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Silences et douleurs sourdes au procès d'un père infanticide

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  • Silences et douleurs sourdes au procès d'un père infanticide

    Le samedi 2 juillet 2005, en fin d'après-midi, lorsqu'il conduit son petit garçon de 5 ans aux urgences du CHU de Nancy, Xavier Haristoy vient de lui faire boire un gobelet contenant de l'azoture de sodium. C'est un des toxiques les plus puissants, proche du cyanure, conservé dans des flacons à tête de mort dans la pharmacie de l'hôpital.

    Pendant sept heures, l'équipe médicale de l'hôpital d'enfants va se battre contre un ennemi qui ne dit pas son nom : le petit garçon présente des signes neurologiques rares, respiratoires, pulmonaires et cardio-vasculaires associés. Xavier est terrifié, mais il se tait. Il ne mettra pas les médecins sur la piste d'une intoxication. Vers 1 heure du matin, Alexis meurt, laissant les médecins dans la perplexité, compte tenu du tableau clinique insolite auquel ils étaient confrontés.

    La cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, présidée par Michel Iogna-Prat, a jugé, depuis le 12 janvier, Xavier Haristoy, 36 ans, microbiologiste à la pharmacie de l'hôpital de Nancy pour avoir empoisonné son fils Alexis, et avoir tenté d'empoisonner son ex-épouse, Carinne, qui en a réchappé au printemps 2005.

    A l'époque du drame, l'univers de Xavier Haristoy, fils de famille parfait, né dans le Bordelais, étudiant doué et solitaire, père fusionnel et exclusif, s'effondrait sous ses pieds. Carinne, lassée du manque de communication dans le couple et de la froideur de son mari, s'était éloignée et avait fini par demander le divorce. La garde alternée avait été refusée. L'enfant vivait désormais avec Carinne à Pontarlier, où elle avait trouvé un emploi, pharmacienne comme son mari.

    "Rendre un peu malade"

    Pendant les deux premiers jours du procès d'où il émanait une tension sourde, Xavier Haristoy n'a pas ouvert la bouche. Au président qui lui donnait la parole dans les premiers instants, il avait déclaré d'un ton neutre : "Je reconnais être coupable de la mort de mon fils Alexis, mais en aucun cas avoir voulu empoisonner mon épouse."

    Aucune réaction quand psychiatres et psychologues ont disserté sur le mobile de son geste, quand les toxicologues se sont interrogés sur le paradoxe qu'il y a à administrer un produit potentiellement mortel à un enfant qu'il voulait seulement "rendre un peu malade" pour discréditer la mère.

    Quand Carinne avait appris que l'enfant était aux urgences, elle avait foncé à l'hôpital, en repoussant de toutes ses forces l'idée que Xavier ait pu empoisonner Alexis, convaincue d'avoir fait elle-même l'objet d'un empoisonnement quelques mois plus tôt. Elle cherchait alors "toutes les autres explications rationnelles, un traumatisme crânien après une chute, une méningite". C'est sa propre expérience qui, ajoutée aux interrogations des médecins, va permettre de confondre le père. "Sinon, c'était le poison parfait pour un crime parfait", note Me Hélène Strohmann, avocate de la mère.

    Lorsque Michel Iogna-Prat lui a posé, enfin, la question "pourquoi avoir tué l'être qui lui était le plus cher ?", Xavier Haristoy s'est levé, et sur un ton égal, d'une voix parfois peu audible, a raconté au présent comment il a tué son fils. Il se revoit, balayant du regard l'armoire contenant les produits, choisissant celui-là, qui n'est pas celui qu'il connaît le mieux. "A ce moment-là, je ne pense pas à mon fils... Au moment où je pourrais m'arrêter et me rendre compte de l'horreur, je verse le produit... Je sais ce que je fais mais c'est comme si j'oubliais qui je suis..."

    "Quand même, la tête de mort !", s'exclame le président. "Je n'étais pas dans mon état normal. Quand je suis dans mon état normal, je veux qu'il vive et qu'il soit heureux", murmure l'accusé. Me Hélène Strohmann le bouscule : "Croyez-vous qu'on va se satisfaire de ces explications, vous choisissez un produit en sachant qu'il est mortel... Est-ce parce que c'est trop difficile à dire que vous ne pouvez pas dire que vous avez voulu tuer Alexis ?" Elle n'aura pas de réponse.

    Xavier Haristoy dit juste qu'il doit vivre "avec son absence, un jour après l'autre, avec la douleur de ce que j'ai fait, le mal que j'ai fait aux autres". Dans la salle, le clan Haristoy, qui fait bloc autour de lui, est pétrifié.

    Après cinq heures de délibéré, les jurés ont condamné, vendredi 15 janvier, Xavier Haristoy à vingt ans de réclusion pour avoir empoisonné son fils, Alexis. Il a été acquitté de l'empoisonnement de son ex-femme.

    Par Le Monde

  • #2
    le petit garçon présente des signes neurologiques rares, respiratoires, pulmonaires et cardio-vasculaires associés. Xavier est terrifié, mais il se tait. Il ne mettra pas les médecins sur la piste d'une intoxication.
    Mon Dieu quelle froideur !

    il n'a donner aucune chance à ce pauvre petit ... ça donne froid dans le dos , je me demande également si la mère avait dénoncé cette crapule pour tentative d'empoisonnement , son fils serait encore en vie today ...

    des Si et des Si , mais à la base on en sait rien ...:22:
    "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

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