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Un rêve assassiné

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  • Un rêve assassiné


    L’année 2009 avait commencé par une exhortation qui évoquait une Rédemption. Elle s’est terminée dans les dures amertumes de la Chute. Je parle évidement ici du Proche Orient et si je choisis des termes religieux, c’est que la tragédie s’y est entièrement confessionnalisée. Le Dieu évoqué par Barack Hussein Obama est sans doute unique et miséricordieux, mais il a préféré diviser ses enfants plutôt que les unir. Pour parler plus simplement, le rêve de paix formulé par un président d’origine Africaine, doté d’ancêtres musulmans et élevé dans la religion chrétienne, n’a aucunement perturbé les cœurs ni transformé les âmes. Si j’en parle à nouveau, ce n’est pas seulement parce que je ne puis m’empêcher de comparer l’assassinat d’un grand rêve aux meurtres de Martin Luther King et d’Itzhak Rabin. C’est parce qu’on sait maintenant - et seulement maintenant - en quoi consistait la stratégie pacifique de Barack Obama.
    Il n’y avait pas que des mots, si admirablement choisis fussent-ils, il n’y avait pas que des idées, si généreuses fussent-elles, il y avait bel et bien un plan Obama, qu’il est important de connaître. Pendant la campagne électorale, il avait exprimé à plusieurs reprises une espérance, et même une détermination : celle d’obtenir des responsables iraniens qu’ils renoncent à fabriquer une bombe nucléaire, en échange d’une participation de l’Iran à la majorité des instances internationales. Ces propos avaient été diversement accueillis en Israël, bien sûr, mais aussi et peut être surtout en Arabie Saoudite, en Jordanie, en Egypte et dans les Émirats. Des apaisements avaient été donnés à ces derniers, mais en soulignant que si l’on devait être conduit un jour à user de la force envers l’Iran, il faudrait pour cela que tous les Etats arabes, et si possible tous les Etats musulmans, soutiennent avec éclat l’Onu, l’Otan et les États-Unis. A quoi les États arabes dits modérés répondirent que cette condition ne pouvait être envisagée que si les États Unis renonçaient à leur alliance privilégiée avec Israël. Il ne fallait pas laisser à l’Iran et à son chef hystérique, M. Ahmadinejad, le monopole de la défense de l’Islam et des Palestiniens. On retrouvera toutes ces préoccupations dans le discours du Caire, en juin 2009.
    C’est peu avant son arrivée à la Maison-Blanche que Barack Obama reçut la confirmation que les États Arabes, dans leur quasi totalité, étaient prêts à renouveler leur offre spectaculaire de 2002, à savoir l’échange des territoires contre la reconnaissance d’Israël et l’établissement de relations diplomatiques entre Jérusalem et toutes les capitales arabes. Quant aux Israéliens, les collaborateurs de Barack Obama se faisaient fort de d’infléchir leurs positions.
    Lorsqu’Obama arrive dans le bureau ovale, son premier geste est donc de téléphoner au président de l’Autorité palestinienne, puis au roi d’Arabie Saoudite, enfin au premier ministre Israélien. Très vite, des collaborateurs, dont George Mitchell, vont être chargés de réaliser le plan préparé. Deux mois plus tard, Barack Obama apprend que les Israéliens continuent de construire dans les territoires occupés, multiplient les destructions d’habitations non juives et rendent impossible le ravitaillement de la population de Gaza. C’est à ce moment-là qu’une réunion a lieu au sommet, dans laquelle Hillary Clinton a la première occasion de rendre éclatant son soutien à son ancien rival devenu président.
    Sous son autorité, les Israéliens sont sommés de geler toutes constructions en Cisjordanie. L’épreuve de force est commencée. Elle va durer plusieurs mois. Avec l’aide du Likoud Washingtonien, Benyamin Netanyahu, premier ministre d’Israël, qui a toujours préconisé qu’il n’y eut qu’un seul État et qu’il fut juif, finit par gagner le partie. Si bien que le jour où Hillary Clinton commet la gaffe de déclarer qu’elle a remporté une victoire en arrachant l’accord de Netanyahu sur le principe des deux Etats, ce fameux jour souligne en fait la défaite du président américain, provoque le retrait par les Saoudiens de la promesse d’une paix globale, et il est salué par le Hamas palestinien, le Hezbollah Libanais et leur tuteur iranien comme une victoire. Netanyahu était devenu leur allié. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura jamais d’intervention militaire en Iran. Cela signifie, en revanche, que la passion réconciliatrice d’Obama entre les États-Unis et l’Islam s’est soldée par un piteux échec. Est-il irrémédiable ? George Mitchell arrive cette semaine au Proche-Orient avec de nouvelles propositions. Connaîtront-elles un meilleur sort que les précédentes ? L’expérience, hélas !, invite au doute…

    Camus et l’Algérie
    Bien que les institutions de l’État algérien se soient abstenues de participer aux hommages qui ont salué le cinquantième anniversaire de la mort d’Albert Camus, les discussions n’ont pas cessé en France sur « l’algérianité » de l’auteur des reportages sur « Misère en Kabylie ». Camus a-t-il compris l’âme d’un peuple dont le désir d’indépendance s’était affirmé avec continuité depuis le départ des Ottomans ? Peut-on s’affirmer algérien si on ne partage pas le refus d’arracher tous les pouvoirs aux infidèles ? Bref, est-il vraiment un Algérien ?
    Je surprendrai les auteurs de ce procès en leur disant qu’ils n’ont pas tort de poser cette question. Mais il est temps pour eux de se résigner au fait que le sentiment nationaliste s’est manifesté de manière très différente suivant les époques et qu’il n’a pas toujours été incompatible avec le désir de coopérer avec une certaine France : celle de l’Egalité, de la Fraternité et de la Liberté. Car les Français dits libéraux n’étaient pas les seuls à réclamer d’abord et avant tout l’égalité, au moins comme une étape. Lorsque Camus fait le portrait de Ferhat Abbas, qui devait devenir le premier président de la République algérienne, il le rejoint avec unie empathie chaleureuse. Autrement dit, une partie du peuple algérien progressiste, toutes religions confondues, a mis du temps avant de se convertir au nationalisme violent et indépendantiste. Tout se passe comme ci cette vérité si simple et que j’ai vécue était volontairement ignorée par les meilleurs historiens. Je le dis à Wassyla Tamzali comme à Messaoud Benyoucef, auteurs de deux frémissantes tribunes dans le monde du 10 janvier. Ce dernier oppose son professeur condamné par l’OAS à Camus et à sa mère. Sait-il que sans la protection du service d’ordre du FLN, Camus avait toutes les chances d’être lynché par les voyous de l’Algérie Française lors de l’appel à la trêve civile en 1956 ? Je ne me suis séparé de Camus que lorsqu’il m’a paru inéluctable que seul le FLN, nationaliste et musulman, même s’il n’était qu’une composante de la communauté algérienne pût mettre fin à sept terribles années de guerre.
    J. D.
    le nouvel observateur
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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