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Maroc : Exportations : Tunisie, Egypte, Turquie... Ils font tous mieux que nous

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  • Maroc : Exportations : Tunisie, Egypte, Turquie... Ils font tous mieux que nous

    Exportations : Tunisie, Egypte, Turquie... Ils font tous mieux que nous

    En 5 ans, les exportations marocaines ont évolué de 6,3% en moyenne par an alors que la Tunisie faisait du 8,9%, l'Egypte et les Emirats 13,8% chacun et la Jordanie 10,3%.
    Le taux de croissance de nos importations rapporté à celui de nos exportations est supérieur à 2. Le plus mauvais parmi 6 pays concurrents.

    L'exercice 2009, annus horribilis pour les exportations ? Certes, les indicateurs des échanges extérieurs se sont particulièrement dégradés depuis début 2009 mais la réalité est que la contre-performance au niveau de l’export a commencé bien avant la crise. Que ce soit dans les sphères gouvernementales et publiques, dans les organismes et associations professionnelles ou dans le secteur privé, il y a un élément d’analyse qui semble faire l’unanimité : la détérioration des performance à l’export sont plutôt un phénomène structurel qui a commencé il y a quelques années déjà. Il faut se rendre à l’évidence. Et c’est précisément pour comprendre les causes de cette tendance devenue lourde que l’Association marocaine des exportateurs (Asmex) vient de réaliser un travail d’analyse très fouillé des chiffres des échanges pour la période 2004-2008 accompagné d’un comparatif pour la même période et les mêmes indicateurs avec d’autres pays voisins et concurrents dont la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie, les Emirats Arabes Unis et la Turquie. Les premiers chiffres livrés par l’Asmex se passent de tout commentaire.
    Ainsi, sur la période 2004-2008, ciblée par l’Asmex pour les besoins de l’étude, la première tendance qui se dégage est que sur les six pays étudiés, le Maroc réalise le taux de croissance annuel moyen des exportations le plus bas, soit 6,2% au moment où l’Egypte et les Emirats affichent chacun plus du double 13,8%, la Jordanie 10,3%, la Tunisie 8,9% et la Turquie 7,8%. Et encore, dans ce dernier cas il faudrait relativiser la «faible» performance de la Turquie puisqu’en 2008 ce pays a exporté, en valeur, presque quatre fois plus que le Maroc (109 milliards d’euros, contre à peine 27). Facteur aggravant, au cours de la même période la courbe des importations a marqué une inflexion très soutenue pour le Maroc avec un taux moyen de croissance de 12,8% contre à peine 6,2% pour la Tunisie, 2,1% pour les Emirats et 1,3% pour la Jordanie.
    Seule l’Egypte se situe à un niveau plus élevé avec des importations qui ont crû de 17,6% en moyenne chaque année, à rapporter cependant au 13,8% de croissance des exportations.
    De fait, le Maroc est le seul pays de l’échantillon considéré, dont le rapport entre la croissance des importations et celle des exportations est supérieur à 2 !

    En 2009, le schéma est resté le même

    En 2009, crise oblige, les exportations se sont repliées mais les importations aussi, et, là encore, le rythme n’est pas similaire. A fin novembre, les exportations de biens et services ont totalisé près de 192,4 milliards DH, soit une baisse de -21% par rapport à novembre 2008. En même temps, les importations n’ont baissé, elles, que de -17% avec une valeur de 275 milliards de DH. A ce niveau, on retiendra, toutefois, un chiffre qui inquiète particulièrement Abdellatif Belmadani, président de l’Asmex, celui des exportations des services, un secteur où le Maroc a pourtant beaucoup investi pour l’ériger en moteur de croissance. En 2008, les exportations de services ont baissé de -0,6% par rapport à 2007. En 2009, la tendance va s’aggraver puis-que à fin novembre déjà, la baisse est à -6,2%. Et M. Belmadani de s’interroger quant à la pertinence des politiques publiques en la matière.
    Tout cela résulte de deux facteurs étroitement liés : la perte de parts de marché et le niveau de valeur ajoutée de nos ventes à l’étranger. Ainsi, pour le premier point, la comparaison de la compétitivité du Maroc avec ses deux premiers concurrents que sont la Tunisie et l’Egypte ne nous est pas favorable. En ce qui concerne le débouché le plus important pour le Maroc, en l’occurrence l’Union européenne, la Tunisie, malgré sa taille, fait nettement mieux puisqu’elle a exporté en 2008 l’équivalent de 8,63 milliards d’euros contre 7,62 milliards pour le Maroc. La Tunisie a amélioré en 2008 ses exportations de 5,7% contre une hausse de +3,8% pour le Maroc. L’Egypte, qui était jusque-là en retard par rapport à ses deux concurrents sur le marché européen, est en train de gagner du terrain. Ainsi, en 2008, ce pays a exporté presque autant que le Maroc sur les pays de l’UE, 7,35 milliards d’euros contre 6,4 milliards en 2007, soit une avancée remarquable de +15%. Pour beaucoup d’opérateurs, l’Egypte a, en fait, profité du fait que la Turquie ait perdu de son attractivité à cause du renchérissement des coûts de facteurs poussant un grand nombre de donneurs d’ordre qui sous-traitaient en Turquie à opter de plus en plus pour l’Egypte. C’est un peu le même scénario qui s’était produit au début des années 2000, quand beaucoup de donneurs d’ordre avaient fui l’Espagne devenue trop chère pour le Maroc…et la Tunisie.

    Trop peu de produits manufacturés

    Second point, le comparatif est intéressant pour ce qui est de la structure des exportations et particulièrement avec la Tunisie et l’Egypte sur le marché de l’UE. Ainsi, cette dernière a exporté, en 2008 toujours, pour l’équivalent de 7 milliards d’euros de produits manufacturés sur un total de 9,5 milliards d’euros au moment où le Maroc en a exporté 5 milliards seulement. Pour les produits primaires, l’Egypte fait mieux avec 5 milliards d’euros contre 2,96 milliards pour le Maroc. En somme, le Maroc est comme dans une position médiane, il n’est meilleur sur aucun registre et se confine dans un deuxième rang souvent derrière la Tunisie.Tout cela est en fait une résultante d’une décennie durant laquelle les exportations ont été paradoxalement le parent pauvre des politiques publiques. Depuis 1997, les yeux des différents gouvernements qui se sont succédé étaient, en effet, entièrement rivés sur les investissements directs étrangers (IDE), les recettes de tourisme et les transferts des MRE pour seules sources de devises. Il a fallu attendre 2008 pour voir enfin les pouvoirs publics s’inquiéter sérieusement et 2009 pour qu’on décide enfin de mettre en place une stratégie à l’export. Entre-temps, les concurrents du Maroc, eux, n’ont cessé de grignoter des parts de marché. Résultat : les marchés traditionnels devenus de plus en plus concurrentiels, beaucoup d’industriels qui exportaient dans les années 90 ont préféré se convertir dans des secteurs d’activité plus lucratifs, plus rentables comme l’immobilier et le BTP. Paresse de la part des opérateurs ? Certainement aussi. Et ce n’est pas Rabia Elalama, la directrice de la Chambre américaine de commerce (Amcham) qui dira le contraire, elle qui se bat depuis des années pour encourager les industriels marocains à investir le marché américain surtout après la signature de l’accord de libre-échange en 2005. Durant 2007, 2008 et 2009, l’administration américaine a elle-même mis en place des programmes d’aide, baptisés New Business Opportunities (NBO) pour accompagner les industriels marocains sur le marché américain. Le ministère du commerce et de l’industrie a lancé chaque année des appels d’offres pour les contingents de tissus à exporter sur les Etats-Unis en franchise de droits de douane. Toutes ces actions n’ont manifestement pas emballé les industriels marocains. Du côté de Maroc Export, l’ancien CMPE, l’heure est à la mobilisation. Caravanes export, participation massive aux salons internationaux, promotions, missions d’hommes d’affaires… «Il n’y a pas de recette miracle pour vendre à l’étranger, explique un haut cadre de Maroc Export. Pour exporter, il faut aller régulièrement à la recherche de clients». Outre le manque d’agressivité commerciale et le problème de compétitivité des coûts, il faut dire que structurellement l’offre exportable marocaine est limitée pour ne pas dire faible par rapport à ses concurrents. C’est d’ailleurs ce qu’ont relevé les études les plus récentes en la matière telles que celle de la Banque mondiale, en 2008, sur l’industrie manufacturière, et le diagnostic réalisé, à la demande de la CGEM, par les cabinets Roland Berger et Capital Consulting sur l’impact des accords de libre-échange sur les exportations marocaines. Le constat est presque toujours le même : des exportations peu diversifiées et de faible teneur en valeur ajoutée.
    Pour autant, si l’on se fie aux projets en préparation, l’année qui vient de commencer apportera peut-être des réponses concrètes à la problématique des exportations : la stratégie Maroc Export Plus sera mise en œuvre avec, entre autres objectifs, l’émergence de champions nationaux à l’export. Celle de la logistique, maillon essentiel de la chaîne, est elle aussi en cours de finalisation et de mise en œuvre avec pour principaux axes la mise à la disposition des opérateurs de plateformes logistiques intégrées et performantes.
    Espérons qu’avec tout cela, le secteur privé y mettra un peu du sien pour aller trouver des clients.



  • #2
    Simulation :Le pire à venir ?

    En l’état actuel de l’offre exportable du Maroc et de l’industrie locale, les divers accords de libre-échange signés par le Maroc seront presque sans effets sur les échanges. C’est en tout cas l’une des conclusions des simulations réalisées courant 2009 par le ministère du commerce extérieur sur la base d’un modèle économétrique. Ainsi, indique cette étude, si le Maroc n’étoffe pas son offre exportable actuelle, ses exportations n’augmenteraient dans les années à venir qu’à un rythme très faible de 0,6% par an, tandis que les importations, elles, augmenteraient à un rythme de +5,3%. Partant, le déficit de la balance commerciale continuera inévitablement à se creuser et le taux de couverture (biens et services) perdra 4% pour passer d’une moyenne de 91% à 86%.
    Pour les spécialistes du ministère, les différents plans sectoriels (Emergence, Plan Vert, tourisme…) constituent la planche de salut pour les échanges extérieurs du pays. Une deuxième partie de la simulation, qui prend en considération cette donne, laisse apparaître que les exportations du Maroc pourraient augmenter de 37% sous l’effet de ces politiques et particulièrement en matière d’offshoring et de tourisme. Mieux, la balance pourrait même devenir largement excédentaire et avec un taux de couverture qui gagnerait 15,8 points.
    S’il y a un enseignement à retenir, en définitive, de ce travail c’est qu’il est aujourd’hui vital de développer les exportations en quantité mais surtout en qualité pour éviter la catastrophe !

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