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La corruption

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  • La corruption

    La corruption n'est pas un simple acte malhonnête qu'il suffit ça et là de pointer et d'éliminer. Dans ses manifestations diverses, elle est très "enchâssée" dans une société car elle s'appuie sur des traditions qui n'ont pas spécialement de rapport direct avec elle. Elle finit par entraîner un tel cercle vicieux (voir à la fin) qu'elle s'autoalimente. Trouvez une solution à la corruption ne révèle donc extrêmement difficile, et le jugement moral n'est qu'une aide assez mineure pour ce qui est en fait un besoin d'une véritable révolution.


    Quelques extraits d'une étude est très intéressante : "La corruption au quotidien en Afrique de l’Ouest" (Bénin, Niger et Sénégal) - 2001


    Les formes élémentaires de la corruption

    -La « commission »
    -La « gratification »
    -Le « piston »

    La rétribution indue d’un service public

    -Le tribut ou « péage »
    -La « perruque » (les locaux ou les matériels du service sont utilisés par les personnels à titre privé, soit durant les heures de travail, soit en dehors
    -Le « détournement »

    Les pratiques corruptives dans les pratiques administratives en général

    Les pratiques corruptives (formes élémentaires et stratégies) sont indissociables, dans les trois pays, de toute une configuration de pratiques plus larges, banalisées au sein des administrations et services de l’État, qui déterminent le fonctionnement réel des services publics.

    Autrement dit, les pratiques corruptives sont enchâssées dans une gouvernance au quotidien, dont elles sont plus ou moins inséparables. La gestion routinière au sein des administrations et services publics « héberge » et favorise les pratiques corruptives. On peut évoquer donc les éléments les plus significatifs de cette gestion publique. Elle n’est pas le fait des seuls agents de l’État, mais résulte des interactions entre fonctionnaires, usagers et intermédiaires.


    L’inanité des hiérarchies formelles.

    Le décalage entre les organigrammes sur le papier et la division effective du travail est souvent spectaculaire. En fait, on ne peut guère savoir qui fait réellement quoi en consultant un registre du personnel et en s’attachant aux statuts officiels des agents. On assiste en fait tantôt à une surqualification (un agent effectue des tâches inférieures à sa qualification), tantôt, et plus souvent, à une sous-qualification (un agent effectue des tâches supérieures à sa qualification), jusqu’à des cas d’absence totale de qualification pour la tâche attribuée.


    La création de files d’attente

    Si le manque de personnel qualifié génère une surcharge des services et engendre des longues « files d’attente » pour l’obtention du moindre service, des goulots d’étranglement peuvent aussi être créés sciemment par les agents. Outre le prétexte classique du dossier gisant au fond de la pile, les administrations, disposent de plusieurs atouts pour « prendre en otage » le temps des usagers et offrir ensuite une accélération personnalisée et payante du service. Pour les administrations de contrôle, comme la douane, la police ou la gendarmerie, il s’agit de brandir la menace d’appliquer certaines dispositions de leur arsenal réglementaire.


    La personnalisation des relations administratives

    Les contacts des usagers avec l’administration sont fortement marqués par la méfiance et l’incertitude. Le besoin de protection contre des prévarications ou des blocages possibles pousse les usagers à une quête incessante de relations.

    On ne s’adresse pas directement au fonctionnaire derrière le guichet, on ne cherche pas à connaître les procédures « normales », mais on s’informe d’abord des liens, réels ou fictifs, qu’on sera en mesure d’évoquer en guise de préalable à la démarche.

    En somme, par ces stratégies, l’usager cherche à personnaliser les relations administratives. Car elles sont caractérisées par une extrême ambivalence, allant du traitement inhumain à la sollicitude extrême en passant par les différentes figures de la relation clientélaire.

    L’impunité

    C’est là une conséquence directe du clientélisme, qui brise toute tentative de réforme, en particulier au niveau de la lutte contre la corruption. Toute sanction pose en effet problème, parce que le sanctionné est à peu près toujours inséré dans des réseaux clientélistes qui le protègent.

    Celui qui veut sanctionner se voit ainsi immédiatement l’objet de multiples « interventions », voire de menaces, venant de pairs ou de personnages plus haut placés. La plupart du temps, il se voit désavoué par sa propre hiérarchie, qui ordonne la relaxe de l’auteur de l’infraction ou la suspension de la peine.

    C’est un facteur important de dissuasion quant à l’application normale des règlements. D’ailleurs, un sanctionné n’a en général rien fait d’autre que ce que font les autres personnes de son réseau, et en sanctionnant un individu c’est tout un système que l’on menace.

    L’absence de contrôles et le « chacun pour soi »

    Chaque fonctionnaire habite en quelque sorte une petite bulle (parfois deux ou trois l’habitent ensemble), sur laquelle il a peu de comptes à rendre (la hiérarchie se contentant de « l’absence de problèmes », ou percevant parfois une petite rente versée par ses subordonnés), et où il s’organise comme bon lui semble.

    Le contrôle de la qualité des prestations d’un agent est généralement absent, les réunions de services quasi-inexistantes, l’émulation professionnelle inconnue. Dans la « bulle » de chacun peuvent prospérer les pratiques corruptrices comme les négligences professionnelles ou le mépris de l’usager. Il n’y a aucune « accountability », que ce soit vis-à-vis des collègues ou vis-à-vis des supérieurs, tant que le propre confort de ceux-ci n’est pas menacé.

    Tout en renvoyant au chapitre consacré à la lutte contre la corruption, il faut souligner que la culture du « chacun pour soi » est aussi permise par le sous-équipement (humain et matériel) des différents organes de contrôle interne créés par les gouvernements des trois pays étudiés : dotation en carburant dérisoire, véhicules en panne, effectifs non remplacés en cas de maladie ou de départ à la retraite, absence de projet de carrière qui fait identifier parfois ces postes à des véritables voies de garage.

  • #2
    Les logiques sociales et culturelles


    Pluralisme des normes

    L’importance du pluralisme des normes a déjà été signalée en Afrique27. Elle favorise les négociations non pas seulement à l’intérieur d’un système consensuel de règles du jeu, mais aussi sur les règles du jeu elles-mêmes, qui ne sont jamais uniques.


    Échange généralisé de services et « la personne avant l’institution »

    Le capital relationnel des individus est particulièrement vaste en Afrique. Cela a été souvent noté en ce qui concerne la famille, dite étendue, mais cela est vrai dans bien d’autres sphères : il suffit de considérer l’importance des « promotionnaires » (terme qui couvre les réseaux constitués parfois depuis le collège, voire l’école primaire).

    L’investissement en sociabilité est à la fois une ressource et une contrainte permanente, activée en de multiples circonstances (festives, rituelles, familiales), et constitue une préoccupation incessante de la vie quotidienne, à travers les multiples obligations qu’implique l’entretien et la reproduction des réseaux relationnels de toutes natures.

    Une des propriétés de ces réseaux relationnels est que l’échange de service est de règle, non seulement entre parents ou mais, mais aussi entre « connaissances », dans un sens large, qui inclut quiconque est « recommandé » par un parent ou ami, voire par un ami d’ami. Toute une morale sociale supporte cette « obligation de rendre service », ce qui aboutit à un système généralisé de services et contre-services dans lequel chacun est « pris ».

    L’intermédiation et le courtage

    Nombre d’activités sociales, en Afrique plus qu’ailleurs, impliquent l’intervention d’« intermédiaires », depuis les relations amoureuses ou le mariage jusqu’aux activités de service ou au petit commerce, en passant par les pratiques magico-religieuses ou l’exercice du pouvoir. Les activités liées au développement ne sont pas en reste (le « courtage en développement » prospère28), et on a vu ce qu’il en était des relations avec l’administration, avec ces intermédiaires, souvent informels, qui fleurissent devant les postes de douane ou aux abords des palais de justice, voire dans les hôpitaux. Il est clair que cette extension sociale du courtage, non seulement aux portes des services publics mais pour une gamme très large d’activités sociales, créé un terrain favorable à la banalisation du courtage en corruption, lequel facilite les transactions corruptives

    Les dons et cadeaux incessants, l’ostentation, la sur-monétarisation

    L’omniprésence, à chaque instant de la vie sociale, des occasions où il convient de mettre la main à la poche, et la monétarisation de plus en plus grande de ces petits cadeaux (y compris aux proches ou à la famille) incite chacun à considérer que les « petites sommes » versées aux agents de l’État dans l’exercice de leurs fonctions ne sont qu’une forme supplémentaire de ces cadeaux usuels, et une extension de la « bienséance oblative » qui imprègne la vie quotidienne.

    Cette exigence d’avoir à « tenir son rang » (sous peine d’être atteint par la « honte »), ou simplement à faire preuve d’un minimum de savoir-vivre ou de générosité (les deux vont de pair), ajoutée au grand nombre de dépendants (parents) qu’il faut souvent entretenir, implique une pression monétaire constante sur les fonctionnaires (mais aussi sur d’autres catégories socioprofessionnelles), due au décalage entre les besoins sociaux incessants de numéraire et des salaires faibles ou très faibles ; nous appellerons par commodité (et loin de tout vocabulaire économique spécialisé) « sur-monétarisation » cette pression, ce décalage, qui obligent à une quête permanente d’argent liquide (emprunts, dépannages, petits boulots… ou corruption).

    Toute une morale de l’ostentation et de la « générosité ostentatoire » va dans le même sens, et accentue une pression qui, de plus, est exercée directement par la famille proche, les parents, le conjoint ou la conjointe, les enfants. On peut observer ainsi une grave inflation des « gestes et présents attendus » par l’entourage, depuis les moindres et les plus quotidiens (cf. l’inévitable « argent du taxi » qu’on doit donner à tous les visiteurs), jusqu’aux plus exceptionnels et redoutables (les millions CFA que coûtent les funérailles ici ou là, et les mariages partout), en passant par les vêtements neufs et parures diverses que toute fête exige, ou la demande croissante de financer le pèlerinage à La Mecque d’un père ou d’une mère…

    Le recouvrement des coûts en matière de santé aggrave aussi la pression monétaire (le traitement d’une affection courante atteignant facilement 10 % du salaire mensuel d’une secrétaire).

    Le coût social de l’intégrité

    Ces diverses « logiques » existent incontestablement de façon récurrente dans la vie sociale au Bénin, au Niger et au Sénégal, et forment insensiblement un continuum avec les pratiques corruptives. Elles n’y obligent évidemment pas, et sont sans nul doute en principe compatibles avec un comportement intègre.

    Mais elles en rendent le coût social élevé, dans la mesure où le refus de la corruption peut de ce fait apparaître comme un manquement à la bienséance ou une rupture avec les solidarités « normales ».

    C’est là que réside, selon nous, un des principaux problèmes que nos enquêtes ont mis à jour : l’intégrité complète est un luxe ou une vertu, hors de portée, dans les circonstances actuelles, de la plupart des citoyens béninois, nigériens ou sénégalais. En caricaturant quelque peu, seuls des riches ou des saints peuvent se le permettre. La pression du milieu environnant va en effet plutôt dans l’autre sens, elle pousse à banaliser les pratiques corruptives, à les dissoudre dans les comportements normaux. Refuser un « cadeau », c’est offenser le donneur, refuser un passe-droit à une personne « recommandée » c’est manquer aux règles élémentaires de politesse, ne pas profiter des « avantages de fonction » que les collègues du service ont démesurément étendus, c’est faire preuve d’arrogance envers eux, ne pas accepter les petites combines usuelles qui arrondissent les fins de mois, c’est s’attirer des scènes de ménage, etc…

    Le cercle vicieux de la corruption

    La banalisation des pratiques observées, leur enracinement dans le service public, leur enchâssement dans des logiques sociales qui concourent à les légitimer, amènent sans doute à une sorte de cercle vicieux. Du point de vue de l’usager de l’administration, la corruption est souvent un mode de gestion et de dépassement de l’incertitude, mais, en même temps, elle concourt à augmenter cette incertitude.

    L’incertitude, nous l’avons vu, découle de l’opacité des règles adoptées par les services administratifs et de la possibilité de les manipuler sans cesse ; de l’ambivalence dans les relations avec le public, tantôt maltraité, tantôt choyé (selon son statut social ou politique, son potentiel corruptif, sa proximité avec le fonctionnaire) ; de l’interventionnisme des réseaux politiques et/ou religieux, qui peuvent influencer des décisions en justice, attribuer des marchés en dehors de tout critère de concurrence, fermer ou ouvrir les portes de la prison.

    Face à ce sentiment de précarité, la défense consiste pour l’usager à rechercher des protecteurs, des guides dans les méandres de la bureaucratie, des intermédiaires qui se chargeront d’intercéder pour lui. Parfois on profitera de parents, amis, connaissances, liens de clientèle et de dépendance. Parfois encore il faudra acheter la protection, payer le « prix de la kola », « graisser la bouche ».

    Le fait que tout un chacun pense qu’il faut se protéger des dysfonctionnements des services publics par la corruption, amène tout un chacun à la pratiquer au quotidien. Les pratiques corruptives se généralisent donc et se banalisent, augmentant de la sorte les dysfonctionnements, les incertitudes quant à l’issue des démarches administratives, et l’offre de corruption. Si la corruption est partout, il faut, pour s’en protéger, la pratiquer à titre préventif.

    La multiplication, dans les trois pays étudiés, de marabouts et de charlatans spécialistes en talismans pour se protéger de la corruption des autres et pour dissimuler la propre, est une preuve de plus de l’enracinement de ce cercle vicieux de la corruption dans le quotidien des citoyens.

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    • #3
      Intéressant cette analyse qui peut s'appliquer à n'importe quel pays même développés mais à des degrés différents.

      La corruption est au fond que la partie visible de l'iceberg, le mal plus profond ressemble à un gros désordre fortement lié à de l'incompétence et à un manque d'esprit citoyen des fonctionnaires.

      Je pense que la seule façon de sortir de cette corruption est de mettre en place des contrôleurs incorruptibles, professions hélas s'avérant très dangereuses car la cupidité des hommes les rendent fous et également très dangereux.
      Et biensûr relever les bas salaires de ces employés afin qu'ils puissent vivre correctement.
      "un gouvernement oppressif amène la ruine de la prospérité publique" Ibn Khaldoun

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      • #4
        Bonjour PetiteBrise

        Intéressant cette analyse
        En effet.

        qui peut s'appliquer à n'importe quel pays même développés mais à des degrés différents.
        ... Et le degré est précisément le problème.

        contrôleurs incorruptibles
        Et comment ça marcherait ? C'est toute une société qui s'entraîne elle-même dans un fonctionnement.

        Et bien sûr relever les bas salaires de ces employés afin qu'ils puissent vivre correctement.
        L'insuffisance des revenus une des causes citées en effet. Pour mieux payer il faut des revenus et pour cela de l'efficacité productrice de richesse. Or les pays où l'Administration et les entreprises, fonctionnent comme ça sont dysfonctionnels.

        manque d'esprit citoyen des fonctionnaires
        Tout un débat ...

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        • #5
          Bonjour Alain et PetiteBrise,

          Sujet d'actualité et l'étude qui a porté sur les trois pays africain met en valeur la complexité du phénomène.
          "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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          • #6
            Corruption et stratification sociale en Algérie 1/3

            Sur le même sujet, voici un article publié par revue NAQD n° 25 Automne/Hiver 2008

            _______________________
            CORRUPTION ET STRATIFICATION SOCIALE EN ALGERIE
            Ihsane El Kadi
            Les classes possédantes ont subitement disparu d'Algérie en 1962. Quarante six ans plus tard, un court instant à l'échelle de l'histoire des sociétés, elles sont là, de nouveau. Par quel mécanisme ? Le professeur Abdellatif Benachenhou le décrivait ainsi en 1980 dans son cours à l'institut de sciences économiques d'Alger : « Il n'existe pas de bourgeoisie d'Etat en Algérie car sinon celle-ci n'organiserait pas un transfert de valeur systématique du secteur d'Etat où elle se niche, vers le secteur privé. Elle ne desservirait pas le secteur d'Etat puisque c'est le propre de chaque bourgeoisie de se reproduire. Le transfert de la richesse de l'Etat vers le secteur privé, c'est pourtant bien ce à quoi nous assistons ». Le capitalisme algérien n'est pas né comme les autres. Ni dans les mêmes délais, ni par la même accumulation capitalistique de départ. Ici, pas de grandes propriétés foncières qui s'emparent de la ville et de ses manufactures, ni de grandes conquêtes coloniales et leur rapine à échelle de continents, ni de capital marchand qui s'étend du négoce à l'usine, à l'ère de la machine à vapeur. Rien de ce qui s'est fait ailleurs en plusieurs siècles. Le capitalisme algérien est une transformation accélérée du pouvoir politique en actifs de marché. Il n'existe guère que les pays de l'ex-bloc socialiste pour pousser à la caricature un tel processus, après la chute du mur de Berlin. Le modèle algérien leur est cependant antérieur. En octobre 1988, lorsque éclate la « crise de stratification »1 de la société en Algérie, les « élites politiques » du monde soviétique, à l'inverse de celles de la Chine, n'ont pas encore débuté la « valorisation privative » de leur position dominante. La corruption n'est donc définitivement pas une déviance des conduites marchandes en Algérie ; elle est le combustible qui a produit une classe de possédants en l'espace d'une génération. Et avec elle, son « effet indésirable » : une longue crise de légitimité de la nouvelle hiérarchie sociale qui a pris, dans les années 1990, la forme d'une « guerre sainte » contre le pouvoir en place.

            LE TRIPTYQUE : POTS-DE-VIN - CRÉDITS -TERRAINS

            Transfert de valeur ? La corruption s'entend clairement ici comme la mise aux enchères d'une parcelle de pouvoir de décision, transformation d'une position de pouvoir en marchandise, marchandisation de la décision politique, administrative et commerciale pour utiliser l'expression en vogue des alter mondialistes. Trois gisements « d'affaires » ont génétiquement enfanté la nouvelle classe possédante : la signature des grands et des moins grands contrats d'équipement avec les firmes étrangères, la distribution des terrains et des appartements, l'octroi de crédits bancaires d'investissement. Le rang des acteurs impliqués n'est pas toujours le même, le mécanisme dominant — pots-de-vin, accès au foncier ou accès au crédit — change selon la conjoncture économique. Les trois filières de « l'enrichissement illicite » ont historiquement démarré de front. Mais la période de Houari Boumediene aura été dominée par les premiers pactoles des contrats à l'international et les premiers crédits « faiseurs de riches » ; tandis que celle de Chadli Bendjedid sonne, avec l'auto-construction, la grande période de la chasse au foncier. Lorsque les contrats extérieurs s'amenuisent, le foncier et le crédit bancaire restent les moteurs auxiliaires du « transfert de valeur » décrit par le professeur Benachenhou. Les années de guerre civile — années de vaches maigres — marquent un premier retournement. La corruption servira autant à faire des décideurs les acteurs économiques de demain, qu'à reproduire la position « d'affaires » dominante née durant les 25 années précédentes. Le privé achète de la décision politique pour se consolider. Le politique — à tous les échelons —vend de la décision sans projet clair de passer au privé. Il pérennise la transaction, le service. La grande phase d'accumulation de départ cohabite avec un capitalisme qui prend ses quartiers et décide aussi de qui peut en être.

            L'enrichissement illicite est-il toujours le fait d'un acte de corruption ? Incontestablement. Le détournement par un wali de lots de terrain, de logements sociaux, l'obtention par un proche de dignitaires de l'Etat d'un crédit « d'investissement » complaisant et hors gabarit, est toujours un protocole complexe. Il implique l'arrosage d'intermédiaires, de prête-noms, d'agents administratifs récalcitrants ou déjà corrompus. C'est ce « protocole de transfert » qui a construit le réseau clientéliste du pouvoir politique algérien analysé — notamment avec le concept « d'enchâssement dans l'Etat » de Mohammed Hachemaoui2 — dans de nombreux travaux universitaires. La fonction corruptive a évolué. Elle n'a plus besoin d'être le démiurge du capitalisme algérien ; elle en devient la norme. Elle fixe le relationnel de marché entre vendeurs de décisions et reproducteurs de classe possédante.


            _____
            .../... Suite 2
            "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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            • #7
              Corruption et stratification sociale en Algérie 2/3

              2

              LES CONTRATS À L'INTERNATIONAL, DOMAINE RÉSERVÉ

              En 2008, la corruption est un phénomène banal de l'espace public algérien. La fin des monopoles publics au tournant des années 1990 était censée réduire les positions de rente administrative qui créent « l'offre corruptive ». Elle a déplacé les lieux de transaction, disséminé les parcelles de décision, pour les concentrer ailleurs. Le blocage des revenus réels dans la fonction publique et pour le salariat de manière générale, a légitimé le complément « tchipa », appellation locale du « pot-de-vin », sous la forme d'un clin d'œil permissif. La « démocratisation » du pot-de-vin a emprunté un cheminement symétrique à celui de l'expression. Elle sert à renouveler la cohérence du système. S'il ne peut plus assurer tout à tout le monde — Etat providence des années 1970 — il tolère une parole dissonante ; il agrée une sous-traitance large de la corruption dans la société. L'essentiel étant que les paramètres qui font sens, la représentation politique et le pouvoir économique, demeurent monopolistiques. Ainsi, les pots-de-vin à l'international ont été, et sont encore, le terrain exclusif des hautes fonctions d'Etat, de PDG de grandes entreprises publiques ou de monopoles d'importation. Des contrats d'achat de bus routiers pour la SNVI3 dans les années 1970 au doublement du gazoduc vers l'Italie à la fin des années 1980, les révélations de coulisses ou médiatiques ne manquent pas sur la constitution des « fortunes d'affaires » algériennes. Tout le monde se souvient en Algérie que les importations de céréales — premier poste de dépenses pour les produits alimentaires — auraient été la chasse gardée d'un homme pivot à la présidence de la république des années 1980. Manifestation de surface de la taille des enjeux, la première bataille de position qui a marqué le début de l'ère Chadli dans le domaine militaire a valu la disgrâce de Messaoud Zeggar, le négociant attitré des contrats d'armement de l'ère Boumediene4. Les incidences de la corruption sur l'économie algérienne en surcoûts et en captation de filières techniques — pour ne citer que deux effets visibles — sont un domaine encore peu exploré de la recherche universitaire. Les délais de prescription sont proches qui devraient rendre plus aisées de telles investigations.

              UN SOUCI MONDAIN : L'ACTIF IMMOBILIER

              Les accès, sur le mode corruptif, à la propriété foncière et immobilière et au crédit de complaisance sont largement plus ouverts. Le régime de Houari Boumediene a surtout utilisé le crédit pour anciens moudjahidin influents pour tenter de neutraliser la forte contestation à son pouvoir, notamment à ses débuts. Tous n'y ont pas cédé, beaucoup s'en faut. Les montants attribués sont modulés et les poursuites pour non remboursement relèvent de la gestion sécuritaire. Rien à voir avec l'emballement de la machine au tournant des années 2000, comme l'illustre l'astronomique crédit de 65 000 milliards de centimes accordé par Badr Bank à Tonic Emballage pour réaliser le plus grand complexe papetier d'Afrique. La sociologie de l'enrichissement par « le crédit corruptif » a changé. Pas seulement par l'échelle des décaissements. Avec l'investissement Tonic Emballage, l'instant est celui d'une turbo conversion de position décisionnelle forte dans certains corps constitués en méga fonds d'affaires.

              Le préjudice subi touche des actifs publics. Le transfert se poursuit par-delà les périodes politiques. Sa forme foncière est la plus exposée aux regards de l'opinion. À la différence d'un pot-de-vin ou d'un crédit de complaisance, l'appartement, la villa, le terrain ont une existence matérielle encombrante. La vente des biens vacants, la généralisation de l'auto-construction et l'encouragement à l'investissement privé par la cession de terrains industriels ont organisé dès le début de l'ère Chadli une bourse de l'actif immobilier. La gigantesque « surcôte » entre prix public et prix de marché a alimenté une nouvelle strate de la richesse privative en Algérie. Là aussi, les accès sont paramétrés. Le président d'APC indélicat obtiendra des locaux commerciaux ou des logements sociaux pour sa famille et en cédera quelques-uns au personnel de son administration locale pour faire équipe. Le wali ou le chef de daïra « clientélisé » agira au niveau des paliers intermédiaires en cédant des « lots de terrains industriels » ou des « terrains de promotion immobilière » ; tandis que le palier supérieur de la hiérarchie politique décidera de l'attribution d'une concession de « gré à gré » de 200 hectares sur la baie d'Alger à un promoteur privé. L'actif immobilier n'est totalement synonyme d'insertion sociale dans la classe dominante que dans la mesure ou il est transformé en capital. Son statut de rente est entretenu au prix d'une bulle spéculative immobilière. La pierre est un des rares secteurs où les prix intérieurs sont nettement au-dessus de ceux de la Tunisie, du Maroc et de l'Egypte. C'est ce que fait très opportunément observer le professeur Souak5 quand il avance que l'accès au logement, notamment par la difficulté à libérer des terrains pour les grands projets d'habitation, est délibérément maintenu sous contrainte par « le bloc social dominant afin de perpétuer la rente immobilière », lieu principal de son accumulation d'actifs. L'accès privilégié clientéliste au logement et aux terrains est, par comparaison aux pots-de-vin et aux crédits de complaisance, une promesse différée d'enrichissement. Elle repose sur la vocation établie du marché à rester constamment orienté à la hausse.

              CLÉ DE VOÛTE DU SYSTÈME CORRUPTIF, LE POUVOIR DE NOMMER

              Le système est subtil. La hiérarchie politique ne recoupe pas fidèlement une hiérarchie marchande des « services à vendre ». Un chef de daïra indélicat qui signe les autorisations de sortie du territoire national dans les années 1970 peut construire sa villa et la revendre bien avant le mouhafed (commissaire politique) FLN de sa wilaya qui, à l'époque, représente bien plus de pouvoir. De même, un capitaine de l'ANP (Armée nationale populaire) doté d'un pouvoir de décision dans la commission du service militaire et qui a « décidé » de mettre sur le marché sa signature pour « avancer plus vite dans la vie », sera au bout de cinq années plus riche que le colonel, plus « visible » (ou plus honnête), qui le dirige. Un président de la république est, de ce point de vue, le politique le plus éloigné, de par sa fonction, des lieux de transactions journalières. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait un hasard s'il n'existe pas de dossiers de corruption directe circulant au sujet de la personne de présidents de la république, de 1962 à la fin des années 1990, comme c'est le cas en Israël, au Nigeria, en Argentine, alors qu'il en existe tant concernant les équipes qui les ont servis.

              La corruption des subalternes est un moment essentiel de la prédation globale. C'est très souvent parce qu'ils ont un business à se reprocher qu'ils deviennent utiles au système. Ils couvrent les grosses combines de leur hiérarchie. La plus importante valeur marchande dans l'édifice décisionnel est en définitive la capacité de nommer et de « dégommer », de faire et de défaire des carrières. En particulier aux postes « vigies » où l'administratif est en interface avec l'offre corruptive. Tous les responsables politiques n'ont heureusement pas utilisé ce pouvoir de nommer aux fins de s'enrichir en actionnant la solidarité des subalternes. Le populisme nationaliste a longtemps été couvert par une sorte de pudeur ou de retenue devant le mythe des sacrifices consentis pour que le pays soit enfin libre de la domination coloniale. Cela n'a tenu que le temps que la lente stratification sociale finisse par alimenter sa remise en question. Les nouveaux riches sont devenus la nouvelle demande solvable pour « les services payés » de l'administration. Le trafic d'influence « décomplexé » s'est renforcé au fil des années. Inexorablement. Le pouvoir de choisir un DG des douanes, un patron d'office importateur, un wali dans une grande ville du nord devient, comme dans la sophistication financière, un produit dérivé au rendement plus fort que le bon vieux crédit hypothécaire. Pour comprendre la puissance de ce pouvoir en 2008, il faut juste observer comment les députés de la république demeurent, pour leur écrasante majorité, aux ordres des officines qui leur ont permis d'obtenir l'investiture de leur parti. C'est un revenu de 300 000 dinars par mois qui est en jeu6. La question est : que font les officines de leur pouvoir de destituer ? Réponse : Elles le sous-traitent dans un jeu complexe de rapports de force avec d'autres centres de pouvoir, produisant toujours plus de valeur privative in fine.

              _____
              .../... Suite 3
              "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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              • #8
                Corruption et stratification sociale en Algérie 3/3

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                KHALIFA, COMME UNE OFFRE D'ACHAT GLOBALE DU POLITIQUE

                Toute accélération est guettée par l'emballement. La banqueroute frauduleuse du groupe Khalifa en est un parfait exemple. Lorsque le politique vend vite et massivement son pouvoir de décision à un nouveau pouvoir économique émergent, il en naît un oligarque. C'est le résultat de l'éprouvette russe7. Transféré dans le contexte algérien du début des années 2000, cela peut donner un Abdelmoumene Khalifa. Le rythme et l'échelle de la conversion « de la décision politique en actifs de marché » explosent. C'est Me Khaled Bourayou qui, en février 2007, relevait durant sa plaidoirie en défense de l'accusé principal du procès de Khalifa Bank à Blida : « Khalifa a réussi à acheter l'Etat algérien ! ». Ce qui est fascinant dans cette affaire, c'est la psychologie collective qui l'a entourée. Dans l'opinion algérienne, la sortie balbutiante de la guerre civile correspondait naturellement à l'ire de la légitimation de la puissance patrimoniale. Les capitaux affichés de façon ostentatoire par le groupe Khalifa (sponsoring tout azimut, création de filiales non-stop, lancement fastueux d'une chaîne de télévision, etc.) étaient donc forcément du recyclage de fonds détournés durant les vingt années précédentes par certains dignitaires du régime. Une quasi-majorité de l'opinion en était arrivée à tolérer cette réussite « fort suspecte », à partir du moment où elle servait à créer des emplois pour les jeunes algériens. Il a fallu que la banque arrive à la faillite pour que la vérité éclate. Khalifa a construit son groupe « in vivo », sous les yeux incrédules de ses compatriotes croyant à une trêve morale de l'après-guerre. Il n'était pas le fruit d'anciens détournements en cours de blanchiment, mais le tout dernier épisode, brûlant de contemporanéité, de la corruption faisant système. Comment ? En achetant massivement de la décision permettant de déposer de l'épargne institutionnelle chez Khalifa Bank. Des dépôts qu'il a pu utiliser, en infraction des règles prudentielles, pour financer quasi exclusivement le développement vertigineux de son propre groupe. Sans aucune mesure de rétorsion, car le « golden boy » n'a pas seulement fait des cadeaux pour les gros déposants, mais il a également acheté de la couverture politique pour pouvoir utiliser ces dépôts à titre privé. C'est le caractère global de l'offre corruptive de Abdelmoumene Khalifa qui en produit l'emballement fatal. Elle ne laissait aucune rémission au système. Les gestionnaires de dépôts bancaires (Caisse nationale des assurances sociales, caisses de retraite, offices publics de gestion immobilière, établissements publics de promotion du logement familial, banques publiques, entreprises nationales, offices publics en tout genre) organisaient un transfert généralisé de leurs trésoreries « dormantes » depuis le Trésor public ou les banques publiques vers la banque privée sous le regard connivent du pouvoir politique, et de la presse arrosée de pages publicitaires. Qui pouvait bien freiner le processus ? Personne de ceux qui disposent d'une voix à l'intérieur. C'est un moment unique de l'histoire économique du pays. La grâce amnistiante a sonné la fin symbolique de la guerre civile et soldé les crimes de sang des années 1990. Elle a en même temps provoqué une permissivité sans précédent vis-à-vis du crime, devenu du coup mineur, de la corruption. Tous ceux qui avaient un poids décisionnel sont allés le céder « dans la même salle dés marchés ». En Russie, en devenant beaucoup plus puissants que le pouvoir politique qui les a choisis, les oligarques ont déclenché le retour de balancier qui les a perdus. Khalifa n'a pas eu le temps de devenir oligarque. Il a opéré une mauvaise conversion des décisions de dépôt qu'il a achetées. Ces actifs étaient perdants.

                LA CORRUPTION EN SYSTÈME ORDINAIRE DE GOUVERNANCE, LE CAS DE RELIZANE

                À la toute fin des années 2000, la fonction de la corruption dans le système n'est plus univoque comme l'était à ses origines le bouillon égalitaire des années 1960. Un crédit bancaire complaisant ou quelques lots de terrain pouvaient, dans l'austérité relative des années 1970 et 1980, permettre de produire dix ou vingt ans plus tard une famille de possédants, acteurs sur la scène des affaires en Algérie. Aujourd'hui, une telle acquisition corruptive consolide le système, elle ne le crée plus. La machine à produire des nouveaux capitalistes, par transfert de valeur à partir du secteur public, s'est numérisée. Elle a changé de logiciel. Elle s'est dotée de codes d'accès et de protection contre le piratage. Elle fait tourner le jeune capitalisme algérien sur un mode dual : très sélectif à son sommet (méga crédit Tonic emballage, méga concession Arcofina sur la baie d'Alger etc.), beaucoup plus ouvert à sa base. La corruption ordinaire lève tous les jours une armée de soldats défenseurs fonctionnels du « réseau clientéliste » qui permet au politique de vendre sa décision et au nouveau pouvoir de disposer de l'argent pour l'acheter. Cette corruption de masse à l'échelle de l'administration a pris sa marque ADN définitive avec la guerre civile des années 1990. Les chefs de guerre locaux, les représentants de l'Etat, les notabilités municipales ont construit la plate-forme de l'affairisme provincial, combustible principal du réacteur qui produit de la différenciation sociale en Algérie. La grande conquête pour le capitalisme algérien est qu'aujourd'hui, cette combustion, toujours alimentée par la dilapidation des actifs publics, peut se poursuivre et s'accentuer, sous les yeux de l'opinion, avec cette « légitimité nouvelle ». Elle est le prix à payer pour protéger le pays de la menace terroriste.

                Dans un communiqué du 10 novembre 2008, le bureau de Wilaya de Relizane de la LADDH8 rapporte en détail les péripéties de l'enrichissement illicite du maire d'une commune dénoncé par les citoyens de son APC. « M B.B., illettré, gère la commune (X) depuis une quinzaine d'années. Il exploite sans retenue cette collectivité dont les biens sont carrément détournés à son profit. Les différents projets ont été un tremplin d'enrichissement illégal pour le maire, ses proches collaborateurs et des responsables complices civils et militaires au niveau de la wilaya. L'impunité a fait de lui un audacieux. Il a étalé sa fortune sans aucune précaution de forme ». Inventaire incomplet : « Trois maisons de maître dans son chef-lieu de mairie ; trois autres à Relizane, chef-lieu de wilaya, avec locaux commerciaux ; un autobus pour le transport public de voyageurs, un camion pour le transport de marchandises, plus de deux cent têtes de moutons. Dénoncé à plusieurs reprises sans résultat ». Le maire ne possédait rien avant sa nomination comme DEC9. Comment un tel personnage peut-il être reconduit aux élections locales de 2007 ? Le communiqué de la LADDH-Relizane, qui en appelle à une réaction du sommet de l'Etat, met des noms sur les couvertures protectrices du maire prédateur. C'est le personnage faisant fonction de directeur de cabinet du wali qui est cité en tête. Il est également le responsable du RND10 dans la wilaya. Il a imposé l'investiture du maire et bloqué toutes les requêtes de ses administrés qui voulaient se plaindre aux walis successifs de Relizane. La boucle clientéliste se referme ici. Le haut cadre de la wilaya est lui-même accusé par les citoyens, rapporte le communiqué de LADDH qui révèle, dans une étourdissante profusion de détails, le business tenu par ce personnage à l'échelle de la wilaya. Tout y passe : crédit ANSE.P1, lots de terrain, trafic d'influence dans le recrutement. Les montants des transactions et les bénéficiaires sont précisés. Le wali a été tenu informé avant publication. Il s'est déclaré solidaire de son administration. Le chapitre sur l'emploi local est édifiant : « 60 postes budgétaires attribués pour l'ouverture de la nouvelle université de Relizane ; le recrutement se fait à Mostaganem par le responsable de l'université, alors que les employés qui exercent à l'ex-annexe universitaire de Relizane dans le cadre de l'emploi de jeunes attendent toujours depuis plus de 5 et 6 ans leur insertion professionnelle. Le recrutement à la wilaya de Relizane et pour l'ensemble des institutions étatiques se fait toujours par népotisme ; les postes budgétaires octroyés sont affectés à des personnes étrangères à la wilaya qui, après un bref séjour sur place, obtiennent leur mutation pour rejoindre leur wilaya d'origine ».

                Relizane est bien sûr un instantané monographique de la corruption ordinaire faisant système en Algérie. Ordinaire ? Le communiqué de la LADDH, explosif en d'autres circonstances et d'autres lieux, a été envoyé à toutes les rédactions d'Algérie. Aucun quotidien n'a jugé utile d'en publier des extraits ou d'envoyer un journaliste pour complément d'enquête.


                _____
                Fin.
                "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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                • #9
                  Salut !

                  Benam, j'ai lu le texte que tu as posté, il est intéressant (pas trop bien écrit), je fais des commentaires perso.

                  Il n'y a effectivement pas de "bourgeoisie d'Etat" en Algérie, comme bien d'autres, on a affaire a un pays patrimonialiste : patrimoines publics et patrimoines privés sont souvent interchangeables. D'ailleurs un Etat non patrimonial aurait plus d'urgence à collecter les impôts et taxes, et en Algérie le taux de recouvrement est très bas. (*)

                  La corruption algérienne n'est pas localisée ici ou là, elle est systémique et c'est autour que le pays s'est construit après 62. Bouteflika a tort lorsqu'il dit que "le pays est miné par la corruption", il est construit dessus. Dès 62, le pouvoir a été une valeur monnayable, transformable en actifs. Selon l'auteur, une telle situation, dans un si court laps de temps, ne s'est vue que dans les pays de l'ex URSS, après la chute du système communiste et les fameux "oligarques ". (**)

                  Sur Khalifa, sa description a le mérite d'être courte, une bonne illustration de l'aspect systémique, et de son emballement : "Lorsque le politique vend vite et massivement son pouvoir de décision à un nouveau pouvoir économique émergent, il en naît un oligarque. C'est le résultat de "l'éprouvette russe" " " et "C'est le caractère global de l'offre corruptive de Abdelmoumene Khalifa qui en produit l'emballement fatal. Elle ne laissait aucune rémission au système. ". On peut dire que l'emballement a quand même été stoppé, si on adopte une façon positive de voir les choses !

                  L'Algérie est comme bien des pays, enferrée dans sa corruption systémique. Globalement elle appauvrit le pays, par les ponctions non réintégrée (=> banque suisses), et par l'empilement des dysfonctionnements qu'elle entraîne. L'Algérie produit peu et mal, aussi bien au niveau des services que de l'industrie, aussi bien dans le domaine marchand que le domaine public (administration, santé, etc.)

                  Il n'est pas certain que les gens aux commandes contrôlent la situation.

                  La corruption s'est banalisée, démocratisée … C'est devenu comme un régime totalitaire : elle commande au politique, à l'économique et au social. Ca peut continuer longtemps comme ça. Mais une chose est sûre, une démocratie ne peut fonctionner dans ses conditions.

                  ________

                  (*) J'ai lu le chiffre de 1% en 2006 (300 M da recouvrés sur 30 milliards) pour la w. de M’sila.

                  (**) Lorsque l'auteur va jusqu'à dire que "Et avec elle, son « effet indésirable » : une longue crise de légitimité de la nouvelle hiérarchie sociale qui a pris, dans les années 1990, la forme d'une « guerre sainte » contre le pouvoir en place.", il exagère.

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                  • #10
                    BONJOUR A TOUS


                    je voudrais bien savoir vos propres idées sur la corruption

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                    • #11
                      la crise finacière de 2008 est une forme plus grave de corruption. Dans ce cas, ces malversations financières sont en plus de la garanties par 'Etat; Qd les banques sont en faillites parce qu'elles ont triché et pris des risques incosidérés (enrichissant par la même occasion des paritculiers) l'Etat vient à la rescousse pour colmater les brèches avec l'argent du contribuable... le dindon de la farce.

                      C'est de la corruption à grande échelle. Rien à voir avec les miettes que s'arrachent les "pauvres" sousdéveloppés africains
                      le DRS contrôle toute la Galaxie

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