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    Et pourtant le wali est une femme!

    par Kamel Daoud
    On peut juger un homme à la propreté et au brillant de ses chaussures. On peut juger d'un Etat ou d'un ministère ou d'une politique de développement de 150 milliards de dollars à un détail. On prend donc les vastes et grandiloquentes politiques de promotion de la femme algérienne rurale, de l'obligation de son intégration dans le marché de l'emploi et de l'avenir des enfants algériens dans les milieux ruraux et on va dans une petite commune au sud de Mostaganem par exemple. Là, un projet de crèche étatique est à l'arrêt depuis des années. La cause ? Un imbroglio administrato-surréaliste. La wali (qui est pourtant une femme) y avait promis en effet la prise en charge et l'ameublement sur ses fonds propres privés, dans une sorte d'acte caritatif pour raison personnelle. La promesse bloquera donc l'initiative d'ameublement locale, la mairie n'osant pas aller contre les volontés de la wali ni lui rappeler sa promesse non exaucée à chaque fois qu'elle venait dans les parages. Du coup, la crèche qui a mis des années à être érigée, restera en l'état faute de l'Etat. C'est-à-dire vide. La facture est à payer par les femmes algériennes travailleuses dans ce village: sans possibilité de crèche, il ne restait que les sollicitations familiales, vite épuisées pour des raisons de patience, les grands-parents qui ont leur santé et leur vieillissement à gérer, et les voisines que l'on doit payer et qui finissent par dire non aux 2000 DA de la mère en détresse, forcée à choisir entre un salaire et un enfant.

    Suite du feuilleton: la crèche est soumise à un appel d'offres pour gestion et exploitation. Quelques privés se présentent mais feront vite de reculer ou d'être exclus. La raison ? Là aussi l'absurde. Car on y oblige le soumissionnaire à accepter la clause de gestion valable pour une seule année. Avec le cahier de charges qui impose des dépenses d'équipement strictes et onéreuses, le privé est obligé à accepter un investissement impossible à amortir en un an. Du coup, la seule solution est de fixer des tarifs d'abonnement faramineux, inadaptés aux réalités salariales des femmes dans les milieux ruraux. Les autorités locales, selon la belle formule socialiste, ne sauront y faire et la crèche restera donc fermée et l'est toujours. Les femmes algériennes travailleuses dans les milieux ruraux et qui ne sont pas walis (e) ont donc le choix: ne pas faire des enfants et travailler, travailler et ne pas faire des enfants ou jeter leur enfant à la poubelle et attendre les virements des fin de mois.

    Pour ces femmes-là, ce que dit l'Algérie sur la promotion de la femme algérienne et de son accès à l'emploi vaut ce que valent les chaussures sales d'un homme qui se prend pour un mannequin. On peut en effet consacrer des milliards de dollars à parler de relance mais rien n'y fait si, dans un simple village de Mostaganem, un Etat, son ministre, sa wali et son maire n'arrivent pas à assurer les services d'une crèche d'enfants pour que des Algériennes aient droit au travail comme promis par l'indépendance, le socialisme et, actuellement, leur produit idéologiquement croisé, Bouteflika.


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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