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La SNVI construira des véhicules de tourisme en Algérie

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  • La SNVI construira des véhicules de tourisme en Algérie

    « La décision de supprimer le crédit à la consommation en Algérie n’a pas été prise de manière fortuite.» Cette déclaration est de Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale lors du lancement du processus des négociations des conventions de branches au siège même de son département.

    L’hôte des partenaires de la tripartite a expliqué que l’interdiction du crédit à la consommation contenue dans la loi de finances complémentaire avait pour but de permettre à la SNVI de construire localement des véhicules.

    Parce que jusqu’à un passé très récent, le Trésor public finançait les importations de véhicules et faisait travailleurs des étrangers (employés des constructeurs automobiles) alors que la Société nationale des véhicules industriels a assez de savoir-faire pour en produire.

    A ce sujet, nous avons appris que ce projet est pratiquement finalisé et sera lancé prochainement. Lors de son intervention, M. Louh avait rendu hommage aux travailleurs de la SNVI (avec ses 11 unités réparties à travers l'Algériel) qui avaient repris le jour même l’activité, comme pour réitérer sa position de manière indirecte selon laquelle la grève était une manipulation politique et qu’elle était loin d’être l’œuvre des employés. Il informera l’assistance des mesures prises par l’Etat en faveur de l’entreprise, dont l’effacement de la dette et la suppression du découvert bancaire d’un volume de 62 milliards de dinars. Cela, en sus du plan de charge important qui lui a été octroyé conformément à la décision du chef du gouvernement d’instruire l’ensemble des départements ministériels et autres entreprises publiques de ne plus importer de camions et d’en commander auprès de la SNVI.

    Le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbès, qui s’approvisionnait habituellement chez Hyundai, a demandé la semaine dernière à l’entreprise de lui réserver pas moins de 2 000 minibus «solidarité». Avec ce chiffre, la SNVI a un plan de charge de 10 000 véhicules.

    Sans compter l’entrée en lice de la construction de véhicules légers et/ou de tourisme avec en prime la création de 3 000 emplois directs et presque autant indirects, puisque l’entreprise recourra à la sous-traitance. Les syndicalistes de la SNVI, présents ce jeudi au ministère du Travail, affichaient une certaine satisfaction, ce d’autant qu’ils sortaient d’une assemblée générale assez difficile et à l’issue de laquelle la décision de reprise du travail a été annoncée. Le conflit, rappelons-le, avait débuté il y a une semaine, soit un peu plus d’un mois après la tripartite que les ouvriers ont tenu à dénoncer, notamment dans son volet salarial (SNMG) et de départ à la retraite anticipée, ainsi que les conditions de travail qu’ils jugent pénibles. A ce propos, le PDG de l’entreprise nous a confié, jeudi dernier, que l’entreprise disposait de 9 médecins et d’agents paramédicaux pour veiller à la santé des travailleurs. Aussi, il ne comprenait pas que les syndicalistes avancent cet argument pour justifier l’arrêt de travail. «Quant aux autres revendications, elles feront l’objet de dialogue et de négociations», nous indiquera encore Mokhtar Chahboub. Il faut dire que l’encadrement et les travailleurs de la SNVI sont revenus de loin, de très loin même. L’entreprise était quasiment vouée à la dissolution et son important patrimoine menacé de bradage. En juillet 1997, les salariés n’avaient pratiquement pas le sou. Il n’y avait pas d’argent et la BNA refusait toute concession, en raison du découvert bancaire et de l’absence de garantie. Il a fallu l’intervention de Abdelmadjid Sidi Saïd qui a interpellé le chef du gouvernement de l’époque, en l’occurrence Ahmed Ouyahia pour que celui-ci donne instruction à la banque de débloquer dans l’heure qui suivait les salaires.

    C’est ainsi qu’un camion chargé de sacs de billets a démarré de la BNA vers Rouiba et les travailleurs ont été payés en liquide. Il n’était pas question d’attendre que l’institution financière procède à des virements. La situation était trop explosive. La menace d’occuper la rue planait. Ce n’était pas le moment, surtout que les choses risquaient de déborder et de devenir incontrôlable. On était encore en plein terrorisme et tout pouvait arriver.

    8 500 suppressions d’emploi

    Le déblocage des salaires n’a pas pour autant réglé les difficultés dans lesquelles se débattait l’entreprise. Aussi, le CPE (conseil de participation de l’Etat), présidé par le chef du gouvernement décide de la fermeture de 8 unités de la SNVI. Les choses ne s’arrangent pas. Le chef du gouvernement est saisi par le secrétaire général de l’UGTA le 1er août 1998 qui lui rappelle les mises en garde des représentants de la Fédération de la mécanique, électrique et électronique. Il lui rappelle également que la décision de la fermeture a été prise en «contradiction des mesures arrêtées lors de la réunion du 7 juillet». Réunion à l’issue de laquelle il a été convenu de geler la fermeture des unités et de privilégier le redressement et la relance de l’entreprise, le but étant de préserver les emplois. Ce n’est pas pour autant que la SNVI a retrouvé ses marques.

    Le 6 février 2002, Abdelmadjid Sidi Saïd interpelle de nouveau le patron de l’exécutif sur la situation économique et sociale de l’entreprise en dépit de la réduction des effectifs allant des licenciements pour raison économique et départs volontaires. Ces derniers «ont coûté extrêmement cher à l’entreprise, bien plus qu’un recrutement avec salaire», nous a indiqué le PDG de la SNVI. Les plans de redressement interne ont été couronnés par la fermeture de 12 unités commerciales et le départ de 8 500 travailleurs. Dans la correspondance susmentionnée, le secrétaire général de l’UGTA rappelle au chef du gouvernement que les employés ont consenti de leurs sacrifices sans que pour autant les pouvoirs publics respectent leurs engagements, consistant en l’assainissement et l’investissement. Malgré cela, l’entreprise a réussi à réaliser, en 2002, près d’une année de chiffre d’affaires, dont 2 milliards de dinars à l’exportation. Cela signifie que l’entreprise était viable. La SNVI a réalisé, écrit encore le patron de la Centrale syndicale, «12,6 milliards de dinars de chiffres d’affaires en 2001, soit une croissance de 38% par rapport à l’année précédente», à la faveur du dispositif d’accompagnement de la BNA. Ce que l’on appelait à l’époque, et c’était assez nouveau pour l’Algérie, qui n’arrivait pas encore à trouver ses repères en économie de marché, le dispositif banques-entreprises qui valait aussi bien pour le public que pour le privé. Un dispositif qui n’a pas réussi à tout le monde et qui boitait quelque peu. Le SG de l’UGTA, conforté par les résultats réalisés, a demandé au chef du gouvernement de faire bénéficier la SNVI du gel du découvert, du traitement de la dette et l’autorisation de l’investissement sur fonds propres. Celui-ci n’était pas autorisé pour l’ensemble des entreprises, même les plus florissantes. Ce qui les a handicapées et favorisé la concurrence déloyale.

    1 300 départs en retraite anticipée

    En 2003, la Société nationale de véhicules industriels se voit offrir une autre bouffée d’oxygène après le gel du découvert de 62 milliards de dinars. En effet, dans un sursaut de patriotisme économique (c’était la première fois que cette expression était usitée dans notre pays), le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales rend visite à l’entreprise de Rouiba. Il annonce aux travailleurs que son département avait décidé de lui passer commande pour la livraison de camions bennes au profit des APC.
    Mais en 2006, la situation de l’entreprise redevient critique. La BNA a bloqué l’ensemble des mouvements financiers et refuse de poursuivre son accompagnement dans ses transactions commerciales. De fait, l’entreprise était dans l’incapacité de financer ses approvisionnements. Le syndicat intervient à nouveau et les difficultés commencent à s’estomper. L’élan est maintenu. Dans la nouvelle orientation et dans le souci de protéger l’économie nationale, l’Etat décide de sauver les entreprises nationales. La SNVI fait partie du lot. Non seulement sa dette est épongée, mais elle bénéficie d’un plan de charge assez conséquent qui lui permettra de retrouver son embellie d’antan. Ce qui n’est pas fait pour déplaire aux ouvriers et au PDG de l’entreprise.

    Toutefois, celui-ci est quelque peu déçu. Et pour cause, l’ordonnance de 1997 relative au départ à la retraite anticipée et/ou après 32 ans d’activité va sensiblement désavantager l’entreprise. En effet, nous a déclaré jeudi dernier M. Chahboub, la SNVI va perdre 1 300 travailleurs durant l’année 2010. Ils partent en retraite à la faveur de cette ordonnance. Ce qui me chagrine, ce sont des travailleurs qualifiés qui détiennent un savoir-faire que l’on ne pourra pas retrouver de si tôt.».

    Mieux encore, le PDG de la SNVI regrette que ses ouvriers partent en retraite, non pour se reposer mais pour aller travailleurs ailleurs et faire bénéficier les entreprises privées de leur capital expérience.

    Dès lors, l’abrogation de cette ordonnance serait plus que salutaire pour le premier responsable de l’un des fleurons de l’industrie algérienne. Cela, en attendant que les difficultés d’un autre fleuron des travaux publics du pays se résolvent. La SONATRO est au bord de la faillite au moment où les grands chantiers de routes et d’autoroutes sont lancés tous azimuts.

    Par La Tribune
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