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Le Coran a-t'il aboli l'esclavage ?

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  • Le Coran a-t'il aboli l'esclavage ?

    un texte qui résume bien le statu de l'esclave en Islam ... votre avis ?

    Le Coran n'a pas aboli l'esclavage mais...


    Pourquoi lit-on dans les Mille et une nuits que les notables, les princesses, et la haute société étaient servis par des esclaves hommes et femmes sur lesquels on ne s’attarde pas ? Comment ces contes pouvaient-ils faire état d’histoires d’eunuques noirs, c'est-à-dire d’esclaves à qui on a coupé le sexe ? Pourquoi un poète comme Abu Nawas possède-t-il une djariya (« esclave femme) et un ghulâm (homme) avec lesquels il entretient librement un commerce sexuel ? Pourquoi Soliman le Magnifique se faisait-il garder son harem par des eunuques blancs et noirs ? Pourquoi ce pieux personnage ne craignait-il pas Dieu en coupant la langue à ses bostandjis (bourreaux esclaves) ? Pourquoi le grand roi marocain, Moulay Isma’îl, se faisait-il protéger par une armée d’esclaves importés d’Afrique ? Et surtout, d’où venaient ces serviteurs blancs et noirs ? Sont-ils allés à Istanbul, à Baghdad, à Damas, à Méknès par envie de tourisme ? Ont-ils préférés quitter leur famille, leurs parents, leur village, leur société, afin d’« émigrer » vers ces pays, en traversant (pour les noirs) le Sahara aride et périlleux, pour se retrouver au final sous la coupe de maîtres étrangers ? Sont-ils allés se vendre eux-mêmes pour être châtrés, ou pour avoir la langue coupée, et rentrer ainsi au service du sultan ou du calife ?
    Le vocabulaire arabe est particulièrement riche pour désigner ces différentes catégories des sans-liberté : ‘abd, ‘abîd, riqq, raqîq, jâriya, jawârî (réservé aux esclaves femmes), ghulâm (réservés aux jeunes esclaves hommes), raqba (mot coranique qui signifie « nuque » ou « tête »), zandj ou aswad (noir, venant à signifier « esclave »), mamlouk (« possédé »), khaddam (serviteur domestique), etc. L’expression la plus générique qui les désigne toutes prend source dans le langage imagé du Coran : ma malakat aymanoukoum (« ce que votre droite a possédé »).
    Alors, voyons ce que le Coran dit de l’esclavage… L’a-t-il vraiment aboli, comme on l’entend souvent ? Si tel est le cas, pourquoi l’esclavage a-t-il continué en terre d’islam pendant et après le Prophète ?


    Un mythe tenace


    On ne peut pas avoir une discussion sur l’esclavage en islam sans entendre citer le cas réputé exemplaire de Bilâl al-Habachi, esclave noir d’abord possédé par Abu Bakr et affranchi par lui, qui choisit ensuite de servir le Prophète. Mohammad (sws) s’attacha donc le service de Bilâl, mais en arrivant à Médine, il décide de faire de lui le premier muezzin de l’islam. Geste certes d’une grande portée symbolique. Mais comme on le verra, aussi important soit-il, cet acte n’est pas une abolition de l’esclavage. Bilâl l’Abyssinien n’est pas libéré par le Prophète à Médine, mais par son compagnon Abu Bakr à la Mecque. Le Prophète n’a fait que le promouvoir à un rôle social distingué, du fait de sa qualité de musulman. Sa promotion sanctionne donc sa foi, pas sa qualité d’être humain. La différence du point de vue qui nous intéresse est immense.




    L’ordre de la création

    Selon le Coran, Dieu a créé l’univers et y a mis chaque être à sa place. L’humanité et les djinns ne sont créés que pour adorer Dieu. Aussi Dieu est le maître de l’homme, tandis que l’homme est l’esclave de Dieu (la racine de ‘ibâd, les hommes, est la même que celle qui sert à former le mot esclave et le mot ‘ibâda, prière et adoration de Dieu). Le péché par excellence de la créature humaine est de vouloir être l’égale de son Créateur.
    Mais la hiérarchie des êtres de s’arrête pas là. Dieu Tout-Puissant a voulu une inégalité parmi les hommes et vouloir introduire une égalité parfaite relève d’un acte qui contrarie sa volonté :
    « Dieu a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres dans la répartition de ses dons
    Que ceux qui ont été favorisés ne reversent pas ce qui leur a été accordé à leurs esclaves
    au point que ceux-ci deviennent leurs égaux
    nieront-ils les bienfaits de Dieu? »

    (XVI : 71)
    ____________
    « Il vous a proposé une parabole tirée de vous-même
    Avez-vous, parmi vos esclaves, des associés
    Qui partagent les biens que nous vous avons accordés
    En sorte que vous soyez tous égaux ? Les craignez-vous comme vous vous craignez mutuellement ? » (XXX : 28)

    " وَاللّهُ فَضَّلَ بَعْضَكُمْ عَلَى بَعْضٍ فِي الْرِّزْقِ فَمَا الَّذِينَ فُضِّلُواْ بِرَآدِّي رِزْقِهِمْ عَلَى مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَهُمْ فِيهِ سَوَاء أَفَبِنِعْمَةِ اللّهِ يَجْحَدُونَ"
    (النحل، 71)
    ______
    " ضَرَبَ لَكُم مَّثَلاً مِنْ أَنفُسِكُمْ هَل لَّكُم مِّن مَّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُم مِّن شُرَكَاء فِي مَا رَزَقْنَاكُمْ فَأَنتُمْ فِيهِ سَوَاء تَخَافُونَهُمْ كَخِيفَتِكُمْ أَنفُسَكُمْ كَذَلِكَ نُفَصِّلُ الْآيَاتِ لِقَوْمٍ يَعْقِلُونَ"
    (الروم ، 28)
    Aussi, l’une des manières de renier (djouhoud) le Maître des univers consiste à ignorer cette inégalité. Le Miséricordieux n’a pas gratifié l’esclave et l’homme libre des mêmes bienfaits et ceci est un ordre naturellement voulu par Lui.
    Les apologistes de l’islam qui arguent que la traduction par « esclave » de ma malakat aymanoukoum n’ont à mon avis pas tout à fait tort (cf. conclusion plus bas). Littéralement, cette expression signifie « ce que vous possédez par la droite » ou « ce que votre droite a possédé ». Il n’en demeure pas moins qu’elle est indéniablement appliquée à des êtres humains qui sont censés être « possédés » par un « propriétaire » que le texte ne nomme pas (autrement que par « croyants » ou « musulmans »). La réalité donc ainsi désignée, même si elle était naturellement vécue et acceptée par ceux qui la subissaient, rentre bien dans la définition de que nous appelons globalement « esclavage », même s’il s’agit d’un esclavage spécifique à cette époque.


    En cas de meurtre, la valeur de la vie des êtres humains n’est pas égale selon le texte divin. La Loi du Talion – la punition est identique à l’offense – qu’il prescrit (II : 178) veut qu’on ne compense pas la vie d’un homme libre par celle d’un esclave ou celle d’une femme parce que ces vies ne se valent pas. Au contraire, les croyants sont conviés à ne mesurer la vie d’un homme libre qu’avec celle d’un homme libre, celle d’un esclave qu’avec celle d’un autre esclave, celle d’une femme qu’avec celle d’une femme. Les statuts sont ainsi bien différenciés :
    " يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِصَاصُ فِي الْقَتْلَى الْحُرُّ بِالْحُرِّ وَالْعَبْدُ بِالْعَبْدِ وَالأُنثَى بِالأُنثَى فَمَنْ عُفِيَ لَهُ مِنْ أَخِيهِ شَيْءٌ فَاتِّبَاعٌ بِالْمَعْرُوفِ وَأَدَاء إِلَيْهِ بِإِحْسَانٍ ذَلِكَ تَخْفِيفٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَرَحْمَةٌ فَمَنِ اعْتَدَى بَعْدَ ذَلِكَ فَلَهُ عَذَابٌ أَلِيمٌ " (البقرة ، 178)
    « Ô vous qui croyez ! La loi du Talion vous est prescrite en cas de meurtre : l’homme libre pour l’homme libre, l’esclave pour l’esclave, la femme pour la femme (…) » ( Coran, II :178)
    Si l’on reconstruit donc la hiérarchie de la création selon les versets cités, on aboutit à une pyramide de statuts inégaux qui ressemble à la suivante :
    Dieu
    L’homme / le djinn
    L’esclave
    Dieu est maître de l’homme libre, qui est lui-même maître de l’esclave. Aussi, en vertu de cette inégalité rigoureusement instituée, l’esclave n’est pas concerné par l’héritage et son témoignage ne vaut rien. Seul l’homme libre a droit à ces privilèges, qui lui sont octroyés par le Seigneur comme autant de gratifications (ni’ma). A aucun moment du texte le Coran ne condamne, ni n’abolit l’esclavage.
    Dernière modification par HB, 18 janvier 2010, 11h42.

  • #2
    Le traitement réservé à l’esclave : al ihsân

    Si le Coran n’a pas libéré l’esclave, il a néanmoins longuement insisté pour qu’on le traite humainement et avec bonté. L’ihsân qui est dû à l’eسclave est le même, nous dit le texte, que celui qui est dû aux parents, aux voisins et aux orphelins. Les recommandations de la sourate des femmes sont explicites :
    « Adorez Dieu ! Ne lui associez rien !
    Vous devez user de bonté envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, le client qui est votre allié et celui qui est étranger ;
    le compagnons qui proche de vous, les voyageurs et les esclaves
    Dieu n’aime pas celui qui est insolent et plein de gloriole »
    (IV : 36)

    " وَاعْبُدُواْ اللّهَ وَلاَ تُشْرِكُواْ بِهِ شَيْئاً وَبِالْوَالِدَيْنِ إِحْسَاناً وَبِذِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينِ وَالْجَارِ ذِي الْقُرْبَى وَالْجَارِ الْجُنُبِ وَالصَّاحِبِ بِالجَنبِ وَابْنِ السَّبِيلِ وَمَا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ إِنَّ اللّهَ لاَ يُحِبُّ مَن كَانَ مُخْتَالاً فَخُورا "
    (النساء ، 36)
    De même, les pouvoirs du maître ne sont pas illimités. Par exemple, il n’a pas le droit de contraindre son esclave à la prostitution. Mais en insistant sur ce traitement indulgent, le texte reconnaît implicitement la légitimité de l’esclavage, ou de la forme très particulière d’esclavage qu’on pratiquait à son époque.
    Cependant, une recommandation de taille, celle par excellence qui distingue le Coran en ce domaine, consiste en ce que le maître est encouragé (mais non obligé) à affranchir son esclave si celui-ci le lui demande :
    « Ceux qui ne trouvent pas à se marier rechercheront la continence jusqu’à e que Dieu les enrichisse par sa faveur. Rédigez un contrat d’affranchissement pour ceux de vos esclaves qui le désirent si vous reconnaissez en eux des qualités et donnez leur des biens qu Dieu vous a accordés. Ne forcez pas vos femmes esclaves à se prostituer pour vous procurer les biens de la vie de ce monde alors qu’elles voudraient rester honnêtes (…) » (XXIV : 33)
    " وَلْيَسْتَعْفِفِ الَّذِينَ لَا يَجِدُونَ نِكَاحاً حَتَّى يُغْنِيَهُمْ اللَّهُ مِن فَضْلِهِ وَالَّذِينَ يَبْتَغُونَ الْكِتَابَ مِمَّا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ فَكَاتِبُوهُمْ إِنْ عَلِمْتُمْ فِيهِمْ خَيْراً وَآتُوهُم مِّن مَّالِ اللَّهِ الَّذِي آتَاكُمْ وَلَا تُكْرِهُوا فَتَيَاتِكُمْ عَلَى الْبِغَاء إِنْ أَرَدْنَ تَحَصُّناً لِّتَبْتَغُوا عَرَضَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَمَن يُكْرِههُّنَّ فَإِنَّ اللَّهَ مِن بَعْدِ إِكْرَاهِهِنَّ غَفُورٌ رَّحِيمٌ "
    (النور ، 33)

    Ainsi, l’affranchissement de l’esclave reste à l’entière discrétion de son propriétaire. C’est à ce dernier de juger si son serviteur présente les qualités (ou la bonté) nécessaires à sa libération. Point de liberté donc si le maître n’est pas d’accord, et point de loi qui l’oblige à le faire. Au contraire, il y’en a une qui lui permet de garder son serf sous la servitude. Ceci dit, l’exhortation à l’affranchissement est menée par des moyens puissants et bien des hadiths le présentent comme une action capable d’expier les plus grands péchés du croyant. Le Coran pousse même le propriétaire à dépenser de ses propres biens au bénéfice des esclaves en les libérant. Curieuse attitude qui maintient l’esclave dans un statut inférieur, qui réprouve l’égalité, mais qui pousse en même temps à son affranchissement et à son traitement humain, sans jamais décréter son abolition.
    Seuls les esclaves musulmans des deux sexes sont autorisés à se marier légalement avec un homme libre. Les esclaves non musulman(e)s ne peuvent évidemment contracter un mariage avec un(e) musulman(e). Cependant, le maître d’une esclave a le droit de la prendre sexuellement pour en jouir, sans être contraint à quoi que ce soit, même pas à la prendre comme épouse :
    « A l’exception des hommes chastes (29), qui n’ont de rapports qu’avec leurs épouses et avec leurs esclaves [ou captives de guerre], ils ne sont donc pas blâmables (30), tandis que ceux qui en convoitent d’autres sont transgresseurs (31). »
    (LXX : 29-31)

    " وَالَّذِينَ هُمْ لِفُرُوجِهِمْ حَافِظُونَ{29} إِلَّا عَلَى أَزْوَاجِهِمْ أَوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَإِنَّهُمْ غَيْرُ مَلُومِينَ{30} فَمَنِ ابْتَغَى وَرَاء ذَلِكَفَأُوْلَئِكَ هُمُ الْعَادُونَ{31} "
    (المعارج ، 29-31)

    Les principes de cette inégalité des êtres sont donc étayés par une répartition des privilèges accordés aux uns à l’exclusion des autres. Evidemment, un(e) esclave n’a aucun droit sur le physique de son maître, cela va de soi. Mais surtout, la femme du maître, contrairement à son mari qui peut prendre sexuellement celles qui lui plaisent parmi les esclaves et les captives, n’a pas le droit de prendre sexuellement un esclave ou un captif. Ce privilège est celui de l’homme croyant, à qui vraisemblablement appartient et l’épouse, et l’esclave femme et l’esclave homme. Une petite comptabilité, en fonction du droit à l’héritage, du témoignage et du droit sexuel, peut nous donner une idée approximative de la hiérarchie sociale selon le Coran.

    Privilèges ------- L’homme libre ------- La femme libre ---------- L’esclave (h/f)
    Héritage[1] ------- + (1 part) ------------- + (½ part) ----------- – (½ ?)
    Témoignage ------- + (1 valeur) -------- + (½ valeur) ---------- – (0)
    Droits sexuels matri + (4 épouses) ---------- + (1 époux) ---------- + (1 époux/se)
    Droits se captives + (sur toutes)----------(0) ----------------- – (0)

    Le tableau ci-dessous nous dit que celui qui cumule le plus de privilèges (+), c’est l’homme libre, qui peut à la fois devenir maître, prétendre à une part complète d’héritage, au témoignage valide et aux droits sexuels à la fois sur ses épouses et ses captives. Celui, à l’opposé, qui cumulent les désavantages (–) est évidemment l’esclave, privé d’abord de liberté, ensuite, du témoignage, et des autres droits dont jouit son propriétaire, mais pouvant quand même prétendre (semble-t-il) à la moitié de l’héritage (clause à relativiser puisqu’il est lui-même la propriété de quelqu’un d’autre). La femme semble se situer entre les deux : la valeur récurrente chez elle est ½, tandis que celle qui revient chez l’esclave est 0, alors que le maître se réserve le tout. Par ailleurs, l’esclave (surtout femme) est à vrai dire épousée, elle n’épouse pas : le croyant pauvre, qui ne peut payer une dot pour s’unir à une musulmane libre, est ainsi autorisé à s’unir à une captive ou esclave (XVII : 25).
    L’évocation voilée de la castration au verset XXIV : 30 est autrement plus inquiétante. Non seulement le Coran ne condamne pas la castration, mais ce passage semble la tolérer et la reconnaître comme pratique. Il est dit en effet que les femmes (libres s’entend) ne doivent montrer leurs atours qu’à leurs enfants, à leurs « esclaves », etc. mais aussi « à leurs serviteurs mâles incapables d’actes sexuels » "غَيْرِ أُوْلِي الإِرْبَةِ مِنَ الرِّجَال". Comment ne pas voir des eunuques, c'est-à-dire des esclaves châtrés (sur lesquels on a pratiqué une ablation des testicules et du sexe) devenus incapables de « besoins » sexuels dans cette expression ?
    Dernière modification par HB, 18 janvier 2010, 11h40.

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    • #3
      Le fiqh et l’esclavage

      Le fiqh (exégèse et jurisprudence musulmanes) a promu des règles rigoureuses qui s’appliquent au statut de serf. Par exemple, les peines qui s’appliquent à l’esclave sont de moitié réduites (ce qui peut paraître comme un avantage, s’il ne consacrait pas l’inégalité). Au niveau vestimentaire, les femmes esclaves sont empêchées de paraître dans les tenues pudiques réservées aux musulmanes et sont, par suite de cette discrimination, dispensées du « voile » (ou de ce qui lui tient lieu). Des auteurs prestigieux ont rédigé des traités ou des textes qui enseignent comment acheter des esclaves au marché sans se faire avoir. Le grand Ibn Khaldûn a prodigué au début de la Muqadima (Introduction au Livre des exemples) quelques conseils succincts dans ce sens. Ibn Bûtlân (mort en 1063) a écrit une Rissala fî chary al ‘Abîd (« Epître sur l’achat des esclaves ») montrant quels critères il faut adopter pour éviter les pièges du marché et faire de « bonnes affaires » en matière d’achat d’esclaves. Les plus grands juristes ont fourni, au terme d’un idjtihad (« effort de compréhension et d’interprétation du Coran ») méritoire, un cadre juridique au commerce d’esclaves destiné à le réglementer et à le légitimer coraniquement. S’il n’y a pas de code spécifique à l’esclavage, les écrits des différents théologiens comportent souvent des sections et des sous-sections qui en traitent. Ainsi, l’imâm al-Chafi’i emboîte le pas à Sohnoun dans sa réglementation de l’achat et la vente des serfs. Mais la dissémination de ces écrits rend invisible l’arsenal juridique dédié à la traite des êtres humains. De ce point de vue, il manque un manuel qui puisse réunir toutes les parties en un seul volume.
      Le statut de l’esclave est ambigu, car il est tantôt traité comme un adami, un être humain (bonté, bienveillance envers lui sont de mise), tantôt comme une marchandise soumise aux lois du commerce.
      Il est interdit en principe de réduire un musulman en esclavage. Le seul cas où un musulman peut être esclave est celui où il est né de parents eux-mêmes esclaves. Toutefois, un esclave qui devient musulman ne s’affranchit pas automatiquement pour autant. Une autre originalité de cette jurisprudence est qu’un esclave peut acheter lui-même sa propre liberté, à condition qu’il en ait les moyens et sous réserve de l’accord de son maître : il est dit alors mukâtab. En revanche, il est moudabbar si son maître spécifie qu’à sa mort, l’esclave peut recouvrir la liberté. Un troisième statut fondé sur le Coran concerne les femmes. Une femme dit Oum walad (mère d’un enfant mâle) est ipso facto affranchie à la mort de son maître. Sa descendance conserve un walae (patronat) qui la lie à ses anciens maîtres.




      Conclusion
      Il est difficile de demander aux textes d’une religion de favoriser la laïcité, de condamner l’esclavage, de réprouver l’homophobie, de promouvoir la parité, la liberté d’expression et d’opinion et la protection de l’environnement, de prescrire l’égalité parfaite entre tous les hommes, quelque soit leur origine ethnique, linguistique, etc. C’est que les religions monothéistes sont étroitement liées au monde antique, étranger à ces valeurs. C’est que leur poser de telles questions relève d’un anachronisme monstrueux. Certains de ces acquis désormais universels datent d’il y a à peine 30 ans. Alors, comment voulez-vous qu’un texte de la fin du monde antique puisse les connaître ? Deux manières d’approcher les corpus me semblent disjointes et parfois contraires. Il y a d’abord celle de l’historien, qui cherche à percer le sens que tel ou tel passage avait au moment de sa révélation et la façon dont il a été utilisé par le Prophète lui-même. Cette approche historique tient à savoir ce qui s’est réellement passé à cette époque, en utilisant les outils de connaissance modernes, loin de tout souci de dénigrement ou d’apologie. Une deuxième approche est celle de l’herméneute moderniste qui cherche à découvrir dans le texte coranique lui-même des virtualités de sens jusque là pas ou peu exploitées, afin de proposer des interprétations du Coran qui sont plus compatibles avec les idées, les valeurs et les exigences de notre époque. L’herméneute, dont le travail est nécessaire, voire salutaire, est en quelque sorte un « révisionniste » dans le bon sens du terme. Son travail est rendu nécessaire par les siècles et les années qui sont passés et qui nous ont irrémédiablement éloigné des réalités que le Coran entendait régir. Son rôle est de concilier le texte avec les exigences de son époque. Le monde islamique a un besoin pressant de ces professionnels. Leur absence livrerait ses sociétés aux pires délires des intégristes ou aux dogmatiques et archaïques doctrines des conservateurs.
      Les recommandations que le Coran adresse aux propriétaires d’esclaves, dans le sens de leur traitement humain et indulgent, sont indéniables. L’exhortation des croyants à affranchir les esclaves, au point de présenter cette action comme une expiation des péchés du maître est probablement une innovation audacieuse par rapport aux codes régissant l’esclavage dans l’Arabie préislamique. Les esclaves dont parle le Coran ne sont pas ceux qui travaillent dans les plantations de canne à sucre mais essentiellement des serviteurs domestiques et des captifs de guerre réduits à ce statut. Le nom même qu’il leur donne, qu’on peut traduire par les « possédés » (ma malakat aymanoukoum), montre que la réalité dont il est question est loin d’être celle des Antilles des siècles plus tard. « L’esclave » est en effet loin d’être une réalité permanente de tous les temps.
      Il n’en demeure pas moins qu’un « possédé » de cette époque est privé de liberté. Un statut strictement inférieur lui est réservé, qui le prive des droits élémentaires octroyés à un musulman normal. Des mesures destinées à le discriminer d’un simple musulman sont édictés par les juristes sur la base des versets cités. Le Coran donne sans ambages au maître des droits sexuels sur son esclave femme. De même, l’assertion que l’islam ou le Coran a aboli l’esclavage des siècles avant son abolition en Europe est totalement fausse et n’a aucun fondement historique. Si tel était le cas, pourquoi donc les plus grands juristes de l’islam ont-ils codifié cette pratique ? Pourquoi un phénomène aboli par le Coran continue-t-il à exister massivement dans les sociétés musulmanes pendant et après le Prophète ? Non, loin d’abolir l’esclavage, le Coran a cherché à l’adoucir, à le rendre plus humain, tout en le réglementant, en le reconnaissant et en le fondant sur la volonté et l’ordre divins. L’évolution des sociétés arabes et islamiques a montré que ces passages du Coran ont été largement utilisés pour fonder une horrible traite négrière orientale et un commerce d’esclaves chrétiens mais aussi une importation durable de femmes des quatre coins de la terre pour alimenter les harems et les désirs des états musulmans. J’espère avoir le temps d’évoquer ces commerces florissants d’êtres humains à travers l’histoire des empires islamiques.
      La volonté d’abolir le phénomène vient plutôt des réformateurs modernes qui cherchent dans le Coran, à la manière des herméneutes dont nous avons parlé, d’autres possibilités de sens plus égalitaires, plus conformes aux idées des Lumières européennes. Et ils ont raison de le faire, car mieux vaut tard que jamais. En revanche, ils n’ont pas raison de passer sous silence les siècles où les empires s’appuyaient sur une main d’œuvre servile. Pourquoi les cultures européennes seraient-elles les seules à remettre leur histoire en cause ? Les cultures musulmanes devraient aussi regarder leur passé en face, le critiquer et dénoncer ce qu’il comporte d’inacceptable. C’est une démarche plus que salutaire, à une époque où des mouvements fanatiques tendent à revivifier tel quel ce passé.
      [1] Sur l’héritage, il faut souligner que le droit des femmes à l’héritage est affirmé (IV: 7), ce qui est une avancée, mais seul le verset IV : 12 semble pencher vers l’égalité des hommes et des femmes, alors que tous les autres approuvent le principe 1 homme = 2 femmes, notamment IV : 176 de la même sourate. Quant au témoignage, il est vrai que le verset cité vise certains témoignages spécifiques (commerce, meurtres, etc.). Il n’en demeure pas moins qu’une égalité au sens moderne ne souffre pas de ces nombreuses exceptions (à l’avantage de l’homme).


      Note :
      Ceci n’est rien d’autre qu’une façon de soumettre à la raison critique un texte religieux vieux de plusieurs siècles. C'est une manière de refuser le tabou et d'examiner sans complaisance sa propre histoire sociale et culturelle. Je tiens absolument à préciser que les musulmans contemporains ne sont pas esclavagistes comme essayent de le prouver les sites racistes. Les parties de texte ici évoquées sont généralement obsolètes. Les musulmans contemporains, mis à part quelques groupuscules théocratiques ou fascistes, soit les ignorent, soit les réinterprètent dans un sens favorable à l’abolition de l’esclavage. Cette réflexion est donc purement historique et philologique et ne doit pas induire en erreur quand à la nature de l’islam ou des musulmans actuels, dont je fais partie. Il n’en demeure pas moins que l’esclavage n’a pas encore disparu de la surface terrestre, en dépit des condamnations musulmanes et autres dont il a fait l’objet.
      Naravas

      Posté par Naravas - RELIGIEUSEMENT VOTRE
      http://anglesdevue.canal*********/ar...3/9910525.html

      Commentaire


      • #4
        Oui ça ne nous apprend rien en fait, mais qui a dit que le coran a aboli l'esclavage ?

        Commentaire


        • #5
          A Hb

          C'est quoi ta question ? Tu pourrais la synthétiser s'il te plait ?
          Ou veux-tu qu'on se lance dans une étude de texte .....texte trop long à mon goût
          "un gouvernement oppressif amène la ruine de la prospérité publique" Ibn Khaldoun

          Commentaire


          • #6
            -l'esclavage n'es pas une invention musulman ; l'islam est venu dans un temp ou l'esclave été une chose normal (d'ailleurs c normal jusqu'au 20eme siecle dans certaine région)
            -l'esclavage a cette époque n'été pas ethnique
            -les esclave libre n'auré aucune chance de vie , si un ordre directe que c'est hram
            -l'esclave est compté comme un bien , donc tout riche va perdre bcp d'un seul coup ni les musulmans ont l'argent pour tout les acheté comme ils ont fait pour bilal qui es devenu parmi les grand sahaba .

            -des nouvelles méthode faite par les musulmans , est que les captives de guerre font des traveau apprendre a lire etc pour ce libiré (d'ailleurs ils pouvé les tuer sans que personne ne dit pourquoi car c pratiquer comme sa plus d'un milinaire aprés n'importe ou dans le monde)

            on sait que l'esclave US n'a pas fini avec un baguette magique aussi
            l'Islam oui a jouer un grand role dans l'abolition de l'esclavage et contre le racisme
            si bien y a 15 siecle que dans la récente histoire des états unis


            donc au debut les a éduquer a bien traité leur esclave puis pour des péché faut libiré un esclave pour qu'il se repenti comme sa le riche aura son leur argent aussi ; et pas tous d'un coup et les esclave on trouver un statut dans la communauté , comme bilal (ra) jusqu'a ou on arrive a se que dit omar bno khatab qui ressemble a se qui es écrit a l'onu .


            après je te donne cet exemple de hadith pour que tu comprend que ton texte est mal orienté
            on trouve sa que dans l'islam

            عن ابن عمر قال: سمعت رسول الله يقول:«من لطم مملوكاً له أو ضربه فكفارته عتقه»

            si qq'un frappe son esclave , son moyen de repentir est de le libérer
            Dernière modification par Nadyr, 18 janvier 2010, 12h55.

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            • #7
              Cet article est un peu long mais très intéressent



              L'Islam et l'esclavage

              Cette question controversée est sans doute la plus vicieuse sur laquelle jouent les communistes pour ébranler les croyances musulmanes chez les jeunes. Si l'Islam convenait à toutes les époques — comme le prétendent ses prédicateurs —, alors il n'aurait pas permis l'esclavage. Le fait qu'il ait permis l'esclavage constitue une preuve catégorique que l'Islam est apparu pour une période limitée dans le temps, qu'il a accompli son rôle et qu'il appartient désormais à l'histoire !

              La jeunesse musulmane est elle-même habitée par des doutes. Comment l'Islam a-t-il permis l'esclavage ? Comment cette religion, indubitablement révélée par Dieu, indubitablement vraie, indubitablement apparue pour le bonheur de l'humanité entière, toutes générations confondues, a-t-elle permis l'esclavage ? Comment cette religion, fondée sur l'égalité parfaite, renvoyant l'intégralité du genre humain à une seule et même origine, et traitant tous les hommes sur un même pied d'égalité, en vertu de leur origine commune, a-t-elle intégré l'esclavage dans son système et légiféré à son sujet ? Dieu veut-Il que les hommes se subdivisent pour l'éternité en deux catégories : les maîtres et les esclaves ? Est-ce là Sa Volonté sur terre ? Dieu accepte-t-Il que le genre humain qu'Il a honoré en déclarant « Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam » [1] devienne en partie une marchandise que l'on vend et que l'on achète, à l'instar des esclaves ? Et si Dieu n'accepte pas cela, pourquoi Son Noble Livre ne mentionne-t-il pas alors clairement l'abolition de l'esclavage, comme il a mentionné la prohibition du vin, des jeux de hasard, de l'usure et des autres péchés défendus par l'Islam ?

              La jeunesse croyante sait pertinemment que l'Islam est la religion de vérité, mais elle est à l'image d'Abraham auquel « Dieu dit : "Ne crois-tu pas encore ?" "Si ! répond Abraham, mais pour que mon coeur soit rassuré" [2].

              La jeunesse dont la colonisation a corrompu l'esprit et les croyances, quant à elle, ne prend pas le temps d'examiner la réalité des choses. Dominée par ses passions, elle décide sans la moindre analyse critique que l'Islam est un système périmé ayant épuisé toutes ses ressources.

              Les communistes, pour leur part, se font les parangons de foutaises « scientifiques » qu'ils reçoivent de leurs maîtres, là-bas, et qui leur permettent de s'enfler d'orgueil, croyant avoir découvert la vérité immuable et éternelle, au-dessus de laquelle nul doute ne saurait planer [3]. C'est ce matérialisme dialectique, qui divise l'existence humaine en grandes étapes économiques auxquelles il serait impossible de se soustraire : le communisme primitif, l'esclavage, la féodalité, le capitalisme et enfin, le communisme final, ultime étape avant la fin du monde. L'ensemble des croyances, systèmes et doctrines qu'a connues l'humanité ne seraient que le reflet de la situation ou de l'ère économiques à laquelle ils sont apparus. Ils conviendraient ainsi à cette ère, et seraient adaptés à sa conjoncture économique, mais ne sauraient convenir à l'étape suivante qui s'appuie sur de nouveaux fondements économiques, en conséquence de quoi, il n'existerait strictement aucun système capable de convenir à toutes les générations humaines.

              Si l'Islam est apparu alors que le monde était en pleine transition entre l'ère esclavagiste et l'ère féodale, alors nécessairement, ses lois, ses doctrines et ses systèmes étaient adaptés à cette étape du développement historique : il reconnaît ainsi l'esclavage et autorise la féodalité. L'Islam ne pouvait devancer le développement économique, ni apporter un nouveau système dont les potentialités économiques n'étaient pas encore prêtes. Mais pourquoi donc ?, serait-on tenté de demander. Parce que Karl Marx a dit que c'était impossible.

              À ce stade, nous aimerions replacer le problème dans sa réalité historique, sociologique et psychologique, loin de la poussière que veulent remuer les uns et les autres. Une fois que nous aurons abouti à une vérité objective, il n'y aura plus lieu de se soucier des prétentions déviantes ni des « savants » imposteurs !

              Nous regardons aujourd'hui l'esclavage depuis le prisme du XXe siècle. Nous le regardons à la lumière des atrocités commises dans le monde de l'esclavagisme et des traitements barbares et monstrueux que l'histoire nous a consignés sous l'Empire romain en particulier. Nous regardons alors l'esclavage avec épouvante, et nos sentiments ne parviennent à supporter l'idée que cette forme de traitement puisse être légitimée ou entérinée par une religion ou un système quelconque. Ces réactions de dégoût et de dénonciation s'emparent de nous et nous font nous demander : Comment l'Islam a-t-il permis l'esclavage, alors que toutes ses recommandations et toutes ses lois avaient pour but de libérer l'humanité de toute servitude, quelle qu'en soit la forme ? Dans la chaleur de notre réaction, nous souhaitons instamment que l'Islam ait reposé nos cœurs et nos esprits de cette tourmente, en interdisant explicitement et sans détour l'esclavage.

              À ce niveau, une halte historique s'impose...

              L'histoire de l'Islam n'a jamais connu les atrocités de l'esclavage romain dans le monde antique. Un simple coup d'œil sur la situation des esclaves dans l'Empire romain suffit à mettre en exergue la gigantesque avancée opérée par l'Islam au bénéfice des esclaves, et ce, même si l'on suppose — à tort — qu'il n'a pas œuvré à leur libération !

              Pour les Romains, les esclaves étaient des objets, non des humains, des objets qui n'avaient strictement aucun droit, mais qui croulaient sous le poids de leurs corvées. Mais avant tout, d'où provenaient ces esclaves ? Ils provenaient des guerres, non pas de guerres menées au nom d'une idée ou d'un principe, mais au nom de la volonté de soumettre et d'exploiter les autres peuples pour la gloire de Rome. Afin que le Romain puisse mener une vie de luxe et de faste, profitant de thermes frais ou chauds, se pavanant dans de riches habits, goûtant à des mets aussi délicats que variés, afin qu'il puisse s'immerger dans cette luxure obscène faite de vin, de femmes, de danses, de fêtes et de festivals, il fallait nécessairement que d'autres peuples soient asservis et que leur sang soit sucé. L'Égypte constitue à cet égard un exemple édifiant, du temps où elle était une province romaine et avant que l'Islam ne vienne la sauver du joug de la tyrannie : elle n'était en effet qu'un grenier à blé et une source de revenus pour l'Empire.

              C'est pour combler ces desseins pervers que l'impérialisme romain et l'esclavage qui en a découlé ont existé. Comme nous l'avons déjà évoqué, les esclaves étaient des objets privés du statut et des droits des êtres humains. Ils travaillaient dans les champs, enchaînés de telle sorte qu'ils ne puissent s'échapper. Ils étaient nourris, non pas parce que — comme les animaux et les végétaux — ils avaient le droit de satisfaire leur besoin de nourriture, mais parce qu'ils devaient rester en vie pour continuer à travailler. Au cours de leur travail, ils étaient dirigés au fouet, satisfaisant ainsi le sadisme pervers de leur maître ou de son représentant qui prenaient plaisir à les torturer. Le soir, ils dormaient dans de sombres « cellules » nauséabondes infestées d'insectes et de rats. Ils y étaient jetés par dizaines, au point qu'ils pouvaient se retrouver entassés à cinquante dans la même cellule, tous enchaînés, sans le moindre espace d'intimité tel celui qu'on accorde aux vaches dans l'étable.

              Mais l'horreur suprême était quelque chose d'encore bien plus atroce, qui soulignait davantage la nature sauvage du Romain antique, et que l'Européen moderne a hérité de lui dans les moyens de colonisation et d'exploitation. Il s'agit des arènes de combat entre gladiateurs qui s'entretuaient au glaive et à la lance. Ces festivals figuraient parmi les préférés des Romains. Les maîtres, auxquels se joignait parfois l'Empereur, se rassemblaient pour regarder les esclaves qui s'entredéchiraient au glaive et à la lance dans des combats à mort. La joie des spectateurs atteignait alors son paroxysme, les gosiers hurlant des ovations, les mains applaudissant de manière nourrie, avec des rires de bonheur sincère et profond, dès lors que l'un des gladiateurs terrasse son compère, et le laisse gisant, sans vie !

              Telle était la situation des esclaves dans l'Empire romain. Nous n'avons guère besoin de nous étendre sur le statut juridique des esclaves d'alors, ni sur le droit incontestable du maître de tuer, de torturer ou d'exploiter son esclave, sans que ce dernier n'ait le droit de s'en plaindre, ni qu'il existe une partie susceptible d'examiner ou de reconnaître cette plainte. Ce ne sont là que de futiles détails après tout ce que nous venons de raconter.

              Même si le traitement des esclaves en Perse, en Inde ou dans d'autres contrées différait de ce qui se pratiquait dans l'Empire romain en termes d'horreurs plus ou moins prononcées, il ne différait guère en termes de bafouement total de la dignité humaine, et d'exploitation consistant à faire porter aux esclaves les plus lourdes corvées, sans leur accorder de compensation.

              Puis l'Islam est venu...
              "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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              • #8
                Il est venu rendre leur humanité à ces humains. Il est venu dire aux maîtres au sujet de leurs esclaves : « Vous êtes les uns des autres ». Il est venu déclarer : « Quiconque tuera son esclave, nous le tuerons. Quiconque rasera son esclave, nous le raserons. Quiconque émasculera son esclave, nous l'émasculerons » [4]. Il est venu décréter l'unicité de l'origine, de la nature et du devenir de l'humanité : « Vous êtes les enfants d'Adam, et Adam a été créé d'argile ». Il est venu établir qu'un maître n'a aucun mérite sur son esclave, parce que l'un est maître et l'autre esclave. Le seul critère de mérite est désormais la piété : « Un Arabe n'a strictement aucun mérite sur un non-Arabe, pas plus qu'un non-Arabe n'en a sur un Arabe, ni un Noir sur un Blanc, ni un Blanc sur un Noir, si ce n'est par la piété » [5].

                L'Islam est venu ordonner aux maîtres de bien traiter leurs esclaves : « Soyez bons envers vos père et mère, vos proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Dieu n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant. » [6] Il est venu établir que la relation entre les maîtres et les esclaves n'était pas une relation d'arrogance et d'asservissement, ni une relation d'exploitation et d'humiliation, mais une relation familiale et fraternelle. Les maîtres sont désormais la famille de la servante, si bien que toute demande en mariage doit leur être adressée : « Vous pouvez épouser une femme parmi celles de vos esclaves croyantes. Dieu connaît mieux votre foi, car vous êtes les uns des autres. Et épousez-les avec l'autorisation de leur famille et faites-leur don d'une dot convenable » [7]. Les esclaves sont désormais les frères des maîtres : « Vos esclaves sont vos frères. Quiconque dispose de l'un de ses frères doit le nourrir de ce dont il se nourrit lui-même et le vêtir de ce dont il se vêt lui-même. Ne leur demandez pas ce qui dépasse leur capacité. Et si vous le faîtes, alors aidez-les » [8].

                Dans un souci supplémentaire de ménager les sentiments des esclaves, le noble Messager — paix et bénédictions sur lui — ajoute : « Que nul d'entre vous ne dise : Voici mon serviteur ou voici ma servante ! Mais qu'il dise : Mon garçon et ma fille ! » Fort de cette sentence, Abû Hurayrah interpela un homme qui était sur une monture tandis que son serviteur courait à pied derrière lui : « Fais-le monter derrière toi, car il est ton frère et son âme est comme la tienne ! »

                Ce n'était pas tout. Avant de passer à l'étape suivante, nous devons en effet consigner le gigantesque saut opéré par l'Islam envers les esclaves au cours de cette première étape.

                Les esclaves n'étaient plus des objets. Ils sont devenus des humains avec une âme identique à celle des maîtres. Les autres nations considéraient alors sans exception que les esclaves étaient une race différente de la race des maîtres et qu'ils avaient été créés pour être asservis et humiliés. En conséquence, ces maîtres n'éprouvaient pas le moindre scrupule à tuer les esclaves, à les torturer, à les brûler ou à les exploiter dans les sales besognes et les travaux forcés. Partant de ce constat, l'Islam a élevé les esclaves au statut de digne fraternité avec leurs maîtres, non pas dans un monde idéalisé et utopique, mais dans le monde réel.

                L'histoire — que nul n'a pu renier, pas même les plus fanatiques auteurs européens — témoigne que le traitement des esclaves aux premiers temps de l'Islam a atteint un niveau d'humanité tel qu'il n'a jamais été atteint par ailleurs, au point que les esclaves affranchis refusaient de quitter leurs anciens maîtres — alors qu'ils en étaient parfaitement capables après s'être libérés financièrement et avoir pris l'habitude de se prendre en charge eux-mêmes — parce qu'ils les considéraient comme leur famille, auxquels ils étaient liés par des liens non moins forts que les liens du sang ! L'esclave était désormais un être humain à part entière dont la dignité était protégée par la loi, et à laquelle nul ne pouvait attenter ni par le verbe ni par l'action. Pour ce qui est du verbe, le Prophète a en effet interdit aux maîtres de rappeler à leurs esclaves qu'ils sont des esclaves. Il leur a ordonné de leur parler d'une manière qui leur fasse sentir l'amour familial et qui leur fasse oublier leur statut d'esclaves. Dans le cadre de ces directives, le Prophète leur dit : « Dieu les a mis en votre possession. Et s'Il le voulait, c'est vous qu'il aurait mis en leur possession ». Ainsi, ce ne sont que des vicissitudes contingentes qui ont fait de ces êtres des esclaves. Il était donc parfaitement possible qu'ils soient eux-mêmes maîtres de ceux qui le sont aujourd'hui ! Par cette sentence, le Prophète réduit à néant l'arrogance des maîtres et les renvoie à la fibre humaine qui les relie tous et à l'amour qui doit gouverner leurs relations les uns les autres. Quant à l'agression physique des esclaves, sa sanction explicite est le talion : « Quiconque tue son esclave, nous le tuerons ». Il s'agit d'un principe univoque d'égalité humaine entre les esclaves et les maîtres. Ce principe établit également de manière explicite les garanties qui entourent l'existence de cette catégorie de gens, dont le statut contingent ne saurait les exclure de leur authentique nature humaine. Ces garanties sont complètes et atteignent un niveau auquel n'a su prétendre aucune législation sur l'esclavage, tout au long de l'histoire, aussi bien avant qu'après l'avènement de l'Islam. Ainsi, le seul fait de gifler un esclave alors que rien ne justifie sa correction — sachant que la correction ne doit pas enfreindre la limite de ce que le maître se permet d'administrer à ses propres enfants — constitue un motif légal pour son affranchissement.

                Passons maintenant à l'étape suivante, celle de la libération effective...

                L'étape précédente constituait en réalité une libération morale des esclaves : ceux-ci étaient réintégrés à l'humanité et étaient traités avec la dignité originelle qu'ils partageaient avec les maîtres ; c'étaient des circonstances contingentes qui privaient les esclaves de leur liberté extérieure à interagir directement avec la société. Mais mis à part ce point, les esclaves pouvaient jouir de tous les droits humains.

                Mais l'Islam ne s'arrêta pas là, car sa base fondamentale et suprême est l'égalité complète entre les hommes, ce qui signifie la libération complète de tous les hommes. Par conséquent, il œuvra de manière effective à la libération des esclaves, et ce, par deux grands moyens : le `itq ou affranchissement gratuit et la mukâtabah ou contrat d'affranchissement.

                Le `itq désigne l'affranchissement volontaire et gratuit, de la part des maîtres, des esclaves qu'ils possèdent. L'Islam a vivement incité à ce type d'affranchissement. En affranchissant ses esclaves, le noble Messager — paix et bénédictions sur lui —, était à cet égard le modèle de premier plan, imité par ses Compagnons. Abû Bakr dépensait ainsi des sommes considérables pour acheter des esclaves de leur maîtres qurayshites païens, puis les affranchissait et leur redonnait leur liberté. Quand les ressources budgétaires le permettaient, le Trésor Public achetait également des esclaves de leurs propriétaires et les libérait. Yahyâ Ibn Sa`îd raconte ainsi : « `Umar Ibn `Abd Al-`Azîz m'a envoyé en Tunisie en tant que responsable du Trésor Public. Après avoir collecté les impôts, j'ai fait quérir des pauvres auxquels seraient redistribuées les sommes perçues. Mais nous n'avons trouvé aucun pauvre, ni personne pour récupérer tout cet argent. `Umar Ibn `Abd Al-`Azîz avait enrichi les gens. J'ai alors employé ces sommes à l'achat d'esclaves que j'ai affranchis ».

                Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — affranchissait également les esclaves qui enseignaient la lecture et l'écriture à dix Musulmans, ou qui rendaient un service similaire aux Musulmans.

                Le Noble Coran a par ailleurs décrété que l'expiation de certains péchés était l'affranchissement d'esclaves. Le Prophète — paix et bénédictions sur lui — incitait en outre à affranchir des esclaves pour expier n'importe quelle faute qu'un homme pouvait commettre, et ce, dans l'optique de libérer le plus grand nombre possible, sachant que les péchés ne cessent jamais, et que l'être humain est par nature pécheur, comme le rappelle le Messager. Il convient ici de porter une attention toute particulière à l'une de ces expiations, en raison de sa signification dans le regard que porte l'Islam sur l'esclavage. L'Islam décrète que l'expiation de l'homicide involontaire requiert le paiement d'un prix du sang à la famille de la victime et la libération d'un esclave : « Quiconque tue par erreur un croyant, qu'il affranchisse alors un esclave croyant et remette à sa famille le prix du sang » [9]. La victime tuée par erreur est une âme humaine que sa famille et que la société dans son ensemble ont injustement perdue. Pour cette raison, l'Islam établit deux types de dédommagements : le dédommagement de la famille avec le prix du sang qui doit leur être payé, et le dédommagement de la société avec la libération d'un esclave croyant. La libération d'un esclave reviendrait en quelque sorte à donner la vie à une âme humaine, qui vient remplacer celle qui a été involontairement tuée. En poussant la comparaison, on est amené à la conclusion qu'au regard de l'Islam, l'esclavage est, d'une certaine façon, une mort. Ainsi, malgré toutes les garanties dont l'Islam entoure le statut des esclaves, il profite de la moindre occasion pour redonner vie à ces esclaves en les libérant de leur servitude.

                L'histoire relate qu'un nombre incommensurable d'esclaves ont été libérés à travers cet affranchissement gratuit, et que ce nombre incommensurable ne trouve pas son pareil dans l'histoire des autres nations, ni avant l'Islam, ni plusieurs siècles après, jusqu'au début de l'ère moderne. Par ailleurs, les mobiles de leur affranchissement étaient purement humains, et découlaient des consciences individuelles qui désiraient gagner l'Agrément de Dieu, rien d'autre que l'Agrément de Dieu.

                Quant à la mukâtabah, elle consiste à accorder à l'esclave sa liberté lorsqu'il la demande de son propre chef, moyennant une somme d'argent convenue entre le maître et l'esclave. L'affanchissement est dans ce cas obligatoire : le maître ne peut ni le refuser ni le reporter, dès lors que la somme d'argent convenue lui a été versée. En cas de problème, l'État (représenté par le juge ou par le dirigeant) intervient pour exécuter de force le contrat d'affranchissement et donner la liberté à son demandeur.

                La légifération de la mukâtabah a réellement ouvert les portes de la libération des esclaves en Islam, puisqu'elle permet à l'esclave qui veut recouvrer sa liberté de s'affranchir, sans attendre que son maître le libère gratuitement à une occasion qui pourrait survenir, ou qui pourrait ne jamais survenir au fil des jours et des années.
                "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                • #9
                  Comme on dit, l'Islam a eu le mérité d'inscrire l'esclavage dans des cadres précis souvent pour protéger l'esclave et favorisant sa libération. Après si on doit juger l'Islam et l'Esclavage avec nos yeux d'aujourd'hui, il faudrait reétudier le Coran entier qui s'inscrit dans le cadre du VIIème siècle.

                  Commentaire


                  • #10
                    Dès le premier instant où l'esclave demande ce contrat d'affranchissement — que le maître ne peut refuser du moment que sa libération ne présente pas de danger pour la sécurité intérieure de l'État islamique —, tout le travail qu'il effectuera désormais pour son maître sera rémunéré. Ou alors, il aura la possibilité, s'il le souhaite, de travailler à l'extérieur pour réunir la somme convenue pour le rachat de sa liberté.

                    Cette voie fut celle empruntée par l'Europe au XIVe siècle, soit sept siècles après que l'Islam l'eut initiée. Néanmoins, une différence majeure distingue l'Islam : la prise en charge par l'État des esclaves demandant une procédure d'affranchissement, et ce, en sus des efforts gigantesques consentis par l'Islam pour affranchir les esclaves gratuitement, sur la base d'un volontariat individuel visant à se rapprocher de Dieu et à Le servir avec loyauté.

                    Le verset qui désigne les ayant-droits de l'aumône légale (zakâh) dit la chose suivante : « Les aumônes ne sont destinées que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, [...] pour l'affranchissement des esclaves » [10]. Ainsi, il est clairement établi que le Trésor Public doit employer l'aumône légale, entre autres à aider les esclaves désireux de s'affranchir de racheter leur liberté, si eux-mêmes sont incapables de le faire avec leurs propres économies.

                    L'Islam a donc été l'auteur d'une considérable et réelle avancée dans la libération des esclaves. Il a été en avance d'au moins sept siècles sur tout le développement historique. En plus de ce développement, il s'est distingué par d'autres éléments — comme les garanties assurées par l'État — auxquels le monde n'a commencé à s'intéresser qu'au début des temps modernes, ainsi que par des éléments que le monde ignore toujours, que ce soit au niveau du bon traitement des esclaves ou de l'affranchissement volontaire et gratuit, sans aucune contrainte d'ordre économique ou politique, à l'instar de celles qui ont obligé l'Occident à libérer les esclaves, comme nous l'expliquerons par la suite.

                    Ainsi tombent les foutaises prétendûment savantes des communistes, selon lesquelles l'Islam est un maillon parmi d'autres du développement économique, apparu au moment où il devait apparaître, et obéissant aux lois du matérialisme dialectique. Or voici que l'Islam a été en avance de sept siècles sur l'époque à laquelle il était censé apparaître. Des foutaises selon lesquelles également tout système — y compris l'Islam — n'est que le reflet du stade auquel est parvenu le développement économique au moment de son avènement, de sorte que toutes ses doctrines et conceptions sont en adéquation avec ce stade de développement, sans pour autant le préceder ni même être en mesure de le précéder. Ainsi en a décidé l'esprit infaillible qui ne peut se fourvoyer, l'esprit de Karl Marx — que sa mémoire soit sanctifiée ! Mais voici que l'Islam ne s'est pas inspiré des systèmes économiques en vigueur alors dans la Péninsule arabique ou dans le reste du monde, que ce soit au niveau des esclaves, du partage des richesses, de la relation entre le gouvernant et le gouverné ou du patron et du salarié. Il définissait en revanche ses propres systèmes socio-économiques, de manière indépendante et inédite. Et sous plusieurs de ses aspects, il se distingue encore de manière unique sur toute l'histoire de l'humanité.

                    Se pose alors la question qui intrigue les esprits et les consciences : puisque l'Islam a commis autant d'avancées vers la libération des esclaves, et puisqu'il a précédé le monde entier en ce sens, de manière volontaire, sans qu'il y soit obligé ni contraint, alors pourquoi n'a-t-il pas fait le dernier pas décisif, en déclarant sans ambages et de la manière la plus explicite qui soit, l'abolition principielle de l'esclavage ?

                    Pour répondre à cette question, il nous faut appréhender des réalités sociologiques, psychologiques et politiques qui ont entouré le thème de l'esclavage, et qui ont poussé l'Islam à poser les principes propres à la libération des esclaves, puis à les laisser agir d'eux-mêmes sur le long terme.

                    Nous devons tout d'abord rappeler que la liberté ne s'octroie pas mais se gagne. Contrairement aux illusions de certains, un simple décret abolissant l'esclavage n'est pas de nature à libérer les esclaves. L'expérience américaine dans la libération des esclaves par un simple coup de crayon d'Abraham Lincoln est la meilleure preuve de ce que nous avançons. Les esclaves libérés extérieurement par Lincoln au moyen d'une loi, n'ont pas supporté le poids de leur liberté : ils sont revenus chez leurs maîtres les priant de les accepter en tant qu'esclaves comme ils l'ont toujours été. Car, intérieurement, ils ne s'étaient pas encore eux-mêmes libérés.

                    Cela peut paraître étrange, mais tout paraît plus clair lorsqu'on examine le problème à la lumière des réalités psychologiques. La vie est une question d'habitudes, et ce sont les conjonctures traversées par l'homme qui façonnent ses sentiments, ses sensations et ses facultés psychiques. La psychologie d'un esclave diffère de la psychologie d'un homme libre, non pas parce que le premier serait issu d'une race inférieure, comme le pensaient les Anciens, mais parce que sa vie d'asservissement permanent a façonné ses facultés psychiques de telle sorte qu'elles soient adaptées à la conjoncture qu'il traverse. Ainsi, se développera en lui jusqu'à son paroxysme le sens de l'obéissance, tandis que s'inhiberont jusqu'à leur paroxysme le sens de la responsabilité et l'aptitude à assumer les conséquences de ses actes.
                    Dernière modification par aygher, 18 janvier 2010, 13h08.
                    "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                    • #11
                      L'esclave sait accomplir beaucoup de choses lorsque son maître le lui demande. Il n'a en effet qu'à obéir et à exécuter les ordres. Mais il ne sait rien faire de lui-même, même les choses les plus banales, dès lors que c'est lui qui doit en porter la responsabilité. Non pas qu'il en soit physiquement incapable, ni parce que son esprit est incapable de comprendre ces choses, mais parce que, psychologiquement, il ne parvient pas à en assumer les conséquences. Il s'imagine tout un tas de périls fantasmés et de problèmes insolubles devant lesquels il fuit de peur d'avoir à les affronter.

                      Les observateurs attentifs de la vie égyptienne — et orientale en général —, au cours des dernières décennies, pourront retrouver les traces de cet asservissement qui ne dit pas son nom, et qu'a instillé le colonialisme machiavélique dans les âmes des Orientaux dans le but de les asservir à l'Occident. Ils pourront les retrouver à travers tous ces projets suspendus ou abandonnés, et que n'a suspendu le plus souvent que la peur d'en assumer les résultats. Ou ces projets qui ont été étudiés mais que les gouvernements refusent de réaliser avant d'avoir fait venir un expert anglais ou américain, qui puisse les décharger de la responsabilité dudit projet et qui donnera son feu vert pour la réalisation. Ou encore cette terrifiante paralysie administrative qui plane sur les fonctionnaires et qui enchaîne leur capacité productive à une routine cristallisée ; nul fonctionnaire ne peut en effet faire autre chose que ce que lui a ordonné son maître, « Monsieur » le haut-fonctionnaire, qui lui-même ne sait rien faire d'autre qu'obéir à son maître, « Monsieur » le Ministre. Non pas que les uns ou les autres ne soient pas capables d'agir de leur propre chef, mais parce que leur sens de la responsabilité est inhibé, alors que leur sens de l'obéissance est démesuré. Ils sont ainsi tout ce qu'il y a de plus ressemblant avec des esclaves, même si, officiellement, ce sont des hommes libres.

                      C'est donc cet état psychologique qui asservit l'esclave. C'est bien entendu un état contingent, qui s'est développé à partir de conjonctures extérieures, mais qui, au fil du temps, est devenu indépendant, a pris une existence qui lui est propre, à l'instar du rameau d'un arbre qui, en touchant la terre, développe ses propres racines et prend son indépendance vis-à-vis de la plante-mère. Cet état psychologique ne peut être balayé par un décret politique abolissant l'esclavage. C'est de l'intérieur qu'il doit être métamorphosé, et ce, en créant de nouvelles conjonctures permettant aux sentiments de prendre une toute autre direction, en développant chez l'esclave ses facultés inhibées, et de bâtir un être humain sainement constitué, à partir de l'être déshumanisé qu'il était.

                      Et c'est ce qu'a fait l'Islam...

                      L'Islam a commencé par exiger le bon traitement des esclaves, car rien d'autre qu'un bon traitement ne peut rendre son équilibre à une psychologie déviante. Il s'agit de lui rendre son estime afin qu'elle prenne conscience de son humanité et de sa dignité propre. Dès lors que cela se réalise, elle ressent d'elle-même le goût de la liberté et n'en est pas rebutée comme l'ont été les esclaves américains fraîchement libérés.

                      L'Islam poussa le bon traitement et la réhabilitation de la dignité humaine des esclaves à un point incroyable, illustré par les versets du Coran et les enseignements du Messager que nous avons cités précédemment et que nous nous apprêtons à étayer ci-dessous par des exemples très concrets.

                      Le Messager — paix et bénédictions sur lui — scellait des liens fraternels entre certains esclaves et certains notables arabes. Il conclut ainsi des liens fraternels entre Bilâl Ibn Rabâh et Khâlid Ibn Ruwayh Al-Khath`amî, entre son esclave affranchi Zayd et son oncle Hamzah, ou encore entre Khârijah Ibn Zayd et Abû Bakr. Cette fraternisation constituait un véritable lien, non moins puissant que les liens du sang, et donnait des droits en matière d'héritage.

                      Ce n'était pas tout...

                      Le Prophète maria également sa cousine Zaynab Bint Jahsh à son esclave Zayd. Le mariage est en réalité une question délicate, notamment pour la femme. Une femme acceptera d'épouser un homme d'un plus haut niveau social, mais elle refusera que son mari soit issu d'une catégorie sociale inférieure. Elle ressentirait cela comme une atteinte à sa dignité et à son orgueil. Mais le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — voulait établir une signification bien plus profonde : il voulait extirper les esclaves des tréfonds vers lesquels ils ont été précipités par une humanité injuste et les élever au rang des plus illustres notables arabes qurayshites.

                      Ce n'était pas tout non plus...

                      Le Messager envoya Zayd à la tête d'une armée dont les soldats n'étaient autres que des notables arabes parmi les Muhâjirûn et les Ansâr. Lorsqu'il fut tué, il désigna son fils, Usâmah Ibn Zayd, à la tête de l'armée, une armée qui comptait dans ses rangs Abû Bakr et `Umar, les deux ministres et successeurs du Prophète, futurs Califes de la Communauté musulmane. Ainsi, le Prophète n'octroyait pas seulement aux esclaves un statut d'égalité humaine ; il leur donnait également le droit de diriger et de gouverner des hommes libres.

                      Il en vint ainsi à déclarer : « Obéissez aux ordres même si vous êtes gouvernés par un esclave noir abyssin, dont la tête ressemble à un raisin sec, du moment qu'il vous dirige selon le Livre de Dieu — Exalté soit-Il — » [11]. Il accorda ainsi aux esclaves et aux affranchis le droit d'accéder à la plus haute fonctions de l'État, celle du dirigeant de la Communauté musulmane. `Umar dit au moment où il devait préparer sa succession : « Si Sâlim, l'affranchi de Abû Hudhayfah, était encore parmi nous, je l'aurais nommé à ma succession ». Le Calife réaffirma ainsi les principes énoncés par le Messager — paix et bénédictions sur lui —.

                      À une autre occasion, `Umar montra l'exemple de la plus belle des manières, en ce qui concerne le respect des esclaves et des affranchis. Bilâl Ibn Rabâh s'opposa à lui avec virulence sur la question de la répartition du butin. `Umar ne trouva rien d'autre à dire que d'implorer : « Seigneur, préserve-moi de Bilâl et de ses partisans ! » Lui, le Calife qui pouvait, s'il le voulait, ordonner et être obéi.

                      Ces modèles apportés par l'Islam avaient pour but de libérer les esclaves de l'intérieur, comme nous l'avons déjà répété au début de ce chapitre, afin que l'esclave prenne conscience de son individualité et réclame de lui-même sa liberté. C'est là la véritable garantie de la libération des esclaves.

                      Il est vrai que l'Islam a encouragé l'affranchissement gratuit et l'a prôné par tous les moyens. Mais cela faisait en soi partie de l'éducation psychologique des esclaves, afin qu'ils ressentent qu'il leur est possible de regagner leur liberté et de jouir de tous les droits réservés aux maîtres. Ainsi se développe en eux la volonté de retrouver la liberté et d'en assumer les conséquences. Dès lors, l'Islam s'empresse de la leur accorder, car ils en sont devenus dignes, aptes à la préserver.

                      La différence est grande entre ce système qui encourage les hommes à demander la liberté, leur donne les moyens d'y parvenir puis, la leur accorde à l'instant où ils la demandent de leur propre chef, et entre des systèmes qui laissent les choses se compliquer et s'aggraver, jusqu'à ce qu'éclatent des révolutions socio-économiques qui déciment les vies par centaines et par milliers, puis qui n'accordent la liberté à ses demandeurs que sous la contrainte et à contre cœur.

                      L'une des vertus majeures de l'Islam dans la question de l'esclavage est qu'il s'est attaché à la véritable libération des esclaves, une libération aussi bien intérieure qu'extérieure. Il ne s'est pas contenté de bonnes intentions comme l'a fait Lincoln lorsqu'il a édicté une loi n'ayant que bien peu de poids dans le cœur des esclaves. Ceci prouve la profondeur avec laquelle l'Islam appréhende la nature humaine, et sa capacité à déceler les meilleurs moyens de la curer. À cela s'associe le volontarisme dont fait preuve l'Islam pour octroyer les droits à leurs détenteurs légitimes, tout en éduquant ces derniers à se cramponner à ces droits et à en assumer les conséquences. Pour parvenir au mieux à cette fin souhaitée, l'Islam fait appel aux sentiments d'amour et d'affection entre les différentes composantes de la société, avant qu'elles ne s'entretuent pour ces droits, comme cela a eu lieu en Europe, où les exécrables tueries ont tari les sentiments et transmis des haines héréditaires. Ainsi, tout le bien ayant pu être récolté par l'humanité s'en est trouvé corrompu pendant son parcours.

                      Intéressons-nous maintenant au principal facteur ayant conduit l'Islam à poser les fondements de la libération des esclaves et à le laisser exercer son effet au fil des générations.

                      L'Islam a tari toutes les anciennes sources d'esclavage, excepté une seule qu'il ne pouvait tarir : il s'agit de l'esclavage dû à la guerre. Soyons plus précis.

                      La coutume dominante à l'époque consistait à l'asservissement ou à l'exécution des prisonniers de guerre. Cette coutume était très ancienne, ancrée dans les profondeurs de l'histoire, remontant sans doute au premier homme. Elle accompagna l'humanité dans chacune des étapes de son développement.

                      À l'avènement de l'Islam, la situation n'avait pas changé. Lorsque des guerres éclatèrent et opposèrent l'Islam à ses ennemis, ces derniers asservirent leurs prisonniers musulmans, les privèrent de leur liberté, traitèrent les hommes de la manière habtituelle dont étaient alors traités les esclaves, violente et injuste, tandis que les femmes étaient violées par tout un chacun : une femme unique servait ainsi aussi bien à un homme, qu'à ses enfants, qu'à ses amis désireux eux aussi de s'amuser. Aucun ordre ne régnait et aucun contrôle ne s'exerçait. L'humanité de ces femmes n'était nullement respectée, qu'elles soient vierges ou pas. Quant aux enfants capturés, ils grandissaient dans l'exécrable humiliation de l'esclavage.
                      "L'habit ne fait pas le moine", certes... mais... "si tu cherche un moine, cherche-le parmi ceux qui portent l'habit"...

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                      • #12
                        aygher

                        c bien jolie de faire de long copié collé, sans aucun commentaire de ta part!! mais ce serait encore mieux si au moins tu t'engages à nous fournir une réflexion , même petite, on prend

                        L'Islam a commencé par exiger le bon traitement des esclaves, car rien d'autre qu'un bon traitement ne peut rendre son équilibre à une psychologie déviante. Il s'agit de lui rendre son estime afin qu'elle prenne conscience de son humanité et de sa dignité propre. Dès lors que cela se réalise, elle ressent d'elle-même le goût de la liberté et n'en est pas rebutée comme l'ont été les esclaves américains fraîchement libérés.
                        tu lis ce que tu postes, de qui on se fout là, conscience de son humanité mais il est possédé par un autre être humain??
                        La seule psychologie déviante est de considérer qu'ils y auraient des gens qui se rendent pas compte de leur humanité qu'en situation d'esclave mais en étant bien traité:22:

                        L'Islam poussa le bon traitement et la réhabilitation de la dignité humaine des esclaves à un point incroyable,
                        regardez l'art du khorti, dignité humaine des esclaves:22: alors même que dans l'islam, dans le kassass, un esclave qui tue un homme est exécuté, un homme libre qui tue un esclave; il rembourse seulement son prix à son maitre, ça c'est l'aspect humaino matériel de l'esclave, qui rest eun bien et une propriété donc y a aucune dignité
                        illustré par les versets du Coran et les enseignements du Messager que nous avons cités précédemment et que nous nous apprêtons à étayer ci-dessous par des exemples très concrets.
                        en effet on a vu les versets concret, qui appellent et donnent carte blanche clairement certains obsédés à abuser d'autant d'esclave femmes donc de femmes qu'ils veulent

                        Le Messager — paix et bénédictions sur lui — scellait des liens fraternels entre certains esclaves et certains notables arabes. Il conclut ainsi des liens fraternels entre Bilâl Ibn Rabâh et Khâlid Ibn Ruwayh Al-Khath`amî, entre son esclave affranchi Zayd et son oncle Hamzah, ou encore entre Khârijah Ibn Zayd et Abû Bakr. Cette fraternisation constituait un véritable lien, non moins puissant que les liens du sang, et donnait des droits en matière d'héritage.
                        au début mohamad a bien libéré des esclaves en les rachetant avec l'argent de khadidja, sachant qu'ils constituèrent l'ébauche de sa petite armée, après une fois que plus intéressant l'ont rejoint, les esclaves ont retrouvé leurs statut habituel, celui là même de la jahiliya, c'est à dire une marchandise qu'on revend, rachète, exploite à sa guise

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                        • #13
                          au début mohamad a bien libéré des esclaves en les rachetant avec l'argent de khadidja, sachant qu'ils constituèrent l'ébauche de sa petite armée, après une fois que plus intéressant l'ont rejoint, les esclaves ont retrouvé leurs statut habituel, celui là même de la jahiliya, c'est à dire une marchandise qu'on revend, rachète, exploite à sa guise
                          ...et pour arrondire les chiffres:
                          les esclaves noirs....tic-tac....Zanzibar....tic-tac....Tanzanie....tic-tac...etc....
                          nos esclaves a nous apprennent vites....tic-tac..... mais oublient un detail de valeur...tic-tac....leurs maitres ont change de tactique...

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                          • #14
                            @abd

                            L'Islam a libere tous les humains en les rendant des esclaves de Dieu, et Dieu seul.

                            Commentaire


                            • #15
                              C'est quoi ta question ? Tu pourrais la synthétiser s'il te plait ?
                              Pas vraiment de question précise, juste des réaction de votre part sur les faits cités dans ce text...

                              Mais s'il y aurrai une question à poser concernant le sujet, ça serai celle-ci

                              Pourquoi le Dieu des 3 grandes religions monothéistes n'a pas aboli une fois pour toute ce grand mal que constitue l'esclavage ? 3000 ans (ou plus) de correspondance avec l'humanité et des dizaines de milliers de prophètes... 3000 ans ne sont-ils pas assez suffisants pour abolir, graduellement s'il le faut, cette pratique monstrueuse ?

                              Après 3000 ans Dieu a envoyé son dernier messager à l'humanité, après ça sera le silence, aucun contact ... s'il aurai fallu l'abolir c'est à ce moment là, mais même au dernier moment, dans son dernier livre pour la guidance de l'homme, il ne l'a pas fait ... au contraire, il a fait tout le contraire, il l'a codifié ...

                              ça me parait trop gros et absurde pour un Dieu bon, juste et miséricordieux ...
                              Dernière modification par HB, 19 janvier 2010, 17h02.

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