd’hui déranger la conscience de tous les hommes », ajoute la French Review. « Très peu de livres ont l’impact de la Question sur le lecteur. Parce que très peu de livres montrent aussi justement jusqu’à quel point peut sombrer un peuple. La Question est un livre important pour quiconque s’intéresse à l’état du monde moderne », conclut la revue littéraire Laurus. R. M.
R.M
l humanite
Dans un pays où, pendant huit ans, l’administration Bush a fait de la torture un sujet de débat « démocratique » comme un autre, la Question, d’Henri Alleg, est apparue, dans certains cercles intellectuels et progressistes, comme une évidente boussole morale et politique. Le livre avait déjà fait l’objet d’une publication aux États-Unis, en 1958, alors qu’il était frappé d’interdiction en France. Il a été réédité en 2007, avec la préface originale de Jean-Paul Sartre, à l’initiative de l’université du Nebraska Lincoln.
Un avant-propos d’Ellen Ray, coauteur de Guantanamo : ce que le monde doit savoir, offre un utile éclairage sur l’édition américaine de ce poignant témoignage des supplices subis, pendant la guerre d’Algérie, par le journaliste communiste et militant anticolonialiste. « Ce témoignage devrait au moins donner aux leaders politiques des raisons de tempérer leur empressement à forger des euphémismes comme “interrogatoires musclés”, pour travestir l’affreuse vérité de la torture. Les leçons de la Question s’avèrent aujourd’hui tout aussi valides qu’en 1958, et peut-être davantage, si l’on considère que la question française est aujourd’hui devenue une question pour nous tous », écrit, en introduction de cette édition, James D. Le Sueur, historien de la guerre d’Algérie, professeur associé à l’université du Nebraska.
Cette réédition, comme les conférences données par l’auteur dans plusieurs universités, ont rencontré un écho à la mesure de l’indignation suscitée, dans une frange de la société états-unienne, par les pratiques encouragées par la CIA et le Pentagone au nom de la « guerre contre le terrorisme ». « Les leçons de l’expérience française en Algérie sont entrées en scène en 2003, lorsque le Pentagone a présenté à ses chefs d’opérations spéciales le film de Gillo Pontecorvo, la Bataille d’Alger, comme un exemple de l’utilisation tactique de la torture et du meurtre dans la lutte contre le terrorisme. Aujourd’hui, le livre brûlant d’Henri Alleg, la Question, a été republié pour la première fois depuis 1958, avec une contextualisation perçante, à l’heure de Guantanamo et d’Abou Ghraib », jugeait, à propos de cette réédition, l’écrivain et critique David Levi Strauss. Pour l’hebdomadaire The Nation, le livre « laisse l’impression d’une totale dégradation des personnes et des institutions sociales ». « Ce livre, qui choqué la conscience de la France, devrait aujourd’hui déranger la conscience de tous les hommes », ajoute la French Review. « Très peu de livres ont l’impact de la Question sur le lecteur. Parce que très peu de livres montrent aussi justement jusqu’à quel point peut sombrer un peuple. La Question est un livre important pour quiconque s’intéresse à l’état du monde moderne », conclut la revue littéraire Laurus. R. M.
R.M
l humanite