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Le project financing en débat en Algérie

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  • Le project financing en débat en Algérie

    En Algérie, les banques semblent s’impliquer davantage dans le «project financing», un mode de financement nouveau destiné aux grands projets.
    C’est une formule jugée intéressante, répandue dans les pays développés. Elle a fait l’objet d’un large débat organisé la semaine dernière lors d’un séminaire international tenu à l’hôtel El Aurassi.

    Présent à cette rencontre, un représentant de HSBC a mis en exergue une palette de grands projets sous-tendus par ce type de financements, circonscrits dans les régions de Dubai, d’Abou Dhabi, de Jordanie… et auxquels participe HSBC, en tant que financier ou conseiller. HSBC est implantée en Algérie depuis peu.

    Elle ne dispose pas encore de réseau dense, de portefeuille étoffé, pour pouvoir s’intéresser au «project financing». Seule la City Bank, de City Group, l’une des premières banques étrangères à avoir pénétré le marché algérien -c’était au fort de la crise sécuritaire qui prévalait dans le pays- manifeste de l’intérêt pour ce mode de financements, d’origine anglo-saxonne, d’ailleurs. Ce sont finalement les banques publiques qui se constituent aujourd’hui en pools et financent de mégaprojets, selon le «project financing». C’est un exercice difficile, parce qu’il s’agit d’un nouveau produit, auquel elles s’essayent. Mais pas seulement.

    Les institutions financières algériennes font face à des risques, dont le paramètre de change, qu’elles ne maîtrisent pas.

    La question des pertes de change, conséquence directe de la dévaluation, par deux fois, du dinar, faisait débat, au début des années quatre-vingt-dix.
    Les opérateurs économiques, privés et publics, s’en souviennent, encore.
    Et, ils tiennent pour responsables les banques. C’est aujourd’hui un dossier clos. Ce sont les autorités qui en ont décidé ainsi. Sociétés publiques et
    privées n’en parlent plus. D’aucuns disent que cet épisode ne risque cependant pas de se reproduire, le paysage bancaire et la réglementation qui s’y rapporte ayant changé. Est-ce à dire que les banques maîtrisent mieux les risques de change ?

    Cette question a été sommairement débattue à l’occasion de ce séminaire.
    Et les éléments de réponse avancés par certains participants étaient d’ordre théorique. Et, du coup, ils ne semblent pas avoir convaincu grand monde.
    Que le «project financing» prévoit un certain nombre de clauses pour verrouiller le montage financier, cela ne veut pas dire que le projet financé selon ce type de financement soit exempt de risques.

    Souvent, les promoteurs des mégaprojets prévoient un compte-séquestre en offshore. Ils y recourent en cas de risque de crise. Les risques relatifs à l’investissement, de manière générale, un représentant de la Banque mondiale, participant au séminaire évoqué plus haut, en a parlé amplement. Dans une déclaration à la Tribune, il a sommairement expliqué le rôle de l’institution dont il est membre dans la promotion de l’investissement et des couvertures de risques, estimant qu’un des éléments fondamentaux dans un projet d’investissement est la gestion des risques. Et, selon lui, il est des opérateurs qui demandent des assurances, une couverture des risques auprès de la Banque mondiale avant de s’engager dans des processus d’investissement.

    Un grand projet, à Djibouti, mené par une grosse boîte émiratie, a failli tourner court, n’eût été l’intervention de la Banque mondiale, témoigne-t-il. En Algérie, la BM prend sur elle les risques dans cinq projets, énumère-t-il. Cette institution a-t-elle cependant un droit de regard sur la gestion des plans d’investissement dans lesquels elle est associée ? A cette question, le représentant de la BM répond par la négative. Et de poursuivre que ce qui est contrariant pour un chef d’entreprise, pour un promoteur de projet, c’est l’instabilité dans la législation régissant l’économie, la finance. Il dira à ce sujet, sur un ton anecdotique, que ce n’est pas parce qu’il y a eu un match de football qu’un pays impose des restrictions à un opérateur économique. Tout le monde l’aura compris, c’est une allusion faite à Orascom auquel le gouvernement algérien a signifié qu’il ne pourrait rapatrier ses dividendes sans le quitus fiscal.

    Le délégué de la Banque mondiale souligne toutefois que parler de match de football, c’était pour rire. Il notera plus loin que l’Algérie, et elle le sait, doit réfléchir à une stratégie de développement en dehors des hydrocarbures, qu’aujourd’hui elle dispose du pétrole pouvant financer des projets, se passant de l’investissement privé. La mobilisation du capital public pour promouvoir l‘investissement et tirer vers le haut la croissance est souvent critiquée, y compris par des nationaux.

    L’Etat s’offre-t-il des choix, quant il s’agit de financement ? Prenons le cas du projet de l’autoroute Est-Ouest : au départ, l’Etat voulait le financer à crédit. C’était une mesure réfléchie. Mais que s’est-il passé par la suite ? Des mois et des mois se sont écoulés, dans l’attente d’un hypothétique crédit, avant que le gouvernement ne décide de le financer sur fonds publics. Le projet autoroutier en question a été élaboré, mis au point, alors que le
    «project financing» en était encore à ses balbutiements.

    Depuis 2006 environ, une vingtaine de grands projets en Algérie ont été financés selon le mode «project financing» dans différents secteurs, notamment la pétrochimie et le dessalement de l’eau de mer. Les treize unités de dessalement, dont deux ont été mises en service, ont été financées par des banques algériennes qui ont opté pour ce type de financement. La mobilisation des ressources pour ce montage financier à long terme a donc été, exclusivement, réalisée auprès des banques publiques qui disposent d’importantes capacités financières, de solvabilité, de réseau et de management, entre autres. Le processus reste néanmoins à parfaire, à rendre plus souple.

    Aujourd’hui, l’obligation faite par la loi relative à ce genre de financement, pour que le capital national de la société gérant le projet (société du projet) soit majoritaire et que la mobilisation des financements soit effectuée sur le marché local, constitue une contrainte à laquelle il faut ajouter l’absence d’un mécanisme de couverture sur les risques de change. La règle dite de 49%-51%, qui stipule que l’opérateur national soit majoritaire du projet, ne pose pas, elle, de problème pour le financement des grands projets. Pour ce qui se rapporte au transfert de technologie, aux risques politiques ou à ceux liés aux changements de lois durant la période d’exécution ou d’exploitation, à l’origine d’un certain nombre d’échecs de contrats «project financing» à travers le monde, des experts jugent très utile d’inscrire ce volet dans le contrat.

    Par définition, le «project-financing» ou le financement de projet consiste à rassembler, combiner et structurer les divers apports de fonds nécessaires à des investissements de grande envergure (infrastructures de transport, complexes industriels, centrales de production d’énergie...), privés, publics ou mixtes, en s’assurant, bien évidemment, de leur viabilité financière. Il est différent des autres méthodes de financement conventionnelles par le fait que les apports de fonds seront majoritairement rémunérés par les cash-flows générés par le projet lui-même.

    Par La Tribune
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