un texte qui résume bien le statu de l'esclave en Islam ... votre avis ?
Le Coran n'a pas aboli l'esclavage mais...
Pourquoi lit-on dans les Mille et une nuits que les notables, les princesses, et la haute société étaient servis par des esclaves hommes et femmes sur lesquels on ne s’attarde pas ? Comment ces contes pouvaient-ils faire état d’histoires d’eunuques noirs, c'est-à-dire d’esclaves à qui on a coupé le sexe ? Pourquoi un poète comme Abu Nawas possède-t-il une djariya (« esclave femme) et un ghulâm (homme) avec lesquels il entretient librement un commerce sexuel ? Pourquoi Soliman le Magnifique se faisait-il garder son harem par des eunuques blancs et noirs ? Pourquoi ce pieux personnage ne craignait-il pas Dieu en coupant la langue à ses bostandjis (bourreaux esclaves) ? Pourquoi le grand roi marocain, Moulay Isma’îl, se faisait-il protéger par une armée d’esclaves importés d’Afrique ? Et surtout, d’où venaient ces serviteurs blancs et noirs ? Sont-ils allés à Istanbul, à Baghdad, à Damas, à Méknès par envie de tourisme ? Ont-ils préférés quitter leur famille, leurs parents, leur village, leur société, afin d’« émigrer » vers ces pays, en traversant (pour les noirs) le Sahara aride et périlleux, pour se retrouver au final sous la coupe de maîtres étrangers ? Sont-ils allés se vendre eux-mêmes pour être châtrés, ou pour avoir la langue coupée, et rentrer ainsi au service du sultan ou du calife ?
Le vocabulaire arabe est particulièrement riche pour désigner ces différentes catégories des sans-liberté : ‘abd, ‘abîd, riqq, raqîq, jâriya, jawârî (réservé aux esclaves femmes), ghulâm (réservés aux jeunes esclaves hommes), raqba (mot coranique qui signifie « nuque » ou « tête »), zandj ou aswad (noir, venant à signifier « esclave »), mamlouk (« possédé »), khaddam (serviteur domestique), etc. L’expression la plus générique qui les désigne toutes prend source dans le langage imagé du Coran : ma malakat aymanoukoum (« ce que votre droite a possédé »).
Alors, voyons ce que le Coran dit de l’esclavage… L’a-t-il vraiment aboli, comme on l’entend souvent ? Si tel est le cas, pourquoi l’esclavage a-t-il continué en terre d’islam pendant et après le Prophète ?
Un mythe tenace
On ne peut pas avoir une discussion sur l’esclavage en islam sans entendre citer le cas réputé exemplaire de Bilâl al-Habachi, esclave noir d’abord possédé par Abu Bakr et affranchi par lui, qui choisit ensuite de servir le Prophète. Mohammad (sws) s’attacha donc le service de Bilâl, mais en arrivant à Médine, il décide de faire de lui le premier muezzin de l’islam. Geste certes d’une grande portée symbolique. Mais comme on le verra, aussi important soit-il, cet acte n’est pas une abolition de l’esclavage. Bilâl l’Abyssinien n’est pas libéré par le Prophète à Médine, mais par son compagnon Abu Bakr à la Mecque. Le Prophète n’a fait que le promouvoir à un rôle social distingué, du fait de sa qualité de musulman. Sa promotion sanctionne donc sa foi, pas sa qualité d’être humain. La différence du point de vue qui nous intéresse est immense.
L’ordre de la création
Selon le Coran, Dieu a créé l’univers et y a mis chaque être à sa place. L’humanité et les djinns ne sont créés que pour adorer Dieu. Aussi Dieu est le maître de l’homme, tandis que l’homme est l’esclave de Dieu (la racine de ‘ibâd, les hommes, est la même que celle qui sert à former le mot esclave et le mot ‘ibâda, prière et adoration de Dieu). Le péché par excellence de la créature humaine est de vouloir être l’égale de son Créateur.
Mais la hiérarchie des êtres de s’arrête pas là. Dieu Tout-Puissant a voulu une inégalité parmi les hommes et vouloir introduire une égalité parfaite relève d’un acte qui contrarie sa volonté :
« Dieu a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres dans la répartition de ses dons
Que ceux qui ont été favorisés ne reversent pas ce qui leur a été accordé à leurs esclaves au point que ceux-ci deviennent leurs égaux
nieront-ils les bienfaits de Dieu? »
(XVI : 71)
____________
« Il vous a proposé une parabole tirée de vous-même
Avez-vous, parmi vos esclaves, des associés
Qui partagent les biens que nous vous avons accordés
En sorte que vous soyez tous égaux ? Les craignez-vous comme vous vous craignez mutuellement ? » (XXX : 28)
" وَاللّهُ فَضَّلَ بَعْضَكُمْ عَلَى بَعْضٍ فِي الْرِّزْقِ فَمَا الَّذِينَ فُضِّلُواْ بِرَآدِّي رِزْقِهِمْ عَلَى مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَهُمْ فِيهِ سَوَاء أَفَبِنِعْمَةِ اللّهِ يَجْحَدُونَ"
(النحل، 71)
______
" ضَرَبَ لَكُم مَّثَلاً مِنْ أَنفُسِكُمْ هَل لَّكُم مِّن مَّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُم مِّن شُرَكَاء فِي مَا رَزَقْنَاكُمْ فَأَنتُمْ فِيهِ سَوَاء تَخَافُونَهُمْ كَخِيفَتِكُمْ أَنفُسَكُمْ كَذَلِكَ نُفَصِّلُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَعْقِلُونَ"
(الروم ، 28)
Aussi, l’une des manières de renier (djouhoud) le Maître des univers consiste à ignorer cette inégalité. Le Miséricordieux n’a pas gratifié l’esclave et l’homme libre des mêmes bienfaits et ceci est un ordre naturellement voulu par Lui.
Les apologistes de l’islam qui arguent que la traduction par « esclave » de ma malakat aymanoukoum n’ont à mon avis pas tout à fait tort (cf. conclusion plus bas). Littéralement, cette expression signifie « ce que vous possédez par la droite » ou « ce que votre droite a possédé ». Il n’en demeure pas moins qu’elle est indéniablement appliquée à des êtres humains qui sont censés être « possédés » par un « propriétaire » que le texte ne nomme pas (autrement que par « croyants » ou « musulmans »). La réalité donc ainsi désignée, même si elle était naturellement vécue et acceptée par ceux qui la subissaient, rentre bien dans la définition de que nous appelons globalement « esclavage », même s’il s’agit d’un esclavage spécifique à cette époque.
En cas de meurtre, la valeur de la vie des êtres humains n’est pas égale selon le texte divin. La Loi du Talion – la punition est identique à l’offense – qu’il prescrit (II : 178) veut qu’on ne compense pas la vie d’un homme libre par celle d’un esclave ou celle d’une femme parce que ces vies ne se valent pas. Au contraire, les croyants sont conviés à ne mesurer la vie d’un homme libre qu’avec celle d’un homme libre, celle d’un esclave qu’avec celle d’un autre esclave, celle d’une femme qu’avec celle d’une femme. Les statuts sont ainsi bien différenciés :
" يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِصَاصُ فِي الْقَتْلَى الْحُرُّ بِالْحُرِّ وَالْعَبْدُ بِالْعَبْدِ وَالأُنثَى بِالأُنثَى فَمَنْ عُفِيَ لَهُ مِنْ أَخِيهِ شَيْءٌ فَاتِّبَاعٌ بِالْمَعْرُوفِ وَأَدَاء إِلَيْهِ بِإِحْسَانٍ ذَلِكَ تَخْفِيفٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَرَحْمَةٌ فَمَنِ اعْتَدَى بَعْدَ ذَلِكَ فَلَهُ عَذَابٌ أَلِيمٌ " (البقرة ، 178)
« Ô vous qui croyez ! La loi du Talion vous est prescrite en cas de meurtre : l’homme libre pour l’homme libre, l’esclave pour l’esclave, la femme pour la femme (…) » ( Coran, II :178)
Si l’on reconstruit donc la hiérarchie de la création selon les versets cités, on aboutit à une pyramide de statuts inégaux qui ressemble à la suivante :
Le Coran n'a pas aboli l'esclavage mais...
Pourquoi lit-on dans les Mille et une nuits que les notables, les princesses, et la haute société étaient servis par des esclaves hommes et femmes sur lesquels on ne s’attarde pas ? Comment ces contes pouvaient-ils faire état d’histoires d’eunuques noirs, c'est-à-dire d’esclaves à qui on a coupé le sexe ? Pourquoi un poète comme Abu Nawas possède-t-il une djariya (« esclave femme) et un ghulâm (homme) avec lesquels il entretient librement un commerce sexuel ? Pourquoi Soliman le Magnifique se faisait-il garder son harem par des eunuques blancs et noirs ? Pourquoi ce pieux personnage ne craignait-il pas Dieu en coupant la langue à ses bostandjis (bourreaux esclaves) ? Pourquoi le grand roi marocain, Moulay Isma’îl, se faisait-il protéger par une armée d’esclaves importés d’Afrique ? Et surtout, d’où venaient ces serviteurs blancs et noirs ? Sont-ils allés à Istanbul, à Baghdad, à Damas, à Méknès par envie de tourisme ? Ont-ils préférés quitter leur famille, leurs parents, leur village, leur société, afin d’« émigrer » vers ces pays, en traversant (pour les noirs) le Sahara aride et périlleux, pour se retrouver au final sous la coupe de maîtres étrangers ? Sont-ils allés se vendre eux-mêmes pour être châtrés, ou pour avoir la langue coupée, et rentrer ainsi au service du sultan ou du calife ?
Le vocabulaire arabe est particulièrement riche pour désigner ces différentes catégories des sans-liberté : ‘abd, ‘abîd, riqq, raqîq, jâriya, jawârî (réservé aux esclaves femmes), ghulâm (réservés aux jeunes esclaves hommes), raqba (mot coranique qui signifie « nuque » ou « tête »), zandj ou aswad (noir, venant à signifier « esclave »), mamlouk (« possédé »), khaddam (serviteur domestique), etc. L’expression la plus générique qui les désigne toutes prend source dans le langage imagé du Coran : ma malakat aymanoukoum (« ce que votre droite a possédé »).
Alors, voyons ce que le Coran dit de l’esclavage… L’a-t-il vraiment aboli, comme on l’entend souvent ? Si tel est le cas, pourquoi l’esclavage a-t-il continué en terre d’islam pendant et après le Prophète ?
Un mythe tenace
On ne peut pas avoir une discussion sur l’esclavage en islam sans entendre citer le cas réputé exemplaire de Bilâl al-Habachi, esclave noir d’abord possédé par Abu Bakr et affranchi par lui, qui choisit ensuite de servir le Prophète. Mohammad (sws) s’attacha donc le service de Bilâl, mais en arrivant à Médine, il décide de faire de lui le premier muezzin de l’islam. Geste certes d’une grande portée symbolique. Mais comme on le verra, aussi important soit-il, cet acte n’est pas une abolition de l’esclavage. Bilâl l’Abyssinien n’est pas libéré par le Prophète à Médine, mais par son compagnon Abu Bakr à la Mecque. Le Prophète n’a fait que le promouvoir à un rôle social distingué, du fait de sa qualité de musulman. Sa promotion sanctionne donc sa foi, pas sa qualité d’être humain. La différence du point de vue qui nous intéresse est immense.
L’ordre de la création
Selon le Coran, Dieu a créé l’univers et y a mis chaque être à sa place. L’humanité et les djinns ne sont créés que pour adorer Dieu. Aussi Dieu est le maître de l’homme, tandis que l’homme est l’esclave de Dieu (la racine de ‘ibâd, les hommes, est la même que celle qui sert à former le mot esclave et le mot ‘ibâda, prière et adoration de Dieu). Le péché par excellence de la créature humaine est de vouloir être l’égale de son Créateur.
Mais la hiérarchie des êtres de s’arrête pas là. Dieu Tout-Puissant a voulu une inégalité parmi les hommes et vouloir introduire une égalité parfaite relève d’un acte qui contrarie sa volonté :
« Dieu a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres dans la répartition de ses dons
Que ceux qui ont été favorisés ne reversent pas ce qui leur a été accordé à leurs esclaves au point que ceux-ci deviennent leurs égaux
nieront-ils les bienfaits de Dieu? »
(XVI : 71)
____________
« Il vous a proposé une parabole tirée de vous-même
Avez-vous, parmi vos esclaves, des associés
Qui partagent les biens que nous vous avons accordés
En sorte que vous soyez tous égaux ? Les craignez-vous comme vous vous craignez mutuellement ? » (XXX : 28)
" وَاللّهُ فَضَّلَ بَعْضَكُمْ عَلَى بَعْضٍ فِي الْرِّزْقِ فَمَا الَّذِينَ فُضِّلُواْ بِرَآدِّي رِزْقِهِمْ عَلَى مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَهُمْ فِيهِ سَوَاء أَفَبِنِعْمَةِ اللّهِ يَجْحَدُونَ"
(النحل، 71)
______
" ضَرَبَ لَكُم مَّثَلاً مِنْ أَنفُسِكُمْ هَل لَّكُم مِّن مَّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُم مِّن شُرَكَاء فِي مَا رَزَقْنَاكُمْ فَأَنتُمْ فِيهِ سَوَاء تَخَافُونَهُمْ كَخِيفَتِكُمْ أَنفُسَكُمْ كَذَلِكَ نُفَصِّلُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَعْقِلُونَ"
(الروم ، 28)
Aussi, l’une des manières de renier (djouhoud) le Maître des univers consiste à ignorer cette inégalité. Le Miséricordieux n’a pas gratifié l’esclave et l’homme libre des mêmes bienfaits et ceci est un ordre naturellement voulu par Lui.
Les apologistes de l’islam qui arguent que la traduction par « esclave » de ma malakat aymanoukoum n’ont à mon avis pas tout à fait tort (cf. conclusion plus bas). Littéralement, cette expression signifie « ce que vous possédez par la droite » ou « ce que votre droite a possédé ». Il n’en demeure pas moins qu’elle est indéniablement appliquée à des êtres humains qui sont censés être « possédés » par un « propriétaire » que le texte ne nomme pas (autrement que par « croyants » ou « musulmans »). La réalité donc ainsi désignée, même si elle était naturellement vécue et acceptée par ceux qui la subissaient, rentre bien dans la définition de que nous appelons globalement « esclavage », même s’il s’agit d’un esclavage spécifique à cette époque.
En cas de meurtre, la valeur de la vie des êtres humains n’est pas égale selon le texte divin. La Loi du Talion – la punition est identique à l’offense – qu’il prescrit (II : 178) veut qu’on ne compense pas la vie d’un homme libre par celle d’un esclave ou celle d’une femme parce que ces vies ne se valent pas. Au contraire, les croyants sont conviés à ne mesurer la vie d’un homme libre qu’avec celle d’un homme libre, celle d’un esclave qu’avec celle d’un autre esclave, celle d’une femme qu’avec celle d’une femme. Les statuts sont ainsi bien différenciés :
" يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِصَاصُ فِي الْقَتْلَى الْحُرُّ بِالْحُرِّ وَالْعَبْدُ بِالْعَبْدِ وَالأُنثَى بِالأُنثَى فَمَنْ عُفِيَ لَهُ مِنْ أَخِيهِ شَيْءٌ فَاتِّبَاعٌ بِالْمَعْرُوفِ وَأَدَاء إِلَيْهِ بِإِحْسَانٍ ذَلِكَ تَخْفِيفٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَرَحْمَةٌ فَمَنِ اعْتَدَى بَعْدَ ذَلِكَ فَلَهُ عَذَابٌ أَلِيمٌ " (البقرة ، 178)
« Ô vous qui croyez ! La loi du Talion vous est prescrite en cas de meurtre : l’homme libre pour l’homme libre, l’esclave pour l’esclave, la femme pour la femme (…) » ( Coran, II :178)
Si l’on reconstruit donc la hiérarchie de la création selon les versets cités, on aboutit à une pyramide de statuts inégaux qui ressemble à la suivante :
Dieu
L’homme / le djinn
L’esclave
Dieu est maître de l’homme libre, qui est lui-même maître de l’esclave. Aussi, en vertu de cette inégalité rigoureusement instituée, l’esclave n’est pas concerné par l’héritage et son témoignage ne vaut rien. Seul l’homme libre a droit à ces privilèges, qui lui sont octroyés par le Seigneur comme autant de gratifications (ni’ma). A aucun moment du texte le Coran ne condamne, ni n’abolit l’esclavage.
L’homme / le djinn
L’esclave
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